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Critiques de Santiago H. Amigorena (313)
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Le Ghetto intérieur

C'est avec confiance que j'ai abordé ce roman dont on a beaucoup parlé lors de la rentrée littéraire de Septembre 2019, il recueillait de nombreuses excellentes critiques, le sujet était intéressant et peu traité : comment vit-on loin de ses proches en temps de guerre et plus encore quand ceux-ci sont les victimes d'une répression sans pitié.



A la manière d'un tango, mon ressenti comporte plusieurs tempos. 



J'ai dévoré les premières pages, suivant Vicente et ses amis Sammy et Ariel dans leur exil dès 1928 à Buenos Aires, découvrant leur amitié et les existences qu'ils s'étaient construites dans ce pays, m'attachant également à leur parfaite intégration dans cette nouvelle patrie. Vicente s'est forgé presque une nouvelle identité, se sentant argentin désormais comme il avait été polonais et formant Rosita et leurs trois enfants une famille heureuse jusqu'à ce que les inquiétudes, les questionnements de Vicente concernant le sort de sa mère et de son frère, Berl, restés en Pologne prennent le dessus au fur et à mesure que le temps passe, que les lettres se font plus rares et que les rares informations collectées dans la presse laissent présager le pire sur le devenir des juifs de Pologne et donc de sa famille.



Une lecture sur la Shoah, l'Holocauste, le génocide quelque soit le nom qu'on donne à de tels actes, est toujours une lecture éprouvante et il n'y a pas de banalisation d'émotions. Autant de récit, autant de douleur, cela reste une plaie ouverte pour l'humanité d'autant plus quand se pose la question de la non dénonciation, du laisser-faire, de la responsabilité et dans le cas présent celle de Vicente qui oscille entre n'avoir pas tout fait pour sauver sa famille et son désir de se bâtir une nouvelle vie.



J'ai été un peu surprise par l'écriture, certes fluide et tout à fait en accord avec les pensées et ruminations du personnage qui perd peu à peu la parole pour n'être que dans sa prison  intérieure mais à plusieurs reprises j'ai eu le sentiment de répétitions, d'un amoncellement de phrases, certes comme les pensées qui tournent en boucle mais qui à force alourdissaient le récit.



L'auteur incorpore des informations historiques sur la façon dont la "solution finale" a été programmée et mise en œuvre par Hitler et ses sbires. Si vous n'avez jamais rien lu sur cette période, sur les faits, sur la manière de procéder vous allez apprendre sa génèse et son processus mais pour ma part, ayant déjà beaucoup lu et vu sur cette période, j'ai trouvé que cela "dispersait" le récit et j'aurai préféré qu'il reste plus axé sur ce qui me parait le plus important : le ressenti des "exilés" juifs quand ils ont eu connaissance de ce qui se produisait en Europe alors qu'ils vivaient en liberté.



D'autres thèmes sont abordés : l'identité : religieuse, ici la judéité et devient-on citoyen du pays où l'on vit ou reste-t-on à jamais citoyen du pays de ces racines, des questionnements qui deviennent vitaux pour Vicente allant jusqu'à la presque folie, à l'enfermement intérieur, à se couper du monde qui l'entoure et de sa propre famille, ne s'exprimant plus et se plongeant dans le jeu comme moyen de se perdre, de tout perdre, jusqu'à envisager de disparaître.



"Vicente allait éprouver une double haine de lui-même : il allait se détester parce qu'il s'était senti polonais et il allait se détester davantage encore parce qu'il avait voulu être allemand. Il allait éprouver une double haine de lui-même que jamais le fait de se sentir juif n'allait soulager. "Pourquoi jusqu'aujourd'hui j'ai été enfant, adulte, polonais, soldat, officier, étudiant, marié, père, argentin, vendeur de meubles mais jamais juif ? Pourquoi je n'ai jamais été juif comme je le suis aujourd'hui -aujourd'hui où je ne suis plus que ça." Comme tous les Juifs, Vicente avait pensé qu'il était beaucoup de choses jusqu'à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait étaient une seule chose : être juif.(p69)"



Comment vivre libre, heureux quand d'autres sont opprimés d'autant plus quand il s'agit de vos proches et que vous avez le sentiment de ne pas avoir tout fait pour les sauver ? Se trouver des raisons à sa passivité, allant parfois par leur faire porter une part de responsabilité dans leur décision de rester mais ne pas malgré tout trouver la paix intérieure.....



C'est un témoignage fort, éprouvant par la torture psychologique du personnage, son sentiment de culpabilité de vivre alors que ses proches souffrent, meurent, qu'il se refuse à croire l'incroyable alors que les rares lettres de sa mère lui confirment l'inimaginable, d'autant plus qu'il touche la famille maternelle de l'auteur qui s'autorise à présent à l'évoquer.



Un roman que je recommande, qui n'est pas un coup de cœur, mais qui permet d'aborder cette période de l'histoire sous un autre angle.
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Le Ghetto intérieur

En septembre 1940, à Buenos Aires, Vicente et Rosita forment un couple heureux, avec leurs trois enfants. Vicente a quitté la Pologne depuis de longues années déjà, il tient un commerce qui marche bien, il retrouve souvent ses amis Sammy et Ariel pour de longues discussions. Mais les nouvelles qui arrivent d’Europe sont très mauvaises, et Vicente commence à regretter d’être parti seul, et de ne pas avoir insisté suffisamment pour que sa mère, et aussi son frère et sa sœur viennent les rejoindre. Il culpabilise d’autant plus que ce n’est pas le nazisme qui l’a fait quitter la Pologne, mais plutôt une envie d’indépendance. Ce même souhait de liberté qui l’a retenu d’insister auprès de sa mère. Les lettres de celle-ci deviennent plus inquiétantes, elle et le frère de Vicente sont maintenant enfermés dans le ghetto surpeuplé de Varsovie. Vicente devient alors de plus en plus sombre, renfermé, incapable de partager ses tourments avec ses proches, ne sachant s’il doit se tenir au courant des dernières nouvelles ou bien les ignorer...



Vous aurez sans doute déjà lu, ou au moins entendu parler de ce roman sorti il y a trois ans. Je ne connaissais pas Santiago Amigorena avant de lire de nombreux avis sur ce roman. J’ai découvert que comme beaucoup d’auteurs francophones de langues maternelles diverses, il possède un très beau style, qui n’essaye pas d’en faire trop, et dont la sobriété renforce le propos. De plus, avec son grand-père Vicente, à qui la vie et la culpabilité avaient fait perdre l’usage de la parole, il tenait là un très beau sujet. Qu’il a brillamment raconté, faisant pénétrer à la fois dans le Buenos Aires des années quarante et à Varsovie, comme dans la froide logique d’extermination nazie. De belles réflexions sur l’identité, sur ce qu’est d’être juif, sur l’exil, sur la culpabilité et sur la transmission ponctuent le roman, qui est tout aussi passionnant qu’il se lit facilement.
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Le Ghetto intérieur

Peut-on encore être abasourdi par la lecture d’un roman sur la Shoah? Il faut croire que oui car j’en sors aujourd’hui le cœur en étau. Dévastée d’avoir été le témoin seulement pendant quelques heures du désarroi destructeur d’un homme muré dans son silence, son ghetto intérieur et d’avoir encore été confrontée à l’horreur.



Argentine, 1940, Vicente, jeune juif d’origine polonaise n’a pratiquement plus de nouvelles de sa mère restée avec une partie de sa famille en Europe. Les rares informations des journaux sont diluées dans le reste de l’actualité. Les ont dit sont de plus en plus inquiétants . Seule certitude, sa famille est enfermée dans le ghetto de Varsovie. Questionnement sur son identité, culpabilité, commence pour Vicente une véritable descente en enfer qu’il se sent incapable de partager avec sa famille et ses amis en Argentine. Les mots, c’est son petit fils qui nous les livre parce que cette histoire familiale étouffée est en lui et que même si la réalité est pire que ce que l’on a pu imaginer, il faut savoir par devoir de mémoire. A cette fin, l’auteur distille dans son récit la lente marche destructrice des nazis pour l’organisation de l’extermination des juifs, des millions de personnes cataloguées pour toujours et décimées quand ils étaient bien autre chose que juifs.

Un roman intense et éprouvant!
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Le Ghetto intérieur

Quand la culpabilité et la honte entraînent silence et enfermement d’un homme.



Un roman qui nous plonge dans le processus de dégringolade psychique de cet homme, grand-père de l’auteur.



« (…) pendant toutes ces années lugubres qui avaient vu le fascisme et l’antisémitisme dévorer l’Europe, Vicente (…) avait cru sincèrement que si quelque chose de mauvais arrivait en Pologne, ce serait lui qui sauverait sa famille ».

*

Lorsque Vicente Rosenberg quitte l’Europe et émigre en Argentine en 1928, il y rencontrera Rosita, ils se marieront puis auront des enfants. Mais…, lui est parti, tandis que sa mère son frère et sa sœur sont restés à Varsovie.



Arrive la Seconde Guerre mondiale avec son enchaînement de terribles monstruosités.



« Mais quelque chose de pire que tout ce qu’il avait imaginé était en train d’arriver – et il ne pouvait rien y faire ».



Seules quelques lettres de sa mère lui parviendront.



Au fur et à mesure on commence à savoir…mais ce qui se passe à douze mille kilomètres de distance, nul ne parvient alors à l’imaginer.



Rongé par sa culpabilité, plus rien ne peut dès lors amoindrir les regrets de Vicente, calmer ses peurs, ni apporter quelque infime consolation à une résignation forcée.



Ne plus s’exprimer en mots, se murer dans le silence, Vicente semble se réfugier dans un néant existentiel en plongeant son esprit dans le vide. Prisonnier victime d’un ghetto intérieur.



Vicente sombre dans des pensées pleines de contradictions. Il choisit d’intérioriser sa colère, douleurs sourdes écho à son impuissance face aux souffrances de sa mère restée à Varsovie et subissant de plein fouet l’horreur.



Car Vicente, malgré tout l’amour de son épouse et l’amitié de ses amis juifs et exilés comme lui, se réfugie dans des silences qui, croit-il, apaiseront ses tourments jusqu’à les annihiler.

« Se Taire. Oui, se taire. Ne plus savoir ce que parler veut dire. Ce que dire veut dire. Ce qu’un mot désigne, ce qu’un nom nomme ».



*

Une prose déchirante. Le récit bouleversant d’une culpabilité, du silence, d’un homme réchappé de la Shoah.

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La Justice des hommes

Comment s dans un accès de jalousie, un homme peut perdre ses nerfs, oublier pour un instant son rôle de père et tous les bouleversements que ce geste va amener dans une famille qui se croyait heureuse jusque là . Un jeune couple, deux petits enfants, un avenir incertain surtout quand le père se rêve écrivain…

Si l’auteur, plus que connu et reconnu ne s’était mis en tête de faire des effets de style plus ou moins heureux, ce roman aurait été une histoire simple et bouleversante par moments, mais ces boursouflures n’ajoutent rien de positif ni sur le fond ni sur la forme ( du moins c’est mon humble avis) .
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Le Ghetto intérieur

1928 : émigration d'un juif polonais en Argentine pour faire sa vie et être libre. S'établir, réussir, s'intégrer, édifier sa propre famille, ... Correspondre sporadiquement avec sa mère, restée en Europe. Lui proposer à plusieurs reprises de le rejoindre sans conviction de peur de perturber cette nouvelle vie qu'il s'est construite. Apprendre, une décennie plus tard, que sa mère et sa famille sont pris au piège dans le ghetto de Varsovie. Être démuni, ne rien pouvoir faire, se découvrir une identité juive, renier sa nouvelle vie et son bonheur familial, être rongé par la culpabilité, ... Vivre, par procuration et à distance, le massacre de sa famille, de son peuple. S'enfermer dans un ghetto intérieur qu'il ne pourra plus quitter. Par le vécu de son grand-père, l'auteur nous apporte une approche différente et poignante de cet épisode innommable de l'histoire de l'humanité. À lire.
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Le Ghetto intérieur

Il n’y a rien de plus fort que les récits qui font le lien entre l’Histoire et une histoire familiale. Parce qu’il n’y a pas d’histoire à inventer, plus ou moins crédible, pas de recherche d’événements ni d’effets sensationnels pour accrocher le lecteur. Parce qu’ils préexistent. Et qu’il « suffit » de trouver le moment et le moyen de les mettre en mots. Et ces mots ont alors une force qu’a rarement un récit purement littéraire.

Le scénario serait parfait si cela en était un. Voyez : Un jeune homme juif à quitté sa Pologne natale à la fin des années 20 pour s’exiler en Argentine. Il espère que sa mère et son frère les rejoindront prochainement, sans trop insister non plus. Au fur et à mesure qu’il apprend la constitution du ghetto de Varsovie, le piège qui s’est refermé sur sa famille, un mur de silence se ferme aussi en lui. Au fur et à mesure que le ghetto est détruit et ses occupants exterminés, il s’éteint et perd tout désir de vivre.

Même sans connaitre a priori les liens entre l’auteur et son héros, ce qui était mon cas (j’aime ouvrir un roman en en sachant le moins possible), ils sont immédiatement perceptibles. Et même si finalement rien n’est inattendu, surprenant, on sent une tension dramatique très intense et prenante, et on se prend à espérer puis à désespérer autant que le personnage.

Un récit court et efficace. Tout simplement poignant.
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Le Ghetto intérieur

L’écrivain argentin, scénariste, producteur, réalisateur Santiago H. Amigorena a, dans toute son œuvre, inscrit le silence dans son « projet littéraire ».

Un « silence qui m’étouffe depuis que je suis né », écrit-il.

Et cela interpelle et incite à chercher à comprendre.

Il est rapporté que pendant plus de vingt ans, Santiago H. Amigorena s’est réveillé chaque matin « pour écrire ce projet personnel, avant de consacrer le reste de sa journée à l’écriture de scénarios pour toute une génération de réalisateurs ou pour lui ».

C’est ce roman, « le ghetto intérieur », son dixième roman qui nous en donne la clef : à l’origine, son histoire familiale qui le hante.

La clef ?

La vie de son grand-père, Vicente Rosenberg, juif polonais qui a émigré vers la fin des années 20, en Argentine pour « devenir adulte » et refaire sa vie à Buenos Aires : il y apprend l’espagnol, oublie sa langue maternelle, épouse Rosita qui est issue d’une même origine mais d’une émigration plus ancienne, travaillera dans un magasin créé par son beau-père, pour eux ; le couple élèvera trois enfants.

La vague brune nazie se répand, les pogroms se multiplient.

Les lettres de sa mère l’informent de l’évolution de la situation qui se dégrade de plus en plus : « La vie est pénible. La mort est partout. »,…« Plus rien ne marche comme ça marchait avant »,…

Vicente ne répondra pas à ces lettres.

Et quand il comprend qu’il est trop tard pour la sauver comme des milliers de juifs avec elle. Sa mère sera envoyée dans un camp. Il l’apprendra.

Il se mure alors dans un silence absolu, et sera le « prisonnier du ghetto de son silence ».

Un style sobre, sans éclat avec des répétitions qui vous martèlent à la lecture, et qui donnent de la force aux propos et au désarroi et ressenti du personnage.

Une lecture rapide sans grandiloquence.

Court, percutant, qui ne vous laissera pas insensible.

Un roman sur la culpabilité, où il n’y a pas de Héros.

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Le Ghetto intérieur

On évoque souvent le sentiment de culpabilité qui étreint les rescapés des camps de la mort à la pensée de ceux qui n'ont pas survécu.

C'est une autre culpabilité dont il s'agit ici : celle de ceux qui ont émigré suffisamment tôt pour échapper aux nazis et qui ont laissé derrière eux leur famille. En l'occurrence l'auteur évoque ici la vie de son grand-père Vicente qui a émigré en Argentine en 1928, laissant derrière lui sa mère son frère et sa soeur qui refusèrent de quitter la Pologne.

L'auteur insiste sur le contraste entre la tranquille vie familiale de Vicente en Argentine, gagné peu à peu par l'anxiété face à la catastrophe qui se met en place en Europe, les très rares lettres de sa mère faisant naître culpabilité et une terrible dépression.

Un livre douloureux et sensible.
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Le Ghetto intérieur

Magnifique livre que j'ai lu d'une traite, le questionnement du personnage principal sur ses origines juive est plein de justesse et on suit son mutisme avec beaucoup d'empathie.



Ce livre traite de l'émigration forcée en temps de guerre, de l'éloignement familial, sujets on ne peut plus d'actualité, un livre poétique parfois, que je conseille vivement.



À lire !!
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Le Ghetto intérieur

Santiago H. Amigorenna, nous raconte la vie de Vicente Rosenberg, un juif polonais installé en Argentine à la fin des années 1920 et dont la mère et une partie de la famille est restée en Pologne.



Cet homme, charmeur, bon vivant, marié et père de famille va voir sa vie progressivement basculer avec la montée du nazisme et les exactions du régime hitlérien.



Je n'ai pas accroché tout de suite, notamment du fait du style, surtout dans les premières pages. Mais je suis progressivement entré dedans et j'ai trouvé l'ouvrage particulièrement intéressant à partir du moment où le personnage commence à s'interroger sur ce que c'est que d'être juif ou désigné comme tel sans possibilité d'y échapper.



Nous sommes face au monologue intérieur d'un homme qui n'a de prise sur rien de ce qui se passe en Europe et sur les événements qui s'y passent pendant la guerre et qui se réfugie en lui-même pour essayer de comprendre, de comprendre, de comprendre...au péril de sa propre existence.
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Le Ghetto intérieur

Roman sombre mais sobre "Le ghetto intérieur" de Santiago H. Amigorena n'en est pas moins émouvant. Il est terriblement triste et particulièrement bien écrit.

En racontant la vie de son grand-père, Vicente Rosenberg, Amigorena aborde un sujet rare en lien avec la Shoah : le poids de la culpabilité qui ronge ceux qui ont émigré avant la montée du nazisme et qui n'ont rien pu faire pour sauver leur famille restée en Europe.

Après une expérience dans l'armée polonaise, le jeune Vicente décide, en 1928, d'émigrer en Argentine, où il fonde une famille et s'enrichi en vendant des meubles. Alors que ses parents sont juifs et qu'il parle yiddish, il va s'éloigner de sa juivité qui ne représente plus rien pour lui qui se sent argentin.

Au début, il correspond avec sa mère restée à Varsovie avec son autre fils puis il va négliger de répondre à ses lettres, pris par sa nouvelle vie à Buenos Aires, sa femme, ses enfants, son travail et ses amis Sammy et Ariel.

Dès 1940, il va reprendre une correspondance hasardeuse quand il apprend que sa mère est enfermée dans le ghetto de Varsovie avec son frère. C'est à ce moment que la culpabilité liée à l'éloignement et à son impuissance à les aider va le torturer. Il s'interroge dès lors sur ce qu'est être juif car "l'une des choses les plus terribles de l'antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c'est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté - c'est de décider, définitivement, qui ils sont."

Vicente en arrivera à cacher les lettres reçues de l'enfer pour porter seul son fardeau en s'enfermant dans le silence.

C'est comme s'il s'emmurait vivant malgré l'amour inconditionnel que lui porte Rosita sa femme.

L'écriture de l'auteur porte son projet autobiographique avec beaucoup d'intensité. Ses descriptions sont brèves mais touchantes comme quand il raconte successivement, en opposition, les froides décisions des bureaucrates nazis dans leur bureau avec la réalité des camps d'extermination.





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Le Ghetto intérieur

Le ghetto intérieur est un ouvrage, poignant, lancinant, déchirant, pudique et splendide. Une histoire de recherche d'identité mais surtout de culpabilité.

Les tourments de Vicente l'obsèdent au point de l'enfermer dans un ghetto qui le ronge de l'intérieur. Le mot ghetto est sciemment choisi, il fait écho au ghetto de Varsovie. Vicente est un émigré polonais qui a quitté son pays pour l'Argentine en 1928. Pouvait-il savoir en 1928 ce qu'il adviendrait de la Pologne 12 ans plus tard? Il est parti laissant sa mère et sa famille à Varsovie. Vincente portera toute sa vie durant, la culpabilité d'être en vie alors que sa famille est morte dans le Camp de Treblinka.

Ce livre est écrit par le petit-fils de Vicente pour la terrible histoire de Vicente continue à vivre à travers lui.

J'ai relevé quelques pages pédagogiques très instructives sur la terminologie, le sens des mots génocide, Holocauste, Shoah, solution finale. (pages 123-126 éditions folio, 2021).

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Le Ghetto intérieur

En tournant la dernière page de ce roman, je suis très ému. J'ai du mal à décrire avec quelle force je me suis laissé embarquer dans ce récit. L'écriture est formidable et même si nous avons tous déjà connaissance des horreurs de la seconde guerre mondiale, nous les prenons ici de plein fouet et nous les ressentons, à l'instar du personnage principal, comme une telle injustice qu'elle nous font culpabiliser d'être aussi humain que les bourreaux. A lire absolument.
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Le Ghetto intérieur

Il part. En 1928, il quitte la Pologne pour l'Argentine, Varsovie pour Buenos Aires, laissant sa mère, son frère et sa soeur à des milliers de kilomètres derrière lui. Il part et a le sentiment de se libérer enfin de l'emprise maternelle, il souhaite respirer un peu et se lancer dans une nouvelle vie, faire fortune peut-être, loin de la vieille Europe, loin d'une famille étouffante, loin d'une mère juive qui l'empêche presque d'être lui-même.

« Les Juifs me font chier. Ils m'ont toujours fait chier. C'est lorsque j'ai compris que ma mère allait devenir aussi juive et chiante que la sienne que j'ai décidé de partir. »

Le jeune et beau Vicente Rosenberg (double du grand-père de l'auteur) se marie, a des enfants. Il oublie le yiddish, parle espagnol, apprend à danser le tango. La vie lui sourit et Vicente Rosenberg aurait dû être un homme heureux. Mais il ne le sera pas : au même moment, de l'autre côté de l'Atlantique, le pire s'abat sur l'Europe. Il a pour nom nazisme et pour conséquence le meurtre de six millions de Juifs.

L'impensable.

L'innommable.

L'insensé.

La Shoah.

Si à son arrivée,Vicente Rosenberg propose à sa mère de venir le rejoindre à Buenos Aires, il ne fait pas l'effort de retraverser l'Atlantique pour aller la chercher et il faut bien l'avouer, il lit d'un œil assez distrait les premières lettres qu'il reçoit d'elle et ne lui répond que lorsqu'il en a le temps. Mais très vite, il sent que quelque chose est en train de basculer, là-bas, en Europe. Et il sent aussi que sa mère se trouve dans l'oeil du cyclone et qu'enfermée dans le ghetto de Varsovie, elle ne s'en sortira peut-être pas.

Et ça, Vicente Rosenberg ne pourra jamais le concevoir.

Il est parti et maintenant c'est trop tard. Il a abandonné les siens, sa mère, son frère, sa soeur mais aussi d'une certaine façon, les autres Juifs d'Europe. Il ne s'est pas trouvé là où il aurait dû être. Il n'a pas vécu l'enfer que les autres ont subi. Il a honte. Écrasé par une douleur extrême et un sentiment de culpabilité immense, Vicente s'enferme petit à petit dans un mutisme absolu. Que dire en effet quand tout paraît vain ou dérisoire ? De quoi parler quand plus rien n'a de sens et que les hommes sont devenus fous ? Comment vivre en sachant que sa mère souffre et vit le pire ? Comment ne pas se réfugier dans le silence quand les mots n'ont plus de sens et qu'il n'en existe aucun pour exprimer le pire ?

N'étant plus que l'ombre de lui-même, il ne lui reste plus qu'à s'isoler dans un ghetto intérieur dont il aura bien du mal à s'extraire… si c'est possible.

« Il aspirait à un silence si fort, si continu, si insistant, si acharné, que tout deviendrait lointain, invisible, inaudible - un silence si tenace que tout se perdrait dans un brouillard de neige. »

Comme vous l'aurez compris, le sujet abordé ici par Santiago H. Amigorena est extrêmement douloureux et je sens qu'il va falloir que je fasse un effort pour rester objective afin de parler de l'oeuvre elle-même sans être emportée par l'émotion (et avec une telle thématique, c'est difficile.)

Bon, disons-le, j'ai un avis plutôt positif sur ce roman (certains aspects m'ont beaucoup plu) mais j'ai tout de même quelques réserves.

Des livres sur la Shoah, nous en avons tous beaucoup lu. Or, Le Ghetto intérieur a ceci d'original qu'il fait le portrait d'un homme qui n'est pas sur le lieu même où les crimes sont commis. En effet, Vicente reçoit des bribes d'information et a bien du mal à appréhender la vérité. On comprend que les journaux ont parlé finalement (et pour différentes raisons) assez tardivement de tout ce qui se passait dans les camps de la mort. L'information circulait mal. Et puis, comment admettre l'impensable, comment considérer comme vrai ce qui dépasse l'entendement ?

« Vicente, comme le reste de l'humanité, pouvait savoir mais ne pouvait pas savoir. Il ne pouvait mettre aucune image sur ce qui se passait à douze mille kilomètres de distance de là où se déroulait son drame personnel. Il ne pouvait mettre aucune image ni l'appeler d'aucun nom.»

Cette distance géographique et donc physique va être très mal vécue par le narrateur qui a le sentiment de ne pas être à sa place. Un sentiment d'impuissance s'empare donc de lui. Il comprend qu'il est fondamentalement attaché à ceux dont il s'est éloigné : à sa famille mais aussi aux Juifs d'Europe. Lui qui avait plus ou moins rejeté son appartenance à toute forme de judéité se sent être fondamentalement juif, appartenir à une famille, une communauté qu'il avait délaissée. C'est donc en s'éloignant qu'il devient ce qu'il fuyait. J'ai trouvé passionnantes toutes les analyses tournant autour de cet écart géographique et ses conséquences sur l'évolution psychologique du personnage principal.

M'ont aussi beaucoup intéressée les réflexions sur les mots permettant de désigner l'innommable : dire « Shoah » ou « Holocauste », mettre une majuscule ou pas, parler d' « événement » ou de « catastrophe », d' « apocalypse » ou de « génocide », cela n'a pas le même sens, ne sous-entend pas la même chose… Les mots ont ici une importance capitale car ce sont eux qui vont exprimer les faits, dire ce que beaucoup renonceront à dire, c'est par eux que sera révélée et transmise la vérité, celle que tout le monde doit savoir.

Enfin, le questionnement sur l'identité juive est aussi passionnante d'autant que les réflexions ont lieu dans une langue assez simple qui pourrait être celle d'un jeune homme comme Vicente : il essaie en effet de comprendre qui il est, quel est le sens de cette identité unique qu'il n'a pas choisie (et que les nazis ont imposée aux gens qu'ils voulaient assassiner), pourquoi il serait plus juif que polonais, argentin, danseur de tango, joueur de football ou vendeur de meubles, il se demande si on peut avoir une identité qui nous définisse toute une vie, si ce mot a du sens pour lui et l'on assiste vraiment ici, notamment grâce au discours direct, à l'évolution de sa réflexion, un peu naïve dans sa formulation et donc très touchante :

« - Oui, oui, c'est ça ! C'est exactement ça ! On est différents. On est différents de tout, on est différents de tous. On est différents de quoi que ce soit. C'est la seule chose qui compte. On est le seul peuple sans armée, sans État. Et on a été élus, mais on n'a jamais vraiment su pourquoi on avait été élus. On a été élus seulement pour se poser la question de pourquoi on a été élus !C'est ça ! On est juifs. Je suis juif. Mais on ne sait pas ce que c'est. On ne sait absolument pas ce que c'est. Et le plus beau et le plus triste à la fois, c'est qu'on n'arrêtera jamais de se le demander, et qu'on ne le saura jamais. »

La simplicité des mots et des tournures de phrases confère une vraie force au propos. Et l'on sent soudain que l'on touche à l'essentiel, à quelque chose qui a à voir avec une forme de tragique et c'est beau à pleurer….

Mon bémol réside finalement dans le récit lui-même que j'ai trouvé parfois (et notamment à la fin) très répétitif et trop long, d'autant que souvent, ce sont les mêmes expressions, les mêmes mots qui sont employés pour exprimer le quotidien de Vicente, ses sorties en ville, les cafés, les jeux, le désespoir de sa femme et son enfermement intérieur… Un livre sur un tel sujet supporte mal les longueurs. Certains passages manquent de rythme et les redites finales, trop nombreuses, alourdissent inutilement le récit.

Il me semble aussi que l'auteur aurait pu donner encore plus de force au personnage de Vicente en exprimant peut-être de façon un peu plus progressive (plus nuancée?) sa lente plongée dans le silence. J'ai le sentiment qu'on y arrive trop vite, trop tôt dans le roman (p 52, son ami Ariel le trouve déjà « plus taiseux qu'il ne l'était depuis le début de la guerre »), ce qui oblige ensuite l'auteur à jouer sur le ressassement, la répétition tout le long des 140 pages restantes. Je pense qu'il y a ici un manque d'équilibre dans l'organisation romanesque et ce au détriment du personnage principal dont le portrait aurait, je pense, pu être plus affiné, plus fouillé.

J'ai trouvé enfin qu'il y avait comme une distance entre le personnage de Vicente et le lecteur (moi-même en l'occurrence) : est-ce lié au récit à la 3e personne - mais comment faire autrement? ou à une certaine économie de moyens dans l'écriture (une certaine froideur) ?, ou bien aux références historiques assez nombreuses (et pas franchement nécessaires à mon avis) qui empêchent, me semble-t-il, la partie romanesque de se déployer véritablement? Je ne sais pas vraiment, en tout cas, cette distance a un peu retenu chez moi l'empathie voire l'émotion (qui auraient dû être là, présentes et immenses, dès les premiers mots). J'ose l'avouer, le personnage de Vicente ne m'a pas vraiment touchée (sauf quand il parle de sa mère - quel beau livre d'ailleurs sur les relations mère/fils...)

Et pourtant, il aurait dû me bouleverser. Je trouve que quelque chose ne fonctionne pas vraiment dans le dispositif romanesque. Pourquoi ? I don't know. En tout cas, il m'a fallu attendre la fin pour que je me sente émue. (D'ailleurs, quand je dis que je n'ai pas été touchée plus que ça par Vicente, je ne l'ai pas été non plus par sa femme et ses enfants…) Je les ai vus comme de loin…



Bon, allez, j'arrête là. Le Ghetto intérieur reste incontestablement un texte marquant et il ne faut pas vous fier à l'avis d'une vieille grincheuse au coeur de pierre !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le Ghetto intérieur

Quand j'ai ouvert ce roman, et malgré les avis unanimement élogieux qui entouraient cet ouvrage, je ne m'imaginais pas qu'en 177 pages seulement, l'auteur parviendrait à me plonger ainsi dans l'émotion, la révolte, la tristesse, l'interrogation.



Vincente vit à Buenos Aires.

Il est marié, a deux enfants et fait prospérer l'usine de meubles de son beau-père.

Tout va bien pour lui.

Du moins en apparence.

Car nous sommes en 1940.

Et Vincente est juif.

Si lui a décidé de partir pour Buenos Aires, sa mère et son frère sont restés en Europe, en Pologne.



Peu à peu, la peur et la culpabilité rongent Vincente.

Que deviennent les siens dans cette Europe à feu et à sang ?

Pourquoi a t il fui ?

Pourquoi ne pas avoir insisté davantage pour embarquer avec lui sa mère et son frère ?

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?



Alors que des nouvelles toujours plus alarmantes lui parviennent de l'Europe, que les conditions de vie de sa mère dans le ghetto de Varsovie deviennent intolérables et que les premières informations sur l'existence de camps d'extermination se répandent, Vincente dévasté, tétanisé par la peur, l'effroi et la culpabilité s'enferme peu à peu dans son propre ghetto intérieur.



Un roman bouleversant qui au-delà de la question de la Shoah, interroge sur l'identité et l'exil.



Un roman essentiel. Nécessaire.



A lire absolument



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Le Ghetto intérieur

Un beau roman, sincère, émouvant, qui se lit parfois les larmes aux yeux et le coeur serré. C'est une approche originale d'un sujet si souvent traité, et de mille façons, sujet toujours sensible et nécessaire pour ne pas oublier l'horreur. L'auteur ne perd pas son temps en descriptions inutiles, il va droit au but, s'attache aux sentiments les plus nobles, sonde la culpabilité et ouvre les portes de la réflexion. Avons-nous toujours le choix de nos destins ?
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Le Ghetto intérieur

Nombreux sont les livres qui racontent la vie des victimes de la barbarie nazie, dans les camps, les ghettos ou sous l’occupation allemande. Quelques romans, comme Les Déracinés, explorent la difficulté de fuir et de reconstruire sa vie dans un pays étranger. Rares sont les livres qui parlent de ceux qui n’étaient pas là, en Europe, au moment des faits. En nous racontant l’histoire de son grand-père, Santiago H. Amigorena met en lumière la douleur des absents, ceux qui ignoraient tout de ce qui arrivait là-bas à leur famille, et ne l’ont découvert qu’à la fin de la guerre. Condamnés à rester dans l’ombre et l’incompréhension face à la mort tragique et violente de leurs proches, beaucoup ont dû se retrancher dans le silence, comme Vicente Rosenberg. Avec ce livre, Santiago H. Amigorena leur rend la parole, les réhabilite comme victimes eux aussi.



Puissamment intime, Le Ghetto intérieur décortique le poids de la culpabilité, celle d’un homme qui a sauvé sa peau, en laissant les siens courir à leur perte. Cette culpabilité, née d’une courte lettre dans laquelle Vicente Rosenberg découvre l’existence du ghetto de Varsovie où est enfermée sa famille, ronge petit à petit le coeur de cet homme bon et aimant, jusqu’à le plonger dans une profonde apathie. Pour ne plus ressentir, pour ne plus penser, il cesse de parler, de s’intéresser aux siens, de construire sa vie. Il ne vit plus que pour perdre, utilisant le poker comme échappatoire à ce sentiment de tout avoir par rapport à sa famille restée en Pologne. Rongé par la culpabilité et le regret, Vicente Rosenberg va imposer autour de lui un silence de plomb, lesté du poids de sa culpabilité et de ses regrets. Un silence que son petit-fils cherche à briser ici, en plongeant au coeur de l’Histoire pour en étaler les horreurs bien en vue devant un lecteur ébahi et choqué.



Un livre incroyablement poignant, difficile et nécessaire, pour nous rappeler encore et toujours que l’humanité est une et indivisible, que personne ne peut se définir d’un seul mot, et encore moins quand ce mot ouvre la porte au massacre et à la déshumanisation.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Le Ghetto intérieur

C’est un roman intimiste sur la douleur d’un fils, qui n’a pas sauvé sa mère. Il est parti à temps en Argentine, en 1928. Il a fondé une famille ; sa mère est restée à Varsovie. Par les lettres de celle-ci et par des articles dans certains journaux, il comprend qu’elle va mourir. Il s’enferme alors dans le silence et la culpabilité. Santiago H. Amigorena est son petit-fils. Il dévoile la douleur qui a rongé son aïeul et l’a privé de parole. Sa souffrance était si forte qu’il ne pouvait en parler : il s’en voulait tant. J’ai été, énormément, émue par son impuissance. C’est un magnifique roman d’amour et de remords : un cri silencieux de détresse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Le Ghetto intérieur

"Le ghetto intérieur", est un livre important, même si je ne peux pas dire, que je l'ai aimé, vraiment aimé, aimé vraiment passionnément.

Le contexte historique est très bien retranscrit, dans ce roman, au style très élaboré, très savant, qui sonne souvent juste. L'approche est très originale, et beaucoup de questionnements puissants, sont posés, par cet ambitieux petit roman, dont le principal, est, bien entendu, "Comment ?", comment a-t-on pu laisser périr, autant de gens, par dizaines, par centaines, par milliers, par millions ?

L'auteur, développe de nombreuses idées, dans des passages très riches et très intéressants, sur la condition juive, la judéité, sur l'antisémitisme, sur le doute, ou encore, sur le nom même, que l'on attribue, à ce qu'il est convenu d'appeler Shoah : doit-on l'appeler Shoah, Holocauste, Génocide, Hourbane, solution finale ? De quoi, cette incapacité, à nommer cet événement clairement, est-elle le symptôme ?

L'approche, de l'auteur, est vraiment intéressante, et surprenante : dépeindre le plus grand génocide, du XXème siècle, à travers l'histoire d'un homme, un homme comme les autres, un homme qui n'est pas une victime des nazis, un homme, qui, en quelque sorte, par son attentisme, face au danger nazi, face à ces atermoiements, va, comme tant d'autres, le rendre possible.

J'ai donc vraiment ressenti, un certain intérêt, pour ce livre.

Cependant, ce roman, je ne saurais dire que ce roman, même s'il est intéressant, à bien des égards, m'a tout à fait plu. Certes, je l'ai trouvé intéressant, parfois puissant, portant un regard original, sur la solution finale. Certes. Mais, même si j'ai trouvé ce roman, très intéressant, d'un point de vue purement intellectuel, d'un point de vue esthétique, émotionnel, artistique, il ne m'a plu, que par intermittence ; certes, certains passages, valent vraiment le détour, valent vraiment la peine, qu'on y jette, un coup d'oeil. Certes, l'écriture, de Santiago Amigorena, est parfois puissante. Malheureusement, le plus souvent, elle est trop didactique.

Et, souvent, Santiago Amigorena, a échoué, à m'émouvoir, vraiment, dans ce récit qui concilie mal le versant intellectuel, au versant sensible.

En somme, un livre très réfléchi, très pensé, parfois puissant, mais qui manque, trop souvent, d'émotions.
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