Montréal kitsch
Documentaire de Sean English, Marie-Hélène Busque et Marie-Audrey Bazinet
Intervenants : Sébastien Diaz : Voir et Montréal Kitsch Richard Goulet et Amélie Thériault : Kitsch N' Swell Ménick : Le barbier des sportifs
C’est dans des moments comme ça qu’on a le plus besoin de bienveillance, de sentir qu’il y a des gens qui nous acceptent comme on est. Ça fait un bien fou et pis ça compense pour tout le hate que j’ai reçu. Pour les lettres de menaces, les tweets pas gentils, les gifs qui me ridiculisaient…
Aujourd’hui, on se donne de l’amour. Je pense qu’on en a bien besoin depuis quelque temps. Je sais pas pour vous autres, mais moi, ce qui se passe tout autour, ça me fait beaucoup de peine et pis ça m’empêche de plus en plus de dormir le soir. Les gens sont trop concentrés sur leur propre nombril, ils se mentent, se tapent dessus. On perd nos repères, on est désillusionnés, le sens de la communauté a pris le bord…
Elle avait tout abandonné au lendemain du procès que lui avait intenté son ex, une vedette de téléréalité qui l’avait accusée de violence conjugale. Un soir de brosse, il avait mis en ligne des vidéos la montrant en train de l’insulter et de le bousculer dans leur grosse maison de Blainville, et ses jeunes fans (surtout leurs parents) avaient été choqués de découvrir que Shandi-Li sacrait et n’était pas parfaite.
Cette vision d’hécatombe, cette ruine de massacre immortalisée à coups de pigments de peinture à l’huile et d’élans de furie. Avec leurs orbites ténébreuses et leurs museaux transformés en machines de destruction, les ours polaires sanguinaires se tenaient devant Sarah. Elle, toute menue, seule et vulnérable dans la lumière blafarde de la Portrait Gallery.
C’était là la beauté de ces réunions hebdomadaires dans le sous-sol du centre communautaire. Chacun venait y trouver l’aide de laquelle il avait besoin, et le partage de la solitude et du désespoir de chacun finissait immanquablement par créer des alliances, des amitiés dans l’adversité et la bienveillance.
Elle eut beau tenter de prendre la fuite et se cacher derrière une colonne, il la projeta violemment sur deux rangées de bancs et ses os se brisèrent sous la force de l’impact. Le monstre gronda de plaisir, faisant voler des piles de Prions en Église en passant en rase-motte dans la dernière rangée.
Parce que j’étais « une nuisance à la radio » quand il roulait en voiture, que ça disait sur la lettre anonyme qui venait avec. Et qu’une nuisance, « ça s’extermine ». Ça c’est juste la pointe de l’iceberg. Des menaces, des insultes, des remontrances… j’en ai reçu à la pelletée.
— « Cancer. » Sur le coup, je me suis senti tomber. Comme dans le vide. Pour me rassurer, ils m’ont dit que celui des testicules était le moins dévastateur. J’avais « gagné » à la loterie du cancer en attrapant le moins pire, selon le doc.
Claire avait le visage d’un enfant qui prépare le plus gros mauvais coup de sa vie. Elle lui fit un clin d’œil et partit se maquiller dans la salle de bain en mettant le dernier disque de Spoon à tue-tête sur la chaîne stéréo.
Dans l’univers de l’art, les vrais faux relevaient du milieu de la contrefaçon et des faussaires. Des copies si bien exécutées qu’elles échappaient à tout examen scientifique et esthétique. Une fausse toile parfaite.