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Critiques de Sandrine Willems (25)
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Devenir oiseau : Introduction à la vie gratuite

Dans le dialogue



J'ai décidé il y a plusieurs jours de donner ce titre à ma chronique de Devenir oiseau, mais c'est en l'écrivant que cette pensée se matérialise effectivement. Il me reste 10 jours et il me reste un chapitre, je n'attendrai plus. J'aime lui laisser une part d'inconnu, sa petite part de mystère ... Certes, il s'agit là de deux gestes pour le moins inhabituels, osons le, singuliers. N'ai-je pas déjà dit me considérer comme un de ces marcheurs d'à côté (*) ? Sandrine Willems en est une, son écriture une matérialisation de sa pensée, une partition de son chant, et son livre nous entraîne à la suivre dans une tentative de l'intime.



C'est un livre lent. Fait de pensées profondes qui serpentent, parfois péniblement, à travers une forêt de doutes, d'angoisse et de peurs, parfois plus légères et poétiques, vers la lumière et le chant. Je remercie Babelio et Les impressions Nouvelles de l'avoir mis sur mon chemin. Je l'avais ajouté en dernière minute à ma sélection de la masse critique non-fiction, pour le titre m’évoquant : "rien jamais ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut ..." et, parce que l'auteur est belge. En recherche d'absolu, elle se déplace. Sa vie est faite de remises en questions et recommencements après table rase.



A la réception de ce livre, je m'inquiétai d'un possible prêchi-prêcha. Crainte dissipée dès la p.9 "Non que je prétende indiquer le moindre chemin, qui vaudrait pour tous, ou même pour quelques autres que moi. Juste une résonance, de singularité à singularité." Voilà pourquoi j'en ai apprécié la lecture, même s'il s'agit alors pour qu'elle soit pleine et entière de confronter chaque pensée, non dans un esprit de contradiction pour se prémunir d'une différence à laquelle on ne voudrait s'exposer mais, pour enrichir un dialogue intérieur.



C'est le récit de son installation à Montpellier et d'un re-nouveau que l'auteure nous livre avec bienveillance et générosité dans un style simple et souple pour aborder des choses graves et profondes. Pour se chercher, elle a lu énormément et parmi les tous grands : Deleuze, Nietzsche, Spinoza, Maître Eckhart. Son livre contient, je ne sais pourquoi ce besoin, nombres citations. Je n'en ai lu aucun, il me suffit qu'ils aient existé et de savoir leur haute pensée depuis influer sur le monde. Cela ne m'empêche pas pour autant d'admirer Sandrine Willems capable de les lire et les comprendre.



Peut-être le petit poème laissé en son temps sous ma rubrique de l'excellent essai d'Eric Mangin, Maître Eckhart ou la profondeur de l'intime, a-t-il pris racines^^ ?





Hêtre en soi



Qu'il est doux d'être chien

de s'amuser d'un rien

japper sous les caresses

partager liesse ou tristesse.

et s'il faut faire le gros dos

autrement ronger son os



ou plutôt être un oiseau

pouvoir chanter si haut

et de liesse et des ailes

faire pâmer les belles

soirs et matins

aussi serein



ou bien naître

grand hêtre

à nulle aucune ombre pareille

dans le susurré murmure

des sereins sur sa ramure

protéger les petits du soleil



ou mieux être à la fois

tout ça aux racines de soi

qu'il est bon en somme

pour tout quiconque se confie

au fougueux fleuve de la vie

d'être femme et homme.





(*) cf. Les indociles de Murielle Magelan

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Una voce poco fa

C’est grâce à une amie que j’ai découvert ce roman qui conte la vie de la Malibran, cantatrice qui a vécu de 1808 à 1836. Une vie consacrée au chant dès son enfance puisque son père était lui même chanteur d’opéra et qu’elle se produit sur scène dès l’âge de cinq ans. Elle connaîtra le succès à 17 ans en remplaçant une cantatrice au pied levé. Dans ce très court roman, elle raconte sa vie au fils qu’elle n’aura jamais puisqu’elle meurt en étant enceinte. Elle dit sa soif d’amour, jamais vraiment comblée dans son enfance, amour reçu bien sûr du public, amour intéressé de son premier mari (qui lui a donné le nom de Malibran) qui comptait sur elle pour renflouer ses finances, amour apaisé avec le compositeur Bellini. Elle évoque surtout sa fascination et cette relation à la fois fusionnelle et malheureuse avec son père, son professeur de chant et son partenaire sur scène, d’une exigence surhumaine. Elle était aussi passionnée d’équitation, une passion qui la mènera à la mort des suites d’une chute de cheval.



Je me suis donc intéressée à cette héroïne malheureuse et je me suis rendu compte que Sandrine Willems a pris d’énormes libertés avec la vraie vie de Maria Malibran, du moins à propos de ses amours et de ce fils jamais né. Elle s’est en effet mariée très jeune avec Eugène Malibran, union qui sera annulée par la suite, et elle se marie avec le violoniste belge Charles-Auguste de Bériot dont elle aura un fils. Après sa mort à Manchester, celui-ci fait rapatrier le corps de Maria et lui dresse un mausolée remarquable au cimetière de Laeken (près de l’église qui abrite les sépultures de la famille royale belge – ça me donne envie d’y aller). S’il me gêne un peu, le jeu avec la vérité historique n’enlève rien à la beauté du texte de Sandrine Willems, qui nous fait percevoir les affres d’une carrière dans le chant et l’ambivalence des sentiments d’une femme adulée par le public et malheureuse une bonne partie de sa vie privée.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Eros en son absence

Sade, Verlaine et Bach… Un seul de ces noms aurait suffi à me faire acheter un livre, alors lorsqu’ils sont réunis sur une seule et même quatrième de couverture, comment aurais-je pu hésiter un seul instant ? De plus, la tentative d’écrire l’indicible, notamment musical, est un thème littéraire qui m’intéresse particulièrement. C’est donc dire si mes attentes étaient élevées quant à ce roman, qui les a brillamment comblées.



Le récit, qui se déroule d’un seul souffle, sans division en chapitres, s’ouvre sur une cantate de Bach entendue dans une église baroque par la narratrice. Dès les premières lignes, les éléments structurants du texte sont présents : la mélodie au violon qui accompagnera toute l’intrigue, comme un fil rouge, mise en parallèle avec l’extase mystique et l’émotion érotique. Ces trois indicibles sont exprimés par Sandrine Willems par l’intermédiaire les uns des autres, les métaphores s’entrecroisant habilement : les caresses se font rubato, coulé, sautillé, collé ou trémolo, montent dans les crescendos pour ensuite redescendre dans les diminuendos ; la musique éblouit comme Dieu le fait de celles et ceux qui le voient ; ces derniers sur les peintures semblent jouir. J’ai parfois eu l’impression que l’un de ces motifs passait au second plan lors de certains moments du récit, mais ce n’était que mieux revenir : la musique, par exemple, m’a semblée secondaire vers le milieu du récit, mais la dernière page révèle qu’elle n’a jamais été aussi présente qu’en son absence, tel l’éros, comme l’énonce le titre.



À ces trois indicibles s’ajoutent ensuite les références au marquis de Sade et à Verlaine : M., en disciple du premier, initie la narratrice aux plaisirs érotiques et à la jouissance par le Verbe, le tout sans jamais négliger les préceptes de l’Art poétique du second : jamais rien qui pèse ou qui pose. Utilisés avec justesse et parcimonie, ces deux auteurs, qui font partie de mon panthéon littéraire, imprègnent sans lourdeur ce roman. Sandrine Willems y tresse avec art les références et les motifs littéraires pour offrir au lecteur un petit trésor intertextuel.



Au-delà des motifs évoqués ci-dessus, je retiens également de ce roman un triangle amoureux bien construit et amené. La narratrice passe d’un homme, F., à une des amies de celui-ci, M. (le jeu des noms est bien entendu intentionnel et très bien exploité) Grâce à ces deux amants, elle sera initiée au plaisir, à la musique et, enfin, au savoir-aimer en général. Durant tout le temps où F. passe au second plan (en apparence toujours : ce qui semble absent est souvent le plus présent dans ce roman), la relation entre les deux femmes est développée, avec ses extases et ses déceptions, ses va-et-vient, ses prises de pouvoir, ses vengeances et ses ruses féminines. Une relation brillamment racontée, où le chat n’est pas toujours celle que l’on croit.



En conclusion, Sandrine Willems a, pour moi, réussi là où Christian Gailly (l’énonciation de l’indicible musical dans K. 622) et Noëlle Revaz (la relation amoureuse, dans ses va-et-vient quotidiens, entre jouissance et dégoût, dans Efina) ont échoué, tout en entremêlant avec virtuosité les références musicales comme littéraires.
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Consoler Schubert

Romantique, romanesque, fantasmé, d'un charme suranné, il n'en est pas moins un beau livre, que l'on admire à lire l'une après l'autre une cohorte de phrases ciselées, en attendant que l'émotion sourde, finalement tardive, lorsque la petite fille explique pourquoi elle a brodé sur la vie de sa grand-mère, consumée par un amour non consommé, assumé dans la pudeur discrète des grands sentiments douloureux à force d'être inexprimés, inassouvis dans la matière, vibrés dans la musique, ici Schubert, chantre tourmenté de la vie, de l'amour, du chant : Leben, Liebe, Lied.

Consoler l'inconsolable, l'inconsolée ; les mots traduisent le chant de l'âme, si beau qu'il en devient inaudible, à moins que les arbres, les oiseaux, la terre, ne rétablissent un semblant de quiétude.


Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Eros en son absence

J’ai d’abord découvert l’actrice, Sandrine Willems, dans son interprétation pour Audiolib de Mal de pierres de Milena Agus, j’avais adoré cette re-lecture. Mina, blogueuse à "Mon salon littéraire", s’est alors empressée de me faire remarquer pour mon plus grand bonheur que Sandrine Willems est aussi écrivain. Sur ses conseils, j’ai emprunté Eros en son absence à la bibliothèque du quartier.



Une aventure érotique sur fond de musique de Bach, a priori de beaux ingrédients pour me séduire. De fait, les premières pages d’Eros en son absence sont délicieuses, l’auteur joue avec les métaphores sur l’instrument du violoniste, tout en finesse et fluidité. L’aventure perd toutefois de son charme, à mon sens, lorsque notre protagoniste, une jeune trentenaire en mal de vivre... .



Une lecture en demi-teinte pour moi, mais une auteur à découvrir encore, sur d’autres thèmes, très probablement. Une littérature érotique aussi, qui malgré ces bémols et l’ambiguïté du sujet, n’est ni obscène ni vulgaire, mais nécessite un peu de recul.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Consoler Schubert

Voilà bien un bon livre qui relate la mélancolie. Ici l'auteure raconte en parallèle la vie de Schubert et de son personnage principal. Elle mélange un texte musical et poétique qui transmet assez bien la mélancolie. On ressent bien la mélancolie de son personnage principal à travers ses mots, ses phrases, ... sa poésie. Nous vivons les sentiments de la dentellière Marie-Jeanne. Une belle création littéraire.
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Consoler Schubert

Quand je participe aux masses critiques, j’essaie toujours de m’y prendre tôt et de choisir vite pour avoir le choix. Je n’ai pas forcément le temps de lire toutes les notices pour ça, et je me fie parfois à quelques mots pour cocher la case ! Ici les mots étaient « Schubert », « musique », « amour », « dentellière » et « Belgique » (l’auteur étant publié à Bruxelles.) Parfois les mots déçoivent, et parfois ils révèlent plus grands qu’eux. Ici c’était le cas : Sandrine Willems est parvenue, sur l’idée de raconter un peu de la vie de sa grand-mère (sujet casse-gueule par excellence), à composer un roman musical où les deux voix des personnages de Schubert et de Marie-Jeanne s’entremêlent et se répondent.

Au tout début, j’ai eu un peu de mal avec les structures de phrases inversées, mais je me suis laissée porter, après tout, c’est la musique de l’auteur, ce style, et ai eu l’idée de lire en écoutant Schubert, justement. Ce fut une expérience riche et douce, où la mélancolie l’emportait, et que je n’avais pas encore vécue avec un roman.

« Consoler Schubert » est un beau roman qui s’écoute plus qu’il ne se lit, comme une fantaisie à quatre mains, celles de Schubert et de Marie-Jeanne.
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Carnets de l'autre amour

J'aurais "pu" écrire un livre très très ressemblant !

Un journal de propos prononcés et/ou idées qui ont germé dans la vie de Sandrine Willems, dans son travail, dans sa vie (amoureuse) aussi...

Disons-le clairement, je partage un grand nombre de points communs avec l'auteur : psy(-chologue) (la parenthèse ayant tout son sens) qui travaille avec des personnes toxicomanes-alcooliques, qui a un lourd vécu de solitude, et pour qui l'amour est... Pour qui l'art et l'écriture singulièrement ont de l'importance. Pour qui ce "métier" n'est pas un métier mais un genre de sacerdoce, et que c'est celui qui, actuellement, est celui qui permet le plus d'être en accord avec "soi"... Pour qui l'idée de sainteté a singulièrement troublé l'existence et quelque part compliqué le rapport aux autres. Pour qui... Enfin, j'arrête là.

Je suis très touché par l'audace de Sandrine Willems de publier un tel "journal". J'admire.

Le texte qui suit ces Carnets, "L'Incendiée" est une sorte de monologue qui se lâche, tout en conservant des amarres, et qui tourne autour de cet "amour", pour quelqu'un cette fois, quelqu'un de précis, au-delà de tourner autour de soi-même. Plutôt réussi et encore audacieux.

Bref, merci, Sandrine Willems. Bravo. Chapeau. Merci aussi aux Impressions Nouvelles de l'avoir publiée. (Même la couverture est réussie.)
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Consoler Schubert

Je remercie Babélio et la masse critique du mois de septembre qui m’a permis de découvrir ce roman très singulier de Sandrine Willems. Je ne connaissais pas cet auteur et je dois dire que j’ai envie de découvrir ses autres livres. Quand j’ai sélectionné mes livres pour la masse critique j’ai été tout de suite attirée par le thème de la musique et de l’amour impossible.



Je n’ai pas du tout été déçue au contraire. C’est toujours ce qui est magique avec la littérature c’est que l’on se laisse porter par un auteur que l’on ne connaît pas ; il nous embarque dans un voyage à la découverte de savoirs différents, de personnes et de sensations différentes. Grâce à Babélio et aux masses critiques, nous sortons de notre zone de confort pour aller à la découverte d’auteurs dont ne nous sommes pas forcément familiers.



Je trouve la construction de ce roman très intelligente avec l’histoire de ces deux vies qui s’entrelacent à un siècle d’intervalle et la découverte finalement inattendue des liens familiaux qui unissent l’auteur et l’héroïne. J’ai beaucoup aimé le style littéraire de l’auteur qui est orignal à la fois dans le choix des mots et dans la construction des phrases. Les mots sont choisis avec pudeur et délicatesse. L’écriture est belle. Les phrases sont courtes et cela instaure un rythme musical. La musique de Schubert est d’ailleurs présente dans le tout le roman comme elle est présente dans la vie de Marie-Jeanne. Il doit être agréable de le lire à voix haute.



Il est question de mélancolie, de nostalgie mais aussi de beaucoup d’amour et c’est cette ambivalence des êtres qui m’a beaucoup plu. Je le recommande avec grand plaisir car j’ai passé un très beau moment un peu entre deux mondes. Une très belle parenthèse qui m’a donné beaucoup d’émotion.



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Consoler Schubert

J'ai la chance d'avoir été sélectionnée pour le prix Masse Critique Babelio de septembre avec ce magnifique roman de Willems.



"Consoler Schubert" fait partie de ces romans où l'écriture, frivole, poétique vous fait apprécier le récit malgré l'absence d'action et de mouvement dans la narration...

C'est un roman étroit: peu d'actions, peu de choses. Juste de l'amour. Beaucoup d'amour pour la littérature, pour la musique, pour la langue Allemande, pour les mots.



Marie-Jeanne, le personnage principal me faisait parfois peur. Une passionnée maladive de Schubert et de sa musique, qui la rapproche à tout, dans ses relations et ses sentiments plus particulièrement.

Elle vie la musique, ou c'est la musique qui la fait vivre, difficile à dire... Elle fond de bonheur lorsqu'elle pense ou qu'elle écoute les notes écrites par Schubert. D'ailleurs, le sens de sa vie ne repose que sur cela.



L'écriture particulière de Sandrine Willems ne plaira pas à tous, elle est originale. La ponctuation est juste, mais certains passages décrient la musique de manière technique, ce qui peut parfois troubler la lecture. Surtout pour un non-musicien.

Cela ne retire en rien le message qu'elle souhaite faire passer: une ode à l'amour, avec un style poétique magnifique, surtout lorsqu'elle fait la description des sentiments éprouvés... le choix des mots est recherché, ce qui est souvent rare en littérature aujourd'hui.



Il y a une douceur sur toutes ces pages, entre toutes ces lignes...



Bref, un roman à lire au coin du feu, emmitouflé sous un plaid.





Consoler SchubertSandrine Willemstous les livres sur Babelio.com
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Carnets de l'autre amour

Les « Carnets de l’autre amour » se composent de fragments ténus d’écriture, à la manière d’aphorismes. Cette œuvre hybride et atypique – essai, journal ? – est à l’image du parcours professionnel de l’auteur, Sandrine Willems, peu conventionnel : artiste, écrivain, docteur en philosophie, psychologue auprès de patients toxicomanes et alcooliques, passionnée par les thérapies accompagnées par des animaux.

La pensée des Carnets est dense, concentrée en peu de lignes et s’articule autour d’un point central, nodal pour l’auteur : l’amour, à la lisière de l’autre et du soi, l’amour de l’humain, transcendé, transcendant, qui interroge la dimension spirituelle. L’épaisseur du propos rend sa compréhension ardue, parfois hasardeuse : c’est à la fois tout le charme de l’œuvre, mais aussi ce qui vient la rendre hermétique, parfois imperméable voire agaçante. La forme de l’écriture vient imposer un type particulier de lecture : par petites touches, çà et là, discontinu en tout cas.

Ces Carnets partent de l’autre, les patients de Sandrine Willems dans le cadre de ses consultations de psychologue dans un service d’addictologie. L’autre qui, nécessairement, vient résonner en soi, faire écho à l’autre soi-même dans la relation. L’auteur va donc explorer le lien qui l’unit à l’autre, entre forces et fragilités, à l’image d’une flamme. Les mises en abyme sont permanentes, dessinant la complexité à être de tout humain, la complexité également de la pensée de l’auteur : on se perd parfois dans les méandres d’une psychè autre qui, pourtant, résonne, çà et là, avec la sienne, l’autre en soi, ce « fantôme » que chacun porte, et qui porte chacun.



Et puis, parvenu au terme des Carnets, quelques phrases résonnent encore, viennent hanter notre psychè, tant les mots sont pleins d’un pouvoir évocateur saisissant. Si je devais n’en retenir que deux, ce seraient peut-être d’abord, p. 100 :

« L’autre comme horizon, qui recule à mesure qu’on s’avance.

L’autre comme asymptote, qu’on n’atteindrait qu’à l’infini. »

Et puis, p. 133 :

« L’origine est toujours devant nous. »



Je tiens à remercier Babelio (Opération Masse Critique) ainsi que les éditions Les Impressions Nouvelles pour cette découverte atypique.
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Una voce poco fa

Maria Malibran fut une chanteuse du début du XIXème siècle, à la voix fabuleuse, qui s'illustra surtout dans les oeuvres de Rossini, Bellini et Donizetti. Elle connut un immense succès, au cours de ses nombreuses tournées à travers le monde. Sa vie tumultueuse contribua aussi à sa légende, et celle-ci s'éleva au mythe lorsque la jeune femme mourut, à vingt-huit ans, d'une chute de cheval. Elle attendait un enfant. C'est à lui qu'elle s'adresse dans ce cout roman en pleurant un monde qu'elle n'a pas eu le temps d'habiter, ou plutôt qu’elle a toujours mal habité, en raison d’un lien toxique à son père, en raison aussi de son tempérament de feu qui brûlait tout ce qu’il touchait



Sandrine Willems a un don exceptionnel pour mettre en écriture le chant brûlant et douloureux d’une femme passionnée de musique, avide de succès et incapable d’aimer puisque n’aimant que la musique et son succès.

L’auteur, trop méconnue, m’a fait entendre la Malibran grâce à son écriture-chant pleine d’ intelligence et de sensibilité, grâce à sa langue riche, puissante et sensible

Un petit livre à lire et à écouter, une découverte et un coup de coeur
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Consoler Schubert

Marie-Jeanne vit à Charmes, en Ardèche, lieu désert où elle est vouée à être dentellière. Solitaire, rêveuse et amoureuse de la musique de Schubert, elle communie avec la nature, tisse toute jeune un lien fort avec un âne que personne ne sait apprivoiser. Sa sensibilité est perceptible dès les premières pages du livre. Elle pousse la porte de la bibliothèque... et elle a un coup de foudre pour le bibliothécaire, un homme qu'elle ne sait comment approcher, dont la vue et la voix toujours prête à se briser la transportent.

Marie-Jeanne s'éprend follement de Clément Weiss, parvient à lui parler, à se rapprocher de lui au point qu'ils passent des heures ensemble - chose inespérée - parfois au café d'en face, à parler de leurs passions communes : la lecture et, surtout, la musique. Clément est un joueur de piano, qui a renoncé à sa passion et ne joue plus que pour lui... maintenant aussi pour Marie-Jeanne qui l'écoute avec passion. Elle rêve cet homme, l'imagine, se remplit de sa vision et de sa voix dès que possible. Mais il ne lui parle jamais de lui, de sa vie : est-il marié? Aime-t-il les hommes? Il se passe quelque chose entre eux, mais finalement rien en dehors de ces discussions sur la musique.

Un jour, pourtant, il le lui dit : il ne quittera jamais sa femme à qui il veut rester fidèle, car un accident l'a paralysée. Il ne pourra pas l'abandonner. Marie-Jeanne ne s'est jamais déclarée, n'a jamais demandé quoi que ce soit à cet homme qu'elle aime... mais son rêve de lui s'écroule. L'obstacle est trop grand : la rivale est une femme malade, il n'y a rien à tenter ni à espérer. Marie-Jeanne, passivement, vit dans l'attente de toute façon. Son meilleur ami, son compagnon de toujours, c'est Schubert, dont elle aime passionnément la musique. Le roman de Sandrine Willems alterne justement les deux histoires, la vie malheureuse du compositeur mort à 31 ans, et celle de Marie-Jeanne, amoureuse de l'impossible.



(...)
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Consoler Schubert

Au hasard d’une flânerie en librairie, je suis tombée sur ce roman. Schubert étant mon compositeur préféré, je ne pouvais que l’emporter dans mon sac …



Je retranscris ici la quatrième de couverture, parfaite :



À plus d’un siècle de distance, deux vies s’entrelacent, celle de Schubert et celle d’une dentellière, qu’envahit peu à peu la musique du premier. Tous deux sont conduits par un amour impossible, et la plus profonde mélancolie. Tous deux tentent de sonder leur âme en écoutant celle du monde. Tous deux se demandent à quoi ils croient, ce qui les fait tenir, et s’interrogent sur le pouvoir, ou l’impuissance, de la musique et des mots.



Un roman doux et délicat, très littéraire, où la vie simple de Marie-Jeanne se mêle à celle de Schubert. Deux solitudes, deux âmes mélancoliques, qui cherchent l’amour et se consolent avec la musique.





(suite sur le blog)
Lien : https://histoiresdenlire.wor..
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Consoler Schubert

Un livre sensible et délicat qui se picore doucement.
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Devenir oiseau : Introduction à la vie gratuite

livre reçu dans le cadre de masse critique spéciale non fiction.

Dire que cette lecture a été un calvaire pour moi est bien loin de la réalité.

Quel gâchis d'avoir abattu des arbres pour ce bouquin.

Je ne veux pas être trop méchant , mais ici impossible de faire autrement.

Sachant que je me désintéresse totalement de la question de dieu, et qu'ici ça prend une place importante, sans parler des nombreuses citations.

Lire une liste de course oubliée dans un chariot et sans nul doute plus intéressante .

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Carnets de l'autre amour

C'est un livre un peu déconcertant à lire... Au départ l'auteur nous fait part de son ressenti en face de toutes ses personnes qu'elle écoute. Avec toujours un va et vient entre elle et son patient. Qui soigne qui ?

Peu à peu on s'éloigne du rapport patient-soignant pour explorer le monde intérieur de l'auteur. Que cherche t'elle ? et ou cherche t'elle ? Il m'a semblé descendre dans une âme extrêmement fragile, assoiffée d'une forme d'amour qui n'existe que dans l'absolu ou dans une vision mystique du rapport au monde et à l'altérité. Ce livre n'est pas le témoignage d'une psy mais l'expression de la thérapie de la psy elle même. Dans un état de souffrance étouffée, n'arrivant pas à se donner ce qu'elle donne aux autres, elle cherche ou elle pourra se reposer, dans quelle âme, dans quel animal, dans quel lieu ? Elle tente d'utiliser encore et encore le langage,retournant toutes les propositions comme on retourne un gant, parfois pour s'y perdre. La première chose à remettre en question étant le langage lui même. Il y a un endroit de l'âme où il n'y a plus de mots. C'est dans cet endroit que se trouve enfin la paix. A moins que tout ne se consume dans un immense feu de joie.
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Consoler Schubert

« Consoler Schubert », c’est une douloureuse histoire d’amour métamorphosée par la musique de Franz Schubert, par la nature de l’Ardèche du Nord et par l’écriture dépouillée et juste de Sandrine Willems.
Lien : https://www.lesoir.be/320066..
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Devenir oiseau : Introduction à la vie gratuite

Choix de Masse critique, cet ouvrage, de par son thème, le rapport de l'humain au non-humain, contient pour moi une promesse d'originalité. La superbe photo de couverture avait attiré mon regard. Le résumé éditeur m'a finalement décidée.

Dès les premières pages, toutefois, j'ai été déçue par l'écriture, qui tient plus du journal intime, de confessions, ou du mémoire que du texte littéraire. Dépourvu de limpidité, tourmenté, le récit est celui d'une psy qui a le sentiment d'avoir raté sa vie sur tous les plans. Il est truffé de citations philosophiques ou bibliques, avec un leitmotive : »un mystique c'est quelqu'un qui... »

Dans la fuite, l'auteur cherche à faire table rase et se met en mouvement. Elle puise dans le bouddhisme, la musique indienne, le shivaïsme, l'astrophysique, pour élaborer une foi toute personnelle, basée sur la reliance, qui semble lui procurer un certain apaisement.

Rien de bien convaincant, si ce n'est la puissance du chant, comme thérapie. L'expérience qu'en a fait l'auteur aurait peut être été un bien meilleur sujet. Son évocation apporte une bouffée de fraîcheur au récit.
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Au coeur des hommes

Sandrine Willems nous propose une plongée en apnée au cœur de la masculinité. Son objectif : dresser un bilan de ce que signifie aujourd’hui être un homme, alors que les clivages se dessinent de toutes parts, que cette notion connaît une évolution à nulle autre pareille et que les idées de genres tendent à se diluer en cédant la parole aux homosexuels, aux bis autant qu’aux transgenres. Pour mener son enquête à terme, elle a sélectionné une douzaine de personnes âgées de vingt-cinq à cinquante-cinq ans afin de les amener à évoquer leur quotidien, ce qui les retient, les stimule et de parler du bagage d’idées reçues ainsi que de la manière dont elles les voient évoluer.
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