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4.04/5 (sur 37 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Sandrine Berthet est auteure d'un premier roman intitulé "Jetés aux ténèbres" (2021), qui relate la déportation des communards en Nouvelle-Calédonie et leur lutte pour s’acclimater à ce bout d’ailleurs et pour surmonter dans cette prison à ciel ouvert, au milieu d’une nature saisissante et brutale, l’exil, le dénuement et l’oubli.

Originaire de Nouvelle-Calédonie, elle vit à Paris.

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons voulu les mettre en application, nos idées de démocratie directe, d'égalité, de justice, et elles ont fait pisser dans leur froc tous ceux qui ont un nom, un avoir, une position. Ils ont vu quoi pendant les deux mois qu’a duré la commune ? Des manants qui commencent réellement à mettre une dérouillée à l'ordre des choses. Des gibiers de famine, des incultes, des athées qui s'octroient les responsabilités de la cité. Songe un peu à l’effet ! Nous leur avons fichu la peur de leur vie. Comment auraient-il pu ne pas nous en vouloir à mort, de cette peur qu'on aura flanquée ? Alors, dès qu'ils ont pris le dessus, ils ont eu en point de mire notre extermination méticuleuse, systématique, totale. 
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Je commence à penser que c’est la méthode de la Pénitenciaire, cette misère matérielle dans laquelle on nous a jetés : on veut nous maintenir dans un état de survie permanent pour que notre horizon soit borné aux besoins les plus primitifs – réussir à faire cuire la pitance pour qu’elle soit comestible, trouver comment manger à sa faim, se construire un abri qui nous protège de la pluie et du soleil, qui nous permette de dormir. Ainsi plus de temps et surtout plus de volonté pour réfléchir, pour penser au monde qu’on voudrait forger, pour songer à la manière de le changer.
Je pourrais me laisser aller et être terrifié par cette idée. Mais ils ne m’auront pas aussi facilement ! Je compte bien me défendre, je ne rendrai pas les armes. Je veux rentrer en France aussi vivant que j’en suis parti. Je le veux, et j’ai confiance : j’en suis capable, je tiendrai bon. Il le faut. (p.116)
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Chaque jour en montant sur le pont, j’espère découvrir une preuve qu’on en a bientôt fini avec l’océan Austral. Mais aujourd’hui le froid est toujours aussi vif et le vent semble aimanter les albatros, qui ont remplacé depuis longtemps les poissons volants des mers chaudes dans notre sillage. Ces volatiles sont prodigieux. Ce n’est pas tant leurs larges ailes qui impressionnent, mais leur manière de cheminer à travers ce temps d’apocalypse. Ils ont l’air de se jouer des rafales et de la houle, ils volent au-dessus de la vague, la longent au ras des flots, partent en chandelle, remontent au-dessus de la crête et recommencent cette danse encore et encore. Ils semblent goûter notre compagnie – ils ne doivent pas croiser grand monde dans ces parages. Ils ne se doutent pas du sort qui les attend.
Car les marins les apprécient beaucoup eux aussi : empaillés, ils se négocient très cher. Les bestioles sont facilement appâtées par un morceau de lard au bout d’un hameçon. Une fois attrapé, l’animal est suspendu par les pattes et entame une longue agonie. Les matelots en ont massacré plus de trois cents en deux semaines.
Il a fallu moins de temps au gouvernement pour régler leur compte à plus de vingt-cinq mille communards, femmes, enfants, vieillards et autres innocents compris. Vingt-cinq mille exécutions sommaires – ou trente mille, ou plus, on ne sait pas et à coup sûr, on ne saura jamais. (pp.72-73)
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Sandrine Berthet
Quelques jours après la proclamation de la République, les Prussiens qui assistent Paris, le gouvernement qui s'enfuit et les Parisiens qui restent, forcés d'endurer la faim et le froid glacial pendant ces quatre mois de siège, le peuple qui n'a pas le sou mais qui se cotise pour couler des canons et résister. Et l'impossibilité après tous ces sacrifices d'accepter la traîtrise du gouvernement qui se précipite devant Bismarck pour accepter l'amnistie des vaincus et des lâches, l'humiliation.
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La multitude qui crie, qui est furieuse et soudain heureuse quand Gambetta déclare la déchéance de l'Empereur, et la vie qui se gonfle comme sous l'effet d'une bourrasque, et éclate en entendant la proclamation de la République. 4 septembre 1870, Troisième République française, 4 septembre 1870 et j'ai vingt ans.
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Sandrine Berthet
Pour lui, le carnage de la Semaine sanglante, quoi de plus normal ? Nous avons voulu les mettre en application, nos idées de démocratie directe, d'égalité, de justice, et elles ont fait pisser dans leur froc tous ceux qui ont un nom, un avoir, une position. Ils ont vu quoi, pendant les deux mois qu'a duré notre Commune ? Des manants qui commencent réellement à mettre une dérouillée à l'ordre des choses. Des gibiers de famine, des incultes, des athées qui s'octroient les responsabilités de la cité. Songe un peu à l'effet ! Nous leur avons fichu la peur de leur vie.
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Sandrine Berthet
Je lui ai raconté le monde nouveau, la justice sociale, tout ce qu'on attendait depuis la Révolution. Crever le vieux monde, crever l'Eglise et les militaires, et les privilèges, mettre hors la loi l'exploitation des pauvres, sortir les gosses des ateliers pour les installer sur les bancs d'une école qui en fasse des citoyens, instaurer le suffrage universel et donner le gouvernement au peuple, bâtir une République libre, une société égalitaire et solidaire, pour de bon !
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Sandrine Berthet
La peau est devenue sèche et épaisse, presque écailleuse et pigmentée de petits points violets. Puis les points sont apparus plus nombreux jusqu'à se rejoindre et former des tâches de vin, qui se sont étalées jour après jour sur les membres. Les gencives se sont faites rouges et boursouflées, puis violacée, saignantes. On a compris : le scorbut commençait ses ravages.
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Sandrine Berthet
Apprendre aux gamins à penser par eux-mêmes, à se vouloir libres et à vouloir que les autres le soient aussi, ça a été ça notre horizon.
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Et je lui raconte la défaite de Bonaparte à Sedan, l'humiliation couronnée par sa capture par les Prussiens et, une fois la nouvelle parvenue à Paris, la foule qui afflue vers le centre de la capitale, qui descend des quartiers populaires de l'est de la ville, les ruisseaux humains qui débordent de partout et se rejoignent pour inonder la place de l'hôtel de ville.
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