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Critiques de Sait Faik Abasiyanik (11)
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Un homme inutile

Abasiyanik veut dire “manteau brûlé” en turc et, de fait, il y a quelque chose de cramé dans “Un homme inutile” et ces autres brèves nouvelles venues de l'autre rive du Bosphore.



Le souffle chaud et légèrement aviné de l'auteur dépeint avec malice des vies facultatives. L'anatolien est partagé entre la nécessité empathique de dire ces gens, de les faire exister en livre et l'amertume un peu rugueuse d'un auteur aussi dépité que ses personnages. 




Nous n'avons pas l'impression de lire Abasiyanik mais de l'entendre, son style oral rend la sonorité du texte très singulière, on a la sensation d'être sous un olivier, à écouter les anecdotes du pays, entre deux rasades anisées de raki.



“Le truc poisseux qu'ils appellent “lutte pour la vie” quelque chose en lui s'y refusait.” Sait Faik Abasıyanık, mort à Istanbul en 1954, s'arrête sur ces vies inconnues dont tout le monde se fou : un fait divers mal rédigé, en petit caractères, dont on lit à peine le titre, dans un bar respirant la cigarette mouillée, sur un encart de papier journal local, jauni de café froid.



Cet ouvrier, cet ivrogne, ce pope orthodoxe, ce pêcheur sont à côté de la vie, du mouvement, dans les marges, à l'image de l'auteur ottoman qui passa une grande partie de sa vie sur une île en mer de Marmara, il leur rend ici quelque part une forme d'hommage.

Mais ces invisibles, encore faut il leur prêter attention, Abasiyanik, dans la nouvelle “l'Homme de la brasserie”, livre sa technique d'écrivain : “dans la rue, dans une boutique ,dans un endroit fréquenté, on peut regarder le visage de n'importe qui et bâtir une histoire sur un bout de sa vie.”



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Le samovar

J’aime beaucoup Sait Faik Abassiyanik, et je découvre progressivement ses nouvelles, volume après volume, avec toujours le même plaisir. Dans ce tome, publié par l’excellente maison d’édition Bleu autour, qui publie beaucoup d’auteurs turcs, il y a une très bonne présentation de l’auteur, de sa vie et de son œuvre. Cela m’a permis de découvrir qu’il avait écrit bien plus que ce que je pensais, et en particulier un roman. De belles découvertes donc en perspective, en espérant que tout cela puisse être édité en France.



Ce volume se compose de 19 nouvelles, dont la plupart très courtes. Il s’agit du premier volume de nouvelles publié par l’auteur, donc de ses premiers textes. Ces textes sont un peu disparates, certains se passent en Turquie, dans des régions différentes, d’autres en France, Sait Faik Abassiyanik a vécu plusieurs années à Grenoble, avec comme prétexte des études, mais qu’il suivait en réalité de loin. Beaucoup de ces textes ont pour personnage central des enfants ou adolescents. Le texte le plus long, Le vieil étudiant, flirte avec une sorte de surréalisme, mais c’est celui qui m’a le moins convaincu. Je trouve Sait Faik Abassiyanik merveilleux dans ses portraits de personnages simples, auxquels il parvient à donner une dimension, une épaisseur, en partant pourtant du quotidien le plus banal. Mais son regard transfigure, rend plus beau, donne une dignité aux pauvres gens. Tout cela dans une magnifique écriture, simple en apparence, sans rien de superflu, mais à laquelle rien ne manque.



C’est toujours un grand plaisir de se replonger dans un livre de cet auteur, et je compte bien continuer ma découverte de son œuvre.
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Le samovar

Publié en 1936, "Le Samovar" est le titre éponyme et premier du recueil de nouvelles écrites par l'écrivain turc Sait Faik Abasiyanik.



Ce qui se révèle d'entrée et se confirme tout au long de ce livre, c'est chez l'auteur le choix d'une écriture minimaliste, régulière, assez elliptique ; une écriture qui ne dit pas tout, qui ne retient que l'essentiel du sujet de l'histoire, de la situation de ses divers personnages (gens ordinaires, modestes : paysans, ouvriers employés, garçons de café; marginaux des villes, personnes âgées, enfants) ou des lieux.



Que ce soit dans Le Samovar, Le Stelyanos Hrisopoulos, Garçon, Certaines personnes de mon espèce ou encore dans La peur d'aimer (titres des nouvelles qui ont eu ma préférence), il y a dans l'écriture d'Ait Faik Abasiyanik quelque chose d'un sentiment caché, quelque chose qui sous la lenteur de l'action et/ou la brièveté du récit, apparaît lentement durant la lecture : une nostalgie, une bienveillance, une foi dans l'homme.

L'auteur ne manque pas d'une certaine lucidité pour décrire ses personnages, leurs illusions perdues, leurs espoirs, mais il y a ajoute un imaginaire, une part de rêve qui donnent plus de maturation au récit.

Sans qu'on y consente au début de la lecture, il y a un charme qui peu à peu se répand, finit par prendre place. L'attention devient captive.



Ait Faik Abasiyanik avait une passion pour la peinture. Il voulait parait-il composer des tableaux comme ceux de Marc Chagall et Raoul Dufy. Il y a dans les nouvelles de l'écrivain turc quelque chose des œuvres de ces deux peintres. Ce sont les mêmes sujets abstraits, minimalistes, le même choix de personnages modestes, la même générosité et la foi dans l'homme qui se déploie.



Lire "Le Samovar", c'est se laisser surprendre, étonner, renoncer à tout savoir, laisser sa place à l'imaginaire, aux couleurs et aux saveurs. Comme dans les tableaux de Chagall et Dufy.

Un beau recueil de nouvelles à lire.





À la fin du livre, figure une très intéressante biographie sur l'écrivain.

Écrite par Alain Mascarou et Elfiz Deniz, elle éclaire beaucoup sur l'écrivain et le contenu de son oeuvre.
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Le Café du coin

Presque toutes les nouvelles de ce recueil tardif de Sait Faik sont écrites à la première personne. Des sentiments équivoques les traversent : une infinie solitude et portant une empathie pénétrante avec les petites gens, les laissés-pour-compte, une dépression abyssale qui s'alterne, aussitôt, à une insondable joie de vivre (syndrome bipolaire?), une attention pour des circonstances et des objets banaux et cependant un refus du réalisme primaire (ce qui lui fut reproché, par ex. par Nazim Hikmet... mais non par quelques flics qui lui réclamèrent l'identité d'un certain personnage qu'ils ne surent concevoir comme un être fictionnel !), une certaine détestation des lieux de son quotidien et néanmoins un indéracinable attachement à ces mêmes paysages, une narration apparemment rêveuse, anecdotique, inconcluante, superficielle qui aboutit sur des chutes d'une étonnante, parfois dérangeante profondeur...



Beaucoup est expliqué par le bel et complet appendice biographique (pp. 167-187) signé Elif Deniz et Pierre Vincent. Ce qui reste peut-être insuffisamment illustré pour le lectorat non spécialiste, c'est que les auteurs de la génération Sait Faik, et lui-même en tout premier lieu, étaient en train de tout inventer : une nouvelle littérature avec une langue nouvelle – pas seulement un autre alphabet, d'abord une esthétique novatrice. Certains ont nommé et conceptualisé leur démarche, d'autres ont puisé à des modes et courants littéraires étrangers leurs contemporains. Sait Faik, dans les différentes phases de son écriture (sans doute trois?), a suivi au plus près, je pense, ses propres démons intérieurs et ses péripéties biographiques. Une telle empreinte si fortement personnelle ne pouvait que se répercuter, fatalement, sur la postérité. C'est peut-être aussi la raison qui rend son écriture si intemporelle, hors d'atteinte du vieillissement.
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Un homme inutile

Un recueil composé de 14 nouvelles, plutôt brèves. Mais d'une grande densité. Qui évoquent des petites gens, des gens tout simples dans leur quotidien. Et dans une ville, Istanbul. Même s'il y a quelques échappées à la campagne. On imagine d'ailleurs très bien l'auteur vivant lui-même cette vie là. Des petits bouts de réalité, de vie, mais qui comme dans toute bonne nouvelle qui se respecte enferment au-delà d'un instantané le condensé d'une vie. Mais l'originalité d'Abasiyanik tient dans son écriture, dans la construction de ses textes, qui pourraient être des textes réalistes, mais qui sont tout autre chose. Une sorte de poésie, d'onirisme, de réel qui se tord presque, qui n'est pas exactement ce qu'il devrait être, une sorte de regard qui déforme, ou qui voit sous un autre angle que l'angle habituel sous lequel on voit les choses. Mais en même temps qui révèle ce qui a toujours été là, mais que l'on a pas pu voir avec l'angle habituel.



Un auteur vraiment original, qui évoque une ville qui n'existe plus, l'Istanbul cosmopolite des entre deux guerres, et les gens qui la peuplent, d'une façon unique. Je ne crois pas que ce soit un auteur qui plaise à tout le monde, il faut avoir envie de le suivre, mais si c'est le cas, l'envie de poursuivre le voyage restera une fois le livre terminé.

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Le Café du coin

Des nouvelles simples mais qui évoquent une période de la Turquie et en particulier d'Istanbul.



Il y a quelque chose d'assez pathétique chez chacun des personnages. C'est une description de galériens de cette ville à la jonction entre l'Europe et l'Asie.



J'ai été quelque peu choqué par la deuxième nouvelle mais au final, je comprends pourquoi il en fait partie.
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Le Café du coin

Instants volés, portraits saisis au vif, les nouvelles de l'écrivain turc Sait Faik Abasıyanık nous plongent dans un Istanbul des années 1950. Un monde parfois rude mais toujours tendre et sensible. Ces 22 nouvelles brossent le portrait de marchands de journaux, de gloires déchues, d’exilés, pêcheurs, d'amateurs de raki et de jolies filles, ou encore de mouette éclopée. Le tout avec profonde humanité et un zeste d'élégante désinvolture.



Avis :

Sait Faik Abasıyanık est un auteur à lire et à relire tant par la qualité de son écriture que par la justesse de son ton et de sa vision.

Si vous allez à Istanbul, empruntez un ferry (un vapur) vers les îles aux Princes. Descendez dans la seconde île, Burgazada, sur le quai une statue de l’écrivain vous accueillera puis laissez-vous glisser dans les ruelles. Il y aura de fortes chances pour que sa maison natale, transformée en musée y soit ouverte. Fondée par sa mère qui l’adorait, la jolie maison blanche impeccable laisse un peu transpercer de la vie de l'écrivain : un billet d'Air France, des dizaines de lettres, des livres en français (reste de ses années d'étudiant en économie à Grenoble)… Au grand désespoir de son père qui l’aurait aimé brillant homme d’affaires, Sait Fait fut un éternel flâneur, incapable de s'adapter au monde sur lequel il a posé un regard fin et profondément fraternel. Pour en savoir plus sur ce musée.



Toutes ses nouvelles sont publiées aux éditions Bleu autour.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Une histoire pour deux

En 13 pages seulement nous avons le temps de nous attacher à un personnage un peu bourru mais au grand cœur. En 13 pages seulement nous avons le temps de découvrir son métier, son univers. En 13 pages seulement nous avons le temps de réfléchir à la peur, la mort, la solitude, la passion, l’amour.

Une histoire pour deux est une belle histoire.
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Une histoire pour deux

Il est finalement assez rare qu'une nouvelle soit édité, dans un joli écrin comme celui-ci. Découvrir donc les quelques pages de cette histoire.







Et elle nous raconte donc l'histoire de deux personnes. Les deux discutent. L'un est marin, et va essentiellement parler d'une mouette. Mais au travers de cette histoire simple, presque un conte, on va découvrir une étrange relation, mais aussi un lien fort entre le personnage et son métier. l'écriture est fluide et agréable et tout cela se lit bien vite. Si vous avez l'occasion de le lire, ne vous gênez pas !
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Le samovar

Les surprises de la traduction. En avril dernier, au détour d’un guide de voyage ancien (années 1990), je suis séduite par un extrait d’une nouvelle de Sait Faik Abasiyanik. Réflexe Babelio, je note l’extrait dans l’espoir de lire un jour l’ensemble. En cette rentrée littéraire, un recueil de 19 nouvelles est réédité dont celle intitulée ‘’Le samovar‘’ , mais quand je retrouve l’extrait, c’est moins fort que mon souvenir... Du coup, pour le partage, je réinscris la traduction de novembre 2011 par Enif Deniz, Pierre Vincent et Alain Mascarou. Une rapide recherche dans le catalogue de la bibliothèque nationale ne m’a pas permis de trouver le nom du précédent traducteur.

Cela dit, l’expérience m’a fait découvrir cette terrible mais très belle nouvelle, ainsi que quelques autres très courts textes dont me souviendrai aussi: ‘’Hôtel de la Félicité’’, ‘’Le mouchoir de soie’’ et ’’La statue que j’ai volée au Louvre’’.
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Un point sur la carte

Ce sont des nouvelles qui montrent la vie turque quotidienne dans les années 1930-50. Ce sont des textes d’ambiance très descriptifs et évocateurs de la vie des petites gens de cette époque. C’est généralement sombre et fataliste mais avec une réelle admiration pour les choses simple et pour le quotidien du peuple. Il dépeint de très belles images et capture souvent des moments poignants ou symboliques. Le style est sobre et tout en évocation avec un choix minimal de mots. La société stambouliote qu’il dépeint est celle héritée de l’Empire Ottoman avec tout sa multiethnicité (arméniens, grecs, albanais, etc.) – elle fait souvent face avec résignation à la modernisation du son monde.
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