AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Saint-John Perse (268)


Oui, ce fut un long temps d'attente et de sécheresse, où la mort nous guettait à toutes chutes de l'écrit. Et l'ennui fut si grand, parmi nos toiles peintes, l'écoeurement en nous si grand, derrière nos masques, de toute l'oeuvre célébrée!...
Nos cirques de pierre ont vu décroître le pas de l'homme sur la scène. Et certes nos tables de bois d'or furent parées de tous les fruits du siècle, et nos crédences d'avant-scène de tous les vins du mécénat. Mais la lèvre divine errait sur d'autres coupes, et la Mer à longs traits se retirait des songes du Poète.
(...)
Amers
Commenter  J’apprécie          130
Nocturne

Les voici mûrs, ces fruits d'un ombrageux destin. De notre songe issus, de notre sang nourris, et qui hantaient la pourpre de nos nuits, ils sont les fruits du long souci, ils sont les fruits du long désir, ils furent nos plus secrets complices et, souvent proches de l'aveu, nous tiraient à leurs fins hors de l'abîme de nos nuits ... Au feu du jour toute faveur ! Les voici mûrs et sous la pourpre, ces fruits d'un impérieux destin. Nous n'y trouvons point notre gré.

Soleil de l'être, trahison ! Où fut la fraude, où fut l'offense ? où fut la faute et fut la tare, et l'erreur quelle est-elle ? Reprendrons-nous le thème à sa naissance ? Revivrons-nous la fièvre et le tourment ?... Majesté de la rose, nous ne sommes point de tes fervents : à plus amer va notre sang, à plus sévère vont nos soins, nos routes sont peu sûres, et la nuit est profonde où s'arrachent nos dieux. Roses canines et ronces noires peuplent pour nous les rives du naufrage.

Les voici mûrissant, ces fruits d'une autre rive. "Soleil de l'être, couvre-moi !" —parole du transfuge. Et ceux qui l'auront vu passer diront : qui fut cet homme, et quelle, sa demeure ? Allait-il seul au feu du jour montrer la pourpre de ses nuits ?... Soleil de l'être, Prince et Maître ! Nos oeuvres sont éparses, nos tâches sans honneur et nos blés sans moisson : la lieuse de gerbes attend au bas du soir. —Les voici teints de notre sang, ces fruits d'un orageux destin.

À son pas de lieuse de gerbes s'en va la vie sans haine ni rançon.

(1972)
Commenter  J’apprécie          130
C'est le soir sur ton île et à l'entour, ici et là, partout où s'arrondit le vase sans défaut de la mer ; c'est le soir couleur de paupières, sur les chemins tissés du ciel et de la terre.
Commenter  J’apprécie          120
     
...Nous élevons à bout de bras, sur le plat de nos mains, comme couvée d’ailes naissantes, ce cœur enténébré de l’homme où fut l’avide, et fut l’ardent, et tant d’amour irrévélé…
     
Chronique VIII
Commenter  J’apprécie          120
Et puis vinrent les neiges, les premières neiges de l'absence, sur les grands lés tissés du songe et du réel ; et toute peine remise aux hommes de mémoire, il y eut une fraîcheur de linge à nos tempes. Et ce fut au matin, sous le sel gris de l'aube, un peu avant la sixième heure, comme en un havre de fortune, un lieu de grâce et de merci où licencier l'essaim des grandes odes du silence.
[...]

(extrait de "Neiges") - p.188
Commenter  J’apprécie          120
J'ai faim, j'ai faim pour vous de choses étrangères : cri de l'oiseau de mer à sa plus haute pariade ! Et les choses n'ont plus sens sur la terre foraine... Pour nous le Continent de mer, non point la terre nuptiale et son parfum de fenugrec ; pour nous le libre lieu de mer, non ce versant de l'homme usuel aveuglé d'astres domestiques.
Commenter  J’apprécie          120
Et comme nous courions à la promesse de nos songes, sur un très haut versant de terre rouge chargé d'offrandes et d'aumaille, et comme nous foulions la terre rouge du sacrifice, parée de pampres et d'épices, tel un front de bélier sous les crépines d'or et sous les ganses, nous avons vu monter au loin cette autre face de nos songes : la chose sainte à son étiage, la Mer, étrange, là, et qui veillait sa veille d'Étrangère - inconciliable, et singulière, et à jamais inappariée - la Mer errante prise au piège de son aberration.
Commenter  J’apprécie          124
Saint-John Perse
Les civilisations mûrissantes ne meurent point des affres d'un automne, elles ne font que muer."
Commenter  J’apprécie          120
Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l'exil,
Les clés aux gens du phare, et l'astre roué vif sur la pierre du seuil :
Mon hôte, laissez-moi votre maison de verre dans les sables...
L'Eté de gypse aiguise ses fers de lance dans nos plaies,
J'élis un lieu flagrant et nul comme l'ossuaire des saisons
Et, sur toutes grèves de ce monde, l'esprit du dieu fumant déserte sa couche d'amiante.
Les spasmes de l'éclair sont pour le ravissement des Princes en Tauride.
Commenter  J’apprécie          120
Tu es aussi l'âme nubile et l'impatience du feu rose dans l'evasement des sables
Commenter  J’apprécie          120
Saint-John Perse
Plus que mode de connaissance, la poésie est d'abord mode de vie - et de vie intégrale. Le poète existait déjà dans l'homme des cavernes, il existera dans l'homme des âges atomiques : parce qu'il est part irréductible de l'homme. De l'exigence poétique, exigence spirituelle, sont nées les religions elle-même, et par la grâce poétique, l'étincelle du divin vit à jamais dans le silex humain.

(extrait de l'allocution du prix Nobel du 10 décembre 1960)
Commenter  J’apprécie          110
Quand la sécheresse sur la terre aura tendu son arc, nous en serons la corde brève et la vibration lointaine.
Commenter  J’apprécie          110
Grand âge, nous venons de toutes rives de la terre. Notre race est antique, notre face est sans nom. Et le temps en sait long sur tous les hommes que nous fûmes.
Commenter  J’apprécie          110
Sur trop de grèves visitées furent mes pas lavés avant le jour, sur trop de couches désertées fut mon âme livrée au cancer du silence.
Commenter  J’apprécie          110
[...]appuyé du menton à la dernière étoile, il voit au fond du ciel à jeun de grandes choses pures qui tournent au plaisir...

(Chanson finale du livre)
Commenter  J’apprécie          110
Guide-moi, plaisir, sur les chemins de toute mer ; au frémissement de tout brise où s'alerte l'instant, comme l'oiseau vêtu de son vêtement d'ailes... Je vais, je vais un chemin d'ailes, où la tristesse elle-même n'est plus qu'aile... Le beau pays natal est à reconquérir, le beau pays du Roi qu'il n'a revu depuis l'enfance, et sa défense est dans mon chant. Commande, ô fifre, l'action, et cette grâce encore d'un amour qui ne nous mette en main que les glaives de joie !...
Commenter  J’apprécie          110
Enchante moi promesse, jusqu'à l'oubli du songe d'être né. ..
Commenter  J’apprécie          110
          À présent laissez-moi…


     À présent laissez-moi, je vais seul.
     Je sortirai, car j'ai affaire : un insecte m'attend
pour traiter. Je me fais joie
     du gros œil à facettes : anguleux, imprévu, comme
le fruit du cyprès.
     Ou bien j'ai une alliance avec les pierres veinées-
bleu : er vous me laissez également,
     assis, dans l'amitié de mes genoux.
Commenter  J’apprécie          110
Saint-John Perse
J'ai rêvé, l'autre soir, d'îles plus vertes que le songe...

( " Amers")
Commenter  J’apprécie          110
« J’avais, j’avais ce goût de vivre sans douceur, et voici que les Pluies … » (La vie monte aux orages sur l’aile du refus.)
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Saint-John Perse (765)Voir plus

Quiz Voir plus

Un polar, une capitale d'Europe

"Les nouveaux mystères de Paris" de Léo Malet, série avec Nestor Burma, l'enquêteur.

Allemagne
Autriche
Espagne
France
Royaume Uni
Suède

19 questions
493 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , europe , capitale , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}