Habituellement je ne suis pas lecteur de bande dessinée. Je n’ai aucune culture BD, sorti de mes lectures adolescentes fort lointaines.
Pourtant, je n’ai pas voulu rater la sortie de Chicagoland. Pensez donc ! Une BD tirée d’une magnifique nouvelle d’un de mes auteurs préférés de romans noirs, R.J. Ellory (voir ma chronique de la nouvelle en suivant ce lien), mise en mots par Fabrice Colin, auteur protéiforme dont j’apprécie également beaucoup les romans. Et la curiosité de découvrir le talent de Sasha Goerg en tant qu’illustrateur.
Rendez-vous en terre inconnue donc pour moi (mais en prenant mes précautions, je ne suis pas aventureux à ce point).
Voici donc une histoire typique de l’univers Ellory, plongée dans l’Amérique des années 50 autour de thématiques fortes et récurrentes chez l’auteur (dont la peine de mort). Un récit à l’émotion prégnante, qui mêle différents points de vue d’une même enquête, avec l’humanité si caractéristique de l’auteur anglais. Récit en trois parties, trois visions d’un même meurtre et de ses conséquences : la sœur de la victime, le flic en charge de l’enquête et le meurtrier en personne.
L’histoire est forte, une peinture de cette Amérique des 50’s à travers un fait divers tragique et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît (quel final !).
J’en arrive à l’œuvre graphique en elle-même. D’abord pour souligner le remarquable travail d’auteur de Fabrice Colin qui a su synthétiser en bulles ce que R.J. Ellory avait pris le temps de raconter à travers sa prose.
Le rendu est excellent, conforme à l’idée originale et à l’ambiance de la nouvelle. Un intéressant exercice de style que de recomposer cette histoire, de la découper, de la modeler afin de coller au rythme qu’impose le roman graphique.
Passons au dessin maintenant, à travers mon regard néophyte. Face à ma méconnaissance de la discipline, je ne parlerai qu’en présence de mon avocat qu’à travers mes émotions. J’y ai clairement retrouvé l’ambiance de la nouvelle d’Ellory, avec à la fois une vraie immersion dans ces années 50 et une manière de mettre l’histoire en image assez intemporelle parfois. Paradoxal sans doute mais une jolie mise en lumière d’une histoire universelle.
Des dessins tout en ambiance donc, qui mettent en avant les personnages avant tout dans des décors plus ou moins présents, parfois à peine esquissés pour favoriser les sentiments.
Une belle expérience que cette lecture inhabituelle pour moi, forte d’une intrigue magnifique et du travail très personnel de Fabrice Colin et Sasha Goerg. Franchement, j’en redemande.
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