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Critiques de Sawako Ariyoshi (228)
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Les dames de Kimoto

À travers une saga familiale sur quatre générations, l'évolution de la condition féminine , du Japon traditionnel de l'ère Meiji de la fin du XIXéme siècle jusqu'après la seconde guerre mondiale.



Chez les Kimoto, une famille ancienne et aisée, elles sont deux femmes , la grand-mère Toyono, 76 ans et sa petit fille Hana, vingt ans. Tradition oblige on doit marier Hana. "On doit", car c'est la famille qui choisit le gendre selon des critères et des superstitions strictes, ici la décision revenant à la grand-mère paternelle autoritaire, la mère étant décédée, et le père soumis à sa propre mère.

Les deux femmes sont très proches et sont " des femmes cultivées ", étant toutes les deux allées à l'école secondaire tout ayant reçues une éducation ménagère et artistique stricte. Ce qui est assez rare pour l'époque et Hana s'en apercevra une fois chez la famille de son mari. Mais même l'école secondaire se donne pour tâche de dispenser à ses élèves une éducation faisant d'elle des bonnes épouses et des mères avisées.....une éducation qui va osciller pour la troisième génération, avec l'avènement de la modernité, précisément pour la fille d'Hana, Fumio. Mais Hana aussi n'y restera pas indifférente, et son intelligence et sa personnalité feront d'elle plus qu'une épouse et une mère avisée. Suivra la fille de Fumio, qui elle, dû à la guerre, n'aura même pas l'opportunité de se faire des examens de conscience pour choisir entre tradition et modernité.

Des femmes qui appartiennent " à la race des forts ", impressionnantes, qui m'ont laissée admirative, surtout le personnage de Fumio que j'ai adoré ( l'écrivaine parle d'une femme trés grande, alors qu'elle précise à un moment qu'elle mesure 1,63 mt.....les femmes japonaises devaient être vraiment très petites de taille à l'époque).

Quand aux hommes l'ère Édo, Meiji, Taisho,....rien n'y change, des machos.



Un livre intéressant sur les nombreuses traditions qui font, frémir,sourire, attendrir.

Comme l'aîné de la famille qui hérite de tous les biens matériels et qui lui seul peut porter le nom de la famille ( un peu comme dans l'Angleterre de l'époque),

Le cadet de la famille qui ne recevant rien, doit se faire adopter par la famille d'une fille, en préférence riche,

La femme enceinte qui se rend au temple pour y accrocher comme offrande des charmes en forme de sein, pour l'accouchement facile et la bonne croissance du nouveau-né......



Les romans japonais du siècle dernier que j'ai lu sont presque sans exception des lectures magnifiques, pleine de poésie et de charme, avec des descriptions de la nature, des personnes, des coutumes et des relations intéressantes et d'une délicatesse infinie, celui-ci ne dérogeant pas à la règle. "S'habiller pour le mariage en tomessodé..."/ le lierre qui symbolise le sexe féminin, parce qu'il s'enroule autour du tronc qui le nourrit / La beauté insolite des dents noircies ( eh oui ! ) /...... des détails émouvants à découvrir dans ce beau livre. Si vous aimez la Littérature japonaise vous ne pouvez pas y passer à côté.



"......et, à l'horizon , il n'y eut plus que l'océan.....l'immense océan à la couleur changeante dans le soleil qui dansait sur les vagues."



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Kaé ou les deux rivales

L’écrivaine nippone signe un roman d’ambiance autour de l’intimité d’une femme, épouse et bru, dans le Japon du tournant des XVIIIe et XIXe siècles.



Cette guerre des dames, larvée dans le secret des paravents, fut inspirée à Ariyoshi par la vie du médecin Hanaoka Seishu et plus particulièrement d’un tableau représentant ce japonais, premier médecin au monde à pratiquer l’anesthésie générale, avec sa mère comme assistante et son épouse allongée, comme cobaye. Les deux rivales sont donc la bru Kaé et la mère Otsugi, mais c’est dans la tête de Kaé que la narratrice se loge avec une acuité de tout instant.



Sawako Ariyoshi économise son lecteur afin de le faire entrer très progressivement dans toute la profondeur, la complexité et l’authenticité de son oeuvre. Au début on est tenté de se dire que ça ne paye pas de mine, mais nous sommes fatalement happés par le talent littéraire de l’écrivaine qui recrée avec le même brio le monde intérieur de Kaé en même temps que le Japon de la fin du XVIIIe siècle.



La médecine joue un rôle important dans le roman, le lecteur suit la quête insatiable de Seishu pour mettre au point son anesthésie, et du rôle que l’Histoire (avec un grand “H”) joue dans la fiction que tisse patiemment Ariyoshi autour de ces faits historiques. Les descriptions de maladies et des soins sont particulièrement réussies bien que parfois difficiles à lire.

L’initiation et la vie de Kaé que nous suivons finalement sur de nombreuses années classent aussi ce roman dans le genre des récits initiatiques. Certes la rivalité avec la belle (mère) Otsugi occupe une part importante mais la vie d’épouse (la mariage avec Seishu était arrangé) et de mère de Kaé ont également toute leur place et leur singularité.



“Les hommes et les femmes vivent dans un système de relations effroyable.” On peut lire, dans les rares écrits consacrés à l’écrivaine disparue en 1984 en France, que Sawako Ariyoshi est une “Simone de Beauvoir japonaise”… c’est un peu un argument de maison d’Edition… quoiqu’il en soit ce n’est pas en militante que l’auteure invite à se plonger dans la vie d’une femme formée pour servir son époux. Ceci étant, quelques indices notamment ce que la belle-soeur de Kaé lui dit, comparant son célibat au mariage de Kaé, jettent une lumière crue et suffisamment dérangeante sur la place de la femme dans la société pour susciter le malaise de la critique littéraire japonaise.



Qu’en pensez-vous ?

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Les dames de Kimoto



"Le Kishū, où coule le fleuve Ki,

Est un pays très boisé.

Vous qui y cherchez une femme

Prenez la plus belle des fleurs;

La demoiselle Kimoto du mont Kudo

Qui éclipse toutes les autres."



***



Paru en 1959, ce classique de la littérature japonaise retrace à travers les destinées de plusieurs générations de femmes issues d'une même lignée, l'évolution de la condition féminine depuis la fin du XIXème Siècle (ère Meiji) jusqu'au lendemain de la Seconde guerre mondiale (ère Shōwa).



Le pays du Soleil levant se trouve alors à une période charnière de son histoire. En rupture avec l'ancien régime féodal qu'était le Shogunat, il sort de l'isolationnisme volontaire pour s'ouvrir au monde occidental et s'engage sur la voie de la modernisation.



Puisant l'inspiration au sein de son propre cercle familial pour façonner ses personnages, Sawako Ariyoshi (1931-1984) nous transporte sur l'île de Honshū dans la région du Kansai d'où elle est originaire.



Sa prose alliant élégance et délicatesse se fait dès les premières pages, promesse d'un merveilleux voyage à venir.



*



"Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. "



Derniers instants de complicité partagés. Promise en mariage à l'aîné d'une riche famille de propriétaires terriens, Hana s'apprête à quitter définitivement celle qui l'a choyée comme sa propre fille tout au long de ses vingt années d'existence.



Élevée par sa grand-mère paternelle dans le plus profond respect des traditions, elle a reçu une éducation de grande qualité, la prédisposant à devenir - selon idéal confucéen, une "bonne épouse et mère avisée" (ryôsai kenbo).



Gracieuse, intelligente et extrêmement dévouée aux siens, la jeune femme s'évertuera - sans jamais montrer le moindre signe de protestation, à remplir le rôle subordonné mais néanmoins essentiel (pour ne pas dire pilier) qui lui est dévolu.



Le vent de la révolte et de la mésentente soufflera avec Fumio, l'aînée de ses filles. Loin de vouloir marcher sur les traces de sa mère , celle-ci cherchera à se libérer des carcans traditionnels et du joug patriarcal en imposant ses choix de vie.



Refusant de s'intéresser aux arts traditionnels et aux enseignements ménagers, elle entrera en constante confrontation avec Hana. Un fossé d'incompréhension finira bientôt par les séparer.



"Ma mère a des idées complètement périmées. En prétendant me tenir en bride, elle se comporte en ennemie de toutes les femmes du Japon. Pour une représentante du même sexe, c'est impardonnable. "



Désireuse de poursuivre des études universitaires, elle partira à Tokyo et adoptera "un mode de vie entièrement neuf" contrariant les desseins parentaux, avant de donner le jour à Hanako. Une enfant qui pourrait bien représenter le trait d'union entre les générations, entre hier et aujourd'hui …



*



S'étirant sur près de soixante ans, Les Dames de Kimoto est une fresque familiale et sociale richement documentée qui décrit le lent mouvement vers la modernité d'une société régie par des traditions multiséculaires.



Fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, Sawako Ariyoshi met ici à l'honneur quatre générations de femmes qui font chacune courageusement face aux défis, exigences, contraintes et multiples bouleversements de leur époque.



Plongés dans l'intimité des foyers et des relations familiales que l'auteure dissèque avec grande minutie, nous partageons les "petits et grands" événements auxquels sont confrontés les différents protagonistes : naissances, mariages, vieillesse, décès, enjeux liés à l'héritage, conflits intergénérationnels mais aussi mondiaux, etc.



L'occasion en est ainsi donnée d'approcher une culture ancestrale fascinante par le biais des us et coutumes rythmant le quotidien et les tranches de vie. Voici d'ailleurs, une des facettes du récit qui m'aura sans aucun doute le plus enthousiasmée. Au moment de tourner la dernière page, une certitude : j'irai à la rencontre des autres romans de cette écrivaine talentueuse et engagée.



Je remercie l'amie Babeliote à l'origine de cette belle découverte (Idil si tu me lis)! Une lecture à la fois dépaysante, enrichissante et captivante que je vous recommande à mon tour chaleureusement.

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Le miroir des courtisanes

« Le miroir des courtisanes » est un très beau roman japonais.

Sawako Ariyoshi tout en finesse nous offre dans un japon d’avant guerre, une histoire de femmes, de famille et de tradition où se mêlent amour, haine et jalousie entre une mère et sa fille que tout oppose et attire à la fois.

Ce fût pour moi une très belle lecture coup de cœur.

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Les dames de Kimoto

Voici une très belle histoire pétrie des traditions ancestrales et immuables incarnées par Hana , calme et diplomate, rassurante , intelligente et cultivée « Figure Féminine Centrale du roman, » tiraillée , déchirée entre le passé incarné par sa grand- mère respectée Toyono et ses aspirations personnelles , depuis la fin du XIX ° siècle, au JAPON.



Richement documenté, agréable à lire, de la cérémonie du thé aux arrangements floraux, aux drames et aux passions vécues par quatre générations de femmes cet ouvrage poétique est ciselé et sensible.

L’écriture est dépouillée , raffinée, d’une élégance surannée, subtile et douce .







Cette fresque historique et familiale nous renseigne au plus près avec grâce, volupté, douceur à propos des règles d'usage , des us et coutumes d'une époque charnière de l’histoire du Japon: les étiquettes et les contraintes , les vêtements - carcans, les kimonos de cérémonie mais aussi l’égalité des droits des hommes et des femmes , la liberté de s'épanouir et de s’exprimer , la liberté de l’amour.



Un tableau attachant , subtil et saisissant de la condition féminine au Japon aussi fragile qu'un cerisier en fleurs .....

Quel plaisir la littérature japonaise !
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Les dames de Kimoto (BD)

Au temple Jison, au mont Kôya, Hana et sa grand-mère, Toyono, vivent leurs derniers instants ensemble. En effet, la jeune femme va bientôt se marier et Toyono, qui n'a jamais consenti à être séparée d'elle, sait qu'elle ne verra plus beaucoup sa petite-fille. Ayant bénéficié des mêmes avantages que son frère aîné, Hana a pu faire des études et a obtenu un diplôme l'autorisant à enseigner l'art de la cérémonie du thé ainsi que la pratique du koto. Aujourd'hui femme épanouie, intelligente et d'une beauté rare, sa grand-mère veut ainsi la marier au fils Matani, maire du village de Musota à seulement 24 ans, une future épouse devant toujours descendre le fleuve pour se marier. Élevée dans la pure tradition, Hana, silencieuse et soumise à son mari, verra peu à peu évoluer les us et coutumes, notamment en mettant au monde une fille qui, à son tour, aura une fille...



Cette adaptation du roman éponyme de Sawako Ariyoshi met en lumière le destin de quatre générations de femmes, dans le Japon de l'ère Meiji. Si le récit se focalise sur Hana et sa fille, Fumio, l'on entrevoit le passé avec Toyono et le futur avec la petite-fille de Hana, Hanako. Si Hana, épouse et mère de famille dévouée, respecte les traditions japonaises, elle va très vite se heurter à sa fille, figure d'un souffle de liberté, de modernisme et d'indépendance. Parcourant plusieurs décennies d'histoire en 100 pages, abordant aussi bien la condition de la femme, les traditions, l'éducation, les superstitions, le deuil, la guerre... cet album, que l'on aurait finalement souhaité plus dense tant le propos s'y prêtait, dépeint, avec subtilité et douceur, le portrait de quatre femmes partagées entre traditions et modernité. Des femmes fortes, touchantes et courageuses. Graphiquement, le trait reconnaissable de Cyril Bonnin, élégant, délicat et détaillé, exprime parfaitement les émotions et les expressions (de soumission ou de rébellion). Les couleurs pastel nous plongent dans une ambiance empreinte de douceur et d'un brin de mélancolie...

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Les dames de Kimoto (BD)

J'aime beaucoup le travail de Cyril Bonin dont j'achète régulièrement les dernières œuvres. Cette fois-ci, il délaisse les œuvres originales pour faire une adaptation d'un roman de Sawako Ariyoshi. C'est un exercice difficile en l’occurrence et on le ressent bien.



C'est pourtant une trame assez classique pour décrire la trajectoire de trois femmes de générations différentes. Cependant, en réalité on va surtout intéresser à Hana qui va fonder une famille à l'aube du XXème siècle dans un Japon qui hésite entre modernisme et poids des traditions.



J'ai beaucoup de mal avec cette société qui n'accorde que peu de place à la femme malgré certaines apparences trompeuses. On sait que cela fut le dénominateur commun de beaucoup de civilisations dans le monde. Bref, c'est un portrait de femme qui va être obligé de se marier à un homme qu'elle ne connaît pas afin de maintenir son rang dans la société.



On peut parfois tiquer un peu par rapport à ces traditions d'un autre temps mais il y a une intelligence du propos et surtout chez cette femme qui est remarquable. On se rend compte que c'est elle qui domine d'une certaine manière. Et puis, il y a ces superstitions comme le fait qu'une femme doit toujours descendre le fleuve pour se marier et non le remonter.



C'est une maîtresse de maison et une épouse dévouée qui nous est décrite. Cependant, c'est surtout une femme d'une rare élégance et d'un esprit fin. Sa fille Fumio ne le comprendra pas forcément mais Hana pourra à nouveau se relier à sa petite fille moins rebelle.



Le trait graphique est toujours aussi maîtrisé rendant absolument divin les personnages et assez charmant le cadre de ce pays avec ces cerisiers en fleurs. Une mention spéciale également pour la colorisation qui apporte une tonalité particulière dans la délicatesse.



Au final, une adaptation plutôt réussie pour un roman des années 50 décrivant une autre culture sur la condition féminine dans un Japon qui fut ravagé par la Seconde Guerre Mondiale. On pourra lire ce one-shot avec intérêt.
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Les dames de Kimoto

Issue d'une famille très respectée, Hana a été formée et élevée par sa grand-mère, une maîtresse femme qui a choyé sa petite-fille, qui respecte scrupuleusement les enseignements de son aïeule et épouse l'homme qu'elle lui choisit.



Cultivée, intelligente et diplomate, Hana est intransigeante avec ses enfants et soumise à son mari, même si en réalité c'est elle qui contrôle tout. Un rôle de femme soumise dans lequel sa fille aînée, Fumio, une jeune fille brillante et rétive à l'apprentissage des arts traditionnels, refuse de se laisser enfermer. Après avoir choisi ses études, Fumio milite pour la libération des femmes et se marie avec l'homme de son choix. Hana ne trouvera une consolation de cet échec qu'avec sa petite-fille.



Quatre générations de femmes japonaises d'une même famille que l'on voit traverser les conflits, vivre les grands et les petits évènements de la vie. Passer d'une société très codifiée à la fin du XIXe siècle, écrasée par le poids des traditions, dominée par le respect à l'extrême des préséances, par la suprématie de la branche aînée au détriment des branches collatérales et par la soumission des femmes, à un XXe siècle plus libéral - autorisant les femmes à s'exprimer et à décider de leur vie - mais profondément marqué par les guerres.



Un roman à l'écriture dépouillée, délicat et raffiné, que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
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Le crépuscule de Shigezo

Akiko, dactylo dans un cabinet d’avocats, vit avec son mari et son fils dans un quartier tranquille de Tokyo. Très organisée, elle réussit tant bien que mal à concilier travail et famille. Quand sa belle-mère décède brutalement, ce fragile équilibre est mis à mal par les soins nécessaires à Shigezo, son beau-père. A quatre-vingt-quatre ans, Shigezo était jusque-là un homme égoïste et acariâtre qui n’avait jamais de mots assez durs pour critiquer sa belle-fille. Désormais, il est atteint de sénilité et ne peut plus vivre seul. Démunie face l’administration japonaise qui offre très peu de solutions pour accueillir les personnes âgées, Akiko est contrainte de mettre sa carrière en pause pour veiller sur lui. La charge est lourde mais heureusement le caractère de Shigezo s’est adouci, il se comporte dorénavant comme un enfant docile et un lien privilégié se crée entre eux.



Dans ce magnifique roman, Sawako Ariyoshi traite du difficile sujet de la prise en charge de la vieillesse dans la société japonaise des années 70. Les structures pour accueillir les personnes âgées sont rares, la tradition voulant que les plus jeunes s’occupent de leurs aînés. Mais les mentalités ont changé, Akiko n’est pas une femme au foyer. Elle aime son travail même s’il l’oblige à jongler avec ses responsabilités d’épouse et de mère. Car, si on accepte dorénavant que les femmes exercent une activité professionnelle, la famille reste traditionnelle. Il ne viendrait jamais à l’idée de son mari de faire la cuisine ou le ménage ou de s’occuper de son père. Donc quand Shizego n’est plus capable de vivre seul, la question ne se pose même pas. Akiko va devoir se sacrifier pour s’occuper de lui. Ses jours et même ses nuits sont entièrement consacrés à son beau-père dont l’état se dégrade rapidement. Modèle de dévouement, elle s’interroge aussi sur son avenir, l’allongement de la durée de vie, sa propre vieillesse et la peur d’être un jour un poids pour son fils.

Cinquante ans après son écriture, ce roman est toujours d’actualité et la charge mentale des femmes n’a pas changé. S’il est souvent dur, il est aussi plein de tendresse et d’humilité et rend un vibrant hommage aux capacités d’abnégation, de résilience, d’adaptation et de don de soi des femmes.

C’est cru, réaliste mais aussi tendre et poétique. Une belle leçon de vie.

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Le crépuscule de Shigezo

Shizego, rigide patriarche élevé à l’ère Meiji, ne pouvait apparemment pas saké sa bru Akiko mais depuis qu’il a de la fuite dans les idées, elle semble être sa seule référence. Cette femme moderne, qui ne veut pas être une femme au foyer, va se dévouer pour prendre en charge ce barbon lorsque sa belle-mère décède brutalement. Un vieillard qui doit être nourri, occupé, couché, recouché, rerecouché, lavé, torché, soigné… Et bien sûr, il y a le reste : son métier, son fils lycéen, les autres tâches de la maison. Des coups de main ? Oui, parfois… Son mari ? Le fils de Shigezo donc… Pétrifié par cette image de ce qu’il risque de devenir, il est aussi efficace à gérer le quotidien qu’un énarque ne l’est à nettoyer une écurie. Akiko, aussi, se pose des questions sur le déclin mais elle agit surtout. Alors Akiko est harassée…

« Le crépuscule de Shigezo » est un roman sur la difficulté inhérente à la prise en charge de la dépendance, une chronique féministe qui dépeint avec minutie les contraintes du quotidien dans une société qui répond mal aux attentes des citoyens en général et des citoyennes en particulier.

L’originalité de ce roman tient d’abord au fait, vous l’aurez compris qu’il se situe au Japon. Ce pays fut le premier état, à l’exception du Vatican qui demeure un cas à part, à être confronté au vieillissement de sa population. Le crépuscule des vivants au pays de soleil levant : quelle ironie ! Ce petit bijou, ce récit si simple et si universel, écrit en 1972, (mais réédité en 2018 précision ignorée dans la présentation de Babelio) est d’une étonnante actualité par sa réflexion sur les enjeux sociétaux et intimes liés au grand âge. La démence sénile étant l’aspect le plus douloureux. En 1972, c’était le terme qui désignait cette altération du discernement dans les cabinets médicaux avant que la maladie identifiée par Alois Alzheimer ne devienne un terme quasi-générique. Dans la famille, nous utilisions une formule plus imagée « Il n’a plus sa tête », terrible métaphore pour les enfants d’alors.

Vertige de la littérature, il est émouvant de penser qu’Akiko, aujourd’hui, est peut-être la pensionnaire d’un de ces Ehpad nippons où le personnel est essentiellement constitué de robots. Dommage que Sawako Ariyoshi soit morte si jeune, le crépuscule d’Akiko aurait, sans nul doute, constitué un autre magnifique livre.
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Les dames de Kimoto

C'est avec un soin tout particulier que Toyono a choisi un mari pour sa petite-fille Hana. Il faut dire que dans la vallée de Wakayama, les Kimoto sont une famille qui compte et la jeune Hana est un parti convoité. Basé sur les traditions, les superstitions et une connaissance exacerbée des enjeux politiques de la région, le choix de Toyono s'est porté, à la surprise générale, sur Keisaku Matani. Issu d'une famille moins prestigieuse que celles de certains prétendants, Keisaku est pourtant un jeune homme plein d'avenir, déjà maire de son village à seulement vingt-quatre ans. Et même si c'est un crève-coeur pour la vieille dame d'envoyer sa petite-fille si loin le long du fleuve Ki, elle sait que grâce à son éducation, ses bonnes manièes et son intelligence, Toyono saura se faire accepter et aimer par les Matani et fera de Keisuka un homme d'importance.

Et en effet, respectueuse des traditions, bonne épouse, mère attentive, bru attentionnée et soutien pour toute la famille, Hana a confirmé toutes les prédictions de sa grand-mère, appréciée de tous et menant les Matani vers les plus hautes sphères. Ses seules inquiétudes sont venues de son beau-frère, jaloux de la position d'aîné de Keisaku et de Fumio, sa propre fille.

Fumio la rebelle, l'indépendante. Fumio qui se moque des traditions, déteste porter le kimono, ne souhaite surtout pas se marier avec un homme choisi pour elle par sa mère. Fumio veut quitter la province, s'installer à Tokyo, se détacher de cette mère envahissante qui est la sienne.

Avec Fumio, c'est la modernité qui fait souffler le vent de l'indépendance de la femme, mais ce sont aussi les temps qui changent, la guerre qui balaie les vieilles coutumes. Hana devra s'adapter mais aura aussi la joie de se rapprocher d'Hanako, sa petite-fille.



Une saga familiale du point de vue des femmes. Des femmes fortes, déterminées, qui savent mener leurs barques. Réputées pour leur beauté et leur intelligence, les dames de Kimoto sont des femmes éduquées mais respectueuses des traditions qui placent la femme au service de l'homme.

Nous sommes dans le Japon de l'ère Meiji, dans la région de Wakayama, loin de la capitale. Les grosses fortunes y vivent paisiblement, de la culture du riz et de l'exploitation des forêts et font fructifier leur patrimoine en s'alliant entre familles puissantes. Un monde harmonieux et délicat où l'on respecte les traditions ancestrales : l'aîné hérite de tous les biens, la jeune mariée coupe tout lien avec sa famille pour être adoptée par sa belle-famille, la bru s'occupe de ses beaux-parents, etc.

La guerre va dérégler l'ordre des choses. Les familles vont décliner à cause des hommes tombés au front ou des jeunes désireux de voir du pays. Par la force des choses, certaines coutumes vont tomber en désuétude et les femmes vont s'émanciper. Mais les dames de Kimoto ont de la ressource et si Toyono et Hana incarnent le Japon ancestral et Fumio la rébellion, Hanako est une femme moderne capable de concilier le passé et le présent pour un avenir meilleur.

Une belle saga historique très documentée. Tout le raffinement du Japon dans une histoire faite de grandeur et de décadence, de féminité et d'émancipation. Une belle découverte.
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Les dames de Kimoto

Sawako Ariyoshi est une auteure dont j’ignorais tout avant de tomber par hasard sur ces « Dames de Kimoto » dans ma librairie. Le résumé en 4ème de couverture m’a tout de suite donné envie me laissant espérer une chronique de vie sensible et raffinée. Mes espérances ont été comblées. « Les dames de Kimoto » est une œuvre d’une grande finesse et d’une immense délicatesse.



« Les dames de Kimoto » est une saga familiale qui va suivre les destins de 3 femmes d’une même famille depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à la seconde Guerre Mondiale. Le roman a donc une tonalité historique marquée mais va surtout s’intéresser à l’aspect quotidien de la vie de ces 3 femmes, dessinant ainsi l’évolution de la condition féminine au Japon durant ces années décisives. L’auteure aborde ce sujet avec une grande subtilité, ne jugeant jamais ces personnages et ne se montrant jamais manichéennes. Sawako Ariyoshi était une auteure engagée, concernée par les droits des femmes. Mais elle s’intéressait également au Japon traditionnel, sa culture, son Histoire, ses arts. Du coup, elle parvient dans son roman à ne pas opposer de manière simpliste ces deux aspects. Hana met un point d’honneur à respecter les traditions et consacrera sa vie à se montrer une bonne épouse selon des principes ancestraux. Mais si elle s’enferme volontairement dans ce carcan réducteur elle n’en demeure pas moins une femme de caractère. Sa fille, Fumio, s’opposera en tout à sa mère, lui reprochant son attachement à des valeurs passéistes. Fumio est une femme de son temps, sensible aux revendications féministes et sociales. Mais, alors qu’elle clame qu’une femme doit être indépendante, elle ne cesse de demander de l’argent à ses parents. Hanako, la fille de Fumio, sera la synthèse de ces deux femmes, sachant vivre dans son temps tout en ne rejetant pas son héritage traditionnel. On le voit, le récit s’attache à ne jamais se montrer simpliste, le maître mot est vraiment la finesse. Finesse que l’on retrouve non seulement dans la caractérisation des personnages mais aussi dans l’écriture de l’auteure. « Les dames de Kimoto » se lit très facilement, l’écriture est fluide et belle.



Ce fut vraiment une superbe découverte que ces « Dames de Kimoto ». Comme quoi, ça peut avoir du bon de se laisser porter par le hasard dans une librairie, on tombe parfois sur ce genre de pépites dont on n’avait jamais entendu parler. Je compte bien me procurer d’autres livres de Sawako Ariyoshi.

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Le crépuscule de Shigezo

S'il est vrai que "la vieillesse est un naufrage", ainsi qu'a pu l'imager le général de Gaulle avec la pertinence qu'on lui connaît, Sawako Ariyoshi nous entraine quant à elle avec beaucoup de réalisme sur cet esquif de perdition qu'est la sénilité.



"Face à la vieillesse, il faut que quelqu'un fasse des sacrifices". Cette affirmation, son héroïne Akiko se l'est entendu dire par l'administration nippone en charge des personnes âgées. Une manière de lui faire comprendre que le Japon des années 70 n'avait pas anticipé l'augmentation de la durée de vie et que ses structures d'accueil étaient débordées. Un problème qui reste plus que jamais d'actualité dans les pays développés. L'heureuse perspective d'une espérance de vie allongée n'est pas sans avoir de nombreuses contre parties. Sawako Ariyoshi ne nous en épargne aucune. Ce qui fait de ce roman un véritable mémoire sociologique sur les inconvénients de l'allongement de la durée de vie, la prise en charge des personnes qui du troisième âge sont devenues celles du quatrième.



Vivre vieux est une chose, le faire en bon état de santé physique et mentale en est une autre. Le supporter économiquement par la société encore une autre. Même si je reconnais l'excellente qualité de cet ouvrage, je ne dirai pas qu'il est un bonheur de lecture tant rien ne nous est épargné des affres de la vieillesse y compris les plus avilissantes.



Le crépuscule de Shigezo nous projette dans le contexte de la société japonaise des lendemains de la seconde guerre mondiale. Si cette société ressort traumatisée de l'ère des catastrophes dans laquelle l'a projetée un régime archaïque tyrannique et se confronte alors à la mutation soudaine de son ouverture à la culture occidentale, elle n'en est pas pour autant déjà débarrassée de ses traditions et coutumes ancestrales, en particulier pour ce qui concerne le statut de la femme et la considération due aux anciens.



Les occidentaux du 21ème siècle ont fait de leurs ascendants vieillissants des fardeaux dont ils se déchargent volontiers dans les mains d'établissements spécialisés. La cohabitation des générations sous le même toit est désormais exceptionnelle. Ces mêmes occidentaux ne peuvent donc que s'ébahir au spectacle de l'investissement, tournant au sacrifice, d'une femme cumulant vie familiale et professionnelle au profit d'un beau père sénile. Le père de son époux allant jusqu'à troubler ses nuits de sommeil avec ses turpitudes et autres corvées d'hygiène qu'imposent les incontinents. Belle et surprenante abnégation à l'égard d'un homme autre fois odieux avec elle, un homme qui n'avait de cesse de la dénigrer par le passé.



Cet ouvrage aborde tous les aspects de la prise en charge de la vieillesse sans omettre dans la réflexion des enfants la perspective de leur propre fin de vie, au spectacle de la déchéance qui amoindrit leur parent. Ce qui fait dire au mari de Shigezo que les hommes devraient disparaître dès le jour de leur départ à la retraite, les femmes étant en son esprit plus à même de supporter la solitude et perspective d'une vie improductive pour la société. Expression du machisme nippon quant à la place qu'il avait attribuée à la femme dans la société, la famille. Machisme dont le but est surtout de faire écran à un défaitiste patent, et inavouable.

Mais cet ouvrage n'aborde heureusement pas la vieillesse que sur un plan physiologique ou sociologique. Akiko s'avère être d'une exemplarité de dévouement rare et finit par s'attacher à ce vieillard à qui la sénilité a redonné des comportements d'enfants attendrissants. Même si un soupçon de superstition motive son engagement au service du vieil homme, qu'elle envisage "comme une sorte d'initiation religieuse ou d'illumination […] au service d'un dieu vivant", l'attachement réciproque du vieillard et de sa belle fille finit par trouver des accents de sincérité dans la solitude qui est la sienne face à un époux qui manque de solidarité face à l'épreuve.



S'il faut savoir faire face à tous les stades de la vie et assumer ce que notre nature nous impose de dégradant autant que de sublime, alors cet ouvrage de Sawako Ariyoshi est non seulement un hommage à la force de la femme dans la confrontation avec les épreuves de l'existence, mais aussi un regard lucide sur cette courte période, ce périple terrestre, au cours de duquel une âme trouve refuge dans un corps, et puis s'en va.

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Les dames de Kimoto (BD)

Cette bande dessinée nous raconte la vie de 4 générations de femmes au Japon.

Nous allons suivre le destin de Hana, de sa fille et de sa petite-fille, tout en parcourant les souvenirs de la grand-mère d'Hana, dont elle était très proche.

Avec le temps, les femmes japonaises ont eu envie de davantage de liberté et ont reçu une éducation beaucoup moins traditionnelles.

Les jeunes filles que nous allons découvrir ont appris l'art de faire des bouquets, le rituel de la cérémonie ou thé ou la calligraphie, mais elles aspirent peu à peu à autre chose.

Qu'elles veuillent faire des études à l'université ou choisir elles-même leurs futurs époux, voilà qui bouleversait carrément les habitudes de leurs ainés.

J'ai bien aimé les couleurs douces, avec beaucoup de rose et de vert et j'ai pris plaisir à suivre les destinées de ces femmes d'une même famille, aux aspirations si différentes.
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Le miroir des courtisanes

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, on va parler d’un roman japonais, Le miroir des courtisanes, de Sawako Ariyoshi.



Or donc Tomoko vit ses premières années avec sa grand-mère et, à la mort de cette dernière, est obligée de retourner chez sa mère, Ikuyo, et son beau-père. Ikuyo n’aime guère sa fille ni les enfants en général. Lorsque les soucis d’argent deviennent trop lourds, Tomoko est vendue à une maison de geishas.



-Super, à peine sordide, le début…



-Et non, pas sordide, justement. Le miroir des courtisanes est un roman multiple, qui parle d’une foule de choses différentes, toutefois, son premier sujet reste la relation mère-fille qu’entretiennent Ikuyo et Tomoko. On ne va pas se le cacher, ça ne se passe pas bien. Ikuyo maltraite sa fille par sa négligence et son indifférence.



J’ai adoré le portrait et le personnage de Tomoko, elle oscille sans cesse entre fascination, amour profond et détestation envers sa mère. La narration offre une belle part à ses tourments intérieurs et je les ai trouvés… tellement authentiques.



-Alors attends, ça parle d’une gamine abandonnée par sa mère, c’est ça ?



-Oui.



-Et elle va souffrir toute sa vie de la relation avec elle, c’est ça aussi ?



-Euh… oui.



-M’enfin Déidamie ! Tu trouves que c’est le moment de lire des trucs aussi déprimants ?



-Pourquoi pas ? Le roman n’est en rien misérabiliste et je vois Tomoko comme une véritable héroïne !



Je disais plus haut que Le miroir des courtisanes parle de bien des choses, n’est-ce pas ? J’ajoute que c’est un roman de l’ambivalence. Oui, Tomoko est victime, de bien des façons que je ne vous divulgâcherai point. Cependant, elle n’est pas qu’une pôvre malheureuse, elle mène sa barque, cherche son propre chemin et va utiliser tous les moyens à sa disposition pour atteindre ses buts. Elle lutte sans répit, malgré ses doutes, ses angoisses, ses chagrins pour résoudre ses problèmes et devenir une femme indépendante.



Donc, tu as d’une part ces souffrances qui s’enchaînent, certes, mais d’autre part tu vois aussi ce personnage plein de force et de bravoure qui affronte les difficultés sans jamais renoncer. Et ce combat donne des résultats : c’est pourquoi je n’ai pas éprouvé de désespoir ni de déprime littéraires après avoir fermé le bouquin. Je trouve Tomoko admirable.



-Moi, je trouve son abnégation discutable…



-Possible, mais nous sommes au Japon et la « piété filiale » ne lui laisse guère le choix.



-Et puis cette fin… je la trouve inquiétante.



-Oui, j’avoue qu’elle n’augure rien de bon… mais la conclusion reste ouverte et je me plais à imaginer que Tomoko trouvera enfin ce qu’elle cherchait. »
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Le miroir des courtisanes

J'ai découvert Ariyoshi Sawako en 2004 avec ce Miroir des courtisanes. J'avais, comme beaucoup, dévoré Geisha d'Arthur Golden quelques temps auparavant et j'aspirais à retrouver l'esprit du quartier des saules et des fleurs. Avec un changement de décor puisque ce roman se passe à Tokyo et dans ses environs et non à Kyoto et son fameux quartier de Gion.



La lecture du Miroir des courtisanes m'a apporté bien plus que ce que j'espérais. J'y ai déjà trouvé une très belle et très évocatrice écriture où l'esprit japonais se fait plus sentir, forcément, que dans le roman américain, aussi nippophile Arthur Golden soit-il.

De plus, l'histoire tourne plus autour des relations de la jeune Tomoko, réservée et persévérante, avec Ikuyo, sa mère fantasque, égoïste et très souvent insupportable. La fille semble porter sur ses épaules trop jeunes, dès l'enfance, le poids des comportements extravagants de sa mère.



Ariyoshi Sawako est l'écrivain des femmes japonaises d'avant-guerre. Elle peint leurs portraits et leurs rapports avec finesse et sobriété, n'hésitant pourtant pas à révéler les réalités de la société nipponne d'alors. Tel le mari qui vend son épouse Ikuyo et la petite Tomoko, sa belle-fille, l'une pour être courtisane, l'autre pour devenir après formation geisha à Yoshiwara.



Le destin n'est pas tendre avec Tomoko et ce personnage m'a beaucoup émue par sa force intérieure et son courage. De geisha, elle s'imposera comme aubergiste de qualité, surmontant les épreuves et supportant patiemment la présence d'une mère tout sauf maternelle.



Le Miroir des courtisanes reste un de mes premiers souvenirs en matière de littérature japonaise et, à ce titre, occupe une place particulière que la qualité du texte et de l'histoire lui aurait de toute façon décernée.
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Les dames de Kimoto

Depuis plus d'un siècle, la littérature a pour fonction, bien souvent, de dévoiler la face cachée de la vie, sans perdre sa fonction esthétique première. « Les dames de Kimoto », roman japonais écrit par une femme et publié en 1959 au pays du soleil levant correspond à cette idée.



Ce roman à l'écriture moins épurée qu'on ne pourrait s'y attendre dans ce type de littérature (fuyons les idées préconçues) est un texte historiquement marquant, car il dépeint  (dénonce ?), et ce dès le début des années 60, la condition féminine dans une société à la tradition écrasante. le Japon.



La pression des lourdes traditions patriarcales exercées sur l'héroïne et sa grand-mère s'écrit avec précision, même si c'est entre deux cérémonies du thé et une petite soupe au miso.



En trois parties, toute la trame du récit s'étend de Toyono, figure traditionnelle inflexible, à Hana, bourgeoise provinciale soumise et dévouée à toute la structure sociale, puis à Fumio, la fille rebelle aux visions passéistes des femmes de sa famille (et surtout de sa mère !), et enfin à Hanako, la petite dernière, douce passeuse des traditions ancestrales. Avec elle,  « l'intergénérationnel » prendra toute sa place.



Certains diront que les maîtresses de maison représentent ici la force du Japon, mais j'en ai fait une autre lecture plus personnelle ; j'y ai surtout vu des portraits de femmes broyées par l'espace domestique, l'ordre social d'alors et la légendaire symbolique nippone des éléments naturels à n'en plus finir (Ah… les longues explications sur l'écoulement des eaux du fleuve Ki et les unions maritales ! Tout un programme...).



Cette lecture fut plaisante pour moi dans sa très grande majorité, car elle lève un voile insoupçonné sur l'époque d'Edo (1603 -1668) et traverse la première partie du 19e siècle japonais en relatant intelligemment les ressentis des femmes, leurs modes de vie, ainsi que les conflits traversés par le Japon. Son aspect historique m'a donc autant touché que l'aspect féminin.



Je regrette juste que la fin de l'histoire ait un goût ambigu quant au  positionnement d'Hanako. L'héritage de tradition ancestrale entre la grand-mère et la petite fille reste flou, et surtout immuable.



Ce roman, doux en apparence, nous permet malgré tout de nous éloigner, tant que faire se peu, de l'image fantasmée du Japon qui n'est pas uniquement fait de cerisiers en fleurs, de geisha dans leur bain moussant contemplant le mont Fuji, de  jardins zen et j'en passe. Pour avoir séjourner au Japon, certains points du récit m'apparaissent plus clairs maintenant, et notamment ces serveuses ou vendeuses qui se baissent une bonne dizaine de fois pour tout et rien à la fois.



Ce roman historique reste un texte culte pour qui s'intéresse à la culture nippone et c'est ce qui fait sa force. Son style est agréable et travaillé.



Je vais maintenant de ce pas le lire sous forme de BD, Japon quand tu nous tiens ! https://www.babelio.com/livres/Bonin-Les-dames-de-Kimoto-BD/1401755.
Lien : http://justelire.fr/les-dame..
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Les dames de Kimoto

Ce roman, malgré une jolie écriture et très intéressant du point de vue de la condition féminine au Japon au cours du siècle dernier ne m’a pas autant enthousiasmé que je l’aurais cru.

J’ai bien aimé le début, où on suit le quotidien d’une jeune femme, Hana, sur le point de se marier, on la voit quitter sa famille, entrer dans la famille de son époux, devenir une femme mariée, une bru pour ses beaux-parents, une future maman….

Mais par moment, le temps s’accélère et d’un coup, deux ou cinq ans passent en une page, on la retrouve maman d’un enfant de 3 ans, enceinte d’un autre...et je n’ai pas beaucoup aimé ces sauts dans le temps. Je me suis attachée à cette jeune femme et soudain, on l’abandonne à son sort pour se consacrer dans la seconde partie à sa fille et plus tard, à sa petite-fille.

Bien sur, cela nous permet de voir l’évolution des conditions de vie des filles et des femmes au Japon à cette époque, mais cela m’a fait décrocher de la lecture.

Je n’ai pas aimé passer de l’une à l’autre, comme si je lisais trois histoires différentes. Cela m’a frustrée et j’ai trouvé dommage de ne pas consacrer davantage de temps à chacune. J’ai donc lu avec attention la première partie et j’ai survolé les deux autres en diagonale, par lassitude.
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Les dames de Kimoto

Une très belle lecture qui met en avant les traditions japonaises, les liens fort de la famille, le respect des anciens, et la condition de la femme. L'histoire s'écoule sur plusieurs générations, et on voit le changement qui opère, chaque génération apporte sa pierre à l'édifice, mais chacun aime aussi revenir boire à la source et apprécier les us et coutumes des temps anciens. Sans doute, il y a un peu de nostalgie ou un besoin de s'ancrer dans des traditions qui donnaient un sens à la vie et sa condition.

Très belle plume, j'ai bien apprécié cette plongée japonais du début du XX è siècle.

C'est toujours reposant de lire de la littérature japonaise, pas trop de fioriture, juste l'essentiel mais assez pour donner au lecteur une liberté pour imaginer à sa guise.

De très belle descriptions également des scènes traditionnelles comme le mariage, la cérémonie du thé, etc...

une lecture enrichissante quand on s'intéresse un peu au Japon.

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Les dames de Kimoto

En cette fin de dix-neuvième siècle Hana, accompagnée de Toyono sa grand-mère va rejoindre son futur époux Keisaku. Pétrie de traditions ancestrales elle s'accommode de sa nouvelle vie, doit s'intégrer dans cette nouvelle famille et se faire accepter notamment du frère cadet Kosaku, jaloux et toujours sarcastique. Les enfants naissent et Fumio la fille ainée se révèle rebelle, en confrontation constante contre sa mère et surtout contre le poids de la tradition qui cantonne la femme dans un rôle secondaire - uniquement dans la vie domestique. Fumio, elle, veut choisir sa vie et son destin, en faisant des études et s'occidentalisant. Et c'est sa fille Hanako qui, très attachée à sa grand-mère Hana, va renouer les liens entre les femmes de ces trois générations.



J'ai été très séduite par Les dames de Kimoto, ce roman écrit en 1959 qui balaye pratiquement soixante ans de la vie au Japon, en province et à Tokyo, et qui permet de comprendre du point de vue d'une famille, l'évolution d'un pays sanglé dans des us et coutumes stricts, qu'il est difficile de remettre en question. le roman s'attache aux trois personnages féminins , en les resituant toujours dans leur relations avec les membres de la famille, les amis, les évènements qui bouleversent le Japon - guerre contre la Russie, ouverture à l'Occident, affairisme et politique et éducation pour les filles. Avec une écriture simple Sawako Ariyoshi nous permet de comprendre ces évolutions et offre trois beaux portraits de femmes et surtout, elle réussit à tisser les liens qui, malgré les déchirements et les incompréhensions de générations unissent Les dames de Kimoto.

A découvrir.
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