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Citations de Santiago H. Amigorena (373)


Rosita et Vicente étaient très différents, mais il y avait une chose en quoi ils se ressemblaient terriblement : une incertaine fragilité, pâle et silencieuse, qui trahissait le fait d’avoir été beaucoup aimé lorsqu’ils étaient enfants. Cette ressemblance faisait d’eux un couple amoureux et fraternel à la fois.
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Comme le silence, le jeu allait devenir sa prison, et sa punition.
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Dès le lendemain, le jeune homme s'était mis au travail, c'est-à-dire qu'il s'était mis à attendre d'éventuels clients sur le seuil de la porte du magasin. Assis derrière son bureau, Vicente le regardait traîner devant la boutique. Il sentait quelque chose de très rassurant à être ainsi aidé à ne rien faire.
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L'une des choses les plus terribles de l'antisémitisme est de ne pas permettre a certains hommes et a certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c'est de les confiner dans cette identité au delà de leur volonté - c'est de décider , définitivement, qui ils sont.
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Ce n'est pas par hasard que le problème de définir ce que pourrait être, exactement "être juif" avait plongé pendant des années l'administration nazie dans des affres inattendues. Et ce n'est pas par hasard que ce problème n'avait jamais été tout à fait résolu.
Est-ce-qu'un Juif qui n'est pas croyant est aussi Juif qu'un juif qui a la foi ? Est-ce- qu'un Juif dont les parents ou les grands-parents ne sont pas tous juifs est vraiment Juif ?
Faut-il admettre qu'il existe une "troisième race", ou les Juifs " partiels", les " quarts-juifs" et les Juifs "à demi et aux trois-quarts" sont-ils aussi nocifs que les Juifs " entiers"?
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L’amour a-t-il une histoire ? Peut-il être étudié, annoté, disséqué ? L’amour est-il une suite d’événements qui peuvent former un récit, une chronique ? Peut-on rendre compte de l’amour ? Peut-on en faire le compte rendu ?
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De la même manière que la plupart des Argentins, quarante ans plus tard dans cette même ville de Buenos Aires, allaient refuser de croire que la dictature militaire avait fait des milliers de disparus, les gens, en Allemagne, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, dans les pays baltes, en Crimée, en Ukraine, en Russie, comme partout dans le monde, préféraient ne pas parler, ne pas savoir. Tout le monde préférait ne pas parler de cette horreur pour une raison élémentaire et intemporelle : parce que l’horreur crue de certains faits permet toujours, dans un premier temps, de les ignorer.
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À l’inverse de son mari, Rosita avait des traits un peu grossiers, un peu relâchés – mais si bienveillants. Son regard et son sourire débordaient d’une douceur agreste, boueuse, humide comme une terre généreuse. Rondouillette, elle possédait cette beauté si dénigrée de nos jours qu’on a tant appréciée de la Renaissance au XIXe siècle : celle que seules détiennent les femmes un peu fortes, aux épaules tombantes, aux petits seins, à la peau laiteuse.
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Aujourd'hui pourtant, alors que le soir tombe sur Paris, alors que le soleil colore le couchant du même sang et du même miel que le ciel de Buenos Aires il y a soixante dix ans, alors qu'épuisé d'avoir éclairé une journée de plus de cette espèce toujours humaine et toujours barbare, il darde ses derniers rayons sur les fenêtres de mon bureau, moi qui n'ai jamais aimé ni la mémoire ni le sang, j'ai envie de dire que Mopi a raison. J'ai envie de penser que le même sang coule dans ses veines et dans les miennes ; et dans celles de mon frère, et dans celles de mes autres cousins Gonzalo et Miguel, qui sont comme mes frères, et dans celles de mes cousines Lila, Manuela et Natasha, que j'aime et avec qui j'ai grandi.[...] J'aime penser que Vincente et Rosita vivent en moi, et qu'ils vivront toujours lorsque moi-même je ne vivrai plus - qu'ils vivront dans le souvenir de mes enfants qui ne les ont jamais connus, et dans ces mots que, grâce à mon cousin aîné, j'ai pu leur adresser.
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En deux ans, dans cet enfer surpeuplé (le ghetto de Varsovie), cent mille personnes allaient mourir de froid et de faim. Cent mille personnes allaient mourir avant les déportations et les fusillades, avant qu’on ne commence à les emmener, à raison de quelques milliers par jour, dans ces camps où les nazis allaient réussir à faire de la mort une mécanique purement industrielle.
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On aurait dû savoir que les États-Unis ne permettraient jamais un deuxième Cuba ou un deuxième Chili, on aurait dû savoir que, même en Uruguay, même dans ce minuscule pays éternellement endormi, le Frente Amplio serait interdit, la guérilla massacrée, Liber Seregni, comme tant de nos amis, emprisonné et torturé. Mais justement, comme j’écrivais, la politique existait encore. Ou plutôt : quelque chose de politique existait encore au-delà des élections, des partis, des médias. La situation était désespérée – et pleine d’espoir. Elle était politique parce que l’utopie en faisait partie.
(pages 276-277)
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Rosita et Vicente étaient très différents, mais il y avait une chose en quoi ils se ressemblaient terriblement : une incertaine fragilité, pâle et silencieuse, qui trahissait le fait d'avoir été beaucoup aimés lorsqu'ils étaient enfants.
Cette ressemblance faisait d'eux un couple
amoureux et fraternel à la fois.
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... ils s'appelaient Rosenberg à cause d'un poète allemand, E.T.A Hoffmann. A l'époque de Napoléon, alors qu'on avait décidé d'inscrire les Juifs dans le registre civil, Hoffmann travaillait comme assesseur dans l'administration prussienne. Tous les Juifs avaient dû se rendre au tribunal pour qu'on leur donne un nom; et le poète allemand qui s'occupait justement de les inscrire, s'inspirant peut-être des Indiens d'Amérique du Nord, les avait tous nommés avec des métaphores romantiques : Arbre Doré, Lueur de l'Aube, Forêt de Diamants - ou Rosenberg, Montagne des Roses.
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Il aspirait à un silence si fort, si continu, si insistant, si acharné, que tout deviendrait lointain, invisible, inaudible - un silence si tenace que tout se perdrait dans un brouillard de neige.
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L’une des choses les plus terribles de l’antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c’est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté – c’est de décider, définitivement, qui ils sont.
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À Varsovie, Vicente avait fait partie de cette bourgeoisie éclairée qui en avait eu assez d’être juive si être juif signifiait se vêtir toujours de noir et être un peu plus archaïque que son voisin. Être juif, pour lui, n’avait jamais été si important. Et pourtant, être juif, soudain, était devenu la seule chose qui importait.
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C'est comme si cette origine juive était une grosse valise qu'il fallait se trimballer pendant toute notre existence... comme un héritage tellement lourd, tellement immense.
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 Certains trouveront mon destin digne de mes mémoires — ce n’est pas pour eux que j’écris. Certains trouveront sans doute qu’avoir grandi dans les rues de Montevideo avant de fouler tous les Champs Élysées d’Europe mérite d’être couché sur quelques pages — ce n’est pas pour eux que j’écris. Certains sans doute qu’être arrivé à Paris nu-pieds, qu’avoir été l’enfant le plus pauvre et le plus méprisé du parc Monceau avant d’y faire grandir mes propres enfants comme de petits princes (ou de petits Marcel) est digne d’être narré — ce n’est pas pour eux que j’écris. Comme vous le savez ô, mes lecteurs supposés ! Mes pages sont destinées, comme toutes les pages, mais avec un acharnement supplémentaire, à notre commun oubli. J’écris pour moi-même et pour mes amis.
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‘Vicente avait voulu ne pas savoir parce qu'il avait songé que tout ce qu'il saurait serait pire que son ignorance ‘
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Trois mois après notre installation à Montevideo, nous sommes retournés à Buenos Aires pour quelques jours. El abuelo Zeide, mon arrière-grand-père maternel, avait appelé lui-même ma mère pour la prévenir qu’il allait mourir.
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