On pourrait croire que celui qui n'a pas encore tout perdu se trouve en meilleure position que celui qui n'a plus rien du tout, mais ce n'est pas certain. Celui qui a tout perdu désespère un temps mais finit par trouver une nouvelle voie alors que celui qui est en train de perdre, celui-là se trouve à jamais dans un entre-deux, incapable de prendre un nouveau départ, toujours inquiet, aigri, courant dans toutes les directions, comme quelqu'un dont les habits flambent. Ni désespéré, ni confiant dans l'avenir, il ne tentera rien de neuf mais ne se résoudra pas non plus à un renoncement absolu.
Mais c'est surtout la génération précédente qui a semé le germe du malheur en enfermant la jeunesse dans ses idées et ses habitudes dévoyées, sans luis enseigner comment réagir face aux désillusions de la vie, tu ne crois pas ?
Le cœur des hommes est bien mystérieux. Parfois, dans le tramway, nous voilà pris d'une hostilité parfaitement injustifiée envers un passager inconnu, ou au contraire d'une vive attirance pour un passant dans la rue.