Sally Salminen

Dès les premières pages, je savais quelle serait la vie de Katrina. Une cahute misérable, un mari absent une grande partie de l’année, le travail à peine rémunéré et obligatoire pour les notables de l’île, des enfants élevés dans des conditions très difficiles.



Alors assez vite j’ai peu apprécié ce personnage qui se laissait avoir aussi facilement et qui par fierté préférait s’engluer dans la médiocrité plutôt que de reconnaitre qu’elle s’était trompée. Ce personnage qui reste avec une mentalité de paysan, qui n’accepte pas le progrès, l’évolution de l’histoire. La vie de Katrina est une sorte de catalogue des pires choses qui peuvent arriver dans une vie.



Malgré tout j’ai apprécié que Katrina ne se laisse pas faire par les notables de l’île, qu’elle préfère être dans la galère plutôt que de devoir accepter leur aide matérielle ou financière.



Sa fierté l’a amenée à une vie difficile mais elle lui permet aussi d’obtenir le respect de la part des notables.



Au delà du récit de la vie de Katrina, le roman permet de se rendre compte qu’au début du XX° siècle, en pleine Europe, il était possible de trouver des relations sociales dignes du Moyen-Âge.

Dans le cadre du challenge Vidons notre pal auquel je participe, il me fallait lire un roman dont le titre commençait par l'initiale de mon pseudo. Après recherche, j'ai mis la main sur cette relique de ma pal, dénichée dans la bibliothèque familiale!



Nous sommes fin XIXe. En Suède, la jeune Katrina vit heureuse avec sa famille, de riches fermiers. Les prétendants à sa main sont nombreux, mais Katrina succombe aux belles paroles et aux grands yeux bleus du romantique Johan, un marin finlandais.

Elle le suivra sur son île mais, au lieu de la magnifique demeure et du verger promis, elle ne trouvera qu'une masure perchée sur la roche aride.

Des lors, la vie de Katrina sera synonyme de travail et des longues absences des marins, mais aussi d'amour malgré la dureté de la vie.



Que j'aime découvrir de vieux romans oubliés! La quatrième de couverture m'annoncait un classique de la littérature féminine. Que cette histoire m'a transportée!



Il m'a fallu un petit temps d'adaptation au début, car le style de la traduction est très marqué par son époque, assez différent de ce qu'on écrit aujourd'hui. Mais bien vite je m'y suis pleinement habituée et je me suis plongée avec délectation dans les pages de cette histoire que j'avais bien du mal à quitter le soir! Le livre est un petit pavé mais je l'ai lu très rapidement!



J'ai beaucoup aimé le personnage de Katrina. C est une femme forte, et surtout fière! Elle doit s'habituer du jour au lendemain à une vie de dur labeur, gagner sa croûte par son travail quotidien, mais toujours elle refusera la charité et la pitié de ceux qui sont mieux lotis. Bernée par les beaux mensonges de son mari, elle prendra son destin en main au lieu de se lamenter sur son sort et de cultiver la rancune comme d'autres l'auraient fait.



Je me suis aussi beaucoup attachée à Johan, malgré ses défauts bien réels. Moi aussi, comme Katrina, j'ai fini par tomber sous le charme de ce grand enfant aux deux mains gauches, et dont le péché mignon n'est pas ,comme pour bien d'autres hommes à l'époque, l'alcool, mais les caramels. J'ai souri quand Katrina, pour ménager l'ego de celui quelle aime et qui est bien conscient de ses lacunes, repasse derrière lui en cachette, ou quand elle le défend lorsque les autres villageois se moquent de lui.



La vie ne sera pas facile pour eux, mais nous les suivrons jusqu'à leurs derniers jours, jusqu'à ce début de XXe siècle dont la modernité les dépasse parfois, et j'ai finalement versé de nombreuses larmes quand il m'a fallu les quitter.



Si à l'occasion, vous tombez sur ce roman un jour en bouquinerie (car je ne pense pas qu'il soit toujours édité), n'hésitez pas à tenter votre chance! Pour ma part, ce fut une merveilleuse surprise, et un grand coup de coeur.