Citations de Sarah A. Denzil (35)
Cette décennie avait été difficile, plus difficile que je ne l’avais imaginé, mais elle n’avait pas été faite que de moments douloureux. Il y avait eu aussi de bons moments, comme épouser Jake et découvrir que j’étais enceinte de lui. Ce devait être un autre moment heureux et je voulais en profiter. Je voulais vivre dans le présent.
Personne ne peut pleurer jour et nuit. Je suis aussi une femme avec des opinions et des idées sur la façon de retrouver ma fille, mais personne n’attend ça de moi. Ils ne veulent pas que je sois active.
Notre relation est complexe et repose sur des fondations rocheuses. Le premier amour reste attrayant, quoi qu’il arrive, mais cela n’enlève rien à la douleur que nous avons ressentie lorsque nous avons cru qu’Aiden était mort, et à la façon dont cela nous a séparés. Une partie de moi voudrait lui ouvrir mon cœur et le laisser entrer, ce qu’il désire par-dessus tout, mais je n’y suis jamais arrivée. Résultat… Je suis seule.
Il y avait une part d’ombre en moi, remplie d’amertume et de chagrin, je ne pouvais pas le nier, mais le reste était plein d’espoir et fort, rempli de l’optimisme d’avoir un nouveau bébé et une nouvelle vie.
Certaines personnes naissent-elles avec le mot victime inscrit sur leur front ? Si c’est le cas, Emma a été marquée. Peut-être que ce sont ses yeux mélancoliques ou sa bouche tombante. Mais je ne crois pas à son côté victime. Elle n’a que ce qu’elle mérite.
Certains journalistes ont des questions, mais je ne les entends pas. Tout ce que je peux entendre, c’est le battement de mon propre cœur. Ce n’est pas suffisant. Ce que j’ai dit n’est pas suffisant.
Je réalise soudain à quel point tout ça est injuste. Aucun de mes enfants n’aurait dû subir des choses aussi terribles. Une petite voix tente de s’insinuer dans mon esprit, voulant y semer des graines de peur. Cette voix me murmure toutes les choses dégoûtantes qui pourraient arriver à Gina.
Nous pensons que son plan était d’attendre que ce soit la panique pour enlever Gina, mais il se trouve qu’elle a pu le faire pendant que Becky était distraite, quelques instants avant que l’alarme ne se déclenche. Cela lui a donné une bonne longueur d’avance et ne nous facilite pas la tâche.
Ma rage meurtrière s’était transformée en un faible rugissement. Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai garé ma voiture devant chez elle et je l’ai regardée par la fenêtre. Elle m’a vue.
Les adultes – je me considère toujours comme un enfant, c’est plus fort que moi – gravitent tout autour en faisant la conversation et en mettant la table. Grand-père prend Gina dans ses bras et lui fait faire l’avion dans le salon pendant un petit moment. C’est un moment heureux en famille.
Le monde me semble étrange. Je ne sais pas comment le rendre plus familier quand rien n’a de sens.
C’est épuisant, mais maman dit que c’est ça l’amour. L’envie incessante de remédier à ce qui rend un être cher triste.
Les pages sont épaisses et lisses. Ses œuvres d’art les recouvrent de tourbillons et de formes géométriques marquées. Beaucoup de couleurs primaires mélangées à une esthétique plus sombre, plus lugubre. Ce sont ses interprétations du bunker. J’aime penser que ses œuvres plus légères et plus claires sont des interprétations de nous, sa famille.
Je sais au fond de moi que la plupart des gens sont fondamentalement bons, mais je ne peux m’empêcher de penser aux mauvais, et à ce qu’ils nous ont fait subir, à ma famille et moi.
Parfois, il a besoin qu’on lui rappelle qu’il peut faire les choses par lui-même. Un geste simple comme aller chercher de l’eau ou préparer un repas est important pour lui. Je lui ai aussi appris à cuisiner, car il ne m’a jamais vue aux fourneaux durant son adolescence.
J’ai les mains serrées autour d’une tasse de café, bien que la journée soit déjà assez chaude pour que je n’aie pas besoin de la tenir si près. J’aime juste le réconfort que ça me procure.
Quand je dis que je vais bien, je mens. Je dis juste ce que les gens veulent entendre. Votre interlocuteur ne cherche pas à connaître la vérité en vous demandant comment vous allez. Les gens font semblant de prendre de vos nouvelles, de se soucier de vous, alors que ce n’est pas le cas. Le mot bien fait partie de la chorégraphie que nous exécutons les uns avec les autres. Je ne vais pas bien, mais je vais mieux.
Marie était cette femme dont le destin était d’apporter le bien sur Terre. Elle est toujours l’idéal féminin, la mère vierge, celle qu’on voudrait que toutes les femmes soient. Un réceptacle attendant d’être rempli dans un but précis.
Et je suis qui je suis. Une coquille vide.
Solitaire.
Malgré tous mes efforts, je ne peux pas vivre totalement en marge de la société. J’ai toujours besoin de cet argent, car il est essentiel pour ce que j’ai l’intention de faire ensuite.
Avec un soupir, je me rassieds sur le matelas et repousse le couvercle de la boîte en me demandant si ce que je veux faire en vaut la peine.
Une femme d’environ mon âge cette fois, peut-être un peu plus âgée, qui lui demande un autographe sur un dessous de verre. Aiden sourit poliment en le signant. Je les regarde tous les deux, mon corps toujours crispé. Quand cela s’arrêtera-t-il ?