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Critiques de Sébastien Spitzer (553)
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La fièvre

En pleine pandémie, Sébastien Spitzer m’a plongé dans une épidémie de fièvre jaune, à Memphis, dans le sud des États-Unis, en juillet 1878.

Cet écrivain que j’ai déjà beaucoup apprécié avec Ces rêves qu’on piétine puis Le cœur battant du monde, confirme son grand talent avec La fièvre.

Sans ménagement, il débute avec une scène horrible d’une action du Ku-Klux-Klan durant laquelle un nom est prononcé : Keathing.

Ce Keathing est le propriétaire et rédacteur en chef du Memphis Daily, le quotidien local. Je vais le retrouver tout au long du roman dont le personnage principal est une ado de treize ans : Emmy. Malgré ses crises d’épilepsie, elle ne rêve que d’une chose : retrouver son père, Billy Evans, qui a promis de revenir pour son anniversaire : elle va avoir treize ans.

Hélas, cet homme est un escroc, un caméléon habile mais beau. Il sort de prison et Emmy, folle d’espoir, va l’attendre sur le débarcadère car un bateau arrive, le Natchez. Par malheur, la fièvre s’est déclarée à bord et va contaminer toute la ville. Les événements vont s’enchaîner et seront vite dramatiques.

Le troisième personnage important se nomme Anne Cook. Elle est la patronne du bordel, Mansion House, et son surnom, Poppy, signifie coquelicot, sa fleur préférée. Les Noirs ayant été affranchis depuis peu, le racisme fait fureur, encore et toujours. Emmy est traitée de négresse alors qu’elle est métisse. Les policiers, tous Irlandais, sont d’une brutalité incroyable avec les Noirs qui sont employés dans les champs de coton, comme avant.

Les événements se précipitent, la fièvre s’étend, l’affolement aussi. Deux médecins sont sollicités : un charlatan (Fitzgerald) et un compétent mais très âgé, le Docteur Mitchell. Tous les habitants qui le peuvent tentent de fuir la ville à bord d’un train à bestiaux mais sont accueillis à coups de fusil dans la ville voisine.

Ainsi, en contant l’évolution galopante d’une terrible épidémie dont personne ne connaît la cause, Sébastien Spitzer met en lumière les pires travers des humains comme leurs bons côtés : solidarité et dévouement contre cupidité et égoïsme. Pour être au plus juste dans son récit, il s’est abondamment documenté et a même vécu de longs mois à Memphis !

Tout cela donne un roman passionnant, émouvant, éloquent, roman auquel il ajoute une information à mettre en exergue : la découverte du médecin cubain, Juan Carlos Finlay (1833 – 1915), dont la société bien pensante s’est abondamment moquée. C’est lui qui a trouvé le responsable de cette épidémie de fièvre jaune : le moustique ! Pourtant, bien que son nom ait été proposé sept fois pour le Nobel de médecine, jamais il ne l’a obtenu.

Au cours de ma lecture, j’ai tremblé pour Emmy, été ému par le sort des habitants de Memphis. J’ai admiré le courage extraordinaire de T. Brown, ce géant noir créant une milice pour tenter de rétablir l’ordre dans la ville et la préserver des pillards. J’ai apprécié aussi l’évolution de Keathing tout en espérant qu’Anne Cook… mais je vais trop en dire et ce serait dommage de divulgâcher un roman qui fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs de 2 Rives 2021, pour l’instant, mon favori.


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Le coeur battant du monde

Sébastien Spitzer prend le pouls d’un monde encore palpitant des premiers soubresauts de la révolution industrielle, à travers la fresque historique et sociale pleine de vigueur d’une ville où tout peut arriver dans les années 1850 : Londres, vibrante capitale du monde.



Au bout de Brick Lane se trouve un faubourg que l’on surnomme l’"Abîme" : l’East End. À cette heure d’affluence, une femme, rousse aux cheveux courts pour éviter d’avoir à se les laver, tente de se frayer un passage parmi la foule d’ouvriers. Louvoyant à travers les mains libidineuses de la sortie d’usine, elle contourne un bloc de houille érigé en totem, «  cœur sec et froid d’un monde nouveau sans cœur  », dans la fureur des bas-fonds de Londres, capitale du charbon qui transforme le monde à l’allure de ses locomotives, répandant mécanisation et marchandisation à une vitesse industrielle, et tissant le long d’un réseau de chemin de fer, comme la toile d’une araignée qui distribue ses profits à quelques-uns, et sa misère à beaucoup d’autres : « Le cœur battant du monde ».



Charlotte, jeune fille aux cheveux trop ras, n’aura pas fui la famine de son Irlande natale pour mourir étouffée par la pauvreté. Elle devra se battre sans compter : son homme, parti tenter sa chance au rêve new-yorkais, la laissera enceinte d’un enfant qui n’aura même pas le temps de respirer. Voler, se prostituer, l’argent n’aura pour elle qu’une valeur, celle de la survie. Pour elle et pour l’enfant illégitime qu’on lui a confié, après son bébé mort-né. Freddy, dont l’identité devra être cachée, sera un des secrets les mieux gardés de la future Union soviétique, fils jamais reconnu de Karl Marx lui-même, que nous suivrons complotant un soulèvement accompagné d’Engels. Mais pour Freddy, la révolution se fera dans l’action ou ne se fera pas.



« La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l’Empire ne peut plus absorber. Elle a le cœur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n’en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s’entasser dans ses faubourgs sinistres. »



Londres est «  la ville monde immonde  », à la couleur de suie et à l’odeur de sueur. Le récit constitut un portrait saisissant et sans concession d’une capitale en pleine ébullition industrielle. Après un premier roman très remarqué, Ces rêves qu’on piétine, qui évoquait Magda Goebbels, Sébastien Spitzer nous offre une fresque historique aux accents mélodramatiques «  au cœur même du cœur battant du monde capitaliste  ».
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Ces rêves qu'on piétine

Gros plan sur une période maudite de notre histoire : au moment de la libération des camps de la mort. Deux focus : la cavale d’une mère et de sa fille, tandis qu’un cahier de fortune se passe de main en main, témoignage de l’horreur, mais aussi outil de solidarité. C’est là que la réalité se mêle à la fiction, le but ultime étant de faire parvenir ces écrits à Magda, l’épouse de Goebbels, alors que l’édifice mortifère construit par quelques illuminés, suivis par les hordes bêlantes s’écroule de toute part.



Lorsque l’histoire a déjà été maintes fois racontée, c’est l’écriture qui fait la différence. Et là elle est particulièrement efficace : les phrases courtes, cinglantes, témoignent de l’affolement général, qu’il concerne les fuyards, traqués jusqu’au dernier moment, dans l’urgence de faire disparaître les preuves, ou les libérateurs, qui découvrent abasourdis l’étendue du désastre.





En contraste, le personnage de Magda reste placide, résignée, et prête à accomplir le pire des crimes, et pourtant encore attentive à un détail vestimentaire en songeant à une gloire déchue.

C’es sans doute celle qui est décrite avec le plus de précision;



La petite Ava, figure centrale du roman, est esquissée, comme une allégorie, une icône de ces enfants nés en captivité. Et elle est un point d’ancrage solide du récit, alors qu’autour d’elle ses repères sont mouvants.



C’est aussi un bel exploit que de créer une ambiance de thriller, par la convergence des deux histoires et l’attente de ce qui va les lier.





Un premier roman percutant, poignant, qui mêle adroitement l’histoire vérifiée sur des textes solides et fiction à travers des personnages à la fois fragiles et denses.








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Le coeur battant du monde

Londres, 1851 : Charlotte jeune immigrée irlandaise qui a fui la famine vient d'être agressée. Elle est secourue par le Docteur Malte, soigneur des laissés-pour-compte, qui pratique des avortements en secret et la recueille. Au même moment, naît Freddy, cet enfant illégitime qu'a Karl Marx avec sa bonne et dont il ne veut pas assurer la paternité. À la demande d'Engels, ami de Marx, le médecin se charge de récupérer l'enfant et c'est Charlotte qui va l'élever.

Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer, après son excellent Ces rêves qu'on piétine qui dévoilait l'étonnante histoire de Magda Goebbels, se penche, cette fois sur le destin du fils caché de Karl Marx. C'est donc au cœur de l'Angleterre victorienne que se situe l'intrigue. L'auteur, nous raconte avec brio et un suspense maintenu de bout en bout, la vie plus que mouvementée de ce garçon. Il nous décrit également de manière remarquable Karl Marx, en pleine fondation, avec Engels de l’Internationale communiste. Comment Engels, grâce à ses usines, peut financer le train de vie de l'auteur du Capital. Les portraits de ces deux hommes, tous deux exilés d'Allemagne, révolutionnaires mais bourgeois, sont vraiment réussis.

Mais, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est le contexte historique, cette période de l'histoire britannique où une Angleterre industrielle maîtresse du charbon, le plus grand empire colonial du monde dans ces années 1860, veut dominer le monde. Sébastien Spitzer nous plonge au cœur de la vie des petites gens et la manière impitoyable qu'utilisent les plus chanceux pour exploiter les plus faibles. Cette misère provoque de nombreuses insurrections, misère aggravée par la crise du coton bloqué en Amérique par la guerre de sécession. Les Irlandais sont d'autant plus touchés, que, nombre d'entre eux se sont engagés auprès des Yankees avec promesse de se voir attribuer une terre, promesse qui ne sera pas tenue... D'où la violente répression anglaise lors des révoltes des fénians, ces nationalistes irlandais, à leur retour.

C'est une magnifique fresque sociale, bien que très noire qui est brossée dans ce roman avec, en son cœur, la présence de ces deux hommes qui bien que profitant de ce système capitaliste n'ont qu'un rêve : le faire tomber !

C'est une histoire romanesque des plus passionnantes que nous livre Sébastien Spitzer avec, au départ, un fait réel qui se déroule dans un contexte historique réel.

Un livre passionnant, fascinant et très enrichissant.

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Le coeur battant du monde

Le cœur battant du monde est une gigantesque fresque dans laquelle le talent de l’auteur réussit à lier personnages et événements réels à la fiction. Indispensable pour raconter et surtout pour intéresser et captiver le lecteur.



Comme avec Magda Goebbels, dans son premier livre, Ces rêves qu’on piétine, Sébastien Spitzer redonne vie à des personnages disparus en nous plongeant dans leur quotidien. J’ai ainsi apprécié de découvrir qualités et défauts de Karl Marx, Le Maure, et de Friedrich Engels, le riche industriel qui pouvait pratiquer la chasse à courre avec des lords puis pousser ses ouvrières à se révolter tout en les traitant bien mieux que tous ses collègues.

Surtout, il y a ce héros du livre, Freddy, le fils de Karl Marx, né d’une nuit d’amour avec la bonne. C’est lui, enfant, que l’on peut imaginer voir sur la couverture du livre, confronté à la misère, à la faim, dans ce Londres du XIXe siècle si bien décrit dans ce livre comme l’avait fait Charles Dickens.

Je me suis attaché à Charlotte, une Irlandaise, personnage fictif si généreux malgré tout ce qu’elle subit, puis à Lydia, sortie de la misère par Engels. Elle se révolte contre sa couardise et son suivisme, cédant toujours aux volontés de la femme du Maure, Johanna von Westphalen, une Allemande comme son mari et Engels, en rupture avec la noblesse rhénane dont elle est issue.

C’est vrai que j’ai eu du mal à voir derrière Le Maure ce Karl Marx, l’auteur du Capital, œuvre fondamentale dont on parle depuis si longtemps. L’auteur explique bien ce surnom dû à son apparence physique mais ce n’est pas évident, surtout après avoir vu Le Jeune Karl Marx, l’excellent film de Raoul Peck dont August Diehl joue le rôle principal. En cours de lecture, les images du film me revenaient en mémoire car le réalisateur était très bien documenté.

Dans Le cœur battant du monde, j’ai beaucoup apprécié le tableau fait par l’auteur de l’industrie anglaise, où ce coton venu d’Amérique, obtenu grâce au travail et au sang des esclaves, donne du travail aux enfants comme aux adultes dans des conditions effroyables. La guerre de Sécession aussi est vue sous un angle plutôt réaliste, loin des clichés qui classent les bons d’un côté et les méchants de l’autre.

Enfin, le combat des Irlandais pour l’indépendance m’a passionné. Tant de violence, tous ces morts, toutes ces souffrances qui sont encore loin de leur épilogue en 1867, cela m’a beaucoup touché.



Une nouvelle fois, Sébastien Spitzer prouve qu’il sait raconter, après s’être énormément documenté. Surtout, il n’hésite pas à citer les lectures qui l’ont inspiré, ce que j’apprécie beaucoup à la fin d’un roman de ce style.


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La fièvre

Un vrai coup de coeur pour La fièvre, troisième roman de Sébastien Spitzer, après le coeur battant du monde et Ces rêves qu'on piétine que j'avais beaucoup appréciés.

Le roman démarre avec une scène terrible où un homme est maintenu face contre terre, pour être ligoté puis pendu. Il s'agit d'un noir et ses tortionnaires font partie du Ku Klux Klan.

Rapidement, nous allons faire connaissance avec les principaux personnages du roman. Nous sommes à Memphis, début juillet 1878, et une partie de la ville s'apprête à célébrer le jour de l'Indépendance.

Emmy dont la mère est noire et aveugle est impatiente et fébrile car ce 4 juillet est aussi celui de son anniversaire, elle a treize ans. Son père Billy Evans qu'elle n'a jamais vu, va arriver par le vapeur, elle en est sûre, il le lui a promis dans la seule lettre qu'il lui a adressée en treize ans.

Quand le bateau va arriver, immense déception car les passagers commençant juste à descendre vont bientôt devoir remonter, poussés par les policiers, car un des passagers est décédé de la fièvre et le navire doit être placé en quarantaine.

Anne Cook, elle, tient la maison close, Mansion House, la plus luxueuse de la ville et a prévu un bal costumé pour ce soir.

Keathing, proche du Ku Klux Klan, patron du Memphis Daily surveille la sortie des cinq mille exemplaires du journal.

Quant à T. Brown, ce géant noir, ancien esclave, il est le chef d'orchestre de la fanfare qui s'apprête à défiler. Lui et Keathing sont bien sûr ennemis intimes.

Mais voilà qu'un repris de justice, Billy Evans, justement, vient s'écrouler en plein jour au milieu de la rue, en sortant du bordel. Ce sera le début d'une terrible épidémie, une fièvre mystérieuse que personne ne savait encore soigner, ne sachant pas non plus comment elle était transmise. Beaucoup d'habitants vont rapidement fuir la ville tandis que l'on assiste à une hécatombe et que les pillards débarquent. C'est dans ces circonstances que nos personnages vont révéler leur véritable personnalité et se comporter soit en héros, soit en lâches.

Face à cette terrible réalité, à cet événement hors du commun que représente cette épidémie meurtrière, certains vont faire preuve d'un immense courage, de solidarité et se mettre entièrement au service des malades se comportant en véritables héros, alors que d'autres, terrassés par la peur réagiront comme des lâches.

On est presque incrédule en voyant à quel point, dans ces moments critiques, leurs regards sur le monde a changé du tout au tout et souvent pour le meilleur. Comment ne pas être ébloui par l'exemplarité de certains comportements ? Et comment ne pas faire le parallèle avec la pandémie actuelle ?

Ce roman passionnant, est inspiré d'un fait historique, la fièvre jaune qui sévit en 1878, à Memphis et dévasta cette ville en quelques mois, faisant plus de cinq mille morts.

N'oublions pas que l'abolition de l'esclavage ne date que de 1865 et dans cette ville du sud des États-Unis, le racisme est encore très virulent en 1878 et Sébastien Spitzer fait remarquablement revivre cette époque. Si les noirs sont théoriquement libres, ils sont encore très loin de vivre à égalité avec les blancs, ils en restent les serviteurs.

La fièvre, ce roman dans lequel un événement de l'Histoire est rattrapé par la réalité est une magnifique leçon de courage, d'amour et de solidarité.

C'est un bouquin qui m'a véritablement emportée et bouleversée. Les personnages resteront pour moi inoubliables. Certains ont réellement existé, l'auteur dédie d'ailleurs son roman entre autres « à la mémoire de Raphaël T. Brown qui a sauvé sa ville ».

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Ces rêves qu'on piétine

☠️ La chute des bourreaux.

Celle plus précisément de Magda Goebbels, personnage phare de ce roman prenant, figure emblématique du Troisième Reich, épouse de Joseph Goebbels ministre de la propagande du régime nazi. Le récit se situe à la fin de la seconde guerre mondiale alors que l’un des régimes totalitaires les plus abjectes et les plus meurtriers de l’Histoire est en pleine déliquescence.

Magda, la toute puissante. Taillée dans le roc à la lame d’acier, un temps première dame du IIIe Reich, cachait sa véritable nature sous un épais vernis.

Froide, arriviste, méprisant tous ceux qui ne sont pas au dessus de la mêlée. Seule chose qu’elle s’ingénie à préserver : son image publique de femme et de mère parfaite.

Elle se réfugie avec son mari et six de ses enfants dans le bunker berlinois d’Hitler où se trouvent « tous les derniers figurants de ce qui reste du Reich ». Dans ce bâtiment glauque elle finira par se suicider après avoir tué ses enfants méthodiquement. Comment en arrive-t-on à de tels actes? « Un voile reste dressé entre le geste et son moteur intime ».

L’auteur non sans réalisme reconstitue ses dernières heures et met en lumière son parcours passionnant remontant de manière factuelle aux origines du mal. Peut-être pour tenter de comprendre les sources de ce fanatisme et cet infanticide car l’histoire familiale de Magda, enfant naturelle, est compliquée.

D’autres récits s’entrelacent, ceux de survivants des camps contraints par les SS aux « marches de la mort » et donnent lieu à des scènes poignantes et chaotiques.

Des récits touchants où l’humanité et la solidarité des opprimés « sur le terrain » contrastent avec la froideur des persécuteurs-commanditaires retranchés dans leur sphère mais au destin finalement tout aussi tragique.

Leurs histoires se recouperont par l’intermédiaire de lettres, notamment celles désespérées du père adoptif juif de Magda qui l’a élevée comme sa fille, prisonnier des camps et qu’elle a abandonné à son sort.

Le style est percutant, constitué de phrases courtes, de mots riches, acérés et accumulés donnant un sentiment d’urgence, un rythme frénétique et une densité au récit.

Une très belle découverte💖.

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Le coeur battant du monde

Lorsque l’on s’attache au misérable quotidien de Charlotte , enceinte d’un enfant dont le père est parti tenter sa chance en Amérique, traitant son infortune dans les bas-fonds de Londres, on est loin d’imaginer que l’histoire nous conduira dans l’intimité de deux géants de l’histoire du 19è siècle, à savoir Marx dit le Maure et son allié (mais après lecture, peut-on parler d’alliance, tant la nature de leur relation est peu claire), Engels.



C’est sur l’existence d’un fils caché du rédacteur du Capital que Sébastien Spitzer construit le récit. La naissance clandestine, les premières années près de celle qui fut sa mère de substitution, la pauvreté, même si tout cela est sorti de l’imagination de l’auteur, puisque l’on sait peu de choses du bâtard, dont les instances officielles ont longtemps réussi à cacher la réalité, pour ne pas ternir l’image du géniteur.



Et pourtant, elle n’est pas reluisante cette image : si Marx défend sur le papier l’opprimé , il semble pourtant éprouver à son égard le plus profond mépris, dans sa vie de tous les jours. Et son train de vie financé par Engels aurait pu être à l’origine d’une dissonance cognitive dont il ne semble pas souffrir.



Le contexte historique est passionnant : c’est l’époque où le commerce florissant du coton, importé des Amériques, fait vivre (ou plutôt survivre) le peuple des ouvriers dont le maigre salaire parvient à peine à les nourrir, dans des conditions d’insalubrité qui tuent avant l’âge.

La situation s’aggrave encore lorsque la Guerre de Sécession ruine l’importation de la précieuse matière première.



L’écriture est vivante, faite de phrases courtes et le plus souvent au présent. L’incursion de la petite histoire dans la grande Histoire a toujours un effet très positif sur l’intérêt et suscite l’envie de poursuivre la lecture sans répit.





Très beau second roman, qui confirme le talent de l’auteur .


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La fièvre

Le thème n’est pas nouveau, même si les événements récents lui ont conféré une actualité brulante!



Brûlante comme cette fièvre qui fait des ravages à Memphis, à la fin du dix-neuvième siècle : l’épidémie tue, et elle provoque dans son sillage les comportements de survie qui se font fi de toute considération empathique ou, au contraire inspirent des vocations de dévouement risqué. La maladie révèle le meilleur comme le pire.



C’est une petite fille qui se démarque au coeur de ce récit. Emmy, onze ans, métisse, épileptique, à la recherche du père qu’elle idéalise à l’aune du portrait flatteur que sa mère en fait. Cette quête va être profondément détournée au fil des événements, et Emmy se retrouvera avec Keathing, le blanc du Sud dans toute sa spendeur, et Anna Cook, patronne du bordel local, réaffecté au gré des besoins, au coeur de la tourmente pour tenter de sauver quelques victimes atteintes par le fléau.



C’est une superbe évocation, racontée de façon très vivante, à un rythme soutenu, qui n’est pas sans rappeler le style de Ces rêves qu’on piétine. Impossible de s’ennuyer une seconde en suivant le périple désespéré d’Emmy.

C’est aussi un document qui retrace la vie dans le Sud des EtatsUnis alors que le KKK sévit pour appliquer ses propres règles pour un simulacre de justice. Ce sont des épisodes qui font mal, et c’est d’ailleurs par une scène atroce que débute le roman. Cependant si le racisme est abordé constamment dans ces pages, il n’est est pas le thème principal. C’est plutôt une sociologie des moments de crise, et si ces comportements n’ont pas disparu avec le temps, on constate malgré tout les progrès des instances qui nous gouvernent pour limiter les dégâts.



L’auteur fait la preuve avec ce troisième roman, de ses talents de conteur qui sait traduire en un roman séduisant la somme de ses recherches bibliographiques.


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Ces rêves qu'on piétine

Pour s'emparer du passé, les écrivains prennent parfois des libertés avec l'Histoire. Ils la contournent, la personnalisent, pour combler des vides, la rendre plus épidermique ou lui donner une nouvelle vigueur. Et parfois ça marche.

Comme beaucoup ici, j'ai aimé l'angle choisi par Sébastien Spitzer pour se saisir de la chute de la femme la plus puissante du IIIe Reich, Magda Goebbels. Une biographie richement documentée a déjà été consacrée à cette femme qui de manière surprenante est passée des bras d'un sioniste affirmé à ceux d'un haut dignitaire nazi.

Mais à la différence d'Anja Klabunde, Sébastien Spitzer préfère la fiction. Et pour concentrer notre attention sur un secret que l'ambition de cette femme a tenté de dissimuler.



Pour cela, l'auteur, en véritable alchimiste du récit, a envisagé un double récit qui n'a vocation à raconter qu'une seule histoire. Il tisse des liens entre des personnages fictifs et réels. Il utilise un subterfuge pour rendre «solidaires» des personnages totalement étrangers les uns aux autres à l'heure où Magda Goebbels voit se profiler la fin du régime alors que des rescapés juifs tentent d'échapper à la folie de leurs tortionnaires qui veulent effacer toute trace de leurs atrocités.

Avec habileté, Sébastien Spitzer glisse presque sans effort de l'attente glaçante de l'une à la fébrilité des autres, les pulsations des personnages rythmant avec finesse la progression du récit. Mais là où on imaginait une course à la survie, l'auteur préfère propulser son histoire dans une quête mémorielle. Loin de traquer la trajectoire d'une femme énigmatique ou de dresser son portrait psychologique, tous les ingrédients narratifs et stylistiques sont guidés par le devoir de transmission et érigent le livre en véritable recueil commémoratif.

Malgré un léger fléchissement de la verve, ce fut une lecture passionnante car, malgré les tensions délicatement orchestrées, le ton très personnel et contemporain, Sébastien Spitzer parsème son roman de nombreuses références historiques qui donnent une authenticité profonde à chaque page.
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Ces rêves qu'on piétine

Au début de ce livre le lecteur est traversé par un sentiment d'inquiétude, de méfiance , de désarroi encore un livre sur cette période maudite de la seconde guerre mondiale !

Beaucoup de personnages : Aimé, Judah, Ava, Fela, Magda ....



Puis l'on s'attache férocement à ce récit , pas loin du coup de coeur, récit qui fait valser les faits grâce à sa construction hardie , frontale , osée, formidable ....



L'auteur tente la fiction et manie l'histoire avec un grand «  H »  d'une main de maître...là , où pourtant les travaux complexes des historiens, les recherches , les photos et le cinéma semblent avoir tout archivé, répertorié , restitué, et éclairci ?



Nous arpentons à toute allure les territoires de l'Est de l'Europe en1945, en côtoyant d'infinies colonnes de mourants , luttant pour leur survie, un spectre total, à peine échappés des camps de concentration .....



«  Judah file aussi droit que possible. Il étouffe la douleur de ses poumons mis à l'épreuve.

Il a la gueule ouverte , inspirant , expirant , sans que ses lèvres se touchent , grande ouverte , toute grande ouverte ....Vite . S'accrocher. Ne pas tomber , Ne pas se retourner . Droit devant . Les tirs allemands! Ces plombs brûlants !Ces déchirures ! Les blessures! . Et le sang ...! . »





Nous sommes entraînés à l'aide de phrases courtes, tranchantes , dans le vraisemblable mêlé à l'imaginaire ....C'est le talent de l'écrivain.



Une course folle où celui-ci réussit à éviter tous les pièges....



Les personnages sont criants de vérité , révélant leurs contradictions, leur entêtement à vivre au sein d'un monde éclaté qui n'a plus aucun sens ....



Grâce à une écriture vive et descriptive, jamais lourde, il nous emporte dans la tourmente le souffle court, tous nos sens alertés...



Une espèce de théâtre macabre où ces hommes à bout de force , en charpie , résistent , au delà de tout....

L'auteur talentueux avance dans la tragédie avec des interrogations , des questions, à propos de survie, de sacrifice , et de mémoire.

Qu'il se tienne dans le bunker berlinois où Magda Goebbels , dont il dresse un portrait terrible, cinglant , dont je ne dévoilerai rien, cette Medée moderne, ambitieuse , qui s'enfonce dans l'abîme avec ses regrets ...en passe de se suicider avec ses enfants ...un mystère ...

Qu'il marche dans la forêt polonaise aux côtés d'une mère et sa fille , Ava , enfant mutique , obstinée , frêle et silencieuse , toutes deux tentant d'echapper aux tirs des villageois et des nazis...

Il garde la distance, transmet une voix juste sur l'effondrement des rêves mais aussi la volonté farouche de survivre pour transmettre ....Il reconstruit ou invente des personnages sortant de l'ombre et prenant chair ....



La construction du livre frontale et hardie ,originale et téméraire , brûlante, appuyée sur une somme documentaire et un travail de recherche importants «  Flirter le mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste » écrit l'auteur dans sa postface ..donne un ouvrage fort , doté d'une écriture brillante , troublante qui transperce, saisit , nous passionne et nous glace , «tenter dit- il encore , «  d'astiquer les consciences » ......tout ce que l'histoire néglige peut - être ....



Un premier grand roman au souffle puissant , au titre pourtant anodin!



Écrit par un journaliste dont je salue le brio .

A quand le prochain livre ?



































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Le coeur battant du monde

Dans les bas-fonds du Londres du milieu du 19ème siècle, un nourrisson est recueilli et adopté par Charlotte, jeune Irlandaise chassée de son pays par la famine. L'enfant s'appelle Freddy. Il ne découvrira que bien plus tard qu'il est le fils naturel de Karl Marx, lui aussi réfugié dans la capitale anglaise après avoir été refoulé de Prusse et de Paris. Pendant que le père rédige le Capital tout en maintenant des habitudes bourgeoises aux crochets de son ami, le riche industriel Engels, Freddy grandit dans la misère, participe aux soulèvements populaires lors de la crise du coton provoquée par la guerre de Sécession américaine, et se retrouve aux côtés des nationalistes irlandais par dévotion pour sa mère adoptive.





Karl Marx a bien eu un fils naturel, Frederick, né en 1851 d'une relation avec la bonne de la famille, et reconnu par Friedrich Engels. A partir de ce fait réel, l'auteur a librement imaginé la vie de Freddy et de sa nourrice, en faisant les personnages principaux d'une vaste fresque historique où tout, à part eux, est véridique.





On y découvre ainsi l'essor de l'industrie du coton en Angleterre et la misère ouvrière qui provoque de plus en plus d'insurrections, l'impact de la guerre de Sécession américaine sur l'économie anglaise, le sort des Irlandais après la Grande Famine et la déception de ceux qui se sont engagés auprès des Yankees dans l'espoir de se voir attribuer une terre, l'action des fenians et la violente répression anglaise…, mais surtout, en un contrepoint saisissant, les portraits étonnants de deux personnages déconcertants : Karl Marx et Engels, révolutionnaires bourgeois aux multiples contradictions.





Renforcé par le style d'écriture aux phrases courtes et sèches, le suspense autour du sort de Freddy est constant et maintient éveillé l'intérêt du lecteur du début à la fin de cette petite histoire enchâssée dans la grande, construite de manière crédible et passionnante à partir d'un fait méconnu, dans un foisonnement historique qui permet de saisir l'étonnante saveur des personnages de Marx et d'Engels. Un très bon moment de lecture, mêlant utilement l'intérêt à l'agrément.


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La fièvre

En 1878, dans un Sud américain qui n’a pas encore digéré la victoire des Yankees et l’abolition de l’esclavage, plusieurs cas de fièvre jaune sont confirmés à Memphis. Prise de panique, la population tente massivement de fuir, prenant littéralement d’assaut le dernier train en partance. Les habitants restés dans la ville désertée, désormais coupée du monde et livrée à la violence et au pillage, tâchent, avec les moyens du bord, de faire face à l’hécatombe. Tandis qu’une milice composée d’hommes noirs prend la défense des lieux, et que la maquerelle Annie Cook transforme sa maison close en hôpital, l’ardent suprémaciste blanc Keathing, patron du journal local, est amené à réviser ses convictions racistes et moralistes.





Ecrit par coïncidence juste avant la pandémie du Coronavirus qui lui donne une résonance toute particulière, ce roman s’inspire des épidémies de fièvre jaune qui, par trois fois, ont frappé la ville de Memphis dans les années 1870, alors qu’on ignorait la responsabilité du moustique dans la propagation de cette maladie mortelle. Rythmé par des phrases courtes et crépitantes, le récit est haletant. Il entraîne sans répit le lecteur dans l’impitoyable succession d'évènements à laquelle doivent faire face les personnages.





Pour ces derniers, cette terrible crise devient l’occasion de profondes transformations, Blancs et Noirs se retrouvant pour une fois à égalité face à l’adversité. Soudain, la valeur d’hommes noirs s’affiche en pleine lumière au travers de leur courage et de leur détermination, tout comme la vaillance et les qualités humaines de femmes dites de mauvaise vie – ces autres esclaves, cette fois du commerce des corps -, quand quantité de gens bien pensants, à commencer par la rigide mère supérieure du couvent de la ville, s’illustrent par leur lâche irresponsabilité.





Preuve que, souvent, seules les crises savent enfanter le changement, cette histoire qui renverse les rôles établis est une jolie démonstration de l’inanité des préjugés et de la gravité des intolérances, souvent cachées derrière des principes de morale autorisant la bonne conscience. Coup de coeur.


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Dans les flammes de Notre-Dame

❤️Embrasement spirituel et émotionnel.

Ce 15 avril 2019 restera gravé dans la mémoire collective. La Cathédrale Notre-Dame se consume sous nos regards médusés.

Touché comme beaucoup par ce désastre l’auteur écrit de manière impulsive, sensible et passionnée ce livre qui « s’est imposé » à lui. Il retrouve ses réflexes de journaliste-reporter et éclaire les angles morts de cette soirée infernale en offrant un récit palpitant heure par heure grâce aux propos recueillis auprès de plusieurs témoins et acteurs allant des membres de la brigade des sapeurs-pompiers au personnel ecclésiastique en passant par certains riverains, policiers et politiques.

A travers ces nombreux témoignages on découvre ce qui au-delà des images mondialement véhiculées s’est réellement joué intramuros mais aussi en simultané au QG des sapeurs pompiers, sur le parvis, dans le quartier et dans les coulisses de TF1 alors qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à prononcer une allocution très attendue.

La vision du romancier est bien présente avec des passages touchants et poétiques, l’écriture est fluide, rythmée, captivante. Des références historiques, religieuses et littéraires étayent le récit.

Le lecteur suit sidéré la progression du sinistre, de la défaillance technique, responsable d’une perte de temps fatale, au combat pour préserver la cathédrale et ses trésors. Notamment la Sainte Couronne d’épines, difficilement accessible, sauvée in-extremis.

Dans ce décor apocalyptique, magnifiquement décrit, au milieu des braises incandescentes, des pompiers en « tenue de feu », des projections d’eau détournées par le vent, de la fusion du plomb qui dégouline dangereusement un combat titanesque et mystique est livré.

On découvre les décisions prises dans l’urgence, les ébauches d’axes prioritaires d’intervention pour ceinturer le brasier. Alors que la charpente et ses poutres séculaires sont dévastées, la flèche effondrée, on entrevoit comment les pompiers s’organisent, gèrent les montées d’adrénaline et protègent le reste de l’édifice, se retrouvant dans des situations périlleuses et imprévues.

Un très bel hommage à Notre -Dame et aux combattants du feu.

Absolument passionnant❤️

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Ces rêves qu'on piétine



Bonne pioche, ce livre ! Pas loin du coup de coeur!

Et pourtant, quelle charge émotionnelle dramatique il véhicule...



Je craignais une énième histoire sur la période du nazisme. Mon enthousiasme est donc inversement proportionnel à ma saturation concernant l'époque maintes fois utilisée en littérature.

Mais, par une alchimie brillante, l'auteur m'a tenue captive par le montage romanesque impeccable et une poésie de l'écriture qui permet de tout dire et décrire.

Cette plume très personnelle dessine les lieux, façonne des ambiances et crée des images avec élégance, permettant la mise à distance des événements dramatiques.

On trouve ici le meilleur d'une production littéraire fictionnelle au service du devoir de mémoire et de l'Histoire.



Ajouté à cela le fait incontestable que Magda Goebbels possède tous les attributs d'un personnage de roman, sorte de Walkyrie ou icône désenchantée d'une idéologie nauséabonde. On reste fasciné par le récit désincarné des dernières heures crépusculaires d'une fin annoncée.



Je conseille! Voici un livre aux personnages de chair et sang, qui renouvelle le contexte de la guerre, s'appuie sur une solide documentation et ne tombe jamais dans le pathos et les clichés.



Une jolie pépite dont le titre un peu sucré ne rend pas justice à la qualité. Un premier roman prometteur d'un écrivain journaliste.



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Le coeur battant du monde

La couverture et cet enfant.



Il y a quelque chose qui m'appelle. Tout de suite.



J'ai débuté ce livre et ne l'ai jamais lâché jusqu'à la dernière page.



Nous sommes à Londres dans les années 1860. Nous partons à la rencontre de personnages hautement romanesques, à la Dickens, et tellement attachants qu'on ne peut se résoudre à les quitter. Si certain des héros de ce livre sont purement fictifs, d'autres ont réellement existé.



A travers le destin du fils caché d'un certain Karl Marx, nous rencontrerons Charlotte, cette mère de substitution qui m'a ému tout au long du livre, un personnage de femme forte et fragile à la fois. Une héroïne. Une vraie. A elle-seule, elle justifie la découverte de l'ouvrage.



Ce livre se lit d'une belle traite. Un souffle romanesque comme je les aime emporte en permanence le lecteur vers le chapitre suivant, vers la suite d'une belle épopée.



Un roman sur la différence, sur des personnages pas si manichéens qu'on pourrait le croire au premier abord. Un roman qui nous plonge tête la première dans une époque, où les avancées techniques se font au détriment de ces hommes et de ces femmes qui se tuent littéralement à la tâche.



Sébastien Spitzer est un conteur moderne. Humaniste et passionnant. Je suis complètement sous le charme. Il nous offre un roman palpitant et tellement passionnant que vous ne le lâcherez pas. Entre vérités historiques et rebondissements romanesques, le plaisir est là à chaque instant.



Un livre qui se lit comme on palpite. Un coeur battant. Ce coeur qui bat à la lecture de cette histoire passionnante. de ce monde qui se bat là dans les poitrines de ceux qui veulent changer les choses, de ceux qui se résignent. de ceux qui se débattent de toutes leurs forces.


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Ces rêves qu'on piétine

Nous suivons, dans ce roman, l’histoire de Magda Goebbels, son enfance, ses mariages, ses liens avec le parti nazi jusqu’au final dans le fameux bunker.



On rencontre d’autres personnages auxquels on a à peine le temps de s’attacher qu’ils disparaissent tragiquement : les déportés que l’on a obligés à quitter les camps et qu’on fait marcher jusqu’à l’épuisement pour les exterminer ailleurs, froidement (je devrais dire chaudement, car ils meurent embrasés dans une grange, dans une obscure clairière, à laquelle on a mis le feu après les avoir obligés à s’entasser !) avec la complicité des paysans du coin, bien-sûr car il fallait cacher le charnier, gommer les traces du génocide.



On croise ainsi Aimé, Judah, Fela et sa petite Ava, bébé miraculé des camps.



Ces récits alternent avec l’histoire de Magda, qui a pourtant eu une enfance heureuse, avec un beau-père qui lui a fait découvrir les arts, les lettres et qu’elle déteste parce que juif qu’elle n’hésitera pas à faire déporter.



L’ombre de Richard Friedländer, ce père adoptif, est présente tout au long du roman sous la forme d’une lettre dans laquelle il évoque son amour paternel à son égard ainsi que des témoignages d’autres personnes mortes dans les camps ; tous écrivent pour persévérer, survivre, transmettre. On écrit sur des bouts de papier, sur tout ce qu’on peut trouver, le tout enfermé dans un vieux sac…



Comment Magda a-t-elle pu épouser Goebbels ? il a un pied bot, une face de rat, c’est un nain très éloigné du profil aryen… pour arriver à ses fins elle a réussi à entrer dans le parti, en tant que bénévole et approcher les personnes qu’il fallait pour arriver jusqu’à Hitler.



Ils se marient en grande pompe et mettent en scène toute leur vie de couple, c’est la mère parfaite, qui pose avec sa famille devant les photographes pour la propagande du régime. Il est attiré par les actrices qu’il tente de séduire par la force bien-sûr, et Magda vient mettre son grain de sel pour casser d’éventuelles idylles.



En fait, en dehors d’elle-même, elle n’aime personne, sauf Harald, son fils aîné, né d’une précédente union et qui s’illustre sur le front et évidemment, le pouvoir ; la manière dont elle lorgne vers Hitler, et jalouse son Eva finit par devenir grotesque : quand ils sont tous réfugiés dans le bunker, on voit un Hitler fantoche, qui baise la main des dames avec sa bouche baveuse !



« Le nabot et l’hystérique, le tremblant et le boiteux. Pour ce qui est de sa danseuse, Eva Braun, c’est de la pacotille, juste une mauvaise poudre aux yeux qui s’éparpille à la moindre brise. Magda prime. Elle le sait. » voilà ce que pense Magda coincée dans sa chambre au bunker, alors que Goebbels et Hitler ne se quittent pas.



Sébastien Spitzer a écrit un livre superbe, avec un style incisif, des phrases courtes, percutantes, des descriptions tellement vivantes qu’on n’a aucun mal à visualiser les personnages et les scènes.





Je connais bien la fin des Goebbels et Hitler et Eva Braun car j’ai vu plusieurs fois le film « Le bunker » avec Anthony Hopkins épatant dans le rôle d’Hitler, et pourtant ce livre m’a tenue en haleine jusqu’au bout.



Ce livre est un véritable coup de cœur.
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Le coeur battant du monde

Marx et Engels ont fait leur apparition pendant mes années - lycée et j'avoue que je ne pensais pas les retrouver un jour au coeur d'une de mes lectures , belle lecture , du reste . Ce sont donc de " vieux amis " si l'on considère que mon bac date de...1971 , il y a donc tout juste 50 ans ...(Attendez , je recompte , oui , hélas , le " compte est bon ") .Vous comprendrez aisément que je les avais " un peu " perdus de vue depuis tout ce temps . Je ne sais du reste plus si les excellents profs qui nous faisaient cours nous les présentaient aussi bien que Sébastien Spitzer , mais accordons leur le mérite de nous en avoir suffisamment bien parlé pour , qu'au moins , nous sachions encore aujourd'hui , de qui il s'agissait .

Voilà donc ces deux personnages " historiques " présents et bien présents dans ce Londres de 1851 , capitale d'un empire à la puissance reconnue et incontestable . Premier plongeon dans ce Londres cher à Dickens , une capitale enviée comme un formidable Eldorado pour des populations , irlandaises , notamment , chassées impitoyablement de leurs terres misérables vers une ville cosmopolite , certes , mais dévoreuse de main d'oeuvre méprisée, surexploitée , condamnée au pire pour survivre .Un décor saisissant puisque c'est dans ce milieu qu'évolueront la plupart de nos personnages . Parmi eux , Freddy , bâtard de Karl Marx , rien que ça. Nous allons avec lui traverser toute une époque , prendre les armes avec les opprimés irlandais , non pas pour chercher à atteindre le Graal , non , mais tout simplement revendiquer le droit de vivre libre et dans la dignité.... Vaste et éternel sujet .

C'est un roman qui se dévore de part l'intérêt du propos qu'il développe et la qualité de l'écriture . Si on s'appuie sur les " remerciements " exposés à la fin , on ne peut faire moins que reconnaître à l'auteur un travail de recherche sérieux et étayé ce qui n'est pas anodin et , ma foi , très bien inséré dans un récit qui est donc didactique tout en étant plaisant et très vivant . Ce fut donc pour moi un ( encore ...) très bon moment de lecture , passionnant et instructif . Une très " bonne pioche ".

Je me dis que mes profs de l'époque n'auraient sans doute pas omis de nous " signaler " ce bouquin et , qu'en élèves respectueux de leur savoir , nous n'aurions pas manqué de nous y reporter . Après tout , il n'est jamais trop tard pour bien faire , non ? Tout de même, qu'est- ce que ça aurait été bien d'avoir de " tels outils pédagogiques " en complément de ces cours magistraux parfois indigestes , surtout en tout début d'après- midi . Revenir en arrière ? Impossible . J'ai demandé à mon médecin , oh , pas grand chose , des broutilles ....20 ans ....Vu son exclamation ironique , je n'ai pas osé demander... 50 ans . Après , si vous avez un docteur Guéritou qui , lui , relève le défi, soyez sympa , faites - moi signe ...

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Ces rêves qu'on piétine

Sébastien Spitzer nous transporte à la fin de la deuxième guerre mondiale, en avril 1945.

L'histoire commence avec des soldats allemands qui évacuent un camp de prisonniers pour les exterminer en les brûlant afin d'éliminer les traces de leur atrocité.

Dans cette masse d'hommes pris aux abois, une fillette Ava recueille un rouleau ayant appartenu à Richard Friedländer dont on apprendra plus tard l'identité.

Au même moment, se déroule un dernier grand concert à Berlin où tout le gratin des monstres du nazisme sont conviés. Ils se savent au bout de leur gloire et un responsable leur distribue des capsules de cyanure.

Parmi les invités, la prestigieuse Magda Goebbels, femme d'un des plus grands propagandistes d'Hitler. Elle a 7 enfants, tous ont un prénom qui commence par "H".

Elle rejoint son bunker où elle est enfermée et protégée avec sa famille à laquelle elle réserve un sort assez peu conventionnel.

On s'aperçoit qu'elle a eu une enfance très pauvre, dans les pensions des environs de Bruxelles, élevée par un Juif, elle a aimé un Juif, elle en a à présent honte.

C'est vraiment l'histoire d'une personne qui voulait la richesse à tout prix. On peut dire qu'elle a vendu son âme au diable.

La lettre de son père à la page 109 est un écrit de toute beauté.

En effet, même s'il aborde des faits très douloureux de l'Histoire, l'auteur utilise une écriture magnifique, intense et ensorceleuse. Je n'arrivais pas à éteindre la lumière hier soir en le lisant

Un roman de très belle qualité, cruel quand même mais les faits le sont et sont très bien recréés sans aucune pitié.

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Le coeur battant du monde

Ma première rencontre avec Sébastien Spitzer est un véritable coup de coeur.

Il me tardait de découvrir cet auteur dont la sensibilité et l'érudition m'attiraient.



Dans le coeur battant du monde, il part d'un fait réel mais méconnu et ranime des périodes et des faits historiques qu'il agrémente de sa vision de la société et de la psyché humaine.



Dans les bas-fonds de Londres où règnent la misère au coeur de la révolution industrielle, nous découvrons la face cachée de Karl Marx à travers son fil caché, Freddy.



Avec une résonnance sur sa propre histoire de vie, Spitzer, qui n'a pas connu son père, creuse entre autres la question de comment un garçon peut devenir un homme sans un modèle masculin.



L'immense travail de recherche et de documentation disparaît dans le texte par la magie de la romance.

En écrivain humaniste et curieux, Il écrit là où perception intime et ampleur du monde se rejoignent, tel un géographe voyageur qui rend les lieux accessibles physiquement grâce à la justesse de sa langue poétique et rythmée.



Nous vivons les grands chamboulements de l'époque tels la cause indépendantiste irlandaise, à travers les yeux des personnages, dont certains sont à eux-seuls un sujet de récit.

Des personnages réels, Karl Marx et Engels sont mêlés dans les lignes de ce roman qui construit les parallèles entre leur vie et leur oeuvre et le monde qui les entourait.

On découvre leur rapport à l'argent et le paradoxe de la puissance de l'argent et des causes qu'il défendaient.



On passe un moment passionnant avec Sébastien Spitzer qui fait ce qu'il adore : à travers l'Histoire, raconter et comprendre les grands hommes comme ils sont, décrypter leur face cachée et leur complexité en dehors de leur oeuvre.





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