AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sandrine Bourguignon (38)


Sandrine Bourguignon
Il n’y avait pas de livres dans mon enfance, et ceux qu’on lit à l’école ne m’ont jamais donné envie de lire.
C’est à seize ans, quand j’ai ouvert C’est beau une ville la nuit de Richard Bohringer que j’ai compris qu’il existait des écrivains capables d’écrire comme des boxeurs ou des ivrognes. Au corps à corps avec les mots, en y laissant leur peau comme Vincent Van Gogh dans sa peinture. Parce que oui, je pense qu’on peut mourir de ne pas avoir les mots. A mes yeux, un écrivain est celui qui joue sa vie dans l’écriture. C’est en tout cas ce que m’ont appris Marguerite Duras, Antonin Artaud, Louis-Ferdinand Céline, Samuel Beckett ou Léo Ferré.

Extrait d'un entretien avec Stéphanie Joly, publié sur le site : Paris ci la culture
http://www.pariscilaculture.fr/2013/07/entretien-avec-sandrine-bourguignon/
Commenter  J’apprécie          260
Ça n'est pas rien, essayer d'être ensemble.
C'est parfois une montagne infranchissable.
Commenter  J’apprécie          260
Les fantômes les vampires partout qui menacent entre mes murs.
S'ils savent où je suis, s'ils ont mon adresse, je n'aurai plus de répit.
Je suis un colis en souffrance en transit dans les non-lieux les no man'sland.
Ma poste restante, c'est vous.
Ma seule adresse, c'est vous.
Commenter  J’apprécie          240
Est-ce que ça pourra te suffire, à toi l'enfant à venir ?
Juste le pire de nous deux.
Commenter  J’apprécie          210
C’est comme les miroirs, il faut toujours les piétiner si on veut garder un morceau de soi dans sa poche. Sinon l’image elle reste dans la glace et on repart sans personne.
Commenter  J’apprécie          200
On ne peut pas toujours les garder on aimerait bien mais on ne peut pas.
Tu comprends, qu'ils disent.
Et Claire ne comprend pas.
Elle n'admettra jamais qu'on les fasse sortir quand ils vont à peine mieux même pas bien. Elle voudrait qu'on les garde qu'on les couve.
S'il faut s'en séparer, qu'on s'en sépare quand ils sont guéris pas avant.
Consolidés, pas branlants chancelants fendus comme des copeaux.
Commenter  J’apprécie          194
Moi je m'en suis pris plein la houle, des rincées bien salées sur le pont. Je peux vous dire que ça n'a jamais soigné personne. La déferlante de vos lois comme des vagues scélérates. On nous fout la tête sous l'eau depuis des siècles mais moi je suis fort en apnée, vous ne me noierez pas comme un chaton au fond d'un sac de jute.
Je sais quand ça gîte.
J'avais treize ans la première fois, la mer complètement saoule avec sa gueule ouverte, qui vous crache dessus qui s'engouffre et vous fout des trempes.
La vorace une ogresse.
Si elle ne m'a pas avalé vous n'êtes pas prêt de m'engloutir.
Je viens du déluge et vos torrents de lois qui nous tabassent et nous régurgitent comme des arêtes coincées dans la gorge, c'est pacotille.
Vous ne voyez que mes œuvres mortes mais sous la surface la carène c'est du solide.
Commenter  J’apprécie          1816
Autrefois quand il partait, elle agonisait pendant des semaines. C'était presque bon, de l'amour comme ça qui saigne, le couteau dans la plaie. Aujourd'hui quand il s'en va, c'est juste un morceau d'amour qui reste coincé dans la porte, la gorge.
Commenter  J’apprécie          160
Je n’ai aucune idée, pense-t-elle, du courage qu’il faut pour sonner un jour à la porte de cet hôpital. Venir ici de son plein gré.
Même Alice n’a pas pénétré l’autre côté du miroir, elle y est tombée.
Commenter  J’apprécie          152
Claire sait maintenant qu'à chaque bataille perdue, c'est un morceau de nous qui tombe. Nous avançons tous ainsi, cassés fêlés croulés dans l'éboulis.
Parfois quand même, il y a des coupables.
Au mieux des complices.
Commenter  J’apprécie          140
Ce qui vit ce qui meurt, comment faire le tri.
Laisser le courant tout emporter, charrier les cadavres et la solitude.

Dehors le soleil se suicide idée noire.
Il s’est tranché les veines sans bruit, il y a encore des traces de sang plein le ciel.
Ça dégouline hémorragie.
Et la nuit qui tombe, et Claire qui ne la ramasse pas.
Commenter  J’apprécie          120
Je crois que je vais faire le mort. Au moins quelques jours, des fois qu’on me recherche ou quoi. (...) [Mes parents] Ils seront un peu tristes au début, mais finalement, ils sauront que c’est mieux sans moi. La vie de toute façon, ça n’avait pas vraiment pris chez nous.
Commenter  J’apprécie          70
Dans la salle commune, les patients attendent comme des miettes.
Claire aime bien le pain perdu, elle se mettrait volontiers à table mais le Cyclope lui barre la route.
Vous ne passerez pas madame.
Vous n'irez nulle part, où qu'on aille on est encore ici.
L'hospitalisation du Cyclope n'a ni début ni fin.
Il tient debout depuis toutes ces années du haut de ses deux mètres, avec son quintal et ses cheveux blancs filasse de fille dans son catogan toujours sale. Il a un bandeau sur l'œil gauche pour cacher son orbite vide, le trou de la sécu comme il dit puisqu'il n'a pas les moyens de se payer une prothèse oculaire.
Je n'ai peut-être qu'un œil, mais j'ai une longue vue.
Alors je vous le répète, vous n'irez nulle part où qu'on aille on est encore ici.
Le Cyclope a toujours les mots qu'il faut.
Ceux qui coincent et qu'il faut bien avaler.
Claire déglutit.
Commenter  J’apprécie          70
Aux sombres héros de l'amer, quand elle lui écrit des cartes postales de son asile, qu'elle a fait un bébé toute seule et qu'elle a mis sur le mur au-dessus du berceau une photo d'Arthur Rimbaud.
Commenter  J’apprécie          50
Il est borgne depuis qu'un harpon s'est fiché dans sa rétine, il avait sept ans petit pirate sur le bateau du père. De mer inconnue.
Commenter  J’apprécie          50
Claire prend la départementale le long du fleuve.
Où ça sinue.
Quand les bêtes s'effraient dans les phares effarées.
Quand tout fraye en secret.
Commenter  J’apprécie          50
Antony se redresse et grimpe sur la rambarde bastingage.
Les bras grands ouverts on dirait qu'il vole.
Claire le regarde qui se déploie l'envergure.
Toucher le ciel.
Elle pense il ne guérira pas.
Elle pense il n'est pas malade.
Ou alors, sa maladie comme la perle d'une huître.
Commenter  J’apprécie          40
Quelques lumières aux fenêtres. Elle aime ce silence, après les larmes, quand les lueurs du jour reviennent comme ça, sans raison.

Gorgées de café et les yeux qui se ferment un instant.

Prendre le temps avant de le donner.

Chacun vaque à son vide. Vacances d'hôpital. Déserts intérieurs.

Personne ne saura jamais pourquoi on s'échoue.

Il a menacé sa mère avec un couteau. Pas facile le gamin. Claire l'observe par le hublot de la chambre.

Dégingandé les oreilles décollées tout maigre.

Elle entre. Le détache. Elle n'a pas le droit mais c'est ainsi, la condition qu'elle met toujours. Ne pas parler à un homme attaché. L'équipe s'y est résolue. C'est en quelque sorte sa lubie.

Les jours d'enjour, les nuits d'ennui. L'an nuit.

Autrefois quand il partait, elle agonisait pendant des semaines. C'était presque bon, de l'amour comme ça qui saigne, le couteau dans la plaie. Aujourd'hui quand il s'en va, c'est juste un petit morceau d'amour qui reste coincé dans la porte, la gorge.

Vogue la galère, perpétuité sur ordonnance.

Le jour qui s'entame, ça le vulnère toujours un peu.

A quoi bon repérer le nord, autant le perdre.

La vie, ça vaut la peine d'essayer, parfois.

En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d'une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, on justifie un plan de mesures sécuritaires inacceptable.

Juste un désespoir qui coagule, ça fait des caillots dans la cervelle.

C'est parce qu'on interdit aux patients un peu plus d'exister, qu'ils se cognent contre les murs.

La sécurité, l'ordre public. Médicalisation absolue de l'existence.

Questionnaire d'évaluation et auto-questionnaire, diagnostic scientifique. Les déficits, les retards, troubles de l'humeur du comportement de la personnalité, ça fait des croix dans des cases. Des symptômes, pas des hommes.

Elle n'arrive pas à se convaincre qu'il faille persuader les gens de vivre.

Nul n'est à l'abri des grandes marées du délire.

Ça viendra jusqu'à vous cul sec.

La vie ne nous a pas fait crédit ni aucune ristourne, alors on resquille.

Il ne comprend pas au nom de quoi on oblige un homme à avoir un logis s'il a décidé de vivre nomade.

On a pas seulement sabré nos métiers, ces quarante dernières années.

On a torpillé les hommes.
Commenter  J’apprécie          30
La fatigue qui taraude, Claire se frotte les yeux.
La cataracte des cons.
Je n'ai qu'un œil mais j'ai le bon et ça crève les yeux, quand vous détournez le regard.
Avec le vent qui balaie, ça vous fiche des orgelets de conscience.
Ça sert à rien de frotter madame, sous la paupière l'infection.
De toute façon il fait noir on n'y voit plus rien c'est trop tard.
Trop tard au revoir.
Commenter  J’apprécie          30
Madame je voudrais autre chose que la vie.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Sandrine Bourguignon (29)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4857 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur cet auteur

{* *}