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Citations de Samuel Doux (25)


Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste.

Pascal, Pensées. ( p 7)
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Ikea et son paternalisme bienveillant dessine avec nous un avenir commun. Pourquoi aller voir ailleurs lorsque ce monde si beau, si accessible nous tend les bras aux portes de nos villes ?

Ce lien si particulier que nous entretenons avec la gentille baleine jaune et bleue est une affection profonde construite au fil des années. Ingvar Kamprad et son empire fait pour nous, à notre intention, nous pourvoie non seulement en meubles, mais nous intègre également dans une communauté. L’entreprise est là pour durer, et fera toujours partie de la famille.
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Entre l’adolescence et aujourd’hui le temps ne s’est pas arrêté. Mon corps est devenu flasque, plus extensible et pourtant moins souple, mes cheveux ont disparu et mon souffle s’est ralenti, mes Yeux se sont un peu creusés, quelques cicatrices sont apparues et à l’intérieur tout est moins synchrone. Je vois bien que le temps existe, pourtant les quinze dernières années se sont écoulées sans moi. Aujourd’hui il n’y a plus personne pour me parler et me rappeler, fallait-il que tout le monde soit mort pour que je commence à vivre ? (p 11)
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page 130
[...] Lorsque Piotr lisait tout le monde écoutait : " (...) En quelle année ? Comptez vous-mêmes. En quel endroit ? Devinez-le. Sur la grand-route, quelque part, sept moujiks se sont rencontrés : sept moujiks du département de Licol, du district de Souffre-Douleur, du canton de Plus-Rien-Dedans, des villages avoisinant de Rapiécé, de Troué, de Déchaussé, de Frissonnant, de Brulé, de Terre-Affamée comme de Pauvre Blé, se sont rencontrés et discutent : "Pour qui fait-il bon vivre, qui vit libre en Russie ?" Romain dit : "Le propriétaire." Damien dit : "C'est le fonctionnaire." "Le pope", dit Lucas. "Non ! Le marchand gras de la panse ! disent les deux frères Goubkine, Ivan et Mitrodore. L'air concentré, le vieux Pakhom prononce en regardant par terre : "Notre seigneur le boyard, le ministre du souverain." Et Prove dit : "Non, aucun de ceux-là; c'est le Tsar." [...]
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Samuel Doux
Lentement à l’intérieur de moi je bâtissais un mur entre hier et aujourd’hui, j’encerclais avec méthode la haine et la peur et je me demandais sans cesse ce qu’il pouvait y avoir après l’horreur.
(p128)
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Ma grand-mère n’avait aucun humour, sa perversité était morbide et méchante. Si la bague est cachée, c’est dans un endroit qui fera sens. ….
….Ce n’est pas une illusion, elle est là, brillante, couchée au fond des toilettes comme une pierre phi1osophale que je n’espérais plus voir. Sans réfléchir, sans hésitation, je m’agenouille, je plonge ma main dans l’eau et je sors ce bijou serti de diamants en argent véritable. Je l’avais presque oubliée. Je recule et m’adosse au mur. Je ne comprends pas. Comment s’est-elle retrouvée là ? Toute notre famille plongée au fond d’une cuvette de toilettes. (p 163.../...244)
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Ce matin pourtant l’un d’eux s’est arrangé pour passer le parcours du combattant de mon labyrinthe cérébral. Ce matin un rêve est sorti des limbes traversant les crématoires de l’oubli pour venir frapper des mots. Ce matin je me souviens. ( p110)
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Ce chiffres six millions, c’est un de mes premiers souvenirs, à deux ou trois ans, quatre peut-être. Aux yeux de ma mère, il était capital que je sache qu’un jour six millions de personnes, plus toute ma famille polonaise, sont mortes par la faute des Allemands. Les explications n’ont jamais été beaucoup plus loin. (p104)
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Samuel Doux
Ce chiffres six millions, c’est un de mes premiers souvenirs, à deux ou trois ans, quatre peut-être. Aux yeux de ma mère, il était capital que je sache qu’un jour six millions de personnes, plus toute ma famille polonaise, sont mortes par la faute des Allemands. Les explications n’ont jamais été beaucoup plus loin.
(p104)
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Comme lui, je ne sais pas lire et maintenant entre moi et l’horreur il n’y a aucun mot. Je ne suis pas mort, je respire, ça doit vouloir dire qu’il y aura encore des jours à venir. J’ai dix-neuf ans. (p125)
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Le passé n’est pas mort ; il n’est même pas passé. Nous le retranchons de nous et faisons mine d’être étrangers.
Autrefois, le temps, les gens avaient la mémoire plus agile : une présomption, au mieux une allégation qui n’est vraie qu’à moitié. Une nouvelle tentative pour te retrancher. Peu à peu au fil des mois, le dilemme a pris forme : demeurer sans voix ou vivre à la troisième personne, telle semble être l’alternative. L’un des termes est impossible, l’autre donne le frisson.
Christa Wolf, Trame d’enfance. ( p 9)
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Les Russes ne voulaient pas de juifs, ils ne voulaient que nos bras et nos jambes. Nous ne disions rien par habitude, par soumission et finalement par manque de force. Nous nous sommes battus mais nous n’avons jamais gagné, ni un centimètre, ni rien. La guerre était comme perdue d’avance. Les Allemands face à nous semblaient rire et marcher et tirer et jamais manquer leurs cibles. Pour les Russes ces défaites étaient incompréhensibles, leurs forces, leur sens du sacrifice, l’obstination de chacun pouvaient conduire à un échec. (p126)
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Je roule et je peux rappeler à moi les mots de ma grand-mères - puisqu’elle ne les prononcera plus. L’histoire et la mémoire peuvent enfin prendre leurs aises, je peux faire partie de cette famille maintenant qu’il n’y a plus de témoin gênant et insupportable et méchant et aigre et pénible.
(p 182)
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Pour uniformiser, il faut faire le vide, et ce vide IKEA s'en est chargé, dès son implantation à l'orée des années 1980. Il fallait faire de la place partout dans la maison et dans nos têtes. Tel a été le premier acte politique de l'entreprise suédoise...Prenez ma mère, qui après son coup de foudre pour IKEA dans les années 1980 a jeté sans regret, sans y penser, toutes ses cocottes héritées de deux générations de femmes avant elle, autodafé de souvenirs familiaux.
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Depuis l’enfance mes souvenirs tombent comme des murs sans fondations et disparaissent. Il ne me reste plus que la parole qui les décrit. Au fil du temps, avec ces mots je suis parvenu à excaver certains de ces souvenirs, je ne les reconnais pas, ce ne sont plus que des histoires, comme, parfois, certains rêves n’en sont pas. Les images alors retrouvées dans le limon du passé recomposent une vie étrange, plus que la mienne et la mienne aussi, des histoires, un passé imaginaire qui n’en sont pas moins vrais.
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Pour ma grand-mère, je ne ferai pas de collation, il n’y aura pas de procession, nous ne suivrons aucun corbillard, elle est déjà dans les frigos du crématorium, elle n’a qu’un pas à faire pour rejoindre le four, les morts ont une vie bien à eux. Du froid pour conserver, des flammes pour en finir.
( p 181)
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Chez IKEA comme au pays des merveilles, les repères spatiaux ne sont pas les seuls à être brouillés. La temporalité, elle aussi, est modifiée. Le lapin est toujours en retard mais par rapport à quoi ? Sa montre est-elle seulement à l'heure ? Combien de temps Alice passe-t-elle dans de monde fabuleux ? Et nous, dans les allées de nos magasins IKEA ? Qui na pas fait l'expérience d'entrer dans un de ces entrepôts, déterminé à acheter un meuble bien précis sans perdre de temps, à être efficace, avant de se laisser tenter et dériver des heures entières, sans qu'aucune fenêtre ne puisse nous dire si le soleil se couche ?
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Il est en colère. Les fictions s'accumulent. Il n'arrive pas à les effacer. Sa foi, qu'il croyait morte, est en réalité un voile posé sur sa vie. Impossible de s'en défaire. Il ne croit plus en Dieu mais Dieu le hante. Il ne croit pas aux révélations de sa mère, mais il suit ses commandements. Il est en faillite personnelle, mais se se voit toujours riche. Ses nuits sont faites de longs cauchemars. Lorsqu'il se réveille, rien n'a changé. Impossible de fuir, si ce n'est par la mort. Il y pense.
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Nous avons besoin de rien, seulement de ne pas être trouvés.
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- Tu vois, cette histoire, c'est du Dostoievski. Ça ressasse du profane et du sacré...
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