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Citation de collectifpolar


Bien sûr qu’elle s’en doutait. S’y était préparée. Pas née de la dernière pluie, non plus. Bien avant de prendre l’avion, elle avait perdu ses illusions. Rodolphe? Un abruti. Savait tout sur tout, la reprenait sur la moindre chose, lui expliquait comme à une attardée. Y compris la transformation du coprah, alors qu’elle avait travaillé à l’usine pendant un an, est-ce qu’il allait lui apprendre cela aussi, bon sang ? Mais il y avait le rêve. La France, Paris, les Champs-Élysées, les bateaux-mouches sur la Seine. La tour Eiffel qui scintille chaque heure. Dans son île, le rêve, c’était pour les autres. Elle, ses cinq frères et sœurs, les parents fatigués depuis le matin, leur destin était tout tracé : quelques petits boulots à la saison touristique, les aides sociales le reste du temps. Se marier entre soi, avec le fils du voisin. Avoir des enfants qui ne feraient pas d’études, trouveraient des jobs quatre mois par an dans la restauration ou les loisirs, attendraient les aides sociales eux aussi les huit autres mois ; épouseraient voisins et voisines à nouveau. Et elle n’était pas malheureuse, Moe, loin de là. Mais à vingt ans, on veut toujours un peu mieux que les siens. Alors, laisser passer la chance? Pas question. Elle ferait avec. Forcerait le destin, deviendrait riche, vivrait dans un hôtel particulier en pierre blanche, porterait des talons hauts et des robes trop chères. Regretterait toujours d’avoir quitté l’océan, bien sûr. Ah ça non, elle n’avait pas réfléchi.
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