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Critiques de Samuel Noah Kramer (11)
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L'histoire commence à Sumer

Le titre de ce livre nous révèle une chose : l’Histoire commence seulement avec les premières traces de l’écrit. Comment s’appelle la période qui précède l’Histoire ? Nous ne le savons pas et à la limite, cela ne semble intéresser personne. S’il existait des civilisations avant ou simultanément à celle des Sumériens –et il en existait sûrement-, leur mérite serait moindre car elles ne nous ont pas légué, des millénaires plus tard, un témoignage étayé et plaisant comme celui-ci. Etayé à force d’efforts et de synergies de la part de Noah Samuel Kramer et de ses camarades ; plaisant car les documents retrouvés nous donneraient presque une preuve de l’intelligence innée de l’homme –à peine constitué en civilisation qu’il déploie déjà les vertus humaines de l’empathie, de la prévision, du courage, de l’éthique et de la morale. Mais ce témoignage pourrait aussi constituer une nouvelle déconvenue adressée à la fierté de l’homme moderne : non, nous n’avons rien inventé, et l’histoire n’est décidément qu’un éternel recommencement.





Samuel Noah Kramer nous présente brièvement les caractéristiques de Sumer. Cette région se situait en basse Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, bordée par le désert de Syrie à l’ouest et limitée par le Golfe persique au sud. L’histoire de cette civilisation a pu nous être proposée suite à la découverte d’un ensemble de plusieurs milliers de tablettes et fragments portant des œuvres littéraires –on les appelle « tablettes de Nippur ». Le travail de reconstitution et de traduction a été colossal et s’est établi sur plusieurs décennies. On ne peut pas exclure la possibilité d’une contamination idéologique et conceptuelle moderne mais le résultat de ces recherches laisse apercevoir les fondements d’une civilisation cohérente et originale sous certains aspects. Samuel Noah Kramer propose à son lecteur de découvrir l’histoire de Sumer en une trentaine de petits chapitres thématiques qui permettent de reconstituer l’ensemble des réalisations spirituelles et culturelles dans le domaine du gouvernement, de l’éducation, de la philosophie, de la religion, de la justice, de l’agriculture ou de la médecine.





Au-delà de la surprise que suscitent les similitudes qu’il est possible d’établir entre cette civilisation ancienne et la nôtre –que plus de cinq millénaires séparent-, il est très intéressant de comparer ces fragments avec nos mythes et religions. Outre la présentation détaillée de la cosmologie sumérienne, les traductions ont permis de trouver un prédécesseur à Job qui se lamentait déjà, 1000 ans avant lui :





« Moi, le sage, pourquoi suis-je lié à de jeunes ignorants ?

Moi, l’éclairé, pourquoi suis-je compté au nombre des ignorants ?

La nourriture est partout alentour,

Et pourtant ma nourriture est la faim.

Le jour où les parts ont été attribuées à tous,

Celle qui m’a été réservée, c’est la souffrance. »





Le poème mythique « Enki et Ninhursag » rappelle également les premiers chapitres de la Genèse et plus particulièrement le mythe de l’Eden. La création des eaux, la malédiction féminine, la faute commise en mangeant un fruit, se retrouvent aussi dans ce poème, énoncé en des termes qui ne peuvent pas faire penser au simple hasard. Le mythe permettrait également de comprendre pourquoi, dans la Bible, Eve serait issue de la côte d’Adam. Enki souffrait de la côte (désignée par le phonème « ti » en sumérien) et pour le guérir, Ninti (la dame de la côte) fut créée.





On découvre également le nom du Noé sumérien avec Ziusudra, les premières lamentations liturgiques (Uruagina), les premières joutes verbales, des fables qui rappellent celles d’Esope mais aussi, et surtout, le mythe d’un âge héroïque qui permit d’élargir la connaissance de la civilisation sumérienne au-delà des témoignages écrits. Après avoir relevé une logique historique et culturelle propres aux mythes des âges héroïques grecs, hindous et germaniques, les assyriologues ont proposé par analogie une chronologie des étapes préliminaires à l’établissement de la civilisation sumérienne en postulant l’existence d’une civilisation pré-sumérienne irano-sémitique. Cette reconstitution pallie à une des lacunes les plus importantes de la civilisation sumérienne, telle qu’elle nous est parvenue à travers ses textes, car il semblerait en effet qu’elle n’ait jamais eu conscience d’elle-même en tant que civilisation et qu’elle n’ait jamais nourri les aspirations modernes de l’historiographie –sa cosmologie fondatrice lui suffisant pour justifier son existence.





« Il ne leur est jamais venu à l’esprit, par exemple, que la nature fondamentale du réel et de la connaissance que nous en avons pouvait soulever quelque problème ; c’est pourquoi ils n’ont pratiquement rien créé d’analogue à cette partie de la philosophie que l’on désigne communément de nos jours sous le nom d’épistémologie. Cependant, ils ont réfléchi et spéculé sur la nature de l’univers, sur son origine et plus encore sur son organisation et son mode de fonctionnement. »





La découverte de nouvelles tablettes viendra peut-être affiner et corriger notre vision de cette civilisation dans quelques années...


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Lorsque les dieux faisaient l'homme : Mytho..

Une fantastique somme universitaire, à réserver toutefois aux spécialistes de la Mésopotamie et aux vrais mordus de mythes exotiques.



Ce pavé de presque 800 pages commence par plusieurs chapitres introductifs sur les civilisations de la Mésopotamie, qui permettent de remettre en perspective les textes qui composent le cœur du livre : une quarantaine de mythes, traduits de tablettes cunéiformes, sumériennes ou akkadiennes, qui constituent un corpus littéraire s'étalant sur près de 1000 ans, deux langues (au moins), et plusieurs civilisations... Le travail, très scientifique (les traductions sont entrecoupées de paragraphes expliquant comment telle ou telle lacune dans le texte est comblée par une version d'un texte proche), met cependant en évidence l'étrange modernité de ces textes venus d'un passé oublié et (à mes yeux) quelque peu confus. Notre histoire et notre conception du monde commencent bien à Sumer...
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L'histoire commence à Sumer

Un bon ouvrage de vulgarisation sur les tous débuts de l'antiquité. Pour aborder une civilisation à la base d'à peu près tout.



"Le premier....." titres de chaque court chapitre nous emmène en politique, à l'école (et oui déjà), chez le pharmacien, parmi les premiers récits historiques, mythiques, poétiques et religieux.



Un ouvrage qui donne envie d'aller plus loin dans ces différents domaines.
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Lorsque les dieux faisaient l'homme : Mytho..

Superbe compilation de textes cunéiformes traduits par l'auteur (qui sait donc dire en sumérien des mots comme "truffe", "oisif" ou "gencive", il faut le souligner) et, ai-je trouvé, incroyable introduction de quelques dizaines de pages qui explique d'une manière formidablement limpide la folle complexité de l'écriture cunéiforme...



Il vient inévitablement à l'esprit que l'alphabet que nous utilisons est un instrument de très haute technologie puisque les enfants savent lire et écrire. À Akkad-Sumer, on passe sa vie à apprendre à écrire et à lire parce que les mots ne sont pas composés des éléments abstraits que sont les lettres. On ne peut en dire plus et il faut laisser découvrir à quel point l'invention de l'écriture a mis en jeu une performance intellectuelle poussée qui, inévitablement, modère fortement le préjugé d'une société fruste au seul prétexte que quelques-uns seulement savaient lire et écrire... ceux-là sont en vérité de grands savants et, forcément, il y en a peu simultanément...



La brève et dense histoire de la civilisation suméro-sémitique, puis Babylonienne est tout autant éclatante de clarté.



À noter cette idée étonnante : l'écriture cunéiforme a été maîtrisée durant 3000 ans, la tablette la plus récente connue datant de 74/75 ap. JC. La redécouverte de son code date de la fin du XIXème siècle... C'est-à-dire qu'il ne s'est écoulé que 1800 ans sans que personne ne maîtrise l'écriture cunéiforme... presque moitié moins de temps qu'elle a été utilisée... (surtout si on ajoute les 150 ans de maîtrise "moderne"...)
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L'histoire commence à Sumer

Un ouvrage de référence qui révéla l'importance de la civilisation sumérienne dans l'histoire du Moyen-Orient et de l'humanité tout entière. Un ouvrage clair et agréable.

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L'Histoire Commence a Sumer

Ouvrage capital d'un érudit de grande envergure sur la fascinante civilisation sumérienne perdue dans les brumes de l'histoire et que le déchiffrement génial de l'écriture cuneiforme a ressuscité. Ces hommes et femmes si lointains et si proches de nous avec leurs peurs et leurs espoirs traduits dans leurs tablettes d'argile.Parfois parmi tant de raisons d'en désespérer,le génie humain éblouit.
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L'érotisme sacré

C’est d’abord, un livre très dense mais très bien écrit. En fait, il n’est pas très long : même pas 200 pages ! Pour nous apprendre tout ce qu’il nous apprend. Des Dieux que nous ne connaissons pas, des poèmes oubliés sur des stèles millénaires dissimulées par les âges… Vraiment, ce livre, qui est un essai, donne pourtant le frisson du roman : la découverte d’une nouvelle culture, la tâche ardue des archéologues et des traducteurs, un univers qui nous renvoie au notre pour mieux nous y faire réfléchir.



C’est un livre extrêmement riche pour ce qu’il est court, et on l’apprécie d’autant plus. Les extraits de poèmes sont d’autant plus surprenant qu’ils peuvent être assez amusants. Si dans notre société nous avons fait du sexe un tabou qui n’est évoqué que pour la reproduction dans nos religions, il faut croire qu’au Ve millénaire ils étaient moins frileux que nous. Cela fait rêvé de se dire que (à la louche) 2 400 ans avant JC, ils avaient développé toute une civilisation, des outils, une écriture… Et qu’ils ont disparu… Ce vieux fantasme de Atlantide… Réel quelque part.

Enfin, par le biais d’anciennes stèles retrouvées, auxquelles les auteurs tentent de raccrocher une utilité : traditions comme le mariage, l’enterrement… On fouille avec eux, on essaie de comprendre avec eux à quoi pouvait servir tel ou tel écrit et surtout, à quoi servent des écrits aussi coquinous.



Je pense qu’il est bien de lire ce livre, pas seulement pour la culture générale, mais un peu reprendre sa place sur terre, s’ancrer un peu dans la réalité : réaliser qu’on est pas le centre du monde sur instagram, et qu’on a rien inventé, surtout pas le sexe ou l’érotisme…
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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L'histoire commence à Sumer

Un très bon livre pour aborder l'histoire de la civilisation sumérienne. Le style n'est pas pompeux et se veut accessible.



La préface passée, on commence avec l'aspect éducatif et je trouve que c'est une bonne entrée en matière afin de raconter des anecdotes drôles voire invraisemblables. Parfois, on se dit que les choses n'ont pas bougé depuis...



Plus on avance, plus on découvre ce que fait une civilisation : de la santé à la justice, de l'éthique à la littérature... On est réellement emporté.



Le tout se termine avec une réelle mise en avant des liens avec l'Ancien Testament, les mythologies et surtout le fameux Gilgamesh. Cela reste une entrée en matière qui peut donner des idées de parcourir encore plus en détails la richesse des premières traces écrites de notre Histoire.
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L'histoire commence à Sumer

Savant de notoriété internationale, Samuel Noah Kramer (1897-1990) a révélé au grand public la civilisation sumerienne, née voici quelque cinq mille ans en Mésopotamie, le sud de l'actuel Irak Le miracle grec avait un précédent. Dès le Ille milIénaire avant Jesus-Christ, les Sumériens avaient inventé l'écriture, fondé les premières cités-Etats, formulé les premiers codes de lois, donné leur première expression littéraire au mythe et à l'épopée, avec un lyrisme qui annonce les plus beaux textes de l'Ancien Testament.
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L'histoire commence à Sumer

La structure de ce livre - une série d'essais, chacun sur un sujet pour lequel Sumer est le premier cas documenté - est une façon accessible de traiter un aperçu de l'histoire sumérienne.



L'inconvénient, bien sûr, est que l'on obtient une vision plus globale du sujet qu'une vue d'ensemble des pièces d'un puzzle.



J'ai été surpris d'apprendre à quel point les écrits sumériens concernaient la littérature et la mythologie. Je suppose que je pensais que le scribe aurait plus à dire sur les vaches et les balles de foin que sur les dieux et les héros.




Lien : https://www.editions-saphira..
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L'histoire commence à Sumer

Ouvrage un peu daté au regard des découvertes récentes mais qui a le grand mérite de permettre d'avoir accès à de nombreux textes littéraires (sur l'école, sur la médecine, sur les lois, sur la poésie etc.), des hypothèses intéressantes sur les liens entre les écrits mésopotamiens et l'Ancien Testament et de découvrir le métier d'assyriologue.
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