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Citation de Cannetille


Quinze ans : pour les autres, c’est plus que le temps nécessaire pour guérir de cette chose inguérissable. Au début, tout le monde comprend, tout le monde s’immobilise, priant seulement que cela n’arrive qu’ailleurs. Mais si une vie s’est arrêtée, les autres continuent. L’existence les reprend. Il y a juste une place vide. Le temps du deuil – quelle affreuse, quelle impossible expression. Le temps de cela n’est pas concevable, il est infini, il ne se répare pas ni ne cesse. Colin n’est jamais revenu. Il n’y a pas eu de miracle. Alors Gabriel a fait semblant, pour que les autres se rassurent, pour ne pas sombrer tout à fait.
Semblant de guérir. Seulement ce n’est pas vrai, il n’est pas apaisé. Il ne veut pas l’être. Il se contente de mentir, pour qu’on lui foute la paix. Le jour, il mime, il feint, il joue. Il brille, il ouvre les bras, il éclate, tout le monde l’aime. Personne ne se doute que la blessure à l’intérieur, plus que cicatriser, est devenue un abîme. Le soir, l’alcool colmate la plaie à grand-peine pour tenir un soleil de plus, des petites révolutions d’aube en aube, au moment où les ténèbres cèdent. Gabriel est une marionnette, un chiffon. Le destin l’agite chaque jour, l’obligeant à vivre, pantin superbe qui parle et rit et rayonne, sidérant les autres – un spectre de lumière, une illusion d’or et de sang.
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