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Citations de Sarane Alexandrian (63)


« Les habitants de la rue Raymond Queneau à Paris restèrent indifférents en voyant soudainement un matin, à l’entrée d’un immeuble, une plaque portant, en lettres dorées sur fond noir, l’inscription suivante :

Docteur Gildas Frangomat
Spécialiste de la lectothérapie
Ancien interné de l’hôpital
Saint-Glinglin de Landerneau
Ne reçoit que la nuit sur rendez-moi

Toutefois la mention d’interné intrigua et prêta à des discussions, les uns disant qu’il fallait dire interne, un accent ayant été mis par erreur à ce mot, les autres soutenant que l’hôpital Saint-Glinglin était un établissement psychiatrique réputé.


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La religion dit aux angoissés : il suffit de prier Dieu et de s'abandonner à la Providence. Mais une prière n'apporte pas la certitude d'être entendu, tandis qu'une bonne disposition de cartes, même si l'on n'y croit qu'à demi, procure des heures de quiétude. On ne supprimera la pensée magique que lorsqu’on aura supprimé l'angoisse, et l'angoisse subsistera tant qu'il y aura devant l'homme la perspective de la douleur et de la mort.
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La pronostication, art de pronostiquer les évènements à venir durant une période limitée (...), la prophétie, annonce des bonheurs et des catastrophes attendant l'humanité jusqu'à la fin des temps, ont été dans l'Antiquité la spécialité des sibylles, prêtresses répondant sous forme d'énigmes en vers ou en prose, les oracles, aux interrogations de leurs consultants. A Rome, on conservait avec vénération au Capitole le livre des oracles sibyllins, mais l'empereur chrétien Théodose le fit brûler en l'an 400.
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Ce ne furent donc pas des libertins et des athées qui convoquèrent dans un cercle magique Lucifer, ou son premier ministre Lucifugé Rofocale, mais des croyants ténébreux détournant la foi au profit d'une volonté de jouissance et de puissance.
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Au Moyen Age, ce furent des médecins qui imposèrent l'astrologie dès le XIIe siècle ; eux seuls osaient braver les interdits de l'Église, en prétextant qu'il fallait connaître les propriétés des astres aussi bien que celles des plantes.
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"C'est chose usitée parmi les laboureurs de prédire qu'il y aura autant de tempestes pluvieuses en esté qu'il y aura eu de jours nébuleux en Mars. (...). Ils ont une reigle, que si parmi la fiente des poules l'on trouve des vermisseaux, cela promet fertilité ; si ce sont des mouches, c'est signe de guerre ; s'il y a des araignées, c'est présage de peste."
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(...) le terme de rabdomancie a donc été maintenu, mais on doit préciser que le procédé usité dans l'Occident chrétien ne ressemble à rien de connu dans l'Antiquité païenne. Les sourciers antiques cherchaient des sources d'après les indices naturels, au témoignage même de leurs contemporains Vitruve, Pline l'ancien et Cassiodore : des nuées de petites mouches volant à ras de terre à certains endroits, ou des vapeurs observées avant le lever du soleil, en se couchant à plat ventre et en appuyant le menton sur le sol, leur indiquant les lieux où il fallait fouiller. Ils faisaient ensuite des "épreuves", comme de creuser le soir un trou au point désigné, d'y enfouir un vase d'airain renversé, frotté d'huile en dedans ; si au matin on trouvait des gouttes d'eau dans le vase, cela signifiait qu'il y avait une source proche. Aucune rabdomancie chez ces païens, mais un naturalisme contrastant avec le surnaturalisme de l'ère chrétienne.
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La cartomancie est un art divinatoire postchrétien et typiquement occidental. On se tromperait moins en affirmant que le tarot a été inventé par Dante (car ses arcanes ont été conçus à son époque et reflètent des préoccupations proches des siennes) qu'en l’attribuant à l'Égypte ou à la Kabbale. Son auteur fut un humaniste italien imprégné des idées de la Gnose, comme le prouve la Papesse, cet arcane si scandaleux qu'on le remplaça par la Foi dans le tarot de Visconti et par Junon dans celui de la Révolution française : jamais un kabbaliste juif, refusant le rôle sacerdotal de la femme, n'aurait imaginé une Papesse, et n'aurait admis non plus qu'on symbolisât le Monde par une femme nue entourée d'une guirlande de fleurs en forme de mandorle, et la Force par une jeune fille fermant la gueule d'un lion.
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Brauner me raconte qu'il a fait à Bucarest, au temps où il collaborait à la revue "Unu", le décor et les costumes de la Salomé d'Oscar Wilde, qui n'eut qu'une seule représentation. Il rêve, me dit-il, de faire une pièce de théâtre dont le héros porterait un masque avec sur le front l'inscription : Mon Mystère. Il a aussi l'idée d'une mise en scène de personnages invisibles : ils seraient tous habillés et masqués d'un tissu de cretonne fleuri, servant à l'ameublement, et se déplaceraient le long d'un décor recouvert de ce même tissu, si bien que les spectateurs au loin ne les verraient pas.
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L'Église catholique a établi une longue liste de saints ayant sauvé des agonisants par imposition des mains ou par leurs prières, en spécifiant bien que seule la sainteté permet la thaumaturgie. Un vulgaire mégalomane ne saurait y parvenir. L'Église protestante, niant les miracles des saints, admit ceux des simples particuliers, si bien que les membres de toutes sortes de sectes - les Vaudois, les Frères Moraves, les Camisards des Cévennes, les Covenantaires d'Écosse, les Mormons d'Amérique, etc. - se crurent investis de dons surnaturels sans les mériter par des vertus ascétiques.
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Franz Anton Mesmer (...) étudia la théologie à l'université d'Ingolstadt avant d'entrer à l'école de médecine de Vienne. Il y soutient, en 1766, sa thèse "De inflexu planetarum in corpus humanum" (dont il ne reste plus qu'un seul exemplaire, conservé à l'Oesterreischiche National Bibliothek de Vienne), décrivant l'influence des planètes sur le corps humain d'après les lois de l'attraction universelle. Il disait que le Soleil et la Lune, notamment, exerçaient une action directe et continue sur le système nerveux, au moyen d'un fluide s'insinuant dans la substance des nerfs. L'individu soumis à cette action subissait des effets alternatifs d'intension (tension interne ou moment d'intensité) et de rémission, comparables aux flux et aux reflux des marées. Mesmer attribuait à ce magnétisme planétaire le cycle menstruel des femmes et la périodicité de certaines maladies chroniques.
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... La pensée magique entre en action chaque fois qu'intervient un problème devant lequel la pensée pragmatique reste impuissante.
(...) La pensée magique est une fonction réparatrice du Moi.
(...) La pensée magique recèle deux principes indispensables à la vie humaine, et dont la pensée pragmatique ne sait pas se servir : la connaissance par intuition et le raisonnement analogique.
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Les allusions à la mythologie antique sont nombreuses, car les alchimistes croyaient que les Anciens avaient caché sous leurs fables, notamment celles du Minotaure, des travaux d'Hercule, leurs propres connaissances alchimiques.
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Le gnosticisme, comme phénomène historique, s'est terminé au Ve siècle, quand le triomphe du christianise sur la paganisme, sous les empereurs chrétiens succédant à Constantin, abolit notamment le rêve d'une Gnose conciliant les religions anciennes et la religion nouvelle. Ce fut alors que commença la véritable histoire des hérésies, ou ruptures à l'intérieur d'une Église toute puissante, entre ses membres divisés sur un point de doctrine.
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La règle générale de tous les gnostiques était le refus de la procréation ; ceux qui prônaient la continence, l’abolition du mariage, le faisaient dans cette intention ; ceux qui s'adonnaient aux rapports sexuels les rendaient inféconds au moyen de la contraception et de l'avortement. Ils croyaient que le Démiurge avait dit : "Croissez et multipliez" afin de perpétuer le malheur de l'humanité sur terre, et qu'il fallait rompre la chaine de l’évolution, ramener définitivement les âmes vers le huitième ciel, en s'abstenant de faire des enfants.
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Les gnostiques se trouvèrent donc placés entre les chrétiens, faisant du serpent le synonyme de diabolos et de satanas, et les Égyptiens, les Grecs, les Persans qui y voyaient une divinité chtonienne plutôt favorable. En Égypte, l’uræus de la coiffure du Pharaon assurait sa domination sur ses ennemis, et l'image de l'univers était représentée sous le Bas-Empire par un cercle ayant pour diamètre horizontal un serpent étoilé, l'Agathodaïmon (ou "Bon Génie"), l’Âme du Monde. Les gnostiques concilièrent les deux tendances antagonistes en adoptant un symbole ambivalent, bien à eux, le serpent Ouroboros ("qui se mord la queue"), tantôt exprimant les ténèbres, tantôt le Temps infini, mais de toute façon marquant la limite circulaire du monde humain.
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Le gnostique, lui, se sert de la Gnose comme d'un filtre avec lequel il tamise les religions et les philosophies, afin de n'en garder que ce qu'il juge le meilleur. Il se forge une religion intellectuelle, savamment élaborée, au lieu d'une religion révélée, dont on justifie les invraisemblances par des visions, des extases, des hallucinations auditives.
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Nous sommes soumis à une invasion de mots dont nous n’avons que faire : les tracts qu’on nous distribue dans la rue, les affiches publicitaires qu’on y voit, les journaux, le courrier, les discours, les slogans, les sketches et les chansons de la télévision ou de la radio, forment une masse de langage indigeste, colloïdale et toxique, qui englue l’encéphale, stagne et croupit dans ses replis et ses cavités, imbibe ses tissus comme l’eau fait à une éponge.

Il est vital de se débarrasser de ces ordures verbales : or non seulement on doit les digérer vaille que vaille, mais encore il s’en accumule sans cesse en notre tête de nouvelles. Le seul parti à prendre pour les éliminer est d’introduire en soi des bons mots qui vont phagocyter les mauvais mots, les détruire en les absorbant ou en les effaçant par leur vertu détersive. C’est là qu’intervient la lectothérapie… »
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« Nous pratiquons chaque jour, pendant toute notre vie, deux sortes de digestions qui se ressemblent, bien qu’elles n’aient rien à faire l’une avec l’autre : la digestion gastro-intestinale et hépato-rénale, destinée à assimiler les aliments et les boissons qu’on avale pour se sustenter ; et la digestion cérébrale, effectuant exactement le même travail afin de nous nourrir des paroles qu’on nous dit et qu’on lit. Il y a une différence essentielle : le cerveau ne peut pas vomir. Il n’a pas le processus élémentaire de rejet que possède notre appareil digestif primaire.
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Pour déraciner le paganisme, les auteurs chrétiens employèrent la propagande par le merveilleux, opposant aux mythes païens où les dieux agissaient, des vies de saints où les hommes de la vraie foi accomplissaient facilement tout ce qui est impossible. La conséquence inattendue fut de remplacer les anciennes superstitions par de nouvelles. (...)
Cet acharnement à faire triompher la pensée religieuse contre la pensée magique apportait des aperçus excellents, qu'aucun philosophe antique n'avait jamais eus ; mais il s'accompagnait d'une campagne de dénigrement des trois mille ans de civilisation précédant l'ère chrétienne. C'est pourquoi il se forma une résistance pour maintenir l'esprit de ces cultes chtoniens où l'on voulait voir des vérités qu'il ne fallait pas laisser perdre. (...) Il s'ensuivit, chez les philosophes en révolte, une tentative de récupération idéologique du paganisme dans le cadre chrétien, qui est précisément ce qu'on doit entendre par philosophie occulte. Pas de magie occidentale sans l'héritage de la magie assyro-babylonienne, je l'admets à condition que l'on ajoute : pas de magie occidentales sans la fondation du christianisme, dont elle fut tantôt la contestation, tantôt l'interprétation surérogatoire.
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