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Critiques de Salomé Kiner (76)
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Grande couronne

Elle a quatorze ans, une mère dont la dépression ne s’arrange pas lorsque le père les quitte, une soeur rebelle, deux frères, l’un obsédé par la guerre et l’autre handicapé.

Mais ce qui lui pèse le plus, ce sont les habitudes de consommation de la mère, qui refuse de tomber dans les pièges grossiers posés sur sa route dans les rayons des magasins (et en 1990, c’est moins tendance qu’en 2020, et carrément craignos de s’exhiber avec des sous-marques, qu’elles concernent des vêtements ou des compotes).

Comment réaliser ses rêves de Reebock, ou de sac Vialhero ? C’est Nelly, une fille du collège qui lui propose de se faire de l’argent de poche facile : elle intègre le réseau Magritte…



L’histoire met mal à l’aise, les mots sont crus, émis par une gamine de quatorze ans pour décrire ce qu’elle vit au quotidien auprès des « zguègues » qui la reçoivent dans leur voiture le temps d’une gâterie ! Et la désinvolture apparente de l’adolescente est édifiante. Et pourtant il y a derrière le récit explicite, un art de manier l’humour qui détend un peu l’atmosphère glauque du roman.



Cependant, même si elles ont un sens dans l’histoire, les scènes de sexe sont un peu trop insistantes, et il existe une certaine complaisance à en rajouter.



Avis mitigé donc pour ce roman qui a malgré tout de dénoncer la prostitution adolescente.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Grande couronne

Dans la banlieue nord de Paris, entre Sarcelles et Montmorency, une jeune fille parfois appelée Tennessy, passe une adolescence troublée entre ses parents qui divorcent, sa mère déprimée, sa grande sœur qui quitte la maison pour l’Espagne à à peine dix-huit ans, et ses deux frères plus jeunes dont l’un a un handicap mental. Pour pouvoir se payer des marques, la jeune fille ne va pas hésiter à se prostituer, tout en rêvant à l’amour. ● Ce roman fait parler de lui et il est vrai qu’il a un ton, que son autrice possède une voix. ● On se laisse facilement embarquer dans la vie chaotique de la jeune narratrice, qui restitue bien les émotions et les complexes de l’adolescence, passant souvent du coq à l’âne sans toujours faire attention au lecteur, ce qui n’est pas gênant car on rattrape toujours le fil. ● Mais malheureusement, comme souvent quand on est en présence d’une forte empreinte stylistique, c’est du côté de l’intrigue que le roman pêche. Car celle-ci est plus que maigrelette, quasi-inexistante à vrai dire. On est plus dans la chronique du quotidien que dans le roman. ● C’est dommage, s’il y avait eu une vraie intrigue charpentée, une tension narrative, alors le livre aurait été une magnifique réussite. En l’état, il n’en est qu’une demie. Attendons le deuxième roman de Salomé Kiner.
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Grande couronne

La narratrice de Grande couronne est une adolescente de la fin des années 1990. Elle regarde passer les RER en partance pour Paris pour oublier que sa famille se disloque.



Pour gagner de l’argent de poche, elle va rejoindre avec ses amies une organisation clandestine au collège, les « Magritte ».





Pour la rentrée littéraire, les éditions Christian Bourgois publient l'excellent premier roman de Salomé Kiner, Grande Couronne.



Pour la petite histoire, il faut savoir que Salomé Kiner, journaliste qui travaille pour des médias suisses, a fait parvenir directement par courrier son premier manuscrit à l'éditeur qui s'est empressé d'accepter de l'éditer



Grande couronne donne voix à une adolescente des années 1990, prête à tout pour s'extraire de sa vie banlieusarde terne, entre des parents qui se séparent et une envie de s'offrir des biens matériels difficiles à acquérir légalement



Cette gamine de 14 ans d'une cite pavillonnaire aussi attachante qu'agaçante est en révolte contre la terre entière et fantasme sa vie à coups de marques et de choses futiles mais qui ne semblent pas l'être pour elle



Ce roman d'apprentissage ne pourra que séduire les nostalgiques des années 1990, dans cette peinture sans fard d'une adolescence à vif, et d’une classe sociale en marge qui fait parfois penser à du Virginie Despentes



Notre héroïne est animée d'une une énergie sans pareille et un humour qui fait mouche et entre découverte de la sexualité et apprentissage .



Dans ce récit brutal d'une jeune femme qui considère l'amoralité comme une manière d'être et même un véritable mode de survie, on est frappés par le

sens de la formule, l'acuité du regard sur les gens et les choses de Salomé Kiner.



Belle surprise de cette rentrée littéraire, Grande Couronne brille par cette plume trempée dans l'acide qui bouscule et bouleverse en même temps !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Grande couronne

Il y a un petit air de « leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu dans ce premier roman (l’adolescence, les années 90, un certain ennui) mais la plume, acérée, virevoltante est bien celle de Salomé Kiner. Une plume qui claque pour dénoncer l’appât des marques chez les jeunes (jusqu’à y laisser leur innocence) et la vie dans les grands ensembles péri urbains, entre rêves, espoirs et désenchantement.

La plume se fait plus tendre pour raconter Tennessy, sa famille (en pleine décrépitude) et ses copines délurées. Elle devient explicite pour relater les premières expériences (et premières désillusions) de la jeune collégienne, qui finit par tracer sa route, non sans humour (heureusement !). Le sujet du livre reste terrifiant (difficile de ne pas se projeter quand on a une ado à la maison).



C’est cru, difficile, ça choque, agace, bouleverse…

Soit tous les marqueurs d’un roman qui ne s’oublie pas (décidément je ne fais que des bonnes pioches dans mes lectures de premier roman 😉).

Une autrice à suivre…
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Grande couronne

C’est par l’envie que commence l’histoire à priori banale de Grande couronne de Salomé Kiner. L’envie d’une adolescente de quatrième d’avoir les mêmes fringues et les mêmes chaussures de marques que les autres dans la cour de récré et lors des sorties entre filles.

Alors au lieu de se faire payer pour rédiger le devoir des autres, notre narratrice — que l’on ne connaîtra que par son nom d’emprunt, Tennessy — va faire un choix plus radical, celui d’une prostitution qui ne dit pas son nom.

Avec ce premier roman aussi cru que éminemment humain, la primo-romancière nous place dans les baskets d’une ado de la fin du siècle dernière, à la veille du bug de l’an 2000 et d’une certaine ambiance de fin du monde aujourd’hui ridicule et douce-amère.

Pour notre jeune héroïne de banlieue pavillonnaire, sa famille de classe moyenne ne suffit plus et la consommation autour d’elle prend des allures d’obligation sociale, préfigurant déjà un XXIème siècle où les marques ont gagné la guerre.



Mais revenons d’abord à ce virage vers l’abject. Sans apitoiement et sans voyeurisme, Salomé Kiner dit l’impensable, ce qu’une gamine pourtant intelligente (mais naïve) est prête à faire pour s’intégrer parmi les autres, par conformisme et par mimétisme.

En adoptant le surnom de Tennessy, la jeune fille intègre le groupe Magritte après un « entretien » d’embauche avec un mac, Miguel, qui la viole au passage tant qu’à faire. Mais elle, tragiquement, ne se rend pas compte de la gravité de l’acte, cette sodomie sur un parking qui la fait rentrer chez elle sans culotte et sans pantalon, plus honteuse à l’idée que sa mère la retrouve dans cet état que véritablement préoccupée par cette perte brutale d’innocence qui est la sienne en cet instant.

Tennessy va donc faire des fellations à des inconnus, des zguègues, contre de l’argent et l’assurance de pouvoir se payer ce qu’elle veut comme elle veut.

De l’éjaculateur précoce à la brute dominatrice et fétichiste, la jeune fille va devenir une femme sous les coups de boutoir d’une réalité sordide et honteuse où la femme est un instrument pour des (jeunes) hommes au fond tout aussi misérables qu’elle.

Quelque chose va mal dans la société dans laquelle vit Tennessy, et ce n’est pas seulement lié au sexe.



Derrière la plongée de Tennessy dans ce milieu perfide et écœurant, on trouve toute la difficulté d’être une femme dans les années 90. La famille de l’héroïne n’est pas une famille pauvre à proprement parler, c’est une famille moyenne, banale avec son père démissionnaire qui finit par quitter la maison en laissant en plan sa femme et ses quatre enfants. Dès lors, par les yeux de Tennessy, on assiste à la lente destruction d’une mère de famille qui perd pied et qui se raccroche à une dernière illusion : faire en sorte que sa fille trouve quelque chose de mieux qu’elle pour l’avenir. Notre narratrice, elle, grandit à marche forcée, pas seulement en branlant des hommes dans des voitures au milieu de nul part, sur des parkings ou dans la forêt, mais aussi en devenant mère de substitution pour un frère avec un retard psychomoteur, pour un autre qui passe sa crise d’adolescence à travers des jeux/films de guerres. Un mère de substitution qui regardera partir sa sœur aînée vers un mirage lointain et absurde, condamnée à se noyer dans une médiocrité déjà écrite par avance pour elle.

Grande couronne, c’est aussi l’effondrement d’une cellule familiale qui essaye de tenir grâce à la ténacité d’une gamine et les dernières forces d’une mère à bout que plus rien ne retient. C’est la démission des obligations parentales et le début des emmerdes pour des gamins laissés à la merci de problèmes d’adultes.

Salomé Kiner mêle tous ces sentiments forts et terribles avec une plume ample, déliée, souvent crue qui explique les évènements en face et regarde les pires choses dans les yeux pour en dénouer toute la complexité. Ainsi, Tennessy rencontre Chanelle, une autre jeune fille qui suce et branle des mecs pour exister/consommer. La situation pour Chanelle n’est pas la même mais le destination finale ne change pas : ferrer un type pour sortir du cauchemar. Mais est-ce la vraie réponse au problème qui les ronge ?

La roman ne cesse de s’interroger sur l’avenir de Tennessy, sur ce qui s’offre à elle, sur ce que la société peut pour elle et ce qu’elle peut espérer pour le futur quand elle-même ne voit aucune porte de sortie se profiler au loin.

Ses rêves finissent par être à l’aune de la médiocrité de son existence.

Elle fantasme sur un livreur de pizza fumeur de joints et éprouvera sa première nuit d’amour sans comprendre le sens même de ce mot.

Le tragique dans Grande couronne réside surtout dans ce constat terrible d’une gamine qui découvre l’amour et le sexe par la perversité et la brutalité, et qui n’arrive même pas à comprendre qu’elle mérite mieux, qu’elle aurait du avoir mieux que ça, que tout va terriblement de travers là-dedans.

C’est la révolte qui anime souvent le lecteur en parcourant les pages du roman, saisit par la rudesse impitoyable de la vie de Tennessy et son passage à l’âge adulte dans une société égoïste, dégoûtante et humiliante où l’argent est roi, où la marque fait de vous une fille populaire et où l’on jette la personne après usage.

Avec une ironie mordante, les grandes figures de l’art francophone deviennent les observateurs silencieux d’une descente aux enfers inéluctable, de Magritte à Delacroix en passant par Saint-Exupéry, plaquées sur des billets qui asservissent et avilissent ou prêtant leur nom à des groupes abjects d’où le beau est absent. Finalement, les promesses technologiques de l’époque, Tam-Tam et autres Minitels, ne sont que des illusions passagères à la mesure de cette prostitution-consommation qui ne résout rien et aggrave tout.

La vie de Tennessy, en forme d’apprentissage terrible, est une grande désillusion, une grande capitulation, sur l’amour et sur la famille mais aussi sur cette société qui voyait le XXième siècle comme la fin d’un cycle alors qu’il n’annonçait que les pires travers du prochain. Grande couronne regarde la fin de l’innocence sans complaisance, l’affronte et l’expose dans sa nudité adolescente et s’interroge : Quel avenir pour les Tennessy d’hier et de demain ? Quel avenir pour ceux qui n’en ont jamais eu ?



Grande couronne impressionne par sa justesse et son ton à la fois cru et émouvant, où l’on grandit trop vite et trop brutalement avec une gamine de quatorze ans qui se retrouve projeté dans des problématiques d’adultes qui la dépassent et la dépècent.

Salomé Kiner signe un premier roman dur et bouleversant qui se lit d’une traite entre nostalgie, tristesse et fascination.
Lien : https://justaword.fr/grande-..
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Grande couronne

Tennessy est une excellente élève de 3ème, qui s'occupe de ses deux frères cadets pour aider sa mère-au-bord-de-la-crise-de-nerfs, et qui rêve de vivre à Paris et d'être hôtesse de l'air pour porter un beau tailleur. Elle rêve aussi de vêtements, chaussures -et même de frites- de marque, et c'est pourquoi elle se prostitue le mercredi après-midi sous le nom de Tennessy : pour pouvoir enfin s'habiller comme les filles cool du collège et vivre comme les personnages des séries-TV.



Chronique d'une jeunesse particulière de la fin du XXe siècle, "Grande Couronne" est un ouvrage étonnant. Bien que la thématique abordée soit grave, son traitement est étrangement léger, puisque Tennessy elle-même, du haut de ses 14-15 ans, raconte ses aventures avec une sincérité et une candeur désarmantes. Ce décalage entre les choses sordides qu'elle décrit et l'innocence de son ton vaut tous les discours didactiques sur le sujet.

Salomé Kiner dresse aussi le portrait émouvant d'une femme, la mère, qui essaie de survivre dans une existence qui ne ressemble en rien à celle qu'elle imaginait. Ce faisant, à travers les réflexions de Tennessy (lucide dès lors qu'il ne s'agit pas d'elle), l'auteur évoque les familles dysfonctionnelles et l'épuisement parental, et dépeint une classe moyenne qui aspirait à sa part de bonheur mais où plus aucun projet ne semble en mesure de rendre la vie un peu supportable. Kiner saisit avec délicatesse tous ces détails qui révèlent la fin des illusions, mais aussi la volonté de ne pas se résigner trop vite.

Toutefois, ce drôle de roman n'est pas déprimant et ne sombre jamais dans le graveleux. Au contraire, une douceur latente l'imprègne, des sentiments lumineux s'y développent, et si on ressent toute la fragilité de l'adolescence, on perçoit également l'émergence d'une belle personnalité adulte chez la jeune narratrice -comme une fleur qui commence à éclore. Et il y a même de l'humour.



J'ai donc beaucoup aimé ce récit intelligent, sensible et hardi, très bien écrit, qui embrasse plusieurs thèmes par petites touches toujours justes. Une jolie découverte, et un auteur que je suivrai avec un réel intérêt.
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Grande couronne

Rien de plus banal que la vie de Tennessy, ado des années 1990, coincée dans un pavillon de la Grande Couronne dans une famille modeste de quatre enfants. Plus que tout, Tennessy aimerait vivre comme ses camarades de classe, consommer, et plus particulièrement acheter toutes sortes de produits, pourvu que ce soient des marques, vêtements, produits de beauté, alimentation... Tennessy ne veut plus de la vie "marque repère" de ses parents. Et pour cela, elle choisit de faire ce que certaines de ses copines de classe ont fait avant elle pour s'en sortir.

Bien sûr, Tennessy ne s'appelle pas Tennessy. Tennessy, en quelque sorte son "nom de scène" celui qu'elle utilise lors des rencontres avec ses clients - celui que lui a donné le réseau "Magritte", un réseau de prostitution de mineurs.



Peut-on dire que Grande Couronne est un roman misérabiliste sur la condition d'une jeune fille des années 1990 ?

Grande Couronne est un roman qui aborde des sujets sensibles, qui nous donne à voir une réalité glauque que nous ne connaissons pas forcément.

Cet aspect dérangeant de Grande Couronne n'est qu'une facette d'un roman original.

Je retiens la description d'une adolescente qui doit faire face, avec ses moyens, à un monde des adultes qui la perturbe. Elève brillante au collège, sa famille implose lorsque le père part brusquement, laissant la mère s'occuper seule de la famille, un petit garçon handicapé et de trois adolescents. Tennessy gère la crise, de la même façon qu'elle gère son agenda scolaire, son agenda "professionnel". Elle s'organise, elle essaie tant bien que mal de se construire, avec des repères traditionnels qu'elle "bricole" à sa façon. Elle s'en sort en mettant une grande distance avec son activité "professionnelle" - elle reste avant tout une adolescente avec des rêves de son âge.



J'ai beaucoup aimé ce premier roman de Salomé Kiner, sa manière de mettre en scène une adolescente, sa vision réaliste qui n'est pourtant pas dénuée d'humour. Selon moi, le roman est particulièrement bien écrit, la voix de Tennessy m'a beaucoup plu et résonne encore, lorsque la dernière page se tourne.



Afin de compléter la lecture et d'aller un peu plus loin dans la réflexion, j'ai aimé visionner plusieurs interviews de Salomé Kiner (liens sur Babelio) pour mieux connaître l'autrice et ses aspirations.



Un roman réaliste, qui ne peut pas laisser indifférent, qui ouvre de nombreuses pistes de réflexion, sur la période de l'adolescence, et sur notre monde et ce qu'il a à offrir.





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Grande couronne

Qu'il est dur ce roman. Le personnage est sombre mais sonne tellement vrai. Dans les années 1990, une adolescentes veut s'intégrer dans son lycée, veut porter des marques, mais pour cela il faut de l'argent que sa famille n'a pas spécialement. Elle trouve un arrangement avec des filles et se retrouve à faire des actes sexuels contre argent.

Le roman dépeint sans voyeurisme mais très justement le milieu social de la jeune adolescente, des drames familiales qu'elle traverse et aussi l'espoir.

Un roman percutant où il faut avoir le cœur bien accroché.
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Grande couronne

Ce roman narre l’histoire d’une jeune adolescente, 2ème d’une fratrie de 4 enfants, une soeur de 18 ans, qui va reprocher à ses parents leur petitesse et partira en Espagne, où elle espère sortir de sa condition, 3 frères, dont un handicapé, vivant en banlieue dans un petit pavillon dans les années 90. Au milieu de cela, une mère qui a des exigences d’éducation, mais qui après son divorce, s’effondrera et un père quasiment absent.



La famille ne roule pas sur l’or. Tout est comptabilisé, et il n’y pas de place pour les « à-côtés » et surtout pas pour les marques. Le moins cher convient très bien, que ce soit en terme de vêtements ou de nourriture.



Mais la jeune ado rêve d’être comme les autres jeunes filles, avoir des vêtements et des accessoires de marque. Pour obtenir cela, elle va rentrer dans le réseau « Magritte ». Elle acceptera de faire des passes pour se faire un peu d’argent. Elle rêve d’amour aussi. Mais là encore, elle connaîtra des déboires.



L’auteur a très bien réussi a se mettre dans la tête d’une jeune ado et de nous entraîner dans ses pensées, ses envies, ses frustrations, ses bêtises, ses erreurs, son cheminement. Egalement le portrait de la mère, qui a des ambitions pour ses enfants, mais qui après le divorce s’effondre, sonne très juste. Sans parler de ces jeunes hommes, tout aussi perdus, qui, en lieu et place d’amour, car ils ne savent pas faire autrement, recherchent les performances sexuelles, influencés eux aussi par les réseaux sociaux et les « copains ».



Le bémol que je mettrai, c’est le final, qui est, pour moi, un peu trop abrupte. Mais bon, à l’imagination de faire son travail et d’inventer l’avenir de cette jeune adolescente. Pour moi, il est plutôt positif cet avenir, autant pour la mère que pour l’adolescente… A chacun de se faire son idée.



Quoi qu’il en soit, ce livre est addictif et une fois commencé, on a du mal à le quitter avant la fin. Il y a des airs de « chavirer » de Lola Lafon dans ce roman. C’est le même style. Bravo pour ce Premier Roman et pour l’écriture.

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Grande couronne

Avez-vous vu/aimé les films Tout ce qui brille avec Leila Bekhti et Géraldine Nakache, Divines avec Oulaya Amamra , Papa was not a Rolling Stone adapté du roman de Sylvie Ohayon ?

Lu L’éblouissement des petites filles de Timothée Stanculescu ?



Moi oui !

Eh bien, dans Grande Couronne nous retrouvons également une ado née « du mauvais côté du périph » à la fin des années 1990.



Elle a 14 ans, une grande soeur rebelle, deux petits frères dont l’un est handicapé, une mère dépressive et un père aux abonnés absents… qui décide d’ailleurs de les quitter.



Elle est en 4ème et envie les fringues de marques de ses copines. Nelly, une fille de son collège, lui propose une combine pour se faire de l’argent facile.



Sous le pseudo de Tennessy , notre (anti) héroïne va donc faire des fellations à des « zguègues ». Commence alors une jolie galerie de portraits, à commencer par son boss qui la viole lors de son « entretien d’embauche ». Il y aura aussi un éjaculateur précoce, une brute dominatrice,…

Chaque semaine la jeune fille est confrontée à cette réalité sordide et honteuse, à la posture d’ « instrument » pour le bon plaisir de (jeunes) hommes tout aussi misérables.



Davantage de sexe, donc, que dans les chouettes films et romans précités. Et pas des scènes d’amour, non : du sexe cru, brutal, violent, un peu à la façon de Virginie Despentes. Sauf que l’héroïne n’est pas une jeune femme affranchie, mais une gamine de 14 ans, dont les rêves sont à l’aune de sa médiocre existence.



Alors oui, c’est glauque, c’est sordide.

Mais ce qui est encore plus glauque et sordide que ce texte, c’est le vécu « dans la vraie vie » de ces jeunes filles naïves et/ou désabusées.



Salomé Kiner a le sens de la formule, et la désarmante et attendrissante candeur de Tennessy et de sa soeur d’armes Channelle illumine ça et là la noirceur du propos.
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Grande couronne

J’ai dévoré ce roman en une journée.

Premier roman ? Franchement, ça ne se voit pas une seconde. J’ai trouvé l’écriture autant que le scénario parfaitement maitrisés. L’écriture est très travaillée (je pense) mais coule toute seule. La narratrice fait preuve d’une grande lucidité mais aussi d’un certain humour passant par toutes les teintes qui vont du noir au jaune.



On peut être choqué par l’apparente distance qu’elle affiche vis-à-vis de comportements qu’on peut qualifier de (gravement) dégradants, et même destructeurs. Malheureusement, je crains que ce ne soit que du plus sinistre réalisme.



Je trouve que ce roman met en question (au sens propre : nous fait nous poser des questions sur) la cellule familiale, en tant que cocon et modèle, sur l’éducation, la parentalité (notamment l’assignation des rôles liés aux genres), la pression de la société, et au milieu de ça la construction de soi (sur le plan familial, social, sentimental, sexuel, scolaire, professionnel), donc la tension qui se crée nécessairement, à plus ou moins forte intensité (et ici c’est très fortement), entre le cadre et les références familiales et les aspirations personnelles façonnées par la société ou l’image que l’on en a.



On fait face à une ado rêveuse mais pragmatique et déterminée, intelligente, angoissée, responsable, débordée, esseulée, isolée, pour une grande part – où on compte sur elle mais où elle ne peut pas compter sur grand monde. Malgré tout, elle garde la tête haute, grandit, évolue dans ses aspirations, dans ses relations, même si elle portera toujours en elle ces épisodes marquants voire traumatisants - comme une forme de tuteurs, qu’ils soient initiateurs de bonheur, de lutte ou de dépression.



Elle est simplement foncièrement humaine.



Un très bon roman initiatique et social.
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Grande couronne

Pour Grande couronne, ce nouveau roman d'apprentissage, autour d'une jeune adolescente d'une banlieue pavillonnaire, à la fin des années 90, chaque lecteur aura des références littéraires qui viendront à son esprit, comme par exemple D'acier de Silvia Avallone, sauf que le roman de l'italienne est un chef d’œuvre et que celui de Salomé Kiner n'est qu'un bon livre, ce qui n'est déjà pas si mal. Grâce à son écriture agile et à un humour dévastateur, Grande couronne fait presque tout passer y compris des passages assez sordides puisque son héroïne délaisse parfois l'école pour un travail à temps partiel d'ouvrière du sexe, uniquement oral et manuel, certes, mais c'est tout de même de la prostitution de mineure. Salomé Kiner décrit ces scènes là (un peu trop nombreuses) à la fois avec crudité mais aussi avec une sorte de désinvolture car c'est pour la "bonne cause", à savoir pour s'acheter des produits de marque pour ne pas paraître ringarde auprès de ses copines. Il est vrai que la narratrice, dont le nom de guerre est Tennessy, n'est pas aidée par le délitement de sa famille et notamment la dépression sévère de sa mère qui ne voit rien de la vie de sa fille. Cette adolescente, fleur de banlieue, a heureusement, à sa manière, la tête sur les épaules et la volonté de s'en sortir, malgré des périodes d'abattement régulières. C'est son énergie et sa lucidité qui nous laissent entrevoir des lendemains moins glauques, peut-être. Quant à Salomé Kiner, on attendra ses futurs ouvrages pour savoir s'il faut compter sur elle dans le paysage littéraire. Mais sa plume véloce et déliée aurait tendance à rendre optimiste.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Grande couronne

Une famille ordinaire en banlieue parisienne qui se désagrège par le départ du père et une mère fragile qui a beaucoup de mal à assumer la nouvelle situation, c’est le cadre de vie de la jeune fille de quatorze ans qui constitue la colonne vertébrale de ce roman dur, direct et à fleur de peau. L’aînée Rachel, 18 ans abandonne le foyer, les deux jeunes garçons, dont un handicapé ont besoin qu’on s’occupent d’eux et la jeune fille se sentant responsable du maintien de la cohésion familiale seconde sa mère défaillante tout en essayant de rester une collégienne normale avec ses envies et ses rêves. Tout cela n’est pas facile et elle cède aux sirènes du réseau Magritte qui lui permettent d’accéder à des vêtements de marque et de découvrir de façon frontale et brutale une sexualité plus contrainte que désirée. Les mots crus dévoilent une désinvolture apparente de l’adolescente dans ses relations avec les « zguègues » qui est adoucie par un humour rendant l’atmosphère plus supportable. Un roman abrupt dans les scènes de sexe, qui décrit néanmoins un univers social de façon très réaliste.
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Grande couronne

Annoncé comme un livre coup de poing, ce roman d’apprentissage à la fin des années 90 m’a laissé une impression très mitigée.



J’ai apprécié le rythme saccadé, assez brut, collant au flux de pensée d’une ado ; l’ambivalence du personnage principal (d’un côté une jeune fille qui se prostitue et de l’autre une enfant qui prend soin de sa mère) ; l’image de l’ado proie de la société de consommation.



Je n’ai en revanche pas trouvé ça particulièrement inventif, ni impertinent et j’ai souvent eu une impression de déjà lu. Ça aurait pu être innovant si Virginie Despentes n’écrivait pas déjà depuis des années.

Je ne suis pas arrivée non plus à retrouver l’ambiance des années 90 malgré l’abus du name dropping et surtout je ne suis jamais entrée en empathie avec l’héroïne.
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Grande couronne

Un roman aussi lumineux que sombre. Je ne m’attendais pas à découvrir cette héroïne, Tennessy, ni a ses sentiments. C’est un personnage riche et complexe avec une histoire touchante. Un livre léger et profond pour lequel je me suis sentie décontenancé par son histoire.
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Grande couronne

Premier roman sympathique et audacieux, parfois osé, souvent drôle, mais certainement bien à part dans cette rentrée un peu convenue. La France des années 90 est ici dépeinte dans les yeux d'une adolescente, agaçante autant qu'attachante. La banlieue, la famille, le sexe, l'amitié ... autant de thèmes vus par elle et digérés sous l'angle du désir -assouvi ou non - La perversité a-t-elle des limites ? ... Pas sûr dit-elle ...
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Grande couronne

Grande couronne c'est un peu "Les petits enfants du siècle" revisité gout passage à l'an 2000 avec une ambiance bien plus plombante et des perspectives à ras les pâquerettes.

Il y est question de la dignité bafouée de jeunes filles et de l'acceptation de celles-ci comme si la dignité n'était plus qu'un concept creux et inutile.

On y trouve une ambiance de tristesse et de déguelasserie avec des ados qui reproduisent le pire de la société et qui le normalisent au milieu de leur univers d'enfance déjà gâché.

On s'indigne pour cette gamine, intelligente et maligne, issue d'une famille normale avec des soucis normaux , des parents dépassés ni plus ni moins, qui tombe dans la spirale écoeurante de la prostitution banalisée ( Groupe Magritte pour fellation/masturbation comptabilisé en zguègues

et Groupe Courbet pour celles qui font le reste appelées sans ambiguïté les Courbettes),tout ça pour s'acheter des trucs à la mode et moche (sac Viahero) dont elle n'a pas vraiment envie.

C'est surtout le fait que la gamine ne se rebelle pas, qu'elle accepte tout sans se poser de questions qui déprime au fil des mots du roman.

L'image de l'homme, adolescent ou jeune adulte est pire que tout et ne permet qu'un filet d'espoir minimum pour respirer.



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Grande couronne

Ce roman est la voix d'une adolescente qui est en 4e qui vit dans les années 90 en grande couronne, loin du métro parisien.

Sur le tapis roulant des rêves de cette bonne élève défilent fringues et baskets qu'elle ne peut s'offrir en dépit des euros empochés en rédigeant les devoirs des copines.

Alors elle accepte de rentrer dans un mini réseau de prostitution qui la met en contact avec des "zguègues" à peine plus âgés qu'elle.



On a le coeur serré lorsque la narratrice -qu'on connaîtra plus tard sous le prénom de Tennessee- évoque la dépression de sa mère qui l'inquiète autant qu'elle l'exaspère.



Sous une plume souvent crue, SALOME KINER A choisi de raconter des choses terribles avec une drôlerie féroce, douloureuse.



C'est un roman culotté, la tendresse pousse comme du chiendent au milieu de la violence. La poésie éclot sur les parkings à zguègues, dans les frites Mc Cain et sur le perron des pizzérias où s'échauffe le désir.



Le destin de cette adolescente ne pourra que vous toucher.........entre ses rêves et la réalité.



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Grande couronne

À travers grande couronne, Salomé Kiner aborde l'adolescence et ses tourments en brossant le portrait de l'une d'elle, une véritable héroïne des années 1990, qui garde malgré ses tours de passes passes, une certaine lucidité sur le monde des adultes, et son univers impitoyable.



Véritable uppercut littéraire, où se côtoient l'humour, le trash, la tendresse, l'amitié, l'amour et même du X…



C'est osé, étonnant, violent, acide, ça te fracasse et ça te touche comme toutes les belles histoires.



Tu penses à Despentes, à Djian mais c'est du Kiner. Une auteure qui a du cran et qui va très vite se faire remarquer à la rentrée, et vite devenir populaire n'en déplaise à certains.



La belle claque de la promo 2021, vous voilà prévenus.



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Grande couronne

C'est l'histoire d'une adolescente à la fin des années 1990, dans une banlieue pavillonnaire de la grande couronne parisienne, quelque part dans le Val d’Oise, vers Saint-Ouen-l'Aumône, Taverny et Herblay. L’Héroïne, collégienne, grandit à l’ombre des publicités alimentaires – pour les frites Mac Cain et les Yop de Danone –, de la toute-puissance des marques de fringues, et des paillettes projetées par l’industrie culturelle, Ophélie Winter en tête. Tout est faux, tout est markété, mais tout sonne vrai. Sa volonté de s’intégrer se mélange à son envie de posséder. Elle est ambitieuse, sans savoir comment avoir les moyens de ses ambitions. Délaissée par ses proches, elle se laisse tenter par des faux prophètes, qui lui promettent richesses et amour, là où il n’y a qu’exploitation sexuelle ou rappel à la misère. Désirs d’adolescente, à peine sortie de l’enfance, et désirs de femme se côtoient et fusionnent, sans que jamais l’autrice ne juge son personnage. Un roman générationnel, sorte de version Cergy-Pontoise de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Comme l’a écrit Elise Lépine dans le Journal du dimanche : « Cultivant une impressionnante justesse de ton, sans un mot de trop ni la moindre maladresse, ce premier roman de Salomé Kiner […] claque comme un coup de tonnerre dans le ciel de la rentrée littéraire. »
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