Sacha Black

J'ai trouvé que ce court roman était un savoureux cocktail entre romance, découverte d'une île, érotisme et histoire récente (séisme en Haïti). Quelques pages légèrement épicées qui font rougir, de belles descriptions, des personnages sympathiques, une bonne dose d'humour. C'est une lecture certes facile, mais agréable servie par un style très fluide.

Douillettement pelotonnée sur son canapé moelleux, bien calée dans ses coussins, Camille relut lentement la dernière phrase. Une phrase à la saveur particulière, car elle concluait l'histoire en laissant flotter une part d'incertitude sur l'avenir de ses protagonistes. Puis elle se résigna à fermer le livre avec un soupir.C'était à chaque fois la même chose. Elle sentait monter en elle une vague de tristesse quand elle terminait un roman qu'elle avait aimé.

Comme un tsunami aveugle dévastant tout sur son passage, un séisme d’une magnitude extrême sapant les fondations d’une maison. Toutes ses certitudes vacillaient, le douillet cocon d’illusions qu’elle avait mis tant d’années à se tricoter se fissurait de toutes parts. Pour quelques mots, lus par hasard dans un journal, son monde venait de perdre son équilibre.

Photographier des morceaux de corps de femmes différentes et dévoiler toute la vérité de la chair. Son esprit brumeux et sa libido déréglée avaient décidé qu’il devait s’approprier ces femmes, ne serait-ce qu’un instant, avant de les faire siennes dans son viseur.

Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur ;le souvenir de la douleur est de la douleur encore. 
Lord Byron

Un silence pesant règne dans l’habitacle. Je suis ratatinée en biais sur la banquette arrière de la voiture, coincée entre la valise et la portière, la joue collée à la vitre. Les hommes sont devant, à leurs places. Forcément, avec leurs grandes jambes !
Ils n’ont même pas fait mine de me proposer la place à l’avant, à côté du conducteur. Je m’en fiche, c’est la place du mort. Mais qu’est ce que je raconte ???? Ça ne va pas ma tête ! C’est mon fils qui est assis à l’avant. Quant au conducteur, qu’il aille se faire foutre avec son manque de galanterie congénital, c’est son père…

Extrait :
… Je m’arrête un instant pour reprendre mon souffle. Et aussi parce que les images de ce réveillon-là me reviennent de plein fouet en une noria infernale de souvenirs. Parfois je pense à Sarah. Je pense à elle surtout à la période de Noël. Je me demande si elle s’en sort un peu mieux maintenant qu’elle touche sa petite retraite. Je me demande si elle passe toujours le mois de février à Lourdes. Je me demande si elle écoute toujours Stairway to Heaven, un escalier pour le paradis…
David a perdu sa trace. Il est parti vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon où il gère la logistique d’une base de recherche scientifique. Chaque année, il me souhaite un joyeux Noël par Skype…

Belén était belle et elle le savait. Elle le lisait dans le regard plein de concupiscence des hommes et dans ceux plein de jalousie des femmes. Ses tentatives pour passer inaperçue ne servaient de rien. Elle était un beau fruit mûr de dix-huit ans qui ne demandait qu’à être cueilli.

La littérature ça ne mène pas à grand-chose, surtout pas à un vrai métier. À part professeur, bien sûr, un apostolat.

La France, pays du romantisme et paradis du sexe ? Belén se demandait si cette formule, tout droit sortie d’un magazine féminin, allait trouver sa justification ce soir. Elle était au coude à coude avec des habitués, debout au comptoir d’un bar du quartier de Ménilmontant. Un bar qu’elle avait choisi au hasard pour son ambiance populaire et chaleureuse. Parfait pour y faire des rencontres. Quand elle était entrée, tous les regards s’étaient tournés vers elle. Presque exclusivement des hommes. Elle n’avait pas cillé, elle avait l’habitude d’aimanter les regards masculins et l’assumait crânement. Après tout, elle était venue là pour ça.

Belén oscillait entre deux mondes, celui des nantis et celui des opprimés. Entre deux attitudes, snobisme et cynisme d’une part, rébellion et compassion de l’autre. Comme toujours, les multiples facettes de sa personnalité se télescopaient, et cela lui laissait un goût doux-amer.

En définitive, peu de femmes portaient ces parures coquines de soie et de dentelles qui faisaient saliver les hommes devant les vitrines des boutiques de lingerie. Elles les arboraient rarement au quotidien pour elles-mêmes, mais plutôt lorsqu’elles prévoyaient un rendez-vous galant ou quand elles partaient en chasse