Le premier roman de la série Treilhard. L'inspecteur et sa compagne Claire Delavau s'enfoncent au coeur de la jungle de la Papouasie Nouvelle Guinée à la poursuite d'un mystérieux secret.
La petite voiture se faufilait rapidement dans le trafic clairsemé. Treilhard regardait défiler les bâtiments anciens et élégants du front de Seine. Aujourd’hui où il pouvait sentir la Papouasie plus proche que depuis de nombreuses années, il perçut l’abîme qui la séparait de ces rues où une histoire millénaire pouvait se lire dans chaque pierre. Les Hulis, même depuis l’introduction de l’écriture par les premiers missionnaires, croyaient toujours en la mémoire individuelle et collective et ne paraissaient pas se résoudre à déléguer une partie de cette mémoire à leurs propres pierres. Depuis environ soixante ans qu’un premier contact les avait révélés au monde, seule une poignée d’anthropologues avaient pris soin de consigner cette mémoire. Une peur croissante avec chaque génération qui passait de la voir s’étioler et disparaître dans le néant de l’oubli. Treilhard sentait en lui cette part de mémoire, une partie d’un tout devenant cohérent dans un contexte humain. C’était cette part de mémoire qui s’était éveillée en présence de Wandipe Kari, essayant de retrouver la cohérence qu’elle avait perdue il y a plusieurs années de cela après le dernier retour vers la France, vers une nouvelle vie.
Mourir est un apprentissage essentiel. Beaucoup ne commencent à vivre que lorsqu’ils ont conscience de la réalité de la mort. Le but ultime est de vivre avant de mourir pour ne pas risquer de mourir sans jamais avoir vécu vraiment.
Il s’efforçait d’imaginer ce que tous ses amis avaient pu devenir après tant d’années, mariés certainement, mais avec combien d’enfants, combien de femmes, combien de cochons ?
Normalement, un crime était commis par une personne ayant, momentanément ou non, perdu pied avec la réalité des choses, finissant par en venir à un geste malheureux et dramatique. S'il était difficile, voir impossible d'accepter les raisons motivant l'acte, il était toutefois possible de les comprendre. Le cumul de leurs expériences, culture et études permettait généralement de pouvoir envisager ces raisons et de faire progresser l'enquête en fonction.
Le voyage chamanique est une odyssée qui change les gens qui l’entreprennent. Ils y plongent, s’immergent dans ces visions pour y trouver les symboles, les messages et les informations qui leur permettront de continuer à avancer dans ce voyage qu’est leur vie, à se découvrir eux-mêmes. Mais cette immersion prend tout son sens lorsque l’on est vraiment capable de comprendre ce monde et son langage.
Aujourd’hui, l’être humain est bien loin de son animalité d’origine, le développement de son cerveau lui a permis de s’affranchir des conditions de son environnement pour faire évoluer son existence, mais sans pour autant parvenir à s’affranchir de cet héritage, et continue son évolution sans tenir compte de cette essence qui pourtant continue trop souvent de déterminer son existence.
Mais malgré cela, malgré toutes ces bonnes intentions et ces objectifs nobles, cela donne aussi parfois l'impression que ça part dans tous les sens. J'imagine que c'est le fait qu'il s'agisse d'une période de transition et que c'est normal, qu'il faut le temps que les choses se structurent et que le ménage soit un peu fait dans tout cela. Mais cela reste parfois déroutant, voire même un peu inquiétant, surtout lorsqu'Andréa part dans des logorrhées sans fin avec tous ces nouveaux mots et expressions qu'elle agite comme des grigris. Certes, des jalons doivent être posés, certaines marques doivent être prises, certaines prospections doivent être entreprises, comme pour poser des points de repère sur lesquels d'autres pourront s'ancrer quand ils débutent leur propre course, leur quête ou leur cheminement, je ne sais pas quel est le terme le plus approprié. Mais cela donne quand même souvent l'impression que ces ancrages ne sont intégrés que comme des poncifs que l'on ânonnera en espérant les avoir intégrés.
La maladie est un comportement au même titre que n’importe quel autre comportement lié à des programmes engrammés par le cerveau. Dans le cas de la maladie, ce sont des programmes archaïques innés. Un stimulus du milieu extérieur déclenche une réaction de la part du cerveau qui mettra en action différentes parties du corps selon ses besoins et les correspondances avec les tissus et organes concernés. Il s’agit d’une réponse adaptée donnée par le cerveau qui sera spécifique à la nature même du stimulus. L’homéostasie, c’est-à-dire l’eutonie du système neurovégétatif, sera rétablie une fois que l’agression sera solutionnée, lorsque le conflit est résolu, et que s’achèvera la phase de récupération et de réparation (PCL). La complexité du fonctionnement cérébral humain touche encore une fois au fait qu’il puisse fonctionner dans d’autres dimensions que le réel (l’abstrait, le virtuel, le symbolique), et que ses programmes archaïques fonctionnent aussi dans ces dimensions.
C’est tout le paradoxe de la peur, selon ce que l’on en fait, elle peut nous forcer à l’inertie et à risquer de mourir sans jamais avoir vécu, ou elle peut devenir le moteur du changement, de l’action et du développement.
En tant que tabou, nous vivons avec la polarité négative de la mort et même de la mort de l’égo, celle qui nous plonge dans la peur de vivre vraiment et dans un fatalisme pathologique.