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Citation de collectifpolar


Au moment où Andréas laisse revenir le volant dans l'axe, après ce sale virage, la chose est déjà là, tapie quelque part. Mais il ne la perçoit pas. Ça plane au-dessus de lui sans un bruit, sans un signe, impalpable. La faute peut-être aux champs de colza qui défilent en longues bandes jaunes floutées sur le bas-côté, et leur parfum entêtant, et Laure qui fredonne en regardant le paysage par la vitre baissée. Laure dont les cheveux s'envolent et lui reviennent sans cesse dans les yeux à cause du toit ouvrant, mais il fait si doux. Elle a levé le bras pour sentir l'air lui passer entre les doigts, Andréas roule vite, comme toujours. Elle en a les larmes aux yeux. Une poussière sans doute, elle rit toute seule. Resserre le col de sa chemise - elle est si fragile. Tu as froid, dit Andréas. - Non, je fais attention, c'est tout. Tu me connais. - On s'arrête prendre un café ? - Bientôt.
À l'arrière, Octave se redresse, se penche entre eux deux.
- Un café, je suis pour. On n'a pas assez dormi. Andréas le repousse en souriant.
- Bientôt, on a dit.
Une si belle journée. Laure renverse la tête en arrière et exhale un profond soupir avant de reporter machinalement son attention sur la route. C'est là, à quelques poignées de secondes cette fois. Cela flotte dans la tension de l'air. Mais si bien caché, et tellement impossible. Zut, dit Laure, je crois que j'ai oublié mon livre là-bas.
- Ils nous l'enverront.
- Petite tête, se moque Octave depuis la banquette arrière. Un sourire en coin sur le visage d'Andréas. Et puis le silence à nouveau qui les tenaille, comme la fatigue, le bruit du moteur et le souffle de l'air en bercement; de temps en temps Laure jette un oeil sur Andréas pour vérifier qu'il ne s'endort pas. Elle n'a pas besoin de demander, il la regarde et il comprend, secoue doucement la tête, tout va bien. Il est clair. Elle acquiesce, elle aussi.
- Il était bien ce mariage, non ? Andréas hausse un sourcil.
- Je croyais que tu détestais ça.
- Je déteste ça, confirme-t-elle en appuyant sur les trois mots.
Il sourit, baisse le pare-soleil. La lumière l'a ébloui en traversant les arbres. La route file tout droit maintenant et il la devine devant lui de colline en colline, s'effaçant dans les creux et réapparaissant en haut des petits monts. Comme si elle lisait dans ses pensées, Laure murmure :
- C'est joli par ici. Ça nous change.
- C'est toujours l'histoire de l'herbe plus verte... Tu ne les aimes pas, nos coteaux de vignes ?
Elle sourit. Si. Si bien sûr. Tu as raison. Soudain elle se redresse sur son siège, tend le doigt devant elle.
- Regarde là-bas, c'est Matthieu et Aude, non ? On les a rattrapés. On est partis au moins un quart d'heure après eux.
Andréas pousse un cri joueur et appuie sur l'accélérateur, faisant bondir la Mercedes. En cinq cents mètres ils rattrapent la voiture blanche.
- Attends ! se précipite Laure.
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