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Citation de Croquignolle


Dans le monde, d'une façon intermittente mais monotone, je rencontre des femmes très élégantes, donc moyennement jolies, aux os du coccyx quasi monstrueusement développés. Depuis plusieurs années, en général, ces femmes brûlent d'envie de me connaître en personne.
La conversation entre nous deux est régulièrement de cet ordre :

Femme Coccyx : Je vous connaissais naturellement de nom.
Moi Dali : Moi aussi
Femme Coccyx : Vous aurez peut-être remarqué que je n'ai pas cessé de vous regarder. Je vous trouve fascinant.
Moi Dali : Moi aussi.
Femme Coccyx : Ne soyez pas flatteur ! Vous ne m'avez même pas aperçue.
Moi Dali : Je parle de moi-même, Madame.
Femme Coccyx : Je me demande tout le temps comment vous faites pour que vos moustaches pointent en l'air.
Moi Dali : Des dattes !
Femme Coccyx : Quoi ?
Moi Dali : Des dattes. Oui, des dattes, les fruits du palmier. Au dessert, je demande des dattes, je les mange et avant de laver mes doigts dans le bol quand j'ai fini, je les passe légèrement sur mes moustaches. Ca suffit à les faire tenir.
Femme Coccyx : !!!!!!
Moi Dali : Un autre avantage est que le sucre des dattes attire inévitablement toutes les mouches.
Femme Coccyx : Quelle horreur !
Moi Dali : J'adore les mouches. Je ne suis heureux qu'au soleil, nu et couvert de mouches.
Femme Coccyx (déjà convaincue par le ton d'authenticité rigoureuse de tout ce que je lui ai dit) : Mais comment peut-on aimer être recouvert de mouches ? C'est si sale !
Moi Dali : J'ai horreur des mouches sales. Je n'aime que les mouches proprissimes.
Femme Coccyx : Je me demande comment vous pouvez distinguer les mouches propres des mouches sales.
Moi Dali : Ca, je le vois tout de suite. Je ne supporte pas la mouche sale de ville ou même de village, au ventre jaune mayonnaise et gonflé, aux ailes noires comme si elles avaient été trempées dans un lugubre rimmel nécrophilique. Je n'aime que les mouches proprissimes, supergaies, habillées de petits costumes d'alpaga gris par Balenciaga, étincelantes comme un arc-en-ciel sec, précises comme le mica, aux yeux grenat et au ventre de noble jaune de Naples, telles les merveilleuses petites mouches d'olivier de Port Lligat où n'habite personne que Gala et Dali. Ces petites mouches ont la grâce de se poser toujours sur le côté argent oxydé de la feuille d'olivier. Ce sont les fées de la Méditerranée. Elles apportaient l'inspiration aux philosophes grecs qui passaient leur vie au soleil, couverts de mouches... Votre air rêveur me laisse déjà croire que vous êtes acquise aux mouches... Pour conclure sur ce chapitre, je vous dirai que, le jour où étant en train de penser je me trouverai dérangé par les mouches qui me recouvrent, je saurai que cela signifie que mes idées n'ont pas la puissance de ce flot paranoïaque qui est le signe de mon génie. En revanche, si je ne m'aperçois pas des mouches, c'est le meilleur signe que je domine entièrement la situation spirituelle.
Femme Coccyx : Au fond, tout ce que vous dites semble avoir un sens ! Alors est-il vrai que vous moustaches sont des antennes par lesquelles vous recevez vos idées ?

A cette question le divin Dali s'envole et surpasse. Il brode sur tous ses thèmes favoris, brode des dentelles de Vermeer si fines, si hypocrites, ensorcelantes et gastronomiques que de la femme coccyx ne devra rester que le coccyx cubain. C'est-à-dire, comme vous le pensez déjà, la pure concubine cocuficatrice, qui, à travers mon procédé cybernétique, trompe son mâle, le concubin de la concubite.
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