AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sébastien Doubinsky (31)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le feu au royaume

Livre lu dans le cadre de la Masse Critique du mois de septembre et du challenge ABC 2012-2013



Ce roman policier est de petit format, en taille et en épaisseur. L'histoire est écrite sous forme d'un journal intime où Dédé la Classe, le personnage principal, nous raconte ce qu'il a fait ou dit chaque jour depuis qu'il a démarré son enquête solo suite à l'assassinat de son fils unique.



De petits chapitres s'enchaînent jour après jour et suivant les différents évènements de sa journée. Cela se lit vite et bien, un peu d'argot par-ci par-là ainsi qu'une écriture agréable à lire, sans anicroches :-)



L'auteur alterne sans difficulté passé et présent de Dédé, afin de nous faire mieux comprendre dans quoi nous mettons les pieds. L'histoire se passe dans le milieu des truands, grands ou petits, de Paris. Dédé a été un de ceux-là en son époque, plutôt bien connu des services de police de la capitale. Son fils a donc repris les « affaires familiales » à sa retraite...



Pour ma part, ce petit bouquin qui ne paye pas de mine est une belle découverte :-) Encore merci à Babelio et aux éditions « Le petit écailler » !! Cela m'a permis de découvrir un nouvel auteur de polar que je relirais avec plaisir :-)



Son style est vif et incisif, il écrit son histoire sans fioritures tout autour, ça change de certains bouquins ^^ Petit bouquin sans prétentions mais très agréable à lire. Une petite enquête policière menée par un truand à la retraite et vu au travers de ses yeux et de sa morale :-)



Voici donc un auteur que je vous conseille de découvrir si vous aimez les polars :-)



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
Commenter  J’apprécie          140
Lettres à Sade

L'idée de cet ouvrage est excellente, étrange voire fantastique :A l'occasion des 200 ans de la mort de Sade (+18.12.1814), 17 écrivains (mais aussi philosophes, universitaires, peintre, scénographe ou cinéastes) ont été conviés à lui adresser une lettre à leur convenance,à la première personne ou non.

Si presque tous ouvrent leurs missives par de respectueux ou de polis Cher Marquis, Cher Marquis de Sade, Cher Sade, Cher Monsieur de Sade, Comte, Cher Donatien-Alphonse-Francois, un ose un Votre Énormité et une autre un Mon cher amour.

Classées en trois thèmes (Libertés, Modernités et Éternités), ces lettres d'amour, de reproche, d'adieu ou de remerciement saluent toutefois presque unanimement l'homme acharné à vivre libre malgré l'emprisonnement, l'embastillement, l'internement.

Un de nos contemporains tient à le remercier pour nous avoir appris le caractère obsessionnel du désir, un autre salue le véritable écrivain, le provocateur ultime, un autre encore relate le choc ressenti à la découverte de son oeuvre et son emprise sur sa vie personnelle et ses rencontres. Une cinéaste, femme d'images, l'imagine sur un plateau télé interviewé par un journaliste avide de scoops bien scabreux.....

La grande intelligence de cet ouvrage est de n'être pas tombé dans l'écueil qui aurait été d'empiler des louanges et rien que des louanges afin de lui tresser une couronne mortuaire faite de lauriers alors que l'épine sied mieux à ce cher Sade !

Ainsi, reçoit-il une lettre d'adieu de celle qui, fatiguée du chaos et des cahots de l'existence, lui annonce qu'elle ne le lira plus, qu'il sera désormais le fantôme de sa bibliothèque mais qui, ultime fidélité, le remercie de l'avoir peut-être aidée à se libérer de ses chaînes.Une autre lettre d'adieu lui parvient d'une autre lectrice qui avoue vouloir jeter l'éponge afin de sauvegarder son âme et son esprit.

Ainsi Sade reçoit-il aussi une missive s'interrogeant sur la récupération faite de son personnage et sur la reconnaissance qui en dit long sur la misère des temps que nous traversons....

.. pauvre Monsieur de Sade ! Finalement reçoit-il une longue lettre d'amour enflammée !

Merci à Babelio (via la Masse Critique) et à la maison d'édition Thierry Marchaisse pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage fin, intelligent (belle couverture ) que je recommande vivement!
Commenter  J’apprécie          122
Le feu au royaume

André Thiriet, Dédé la Classe pour les intimes, a pris une retraite bien méritée en Espagne. C’est là qu’il apprend la mort de son fils, qui avait repris son business, abattu à un feu rouge par un motard. Dédé revient donc à Paris. Pour organiser les obsèques de son héritier mais aussi celles de celui qui l’a fait tuer. S’il le trouve.



Dans ce court roman (145 pages), Sébastien Doubinsky fait le pari de la simplicité dans la complexité. La simplicité car le texte est sec, débarrassé de toute fioriture et mis au service d’une histoire aussi vieille que la littérature. La complexité car André Thiriet est, sous les atours du « beau mec » rangé des voitures, un homme moins obsédé par son royaume que par l’amour qu’il porte à sa femme malade, par les affres de la vieillesse qui est là et qui se fait d’autant plus prégnante que sa jeunesse disparaît avec son fils et avec les souvenirs de son épouse qui s’enfonce dans Alzheimer.

Dépassé par la course du temps, Dédé est un anachronisme dans un monde où ni lui ni ses anciens complices n’ont plus rien à faire. Lancé dans une vendetta qui ne pourra pas lui ramener sa jeunesse, il dévoile sa dualité, vieillard transi d’amour en même temps que truand bouffi de cruauté.



Dans une atmosphère crépusculaire à la Melville, Doubinsky nous fait faire un bout de chemin aux côtés de ce personnage repoussant par bien des aspects et terriblement attachant. Et il nous prouve que l’on peut dire beaucoup et le dire bien en moins de 500 pages. Par les temps qui courent, c’est rassurant.




Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          120
Le feu au royaume

C'est un tout petit livre, à la couverture sobre: L’écaillier est une jolie maison d'édition. La collection le petit écailler, que je découvre grâce à l’opération Masse Critique, avec ses romans courts et concis nous donne des histoires marquantes.

Dédé la Classe, ex-truand retraité vit des jours tranquilles en Espagne auprès de sa femme qui doucement perd la mémoire. Jusqu'au jour où le téléphone sonne" Entre le moment où j'ai décroché le combiné de mon oreille et où je l'ai reposé, je n'étais plus le même". Son fils unique, Alexandre, qui avait repris les "affaires" de son père vient d'être assassiné en pleine rue à Paris.

C'est le chemin d'un père meurtri et vengeur que nous relate l'auteur sur 10 jours. Avec une écriture simple mais percutante nous suivons les méandres de cet homme qui se méfie de tous, même de ses anciens amis, pour comprendre ce qui s'est passé. Et le commissaire Bourdeau, son vieux complice, mais lui du bon côté de la loi sera présent pour l'épauler.

Cette histoire se passe sur 10 jours et ce décompte est comme une promenade nostalgique, avec une urne sous le bras "L'urne à mon bras pesait de plus en plus lourd, mesurant toute ma vieillesse, mais bon père, j'ai continué à marcher vaillamment, comme si je tenais Alexandre nourrison, fragile, plein d'avenir et résonnant de pleurs déchirants.". On retrouve le Paris d'avant qui n'a guère changé avec un petit passage par Tours " cette ville la moins littéraire de France" que Dédé égratigne au passage.

Les personnages sont bien campés, on a même l'impression de les entendre penser...Certains ont des craintes, fondées, car Dédé la Classe n'est pas un tendre.

J'ai aimé lire ce roman policier pour son ton doux-amer. Il y a de la tendresse dans cette histoire, des pensées silencieuses, une histoire à rebours du temps, des mensonges et des trahisons. De courts chapitres, des dialogues nombreux, une description précise à peine esquissée, des larmes refoulées et une violence sans ambiguïté m’a fait lire ce roman d’une traite en m’attachant aux mots.

Une collection à suivre et un auteur à découvrir.

Merci à Babélio .

Commenter  J’apprécie          110
Lettres à Sade

Dans cet ouvrage, des hommes et femmes qui sont universitaires, écrivains, juristes ou philosophes écrivent une lettre à Sade. Le fond diffère à chaque missive et l'orientation choisie varie selon le rédacteur. Il n'est pas question pour les écrivains de lui dire de but en blanc s'ils l'aiment ou le détestent mais plutôt de choisir un aspect de Sade (sa personnalité, ses écrits, sa fin de vie, ses pensées) et de s'en servir comme trame pour s'adresser au marquis.



J'ai beaucoup aimé ces lettres qui traitent d'un point de vue différent la pensée, les écrits de Sade, son enfermement, sa mort. Tandis qu'une lettre me fait réfléchir pour savoir si je suis d'accord ou non avec son rédacteur, d'autres se projètent contemporains de Sade et me re-situent à ses côtés à la Bastille. Certains font des parallèles avec la façon dont est traité le corps de nos jours : piercings, corps morcelés (dons d'organes), mères porteuses, l'enfant à tout prix. Un des auteurs a un parti pris plus poétique tandis qu'une autre me semble invectiver l'écrivain lequel n'a pas voix au chapitre bien évidemment puisqu'il ne s'agit pas d'un dialogue.

Il est souvent question de la nature de l'homme (homme naturellement bon ou a contrario meurtrier, incestueux, violent) ?



J'ai un avis très positif sur ce livre pour plusieurs raisons :



- ceux qui ont rédigé les lettres m'étaient complètement inconnus à l'exception de Noëlle CHâtelet et Catherine Cusset. Je n'ai donc pas été parasitée par ce que j'aurais pu avoir lu de l'auteur ni même "parasitée" par le physique de la personne. Je n'avais pas la vision du visage de l'écrivain mais uniquement son écrit.

-Les lettres sont de qualité, bien écrites voire dfficiles pour deux d'entre elles : j'ai dû les relire lentement pour m'en imprégner et les comprendre.

-J'ai bien aimé le procédé, les points de vue différents.

-Je me suis demandé ce que j'aurais pu lui écrire.



-La couverture est très jolie et j'aime le toucher différent entre le bandeau glacé, lisse et brillant et le reste de la couverture (et j'attache une grande importance aux titres et couvertures des livres).

- J'ai même laissé passer du temps entre la lecture des premières lettres et la lecture de la dernière lettre. Je n'avais pas envie de la lire parce que je n'avais pas envie de n'avoir plus de lettres à lire.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Thierry Marchaisse pour cette opération Masse Critique.



Commenter  J’apprécie          93
La comédie urbaine

Jubilatoire, subtil, « La comédie urbaine » est d'utilité publique, le remède anti-déprime. L'antidote à la morosité, le gris effacé du tableau. Vous allez sourire, annoter les références, les malices et les clins d'oeil. « Il est cool Georges. Il est Grec. Il est poète lui aussi. Je suis sûr que si Homère avait un prénom, ce devrait être Georges. » « En attendant c'est super de se voir en Mandrin. » L'humour est une boîte de couleur. Ici, vous allez subrepticement vous élevez dans les signaux littéraires, les degrés de l'écriture de renom de Sébastien Doubinsky. Le summum est ce côté Diogène, décalé, un pied de nez à l'adversité. Comme on les aime ces trois histoires qui s'emboîtent telles des poupées gigognes. Ces trois lascars, le poète, le barman et le philosophe égaré dans sa quête existentielle cobaye de laboratoire également. Gare aux rebondissements ! « Ma vie normale » est le lever de rideau de « La comédie urbaine ». Libraire côté ville, le narrateur se pense poète. « Un roman posthume de Marguerite Duras quinze euros. Schling ! » « La journée passe. Nous vendons. Nous bavardons. Nous vendons. La journée repasse. » Le narrateur est jeune, hors du circuit conventionnel. Il vit avec Akiko qui « qui bosse à Cradigel. » Binôme affuté aux averses, aux petites galères, aux fins de mois difficiles Quelques bières et plus. Même pas peur même pas mal ! La jeunesse est leur garde-fou. « Je n'ai qu'une seule chose en tête et cette chose, vois-tu, eh bien, c'est mon poème et mon poème c'est toi ! » « Il vient de se faire refuser par Gallimoche. » Cette comédie urbaine est une satire. Les chaises tombent au sol. Les pied-nickelés vont entrer en action. « Il n'y a pas pire que des poètes remontés. C'est toujours eux les premiers sur les barricades. Ils ne s'interrogent pas, les poètes. Ils foncent. » Et là les amis, le rythme est un tour de manège. « Moi c'est Dante et Béatrice. Lui, plutôt Miller et ses pouffes. » La joie de lire cette comédie est une étreinte avec les protagonistes. « C'est pas des flics, qu'il faudrait leur envoyer, c'est des poètes. Homère, Shakespeare, Ronsard à Bobigny au Val Fourré, aux Minguettes, pour réapprendre aux gens la valeur des mots. Leur beauté est gratuite. Accessible. Universelle. Bordel de merde. » Voyez cette comédie, ces sourires aux lèvres, cette marche ubuesque qui contre le conformisme. Ne pas dire ce qui va se passer. « Ouvert en août » et « Castrol Hôtel » sont des pépites. On aime ce fil rouge, cette continuation dans la dérision, dans ce nihilisme qui s'invite à la comédie. Ces trois jeunes hommes dont la vie est dans ce hors cadre qu'on affectionne. La trame est un cahier du jour, cette saveur pétillante qui reste constante jusqu'au bout. Que dire des femmes ici, contemporaines, actives, féministes, libres. Retenez bien le nom du groupe de hardcore d'Akiko « Les Furies » ! Ces trois récits sont un hymne de fraternité, de bonne humeur et d'optimisme. Haut les coeurs ! Un saut dans la flaque des diktats sociétaux, la marginalité comme issue, les actes assumés et ça fait un bien fou. « La comédie urbaine » est dans ce summum littéraire. Dire les importances avec légèreté. Prendre soin de la lecture car elle est gagnante. Sébastien Doubinsky est digne d'un génie évident. Comme j'aimerai voir « La comédie urbaine » en version 3D. Lisez ce livre, offrez-le à vos amis, glissez-le sur un banc pour un poète égaré et mélancolique. Si vous avez un cadeau à faire c'est celui-ci ! du rire en myriade ! Trois derniers mots : thérapeutique, magistral, jouissif. Publié par les majeures Éditions Publie.net.



Commenter  J’apprécie          60
La comédie urbaine

Roman de la légèreté et de l'enthousiasme, joyeuse jeunesse saisie dans le ratage magnifique, hilarant, de ses ambitions - poétiques, philosophiques, passionnelles - indispensables. Sébastien Doubinsky dans une prose constamment drôle, pleine de chutes et d'écarts, captive le lecteur par ses trois récits entremêlés où des paumés magnifiques, entre deux bières, entre deux citations piratées, s'inventent, dans le ratage, un destin. Sous ses aspects rieurs et sautillants, La comédie urbaine est constamment captivant.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          40
Quién es ?

Quatre-vingts pages de monologue dans la peau du héros pour expliquer comment Henry McCarty, alias Henry Antrim, alias William Antrim, alias Kid Antrim, alias William Boney, est devenu Billy The Kid. Voilà une expérience littéraire originale et peut-être aussi rebutante. Pour ma part, j’avais acheté le livre sur la foi de sa quatrième de couverture et n’ai découvert sa forme singulière qu’à la lecture.



Lecture-surprise donc. Mais lecture séduisante dans l’ensemble. De fait en se glissant dans la tête de Billy The Kid peu avant sa mort (le moment où, abattu par Pat Garrett, il aurait prononcé la phrase-titre, Quién es ?, Qui est-ce ?) et en suivant tous les méandres de sa pensée, Sébastien Doubinsky double ce qui apparaît comme une expérience littéraire et stylistique d’un moment d’introspection hors du commun.



Sur la forme, cela prend l’apparence de longues phrases (jusqu’à deux pages) entrecoupées par des tirets lorsqu’apparaissent des digressions. Une manière de rendre une certaine urgence, de donner une véritable chair au personnage et d’impliquer réellement le lecteur.

Sur le fond, on entre de plain-pied dans cette fin de 19ème siècle et l’on voit naître sous nos yeux ce Billy The Kid que l’on ne connait souvent au mieux que par le biais de quelques western ou, au pire, par celui d’un album de Lucky Luke. Sébastien Doubinsky casse ici le mythe et fait de Billy The Kid ce qu’il est : un adolescent orphelin de père irrésistiblement attiré par les ennuis, pour qui sa vie et sa mort semblent déjà écrites et qui attend l’avenir avec fatalisme.



Le pari de Doubinsky est audacieux et, dans l’ensemble, réussi si l’on excepte le fait que régulièrement on sent sans doute un peu trop Sébastien Doubinsky émerger dans les pensées de Billy The Kid. Un écueil difficile à éviter et que l’on pouvait assez vite pressentir dès lors que l’on entrait dans les pensées les plus intimes du héros. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble se tient et que cette expérience singulière valait bien que l’on s’y intéresse.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
Commenter  J’apprécie          40
Lire, écrire, se révolter

Lier avec force et assurance trois actions littéraires et politiques que trop de doxas s’évertuent à cloisonner.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/04/22/note-de-lecture-lire-ecrire-se-revolter-sebastien-doubinsky/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Star

La vieille Star a deux amis : Annika, jeune péripatéticienne de son état et le Capitaine Bourdeau, Jipé pour les intimes.

Quand Annika se fait tuer, Star et Jipé vont s'unir pour mener une enquête aux confins de l'enfer.



Si l'auteur esquisse un duo flic-pute, il le fait en décrivant la dure réalité de la rue, de la nuit, du crime... Tout est sombre, sordide, dans ce véritable cloaque, et pourtant, il en ressort presque une aura romantique de cette relation on ne peut plus atypique.



Un vrai polar d'ambiance à la lecture rapide et effrenée, dont on ne garde finalement pas un souvenir impérissable. Peut être du à son nombre de pages qui nous privent de nous attacher davantage à ces deux personnages ?
Commenter  J’apprécie          30
Quién es ?

Le monologue de Billy the Kid, la rébellion instinctive, ses conséquences. Magnifique.



Publiée en 2010 chez Joëlle Losfeld, la douzième œuvre de Sébastien Doubinsky n'EST PAS une n-ième biographie ou pseudo-biographie de Billy the Kid (même si le thème peut se targuer à bon droit d'illustres prédécesseurs, tels le Borges de "Histoire de l'infamie"), mais une utilisation sensible et intelligente de la figure singulière et mythique du jeune bandit du Far West pour explorer, dans une direction chère à l'auteur, les ressorts possibles et les aboutissants de la rébellion INSTINCTIVE.



Non pas celle, dotée d'une théorie politique, mise en scène par exemple par l'Ernst Jünger du "recours aux forêts" (Traité du rebelle, 1951), avec un agenda bien différent, mais bien celle, correspondant à une grande partie des témoignages - hors celui, terriblement biaisé comme on le sait, de Pat Garrett - sur l'outlaw aux quatre pseudonymes, qui naît comme par accident d'un irrépressible besoin de justice, ici et maintenant, et balaie de ce fait toute convention sociale à l'instant t, pour devoir ensuite en vivre et assumer les conséquences.



À partir de cela, Sébastien Doubinsly nous crée ce magnifique monologue intérieur, usant d'une habile forme, alliage de mots d'autodidacte, apparemment rugueux, qui peinent à éclore, et de leitmotivs ou d'idées se précisant toujours davantage, alors que la fatale chambre de Fort Summer semble maintenant se rapprocher à grands pas, monologue convoquant crimes et délits passés, épisodes de bonheur simple, rencontres féminines plus ou moins éphémères, et surtout moments fondateurs d'une vie et d'un mythe, autour de ce que Billy appelle le COMMENCEMENT et le DÉBUT, et qu'il devra réaffirmer ensuite, sans arrêt, pour mener sa vie.
Commenter  J’apprécie          30
Le feu au royaume

C'est dans le cadre de Masse Critique que j'ai découvert Le feu au royaume et son auteur, Sébastien Doubinsky.

Je remercie vivement Babelio et les éditions du Petit Écailler pour cette belle découverte.

Ce petit polar nous emmène sur les pas d'André Thiriet, dit Dédé la Classe, truand à la retraite qui revient à Paris pour enterrer son fils Alexandre qui vient d'être assassiné. Dédé se met en quête de l'assassin et est bien décidé à se venger.

Édité sous la forme d'un journal intime, ce très court roman est écrit avec énergie, sans fioriture et de manière très cinématographique. On a l'impression d'être plongé dans un film policier des années 70 et on entrevoit les silhouettes de Gabin, Delon ou Ventura. On respire le Paris humide, on se délecte de l'argot et des réminiscences du vieux truand.

En filigrane de l'enquête, ce roman parle d'amour : l'amour filial, l'amour d'une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, l'amour du "métier", l'amour d'un certain code entre truands et flics qui n'existe plus, l'amour d'un Paris à jamais disparu...

Émouvant et passionnant, le roman se lit d'une traite d'autant plus qu'il est très court (145 pages).

Le feu au royaume m'a donné très envie de découvrir les autres livres de l'auteur et de me pencher de plus près sur les parutions du Petit Écailler !

Commenter  J’apprécie          30
Le feu au royaume

André Thiriet, alias Dédé la classe, est un ancien truand qui a pris sa retraite en Espagne. Rentré à Paris pour enterrer son fils Alexandre, il va tenter de comprendre pourquoi et par qui ce dernier a été assassiné.

Si l'histoire n'est pas très originale le traitement qu’on fait Sébastien Doubinsky est, elle, assez jouissive. En effet notre auteur met en scène Dédé la Classe, une frappe à l’ancienne comme on les aime, comme on les imagine (on a tous on tête les tontons flingueurs). Mais notre auteur ajoute un élément de poids, André est touché par la maladie d’Alzheimer et, cela ne va pas lui faciliter la tâche pour mener sa vengeance à bien. L’histoire de ce court roman est simple, ce qui en fait le piment c’est l’humour noir que manie avec délicatesse Doubinski. Un humour noir teinté d’un humour parfois corrosif. Mais ce qui est vraiment remarquable ici c’est l'écriture épurée, au cordeau que l’auteur déploie pour nous raconter l’histoire de Dédé la Classe à travers son journal intime.


Lien : https://collectifpolar.com/
Commenter  J’apprécie          20
Absinthe

Lorsque la trame du multivers entre en joyeuse déliquescence, que les rapports entre nature, hommes et dieux se mettent à bouger, vers une apocalypse inattendue : du grand Sébastien Doubinsky.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/04/07/note-de-lecture-absinthe-sebastien-doubinsky/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
Predominance of the Great

Toute la douceur éclectique et acérée de l’esprit poétique du Zaporogue en 35 pièces ténues et éclatantes.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/04/25/note-de-lecture-predominance-of-the-great-non-haikus-seb-doubinsky/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          20
The Song of Synth

Psychédélique et poétique, un rare, puissant et déconcertant exercice d’anticipation socio-politique



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/04/19/note-de-lecture-the-song-of-synth-seb-doubinsky/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          20
Le feu au royaume

Grande maestria pour un bon roman "noir de grand banditisme".



Publié en 2012, ce roman de Sébastien Doubinsky s'apparente à un exercice de style, disons-le nettement même si le mot est bien galvaudé, très jubilatoire.



Maîtrisant parfaitement les codes du "noir de grand banditisme", l'auteur habituellement subtilement politique nous livre ici un récit bref et haletant, où l'on imagine sans peine des Gabin, Ventura ou autres Robert Dalban incarnant toute une faune au milieu de laquelle ce parrain du milieu parisien, largement "rangé" en Espagne depuis que sa femme, amour de sa vie, est aux prises (perdantes) avec M. Alzheimer, est brutalement rappelé au front lorsque son fils et successeur est assassiné... Dévoilements soudains, violence dans les échanges pas du tout tempérés, vieux caïds angoissés, jeunes loups fringants qu'il s'agit peut-être de calmer, lois d'honneur du milieu appliquées sans doute sans grand discernement : les ingrédients sont là, et emportent le lecteur.



Un très bon moment, du brio, peut-être juste le regret fugitif de moins sentir que d'habitude l'imagination poétique et politique de "l'autre" Doubinsky, mon préféré, celui de "Quien Es", de "Fragments d'une révolution" ou de "La trilogie babylonienne". Ceci dit, cette toute petite déception ne devrait pas durer : je viens de me procurer, dans un repaire d'occasions, le tout premier roman du maestro, "Les vies parallèles de Nikolaï Bakhmatov", et m'en réjouis d'avance...

Commenter  J’apprécie          20
Mira Ceti

Excellent livre empli de poésie et de rêveries. Le style est élégant alerte. Je suis particulièrement étonné par la qualité des ouvrages édités par La toute jeune maison d'éditions ABSTRACTIONS et en tant que roman, celui de Seb Doubinsky est une véritable réussite. Bravo
Commenter  J’apprécie          10
Mira Ceti

Ex-peintre et néo-marin, un étonnant voyageur contemporain, entre Ulysse et Orphée, distille pour nous la poésie inattendue d’une traversée qui ne sera jamais ce qu’elle paraissait d’abord.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/01/note-de-lecture-mira-ceti-sebastien-doubinsky/



Alex Szénas était encore récemment un peintre français vivant à Stockholm. Il est désormais un matelot de fortune, vivotant d’abord d’embarquements aléatoires et peu regardants à bord de cargos encore moins regardés, découvrant au bout de quelque temps l’opportunité de faire un peu mieux que vivoter en se faisant le complice occasionnel de quelques trafics (peut-être pas si menus néanmoins) orchestrés par le mystérieux Señor Snede. De Tanger à Lisbonne, d’échauffourées éventuellement tragiques dans quelque bar interlope en rixes sanglantes dans quelque havre bien louche, de convoyages presque anodins en camaraderies confidentes presque paradoxales, le néo-marin, à bord ou à terre, tisse une étrange toile de mélancolie et de culpabilité, de dégoût de soi et de regret pas toujours bien défini.



Avec ce « Mira Ceti », réédité en 2021 chez Abstractions en un complet remaniement de sa parution initiale de 2001 chez Baleine, Sébastien Doubinsky aurait pu se contenter de nous offrir une superbe et noire variation du motif du « marin à terre » (ou plus exactement de l’oscillation entre « marin à terre » et « terrien en mer », car le caractère improvisé du « nouveau métier » du peintre Alex Szénas est bien entendu essentiel), comme sait le distiller si savoureusement de nos jours un Jacques Josse, par exemple. Si Pierre Mac Orlan, Nikos Kavvadias (on retrouve d’ailleurs ici aussi la poésie de Constantin Cavafy en exergue) ou Josef Kjellgren ne sont naturellement pas très loin, si le Francesco Biamonti et le délicat mélange de trafic et de mélancolie taiseuse de son « Attente sur la mer » sont encore plus proches, la magie d’une rencontre en apparence très hors cadre avec une certaine jeune femme à New York, celle d’un pèlerinage devenant curieusement mystique au Groenland (celui des périmètres de sécurité états-uniens tout particulièrement), ainsi que le doute instillé, pour celles et ceux qui connaissent d’un peu plus près l’auteur de « Quién es ? », « La trilogie babylonienne » ou « Absinthe », par la discrète présence de personnages authentiquement familiers tels Ole Nielsen ou Manu Rich (dont le « Strandbad VI » orne la couverture de la présente édition), transforment une scénographie que l’on croyait connue en, finalement très vite, tout autre chose, hanté de dadaïsme, de surréalisme et de colonne Durutti, de peintre devenu objet d’études universitaires et de virée dunkerquoise, de Basquiat et de Klee, de chats nommés Staline et de chamanismes ne donnant pas leur véritable nom. On songera peut-être alors à la manière dont un Björn Larsson, avec qui Sébastien Doubinsky partage la passion de la poésie exigeante et des frères-de-la-côte, détourne les attentes de sa lectrice ou de son lecteur pour faire du « Cercle celtique » ou du « Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers » de somptueux objets littéraires hybrides, instillant de la poésie pure dans un écheveau romanesque d’abord réputé parfaitement assignable. Et c’est ainsi que le poète de « Predominance of the Great » ou de « Zen and the Art of Poetry Maintenance » (car ce Français basé au Danemark est fort régulièrement publié directement en anglais) nous offre en 150 pages une véritable Odyssée contemporaine dans laquelle ni Ulysse (prenant parfois des airs d’Orphée) ni Pénélope (se faisant Eurydice lorsque nécessaire) ne veulent se conformer aux rôles qui devraient traditionnellement être les leurs.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
Pakèt  Kongo

Paket Kongo est un recueil poétique publié

aux éditions Mémoires d’encrier en 2013.

On y suit Cambodge Orchestre dans sa déambulation citadine jouissive dans tous les sens du terme. Le vers libre prête sa cadence et son rythme heurté au voyage. Le recueil, pareil au « Paquet Congo » haïtien du culte vaudou, mêle images, langues, visions et incantations et se nourrit de matériaux divers agglutinés les uns aux autres pour créer le texte poétique, "image en mouvement". Les frontières s'effondrent. On y croise François Villon ou le poète haïtien Rodney Saint-Eloi, explicitement cités, mais on pense aussi à Cendrars , Apollinaire, Césaire et même à un poète plus inattendu (quoique très célèbre) et que les happy few reconnaîtront ci-dessous :

trente secondes de bonheur

non c’est pas vrai l’orgasme

ça ne dure jamais trente secondes

5-6 secondes pas plus et après

on s’écroule

lourds

On s’écroule sur la femme

comme un cheval mort






Lien : https://twitter.com/claire_t..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sébastien Doubinsky (45)Voir plus

Quiz Voir plus

Le feu au royaume

Quel est le surnom de André Thiriet, le personnage central du roman ?

Les guêtres
Dédé la Classe
Scarface
Le Parrain

7 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Le feu au royaume de Sébastien DoubinskyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}