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Citations de Sam Savage (189)


De plus, il n'est pas nécessaire de croire aux histoires pour les aimer.
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En Afrique,on a déjà vu des enfants manger de la terre en période de famine. Quand on a faim, on est prêt à avaler n'importe quoi. Le simple fait de mastiquer, d'avaler quelque chose, sans nourrir forcément le corps, nourrit les rêves.
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C'est à partir de ce moment-là que l'exode a vraiment débuté. Toutes les nuits, je croisais de longues files de rats qui évacuaient les lieux, parfois par familles entières. Le Globe avait titré : LA DEMOLITION MET AU JOUR UNE INVASION DE RATS. L'article qualifiait le quartier de "sordide et infesté de rats".
Le mot "infesté" m'intéresse assez. Les gens normaux n'infestent pas, ils n'y arriveraient pas s'ils le voulaient. Seuls les puces, les rats et les juifs infestent. Si vous infestez, c'est que vous cherchez les ennuis. Un jour dans un bar, un homme m'a demandé ce que je faisais dans la vie et j'ai répondu : "J'infeste." J'aimais bien l'ironie de ma réplique, mais l'homme ne l'a pas du tout saisie. Il a cru entendre : "J'investis" et m'a demandé des conseils pour ses placements. Je lui ai suggéré de miser sur l'immobilier. Tête de noeud, va.
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Il est intéressant de constater combien notre réserve d 'illusions est sans fond.
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Parfois les livres étaient rangés sous le panneau correspondant à leur genre, mais il n'était pas rare qu'ils atterrissent un peu n'importe où. Au fur et à mesure que j'apprenais à connaître les humains, je me suis aperçu que les gens aimaient "Pembroke Books" justement à cause de ce capharnaüm. Ils ne venaient pas que pour faire de la gratte sur quelques livres. Ils venaient là pour se perdre dans les allées. Ils appelaient ça fouiner, mais leurs regards s'apparentaient davantage à de l'excavation ou à de l'exploitation minière. J'étais toujours étonné qu'ils n'entrent pas équipés de pelles. Ils creusaient à mains nues, parfois jusqu'aux aisselles, dans l'espoir de déterrer un trésor, et lorsqu'ils extrayaient une pépite littéraire d'une montagne de déchets, ils étaient encore plus ravis que s'ils l'avaient trouvée et achetée directement après avoir franchi la porte. De ce point de vue, faire ses emplettes chez "Pembroke" ressemblait à la lecture : impossible de deviner ce que vous réserve la page suivante - l'étagère, le carton ou la pile d'à côté -, tout le plaisir tient dans la surprise.
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Ce lieu accueillant qui sentait le renfermé et où Flo avait trouvé un abri était un mausolée de livres, un musée de trésors oubliés, un cimetière d'ouvrages jamais ouverts et illisibles. D'autres tomes reliés de cuir, craquelés et attaqués par la moisissure, côtoyaient des livres bon marché quasi neufs dont les pages jaunissantes et les bords cassants avaient viré au marron. Les westerns de Zane Gray se comptaient par sacoches entières, les livres de sermons lugubres par tombeaux, il y avait aussi de vieilles encyclopédies, des Mémoires de la Grande Guerre, des libelles contre le New Deal, des manuels à l'usage de la femme moderne. Mais, bien sûr, Flo ignorait que ces objets étaient des livres.
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Certains écrivains n'égalent jamais leur premier roman. Moi je n'ai jamais pu égaler ma première phrase.
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C'était obscène. Ils auraient dû enterrer ces livres avec leurs propriétaires, comme les Égyptiens, pour les protéger des autres gens, plus tard, mais aussi pour leur donner de quoi lire au cours de ce long voyage à travers l'éternité.
Page 76
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Je crois que tout est éternel, mais rien ne dure jamais. En fait, rien n'existe jamais plus qu'un court instant, sauf ce que nous gardons en mémoire. C'est pourquoi j'essaie de me souvenir de tout - plutôt mourir que d'oublier -, mais, d'un autre côté, j'étais pressé d'aller à San Francisco, de tourner le dos au passé. C'est la vie - et son sens nous échappe.
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Il est intéressant de constater combien notre réserve d'illusions est sans fin.
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Parfois je me dis que tout ce dont on peut avoir besoin dans la vie, c'est beaucoup de pop-corn et quelques Mignonnes.
Page 74
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[…] Finnegans Wake. Joyce était un Grand, peut-être même le plus Grand. Je suis né, j'ai dormi et j'ai tété sur la carcasse du chef-d’œuvre le moins lu au monde.
Page 19
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"Est-il possible que moi, malgré mon invraisemblable apparence, j'aie une Destinée? me demandais-je. Et par Destinée, j'entendais le genre d'existence que mènent les personnages d'une histoire et qui, si chahutés, bousculés par les événements d'une vie soient-ils, sont finalement chahutés et bousculés avec une certaine cohérence. Dans les histoires, la vie a un sens, suit une direction. Même les plus stupides et insignifiantes, comme celle de Lenny dans Des souris et des hommes, parce qu'elles s'inscrivent dans une histoire, acquièrent au moins la dignité d'être des Vies Stupides et Insignifiantes, la consolation d'être des références en quelque chose. Dans la vie réelle, nous n'avons même pas cela." (p.54)
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De plus, il n'est pas nécessaire de croire aux histoires pour les aimer. J'aime toutes les histoires. J'aime l'idée de progression, de début, de milieu et de fin. J'aime la lente accumulation d'éléments de compréhension, les paysages brumeux de l'imaginaire, les promenades labyrinthiques, les pentes boisées, les étangs réfléchissants, les revirements tragiques, et les quiproquos comiques.
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Laissez-moi vous ouvrir mon cœur : cette envie irrépressible de prendre ma sœur dans cette ruelle a représenté mon dernier désir sexuel normal. En sortant cette nuit-là j'étais, en dépit de mon intelligence, un mâle plutôt ordinaire. A mon retour, j'étais bien parti pour devenir un être grotesque et pervers.
Page 49
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Maria est facile à vivre, gentille, a du ressort. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est armée pour la vie, capable de résister aux coups du destin et aux circonstances inclémentes, et ainsi de suite. Elle ne peut sans doute même pas s'imaginer dans la situation de quelqu'un comme moi, qui suis plus mal armée, ne peut s'imaginer errant dans une forêt, où je bute contre les arbres, les buissons, et ainsi de suite, les fourrés épineux et autres végétaux, probablement. (p. 32-33)
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Je traînassais dans la chambre, je grignotais du pain de mie, je jouais du piano. En jouant, je pensais à Maman qui avait disparu, à Norman qui m'avait lâché, à Jerry qui avait cessé d'exister, et bien sûr à moi qui n'étais pas sûr de vouloir exister. C'est là que j'ai découvert ce qu'était vraiment la solitude.
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J’ai toujours imaginé que si, d’aventure, j’écrivais un jour l’histoire de ma vie, la première phrase en serait saisissante : quelque chose de lyrique à la Nobokov, «Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins» ou de radical à la Tolstoï au cas où le lyrisme me ferait défaut, «Les familles heureuses se ressemblent toutes, les familles malheureuses sont malheureuse chacune à leur façon». Les gens se rappellent ces mots, même quand ils ont tout oublié du livre qui va avec. Mais à mon avis, en matière d’amorce, on n’a jamais surpassé celle du Bon soldat de Ford Madox Ford : «Voici l’histoire la plus triste qu’il m’ait été donnée d’entendre.» J’ai beau l’avoir lu des dizaines de fois, j’en reste encore comme deux ronds de flan. Ford Madox Ford, lui c’était un grand.
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Je ne savais pas où il allait lorsqu'il me laissait seul le soir, mais il ne ramenait jamais personne d'intéressant. Seulement des pochettes d'allumettes du Flood's Bar and Lounge à deux pas de chez nous. Il ne semblait pas non plus avoir d'amis, même pas des amis ennuyeux.
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Il y a un passage dans le Fantôme de l'Opéra, où le fantôme, un être génial qui mène une vie de reclus parce qu'il est très laid, explique que ce qu'il aimerait par-dessus tout serait de pouvoir simplement se promener le soir sur les boulevards avec une belle femme à son bras, comme n'importe quel bourgeois. Pour moi, ces quelques paragraphes comptent parmi les plus émouvants de la littérature, même si Gaston Leroux ne fait pas à proprement parler partie des Grands.
Page 98
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