- La question, a précisé Raf, est la suivante : dans un pays qui produit beaucoup de lois - et chaque jour une nouvelle loi est introduite dans notre société, qu'il s'agisse de mille euros d'amende pour n'avoir pas recyclé ou du contrôle d'identité mensuel -, la société devient-elle plus faible ou plus forte ?
Dans les livres, il y a une partie qui ne ment jamais. L'écrivain met son âme dans ses romans. Chaque mot est comme une médaille avec deux faces : d'un côté, le mensonge, la fiction; de l'autre, la vérité, la justesse. On peut mesurer un homme aux histoires qu'il écrit.
D'après lui, les pendaisons n'étaient pas faites pour les criminels, mais pour le public; elles servaient à canaliser et à évacuer le chagrin, la colère et la haine causés par la perte des êtres aimés dans les attentats.
Il pensait que les gens verraient tout d'un oeil nouveau après les avoir lus. Qu'ils se retourneraient contre l'Etat et exigeraient le retour à la liberté dont nous jouissions avant, ici, en Grande-Bretagne. Mais j'ai fini par comprendre que l'Etat n'est pas forcément un régime oppresseur et détaché de tout, qui est là pour nous détruire. L'Etat, malheureusement, reflète la conscience collective.
J'ai compris alors qu'on ne pouvait pas se fier aux mots, qu'ils pouvaient être aussi dangereux que des bombes et aussi trompeurs que le brouillard. On peut les utiliser comme des pièces : lancez-les une fois et vous tomberez sur pile, lancez-les encore et vous verrez une face.
Après tout, [...] les idées ne sont que des idées. Le point de vue de mon héros n'est pas forcément le mien. J'ai toujours pensé que les livres étaient le moyen le plus pacifique de défendre une cause. Une forme de résistance passive.
Et quelle génération avons-nous produite? Une génération lente, simple, bête, qui ne remet jamais rien en question. Une génération rabougrie. C'est une régression, car pour qu'une société progresse, il faut être capable de débattre, de contester,de voir l'ombre et la lumière en tout.
Est-ce l'art qui imite la vie ou la vie qui imite l'art ?
Une fois le livre terminé, j'étais dérouté et un peu migraineux, mais je ressentais aussi un soulagement dans mon cœur : la présence d'un savoir nouveau, qui risquait de me déstabiliser au début, mais me consolerait avec le temps.