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Citation de FRANGA


Quand l'insomnie me traque aux premières lueurs de l'aube, je soirs comme un homme qui aurait à faire, un homme qui se lèverait tôt. Rue Saint-Antoine, je m'installe sur une chaise en terrasse, commande un café serré que je laisse refroidir, je regarde les matinaux. Tout un monde me passe devant, des gens hypnotisés par l'idée d'un devoir. Les uns filent à scooter vers des postes conquis, les autres partent à pied, les moins audacieux hoquettent leur parcours dans des crédits à quatre roues, tout contents d'enchaîner trois feux verts, il y a ceux qui méritent leur bus après avoir couru, des cyclistes qui risquent leur peau au moindre croisement, des mômes sous les cartables qui vont coloniser le savoir, des petits vieux qui jouent la montre en faisant leurs courses avant tout le monde, des commerçants qui se croient libres le temps d'un express au bar, des postiers décuplés par l'envie d'en finir, je suis perdu au milieu de ça, j'aurais presque le sentiment de gêner, c'est la marée des certitudes qui tiendra le pavé jusqu'à ce soir. Le monde va droit vers son petit miracle d'organisation, c'est le moment où ça semble encore fonctionner, où ça a l'air cohérent. Les errants viendront plus tard, les chômeurs présument de leur désolation dans des salles de bains froides, les SDF commencent à peine de piétiner leur journée.
Quand le monde se remet en route, ça fait un bruit pas possible. Faudrait arriver à parler fort pour participer à ça, mais dans la vie en vrai on ne prend jamais les trains en marche.
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