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3.83/5 (sur 205 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Boukhara, Ouzbékistan , le 23/08/1903
Mort(e) à : Québec , le 12/07/1972
Biographie :

Serge Golon, de son vrai nom Vsevolod Sergeïvitch Goloubinoff (Всеволод Сергеевич Голубинов), est un écrivain français d'origine russe.

Fils de diplomate du tzar, il est élevé à Ispahan en Perse, où son père est consul de la Russie impériale. Réfugié en France avec sa famille dans la région de Nancy, il devient le plus jeune docteur ès sciences-chimio-minéralogie de France. Il vit ensuite en Afrique, en Indochine une vie aventureuse de prospecteur et découvreur de mines.

Pendant la guerre, il rallie le Général de Gaulle à Brazzaville, il est condamné par contumace par Vichy.

En 1947, il écrit en collaboration avec un auteur pour la jeunesse un souvenir d'adolescence "Le Cadeau de Riza Khan", sous le pseudonyme de Serge Golon.

Il épouse à Pointe-Noire Simone Changeux (1921-2017), reporter et écrivain (pseudonyme Joëlle Danterne), future Anne Golon.

Il écrit avec elle certains souvenirs notamment "Les Géants du Lac", "Le Cœur des bêtes sauvages" et il assiste sa femme dans ses premières recherches de documentation pour "Angélique".

Le pseudonyme de Serge Golon est imposé par l'agence O.P. comme co-auteur dans l'édition française en 1957.

En 1959 la famille s'installe à Crans-Montana en Suisse. Il devient peintre en 1961, inventeur de vernis et couleurs avec une première exposition à Crans-Montana en 1968 où il possédait un chalet "Les Fauvettes".

Il meurt au Québec en juillet 1972 où il était venu préparer une exposition et signer un contrat sur ses découvertes de couleurs pour peintres, accompagnant Anne Golon venue se documenter pour le futur livre d'Angélique se passant dans la province de Québec.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Les voyageurs n'eurent pas à lancer de signal d'arrivée. Aucune embuscade n'était possible, dans cette demeure à l'écart, perdue au fond du Bocage.
Ici l'on pouvait oublier les zones ravagées par la guerre, les villages incendiés, les combats farouches à travers les landes, ou les guet-apens plus redoutables encore tendus au fond des gorges étroites. Combats sans merci. Les villages aux marches de la province étaient désertés. A l'intérieur, les paysans avaient passé l'été une main sur le manche de la charrue, l'autre sur le mousquet. Vers la fin de septembre un régiment des troupes royales s'était avancé assez loin au coeur du pays, ravageant tout sur son passage. Les habitants semblaient s'évanouir devant lui. Il n'avait pas trouvé grand monde à pendre mais avait tout brûlé, hameaux, bourgs, récoltes et, déjà, l'on parlait à Versailles de la reddition imminente des croquants terrifiés lorsque, parvenu aux environs de Pouzaugues, la troupe avait paru s'escamoter. Plus aucune nouvelle n'en parvenait. Le pays entier s'était refermé sur les soldats comme une tenaille.
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Elle l'entendit encore crier d'une voix démente :
- Swanissit est mort ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! ...
Tâtonnant, elle se recula, cherchant un point d'appui. Elle marchait à travers la cour, cherchant l'habitation principale où, cette nuit, on festoyait. Soudain, elle aperçut à quelques pas d'elle la porte béante comme un trou noir ouvert sur de l'ombre froide. Au gré du vent, le lourd panneau de bois grinçait sur ses gonds de cuir.
Une appréhension affreuse lu étreignit le coeur.
- La salle du festin ! murmura-t-elle, et elle marcha jusqu'au seuil.
Il n'y avait plus que quatre hommes assis devant la table. Tout de suite, elle vit que son mari n'était pas parmi eux. C'étaient les quatre chefs iroquois, Swanissit, Anhisera, Onasatégan et Ganatuha. Le font contre la table, ils paraissaient cuver leur ivresse. Une odeur fade montait de la salle où le brouillard s'était infiltré. Les feux étaient éteints. Angélique perçut un bruit sinistre et qui la fit frissonner jusqu'à la racine des cheveux. C'était le bruit d'une averse lente, comme le suintement d'une eau visqueuse au fond d'une caverne obscure.
Qu'importaient le froid de la porte ouverte et les feux éteints ! ... Ceux qui se tenaient là n'avaient plus besoin de chaleur. Car ils dormaient, le crâne à vif, dans une mare de sang. Et ce bruit, qu'Angélique entendait, c'était celui de ce sang s'écoulant de la table au sol.
Une nausée la saisit.
Et l'inquiétude même qu'elle éprouvait pour le sort de son mari fut submergée par l'horreur, la terrifiante infamie de la scène.
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incipit :
Quelques jours après la Chandeleur, à la sortie de la grand-messe, Monsieur le Gouverneur décida de se rendre en son jardin.
"Avec toutes ses dames...", aurait dit la chanson.
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Il la tourna vers lui en riant, la serra contre son torse dur, et doucement sa main commença de caresser son épaule, sa nuque penchée, ses formes pleines qui tendaient un peu le corsage, là, sous le bras.
- L’iroquois ne viendra pas cette nuit mon amour… Et le Français va dormir. Il a bu, chanté, festoyé. A demain les projets de massacre… Une nuit ! Qu’importe le lendemain si une nuit nous est encore donnée … Une nuit, c’est toute une vie !…
Il releva son menton entre ses doigts et baisa inlassablement ses lèvres offertes. Puis il cacha la belle tête altière contre son épaule et, de nouveau, il étreignit Angélique à la briser.
- Nous sommes des êtres neufs, chérie. Le monde qui nous observe l’est aussi. Autrefois, dans nos vieux palais, nous nous figurions libres. Cependant, tous nos gestes étaient sanctionnés par mille yeux impitoyables, ceux d’une société mesquine et jalouse, à bout de course. Il n’était pas facile, même avec des idées neuves, de se différencier des autres dans le Vieux Monde. Ici, c’est autre chose…
Tout bas, les lèvres dans ses cheveux, il ajouta :
- Et même si nous devions mourir, même demain, même affreusement, au moins ce serait ensemble et non plus pour de stériles et stupides servitudes.
Elle sentait sa main sur ses hanches, à travers l’étoffe de sa robe, et puis tout à coup elle la sentait, glissant plus haut sur sa poitrine dénudée, elle voyait les étoiles partout. Oui, il avait raison… Rien n’avait plus d’importance… Même s’ils devaient mourir demain, même affreusement… Elle était sa chose, soumise à sa force d’homme. Il avait dégrafé sa robe, rabattait le haut de sa chemise sur ses bras.
- Laissez-moi faire, ma toute belle. Il faut pouvoir respirer librement quand on a le cœur serré par la peur du Français ou de l’Iroquois. N’êtes-vous pas mieux ainsi ?... Laissez-moi donc faire… Il y a longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de délacer ces compliqués ajustements d’Europe. En Orient les femmes s’offrent sans faire aucun mystère pour l’homme.
- Ah ! Ne me parlez plus de vos odalisques.
- Pourtant vous ne pourrez que gagner à la comparaison…
- C’est possible ! Mais je les déteste.
- J’adore quand vous êtes jalouse, fit-il en la renversant contre le lit rustique.
Et comme elle tout à l’heure, il songeait dans un éclair : « heureusement que nos corps s’entendent ! »
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Elle était indignée de l'indifférence que manifestait Perrot pur le sort de ces gens, surtout des femmes. Bien qu'il fût fort brave homme, il était avant tout Canadien, et pour lui l'Anglais hérétique n'appartenait pas à une espèce qu'il soit nécessaire de ménager. Mais, voyant une déception mêlée d'horreur dans les yeux d'Angélique, il essaya de se disculper.
- N'allez pas croire, madame, que ces femmes sont tellement à plaindre. Certes, les Indiens les traiteront peut-être comme des servantes corvéables mais ne craignez pas pour leur honneur. Les Indiens ne violent jamais leurs prisonnières* comme cela se fait en Europe. Ils estiment qu'une femme contrainte attire le malheur sur un wigwam. Et, de plus, je crois que les femmes blanches leur inspirent une certaine répugnance. Si ces Anglaises et leurs enfants se montrent dociles, elles ne seront pas malheureuses. Et si elles ont la grâce d'être rachetées par une honorable famille montréalaise elles seront en outre baptisées et ainsi leurs âmes seront sauvées. Ces Anglais ont de la chance d'être tirés de l'hérésie.
Il lui rappela aussi que les Canadiens avaient eu beaucoup à souffrir des Iroquois qui, eux aussi, enlevaient des Blancs, mais c'était pour les torturer affreusement, ce que ne faisaient pas les Abénakis, alliés des Français.
* Ces moeurs indiennes du respect de la femme, générales au début du XVIIè siècle, disparurent peu à peu devant l'exemple des Blancs et sous l'influence de l'eau-de-vie. Vers la fin du XVIIè siècle beaucoup d'Indiens ne se privaient pas de violer les femmes blanches.
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Car, alors qu'il se détachait en ombre chinoise sur la lividité du clair de lune, elle pouvait voir qu'il tenait en main une sorte de bâton court.
"L'homme au gourdin de plomb !..."
Et tout ce que lui avait dit Colin à propos de ce criminel des rivages lui revint en mémoire. Ainsi, c'était bien lui ! Ce n'était pas un mythe. L'homme dont avait parlé Colin. L'assassin, le naufrageur qui attirait les navires sur les récifs et achevait les rescapés à coups de matraque plombée.
Et elle sut, à la fois, qu'ils existaient ces naufrageurs fantômes et qu'ils allaient la tuer à son tour.
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- Vous leur êtres indulgente. Etes-vous donc vraiment attachée à cet homme ?
- Quel homme ? demanda Angélique qui ne comprenait pas l'insistance d'Ambroisine sur le sujet.
- Ce Piksarett ! Savez-vous qu'on raconte, à Québec, que vous couchez avec les sauvages.
Angélique réagit vivement.
- A Québec ! ... cela ne m'étonne pas ! Ils veulent ma mort. Ils diraient n'importe quoi. Ils vont même jusqu'à dire que je suis une démone. Parce qu'ils sont fanatisés par un homme qui a vu en nous les suppôts du Diable, mettant le pied sur ses territoires pour les pervertir : le père d'Orgeval.
- J'ai entendu parler de lui, fit Ambroisine, songeuse.
- Nous ne pouvons rien contre sa vindicte. Elle relève de l'idée fixe et préconçue et il ne reculera devant rien pour parvenir à ses fins, même devant les ragots les plus bas.
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(il était) le seul avec lequel elle avait reçu parenté sur la terre, avec qui elle avait pu passer le pacte spirituel de l'amitié et de l'amour. Cela accentuait leur solitude à tous deux parmi les hommes, mais aussi les défendait de s'égarer en d'autres routes que celles de leur destin.
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Vivre à la Cour ?... L'on fait tout ce qu'on veut, a la Cour, excepté de vivre. Peut-être suis-je en train de vieillir mais je ne pourrais plus me contenter de ces hochets brillants qui font s'agiter tant de marionnettes. Ah ! posséder un tabouret devant le Roi... Quel sommet ! Être assise à la table de la Reine pour y battre les cartes, quelle jouissance !... Passions stériles, si pauvres et qui finissent pourtant par vous envahir et vous étouffer comme des serpents, le jeu, le vin, la parure, les honneurs... Il n'y a que la danse, peut-être, que j'aimais et !a beauté des jardins, mais payées par trop de servitudes : les lâches compromis, la convoitise des imbéciles auxquels on finit par abandonner sa chair... par ennui, les sourires qu'il faut dispenser à des chancres repoussants, plus repoussants d'être devinés au fond des yeux qui vous entourent que sur les faces des lépreux que j'ai vus en Orient..
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Un sentiment violent, proche de la haine, se mit à sourdre en elle et la sauva du désespoir. Ce fut comme un torrent sauvage qui n'avait pas encore choisi son but, mais qui lui donnait le goût de lutter. Un désir forcené de survivre pour se venger, se venger de tout.
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