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Citations de Sami Tchak (54)


« Jamais ! Je vous dis que jamais, la France n'aura mon cadavre. Je lui ai laissé ma vie, elle doit s'en contenter, oui, elle n'aura que ma vie. » Mais, pauvre papa, de ta vie et de ton cadavre, la France n'en a jamais voulu. Même de la vache folle anglaise qui est proche cousine, la France n'en veut pas. Que veux-tu qu'elle fasse d'un cadavre de Nègre, alors qu'elle n'est même pas cannibale ? Tu t'es imposé à elle, elle n'a pas pu t'éjecter parce qu'elle est humaine. C'est comme, vois-tu un peu, un saumon qui passe au travers de la gorge d'une baleine et atterrit dans l'infini estomac. Que faire de lui maintenant qu'il est là ? Le laisser moisir, papa. Dans l'estomac de la France, tu as atterri et la France t'a laissé moisir dedans malgré elle. Elle n'a jamais quémandé ta vie et elle ne se rabaissera jamais jusqu'à convoiter ton cadavre.

PUTAIN DE NÉS LÀ-BAS !
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Personne ne (re)lirait encore Dostoïevski si son oeuvre n'avait été qu'un exercice de style. Nabokov, ce grand esthète, a beau exprimer du mépris à l'égard de l'auteur de l'-Idiot-, il ne nous détournera jamais de l'une des plus magnifiques cathédrales littéraires. Les grandes oeuvres supportent toutes les insultes, qui ne font que les rendre encore plus majestueuses. (p. 230)
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La langue est une arme plus dangereuse que le couteau et le fusil. (...) Car, après l'avoir prononcée, la parole blessante ne meurt jamais de nos excuses. (...) Ainsi parla mon père pour me mettre en garde contre ce que j'appelais ma liberté de parole. (p. 76)
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Le moineau a dit: " L'éléphant est grand certes, mais ses pets, grand vent, ne déplacent pas une montagne, et lorsque vient la mort, sa trompe et ses défenses ne lui sont plus d'aucun secours, il s’effondre, devient une abondante nourriture pour les charognards."
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" Tu es entrain de me dire que ce que tu écris ne peut avoir de sens pour moi ? Non, non, non, ne renonce pas. Ce qui est sorti de ton ventre dans cette langue, le français, tu dois pouvoir me le traduire en notre langue, le tem. Si tes mots ont réellement un sens, tu devras pouvoir me les traduire. A moins qu'il ne s'agisse de bruits, non de paroles. Sinon toute parole essentielle a son équivalent dans toutes les langues humaines. (p. 54)
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La mort naturelle, elle aussi, elle veille au grain. Parce que la mort naturelle, c'est le plus terrible prédateur de tous les temps et de tous les êtres.
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Je suis un ignorant. Mais, chaque fois que je me rappelle que tu es mon fils, je me sens riche de ton immense savoir acquis à l'école et sur les sentiers du monde. Cependant , Aboubakar Sadamba Tchakoura, tu ne deviendras réellement, à ton tour, mon père que si, de cet immense savoir, tu parvenais à m'offrir la clé d'une énigme : où vont les larmes des poissons ?" : ainsi parla mon père pour se moquer de tous les livres que j'avais exposés sur ma table, dans ma chambre, au village, au cours de ce mois de vacances. (p. 53)
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Les convertis

(...) Elle n'avait pas épousé de son gré le chef Wouro-Tou. Pour l'avoir, celui-ci avait usé de son droit de rapt. "Il te voit et dit à tes parents qu'il te veut. Alors on t'attrape comme un animal, et on te conduit chez lui. Il t'épouse. (p. 36)
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C'est fou comme la mémoire oublie vite.
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Prologue

(...) En vérité, l'ethnologie faisait partie des barbelés spirituels que nous avions dressés autour des peuples dominés, nous les avions enfermés à l'intérieur de nos systèmes des savoirs qui portent l'ombre de notre vision positiviste et hiérarchisée des civilisations. L'ethnologie est la forme élégante de notre domination intellectuelle sur les autres."
"je ne sais pas si je t'ai compris, mais je vais tenter de résumer ce que tu viens de m'expliquer: tu as fait partie, par ce que tu as considéré comme une science, l'ethnologie, d'une armée d'hommes et de femmes de bonne foi qui s'en allaient au loin étudier les autres pour montrer que leur humanité valait la nôtre, que notre universalité n'était qu'une forme des universalités possibles, que les autres, que nous cherchions à comprendre, appartenaient à la même Histoire humaine que nous.Ce que j'ai compris, papa, c'est que ta science, l'ethnologie , a été une forme d'humanisme au coeur du mépris que nous avions eu pour les autres.
Ses mots m'émurent mais moi je savais ce que je savais : l'ethnologie est fille de la verticalité coloniale et elle a débouché au mieux sur un humanisme ambigu. (p. 12)
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Mon mentor [Georges Balandier ]soutenait que "expliquer des peuples étrangers chez qui l'on a vécu, et que l'on a aimés, c'est inévitablement s'expliquer soi-même" (...) (p. 23)
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Le moineau a dit: " Le monde est peuplé d'être qui courent dans tous les sens, attirés par l'appât au bout d'un énorme hameçon. Ils sont tenus en laisse par l'impératif du ventre, ou par d'autres rêves qui imposent leur force à la prudence. jouez avec la mort pour espérer rester du bon côté de la vie."
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Il m'est apparu encore plus clair que sur un même territoire, lorsque deux civilisations cohabitent, il y a peut-être des transformations profondes qui naissent de leurs échanges ou confrontations, mais en général, l'une parvient à son apogée en avalant ou en marginalisant l'autre, voire en la détruisant. La colonisation a été une violence sous plusieurs formes, physiques et spirituelles. (p. 222)
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Lettre de Georges Balandier

(...) Je te conseille, si tu en as emporté avec toi, de lire parfois des essais de philosophie, des romans, des recueils de poèmes...de procéder ainsi à une sorte de détour spirituel, pour mieux revenir à ton objet. Tu parviendrais grâce à cette démarche à renouveler ton regard sur les réalités qui, au bout de quelques mois au coeur d'un tout petit village, te donnent l'impression de t'avoir déjà tout révélé de leur extérieur et de leurs logiques souterraines. N'hésite pas, mon cher Maurice, à dessiner, à réaliser des croquis et à t' exercer à une écriture moins scientifique, plutôt littéraire, tout ethnologue digne de ce nom devrait, me semble-t-il, avoir quelques prétentions de romancier. (p. 135)
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Va, Abou, va , mon fils, jusqu'au bout du monde. Mais où que tu ailles, où que tu t'installes, n'oublie pas ce village où tu es né, n'oublie pas cette forge, notre forge, qui fut le lieu de tes apprentissages (...), n'oublie pas les premières paroles qui ont fait nid dans ta tête et dans ton coeur. Va, mon fils, va, mais en esprit, reste arrimé à ton passé. Tu danseras d'autant plus fièrement même dans la tempête que tu seras à la fois aérien et enraciné. (p.8)
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C'est ainsi que nous eûmes l'heur de croiser le chemin d'un homme dont l'allure majestueuse et la corpulence imposante témoignaient de l'importance de son rang social. Tout de blanc vêtu (un ample et long boubou, un bonnet, une écharpe et des babouches de la même couleur), il avait en effet l'apparence d'un puissant notable et c'en était un, le plus important notable de ce village, comme nous le confirma un jeune homme : "C'est le kabila-tigui, c'est-à-dire le chef du clan suzerain des Kéita, c'est aussi le chef de tout le monde ici. Il s'appelle El Hadj Dionta-Mady Kéita." Quelle prestance ! "Ah, c'est vous les étrangers venus faire le reportage sur le Sosso-bala ? Namane m'a déjà dit. Oh, soyez les bienvenus ici dans Niagassola." Il a lâché son parler exubérant pour nous apprendre que, pendant la guerre mondiale, il avait été tirailleur sénégalais pour chasser les Allemands et sauver la France. Après une petite séance de photos, à laquelle il s'est prêté de bon coeur, il a repris son chemin, majestueux, en nous laissant l'étonnante impression d'un homme qui a su se faire oublier par son âge.
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Il y avait une beauté ineffable qui jouait avec vous pour vous conduire jusqu’aux frontières de la mort où vous finissiez par découvrir toute la cause de votre tristesse : vous n’êtes qu’un passant sur la terre, vous qui auriez tant voulu l’éternité.
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Le feu de la forge de mon père ne s'éteint pas dans ma mémoire. Mon village, si minuscule, est devenu ma lucarne pour regarder le monde. (p. 107)
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Le monde , je pensais l'aborder avec les études. J'ai eu mon bac, oui, j'ai eu mon bac, et il m'avait dit que j'irais étudier à Paris. Il m'avait promis beaucoup de choses. Il ne savait pas alors lui-même qu'il resserrerait autour de moi sa propre souffrance. Il me fait du mal mais sans méchanceté, il s'est caché de lui-même et m'a condamnée à partager sa prison. (p. 154)
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Le monde ne sera jamais un jardin de fraternité tranquille mais un champ de bataille dont l'harmonie vient aussi des cruautés indispensables.
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