Citations de Samuel Beckett (867)
La fin est dans le commencement et cependant on continue.
CLOV. — A quoi est-ce que je sers ?
HAMM. — A me donner la réplique.
Rien n'est plus drôle que le malheur, je te l'accorde.
-Salopard ! Pourquoi m'as-tu fait ?
-Je ne pouvais pas savoir.
-Quoi ? Qu'est-ce que tu ne pouvais pas savoir ?
-Que ce serait toi.
Vous êtes sur terre, c'est sans remède !
CLOV. — (…) J’emploie les mots que tu m’as appris. S’ils ne veulent plus rien dire apprends-m’en d’autres. Ou laisse-moi me taire.
Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut être finir. (Un temps) Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible tas.
HAMM. - On n'est pas en train de... de... signifier quelque chose?
CLOV. - Signifier? Nous, signifier! (Rire bref.) Ah, elle est bonne!
CLOV. — Pourquoi cette comédie, tous les jours?
HAMM. — La routine. On ne sait jamais. (Un temps.) Cette nuit j'ai vu dans ma poitrine. Il y avait un gros bobo.
CLOV. — Tu as vu ton coeur.
HAMM. — Non, c'était vivant. (Un temps. Avec angoisse.) Clov !
CLOV. — Oui.
HAMM. — Qu'est ce qui se passe?
CLOV. — Quelque chose suit son cours.
HAMM. — Prions Dieu.
CLOV. — Encore ?
NAGG. — Ma dragée !
HAMM. — Dieu d’abord ! (Un temps.) Vous y êtes ?
CLOV (résigné). — Allons-y.
HAMM (à Nagg). — Et toi ?
NAGG (joignant les mains, fermant les yeux, débit précipité). — Notre Père qui êtes aux…
HAMM. — Silence ! En silence ! Un peu de tenue ! Allons-y. (Attitudes de prière. Silence. Se décourageant le premier.) Alors ?
CLOV (rouvrant les yeux). — Je t’en fous ! Et toi ?
HAMM. — Bernique ! (A Nagg.) Et toi ?
NAGG. — Attends. (Un temps. Rouvrant les yeux.) Macache !
HAMM. — Le salaud ! Il n’existe pas !
NAGG (bas). – Tu as entendu ? Un cœur dans la tête !
Il glousse précautionneusement.
NELL. – Il ne faut pas rire de ces choses, Nagg. Pourquoi en ris-tu toujours ?
NAGG. – Pas si fort !
NELL (sans baisser la voix). – Rien n’est plus drôle que le malheur, je te l’accorde. Mais –
NAGG (scandalisé). – Oh !
NELL. – Si, si, c’est la chose la plus comique au monde. Et nous en rions, nous en rions, de bon cœur, les premiers temps. Mais c’est toujours la même chose. Oui, c’est comme la bonne histoire qu’on nous raconte trop souvent, nous la trouvons toujours bonne, mais nous n’en rions plus.
CLOV. — Si je ne tue pas ce rat il va mourir.
-Mais tu pourrais être seulement mort dans ta cuisine.
-Ça reviendrait au même.
-Oui, mais comment le saurais-je, si tu étais seulement mort dans ta cuisine.
-Et bien... je finirais bien par puer.
-Tu pues déjà. Toute la maison pue le cadavre.
-Tout l'univers.
[Avec colère] -Je m'en fous de l'univers !
Hors d'ici, c'est la mort.
Nagg: Tu ne veux pas ton biscuit? (Un temps.) Je te le garde. (Un temps.)Je croyais que tu allais me laisser.
Nell: Je vais te laisser.
Nagg: Tu peux me gratter d'abord?
Nell: Non. (Un temps.) Où?
Nagg: Dans le dos.
Nell: Non. (Un temps.) Frotte toi contre le rebord.
Nagg: C'est plus bas. Dans le creux.
Nell: Quel creux?
Nagg: Le creux. (Un temps.)Tu ne peux pas? (Un temps.) Hier tu m'as gratté là.
Nell (élégiaque): Ah hier!
Nagg: Tu ne peux pas? (Un temps.) Tu ne veux pas que je te gratte, toi?(Un temps.) Tu pleures encore?
Nell: J'essayais.
(...) En six jours, vous entendez, six jours, Dieu fit le monde. Oui Monsieur, parfaitement Monsieur, le Monde ! Et vous, vous n'êtes pas foutu de faire un pantalon en trois mois !"
L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne , parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié.
HAMM. - Qu'est-ce qui se passe?
CLOV. - Quelque chose suit son cours.
Hamm, le fils : - Maudit fornicateur, pourquoi m’as-tu fait ?
Nag, le père : - Je ne pouvais pas savoir que ce serait toi.
Rien n'est plus drôle que le malheur... c'est la chose la plus comique du monde.