Dresse le bâton de pluie : survient alors
Pour ton oreille une musique
Insoupçonnée. Dans la tige de cactus
Averse, écluse ouverte, remous et cascades
Se déversent. Tu deviens cette flûte
Où soufflerait de l'eau, tu l'agites encore
Et c'est le diapason d'un diminuendo,
Un filet d'eau mourant dans la rigole. Et voici
Le goutte-à-goutte des feuilles rafraîchies,
La petite pluie de l'herbe et des pâquerettes,
Et le scintillement du crachin, presque une haleine.
Redresse le bâton. Ce qui survient alors
N'est pas moins fort d'être advenu une fois,
Deux fois, dix mille fois déjà.
Qu'importe si la musique qui transperce le bois
Est glissement de sable ou graines dans le cactus ?
Tu es pareil au riche qui entre au paradis
Par l'oreille d'une goutte de pluie. Ecoute encore.