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Citations de Serge Lancel (19)


Ce rendez-vous manqué, organisé par la grande histoire et refusé par la petite, a quelque chose de frustrant, au minimum de paradoxal, si l'on songe que dans les vingt années qui lui restent encore à vivre l'évêque d'Hippone investira le plus clair de son énergie et de ses ressources intellectuelles dans ce débat contre Pélage et ses disciples qui le fera sortir de son Afrique, en termes de renommée, et dont procédera l'apport augustinien le plus marquant, qui traversera les siècles et éclipsera souvent pour la postérité, les autres aspects d'une grande oeuvre et les autres facettes d'une telle figure. Ce deux hommes dont l'affrontement spirituel fut si fort s'aperçurent à peine, alors que la destinée avait d'abord tout fait pour les mettre face à face ;...
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L'occasion se présenta enfin d'un colloque en petit comité : flanqué de ses amis, Augustin s'ouvrit à "l'évêque" manichéen des questions qu'il se posait. Il ne tarda pas à comprendre qu'il n'obtiendrait pas de lui les éclaircissements espérés, notamment sur la discordance constatée entre les données de l'astronomie et les fables manichéennes relatives au ciel, aux astres, au soleil et à la lune. Avec une modestie et une franchise inattendues, qui redoublèrent en sa faveur la sympathie naissante de son interlocuteur, Faustus se récusa sur son incompétence. Augustin le trouve beau joueur, mais resta sur sa faim.
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Que cette oeuvre unique dans la littérature de l'Antiquité soit une oeuvre d'art est une évidence, mais elle une oeuvre d'art par surcroît. La forte unité des Confessions est d'ordre psychologique et théologique, et leur beauté ne doit rien à une harmonie de composition consciemment imposée en suivant des recettes inspirées par des canons proprement esthétiques.
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Ces oraisons expriment fortement la conviction qu'a Augustin, à la différence des philosophes trop orgueilleusement confiants dans les seules forces de leur raison, qu'un secours lui est nécessaire pour parvenir à la vérité qu'il recherche sur lui-même et sur Dieu.
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Rome, où Augustin débarqua au seuil de sa trentième année, à l'automne de 383, était restée la ville magnifique qui, vingt-cinq ans plus tôt, avait si fort impressionné l'empereur Constance. Lui qui résidait dans la capitale orientale fondée par son père Constantin, après avoir fait dans la Ville éternelle une entrée triomphale, en avait longuement parcouru tous les quartiers sans lasser son admiration. Ainsi Rome dut-elle apparaître à Augustin après son débarquement à Ostie.
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L'âme est, par définition, vie qui anime ce qui vit ; elle ne peut s'abandonner soi-même, elle ne peut être privée de vie, puisque c'est elle qui la donne. Tenant son être de Dieu, c'est-à-dire d'une essence qui n'a point de contraire - ce contraire serait le non-être -, l'âme ne peut perdre son être et ne peut donc pas périr.
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Augustin, lui, n'a pas tu son enfance, et cette remontée aux origines d'une vie, perçue comme un continuum vécu, est en soi une chose très neuve.
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De l'évêque d'Hippone les intentions généreuses et la charité n'étaient pas douteuses, mais sa pédagogie avait parfois la pesanteur d'un rouleau compresseur.
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Dans l'Antiquité tardive, les grandes querelles étaient religieuses. Dans une société figée, souvent assistée et étroitement surveillée, d'où toute revendication était exclue, où le jeu permis par les mécanismes économiques était faible ou nul, où le politique était confisqué au profit exclusif d'un pouvoir central absolu, et depuis peu ouvertement théocratique, et de celui des féodaux omnipotents à l'échelon local, la libre expression des individus et des groupes sociaux, et même des masses urbaines, était cantonnée dans la sphère des croyances et du rapport à la divinité.
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Il n'est pas, dans toute la littérature de l'Antiquité, de langue grecque ou latine, de texte où reviennent si souvent, en si peu de lignes, les mots "amour" et "aimer" : l'amour en tant qu'appétence de l'être, le vouloir aimer traduisant véhémentement un besoin, en termes qui rappellent - sans surprise - : le néoplatonisme était passé par là - que, chez Platon, Eros est fils de Poros, la débrouillardise, mais aussi de Penia, la pauvreté. Et Augustin, dans se dix-septième année, tenait moins de Poros que de Penia. Et qui plus est - c'est du moins l'évêque qui le dit pour l'étudiant - , assoiffé d'amour il regrettait de ne pas être dans une soif plus grande encore.
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Dès cette époque, Augustin était sans illusion sur la portée de notre connaissance de la nature divine, lui qui dans le même texte en fixait les limites dans une formule imitée de Socrate : l'âme disait-il, ne connaît Dieu qu'en connaissant comment elle ne le connaît pas.
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Rome n'était plus le centre d'un pouvoir devenu bipolaire, et qui en Occident hésitait entre plusieurs capitales nouvelles. Trèves, Milan et même Ravenne, le refuge aux jours de malheur. Mais Rome demeurait le centre symbolique de l'Empire, la Ville "sacrée", et le point de mire de toutes les ambitions et de toutes les convoitises, comme le serait Constantinople quelques siècles plus tard.
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Appliquant la méthode allégorique à l'Ancien Testament, en particulier au Pentateuque, Philon s'était attaché, sans cesser pour autant de défendre le sens littéral, à dégager la signification profonde qui se dissimulait derrière l'étrangeté de certains préceptes de la Loi. Origène avait développé et perfectionné ce système "herméneutique". L'Ecriture en son entier, l'Ancien et le Nouveau Testament, avait pour pour lui un sens spirituel, que seule pouvait découvrir l'ascèse de la contemplation. Il n'y avait de pierres d'achoppement dans le Bible que pour ceux qui s'en tenaient au sens littéral, les "charnels" ; si l'on visait, au-delà, le sens "moral", il fallait utiliser l'exégèse allégorique dans une perspective anthropologique qui était déjà celle de Philon ; si l'on s'attachait à la recherche du "sens spirituel", on pouvait grâce à la même méthode débusquer dans tout détail de l'histoire de l'Ancien Testament des figures significatives de l'histoire du salut. Pour parvenir au sens, il fallait "casser la noix", disait Origène. C'était cette méthode qu'appliquait Ambroise.
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Si le meilleur indicateur du niveau de civilisation est la réussite dans l'ordre intellectuel, ce fut par deux fois en Numidie qu'une culture qui s'exprimait en latin brilla du plus vif éclat: avec Apulée de Madaure dans la seconde moitié du IIe siècle puis, dans un monde méditerranéen devenu chrétien, avec Augustin de Thagaste. À deux reprises, ainsi, ce terroir qui fut avec constance l'un des lieux d'élection de l'originalité numide produisit deux génies qui eurent en leur temps une audience universelle.
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Serge Lancel
"Berbère", c'est-à-dire de sang "indigène" pour l'essentiel, Augustin avait, statistiquement, de fortes chances de l'être, comme la très grande majorité des Romano-Africains de son temps. Passer de cette forte probabilité statistique à l'affirmation d'un statut individuel relève de la fiction romanesque et tendrait à créditer l'évêque d'Hippone d'un parti pris d'africanité nationaliste ou régionaliste dont il a toujours été très éloigné. (Article « Augustin (saint) » de Serge Lancel, Encyclopédie berbère, 1989)
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La "solution finale"
Rome décida la guerre, mais ne la déclara pas et masqua ses intentions. Cependant, à Carthage, on sut qu'en Italie on mobilisait ; la peur l'emporta sur la fierté qui avait inspiré la résistance au prince numide ; Utique, qui sentit le vent tourner, fit défection et se plaça sous la protection de Rome. Hasdrubal, condamné à mort comme bouc émissaire, put s'échapper [...].
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Dans les limites encore restreintes de ce monde méditerranéen qui vivait assez largement en symbiose culturelle en cette fin du IIIè siècle avant notre ère, la deuxième guerre punique - ou "guerre d'Hannibal" - était la première guerre mondiale de l'histoire de l'humanité. Après avoir embrasé l'Espagne, traversé le sud de la Gaule et l'Italie du Nord, cette guerre avait ravagé l'Italie centrale et continuait de faire rage en Italie du Sud. Elle n'avait pas épargné, on l'a vu, la Sardaigne et la Sicile. Le conflit avait même débordé le cadre du bassin occidental de la Méditerranée avec l'entrée en guerre de Philippe de Macédoine.
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Mis à part l'Égypte, la Grèce et Rome, peu de nations du monde méditerranéen peuvent se prévaloir d'une histoire ancienne aussi longue et aussi remplie [que celle de l'Algérie]. Des hommes venus de l'Orient peu après l'Hégire tourneront cette page pour en écrire une autre. Mais la page tournée ne sera pas effacée; elle restera inscrite dans cette terre qui en a gardé la trace au moins matérielle.
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Il n'est pas de visiteur en Algérie qui ne soit impressionné par la multiplicité des vestiges et des ruines qui, de la Préhistoire à l'époque médiévale, parsèment le pays. Comme l'affirme le professeur Jean Guilaine dans son introduction à l'ouvrage de Ginette Aumassip "L' Algérie des premiers hommes", ce pays « occupe dans le panorama de la préhistoire mondiale une place de premier plan». Sans risque de se tromper, on pourrait en dire tout autant pour la Protohistoire et l'Antiquité. (Préface de Mounir Bouchenaki, sous-directeur généraral pour la culture à l'Unesco)
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