Citations de Serge Joncour (2423)
La nature est un équilibre qui ne se décide pas, qui s’offre ou se refuse, en fonction des années.
Depuis près de vingt-cinq ans ils étaient indissociablement liés, y compris sur le plan professionnel.Ce n'est pas rien tout de même ,de se dire que depuis vingt-cinq ans sa vie est liée à cette personne avec qui l'on vit ,au point d'être soudé à elle.(p60)
Quand on paraît fort il faut en plus se résoudre à l’être.
Tous ces humains assujettis à la consigne, ces milliards d’êtres humains confinés chacun dans son enclos, ils répondaient à rien de moins qu’à l’ultime instinct de sauver sa peau, parce qu’une épidémie c’est fait pour éclaircir le troupeau, pour réguler l’espèce, bien souvent en éliminant les plus fragiles.
(page 216)
Une fois passé Caussade la circulation était dense sur la nationale 20, tous les dix kilomètres il y avait des travaux. Alexandre n’avait jamais noté qu’il y avait autant de chantiers aux abords de Caussade, et ensuite de Montauban, toutes ces zones périphériques devenaient d’interminables successions d’hypermarchés, de magasins de sport ou de bricolage, de jardineries et de grandes surfaces d’ameublement, et pour réguler la circulation née de tous ces parkings et de ces nouvelles routes on construisait un rond-point tous les cinq cents mètres … Le paysage urbain changeait du tout au tout. Le plus fou c’est que toutes ces terres qu’ils bétonnaient, ces terres de sortie de ville, c’étaient des terres de bord de rivière ou de fond de vallée, autant dire les meilleures, c’étaient donc sur des terres agricoles de la plus haute qualité qu’on bétonnait à n’en plus finir pour y faire pousser des hypermarchés.
La Seine, c’est le seul élément apaisé, le seul élément féminin, en dehors duquel tout ce qu’il voit autour de lui, c’est une ville nerveuse, dure, une ville pensée par des hommes, des immeubles et des monuments bâtis par des hommes, des squares, des voitures et des avenues dessinés par des hommes. P 24
Attendre l’autre c’est déjà partager quelque chose.
Aimer, ce serait de nouveau s'exposer à la peur, la peur d'être dépossédée une seconde fois. (...)
Dans l'amour il y a bien plus que la personne qu'on aime, il y a cette part de soi-même qu'elle nous renvoie, cette haute idée que l'autre se fait de nous et qui nous porte. ("J'ai lu", juillet 2015, p.49)
La réalité dépasse souvent la fiction, le problème c'est qu'elle est bien moins bavarde, bien plus dissimulée. Qu'on ne me jette pas la pierre, qui n'est pas attiré par les faits divers ? Qui ne lance pas un oeil dans le journal sur ces histoires invraisemblables où l'impensable se confond avec le quotidien, le sensationnel avec le banal, des histoires souvent bien plus folles que celles inventées. Au-delà de l'indéniable voyeurisme, le fait divers distrait de l'actualité conventionnelle, on y éprouve les affres d'un bien intime spectacle auquel on se sent soulagé de ne pas participer. (p. 55)
Dans l'amour il y a bien plus que la personne qu'on aime,il y a cette part de soi-même qu'elle nous renvoie,cette haute idée que l'autre se fait de nous et qui nous porte.p.49
Depuis le confinement on croyait le monde à l’arrêt, alors que toutes les vies non humaines retrouvaient dans cette pause une terre à nouveau libre, en cessant leurs activités les hommes libéraient toutes les autres formes de vie, les canards et les hérissons pouvaient de nouveau longer les chemins, les sangliers fourrageaient dans les fossés, les chevreuils ne s’exposaient plus à la mort en traversant les routes et les villes elles-mêmes se laissaient gagner par une faune qui se réappropriait l’espace.
Ce confinement, Alexandre ne le ressentait en rien, mais il imaginait à quel point ça devait tout perturber en ville. Cela coïncidait avec l’arrivée des beaux jours, cette période où l’on se réconcilie avec l’extérieur. Obliger quelque mammifère que ce soit à se calfeutrer et à hiberner au moment où l’hiver prend fin, c’est aller contre le cycle naturel des choses.
La vie va d'une peur à l'autre, d'un péril, à l'autre, en conséquence, il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif.
En trois mots, il venait d’opérer la fusion, en trois mots il avait soudé les troupes, c’était peut-être ça, un chef, on le remarque à ce genre de détails, d’autant que contrairement à ceux en bas de la tribune, lui était enfiévré et réchauffé, il ne portait qu’une veste. Un chef, c’est celui qui n’a pas froid. Il posa la rose sur le pupitre et s’adressa non pas à la foule, mais à chacun des regards dirigés sur lui, en modulant la voix, en la forçant quand il fallait, parlant plus bas parfois, s’accoudant au pupitre comme s’il allait chuchoter un secret. Caroline découvrait cela, cet homme irradiait d’une foi laïque.
Il était tombé vingt-cinq millimètres de pluie dans la nuit, vingt-cinq litres d’eau par mètre carré, chaque fois il imaginait ce que ça représenterait de balancer vingt-cinq litres d’eau juste là autour de ses pieds, il se sentait toujours reconnaissant de ce pur bienfait. Pas au point cependant de croire en Dieu.
L'incompréhension quand elle s'est installée avec les parents, elle ne se règle jamais, et vouloir la régler c'est créer une incompréhension de plus.
Si par chance un jour il n'y avait plus de guerre, en supposant de faire cet énorme effort d'imagination, des loups il en faudrait toujours, quitte à en réinventer ou à les faire revenir, car l'homme porte en lui le besoin de se savoir des ennemis et d'identifier ses peurs, ne serait-ce que pour fédérer les troupes.
Le chien se posta en dehors de la cage, haletant et tendu, il jeta un oeil à Franck qui finissait de descendre, attendant un ordre. Mais lequel devait le donner à l'autre, Franck ou le chien ? Lequel des deux devait prendre le dessus, la part du loup en l'homme, ou la part de l'homme en ce chien ?
Les enfants servent à cela, à combler le silence, le vide, les humains ne font pas des enfants pour peupler le monde, mais pour se prouver qu'ils existent.
Il y a des paysages qui sont comme des visages, à peine on les découvre qu'on s'y reconnait. P46