Serge Moscovici

Ce livre est assez précieux d'un point de vue documentaire. Il dévoile pas mal d'aspects essentiels de la vie d'un pays qui a vécu dans la peur d'une police politique très organisée.

Cependant, je ne lui attribue que trois étoiles pour deux raisons essentiellement. Je n'ai guère apprécié le choix de l'éditeur d'indiquer « édition française établie par Laure Hinckel ». En effet, je pense que la bien-connue traductrice a revu (à la hâte certainement) l'ensemble des textes qui sont toutefois traduits par un collectif de traducteurs dont je repends ici les noms : Raluca Lazăr, Alexandru Onete, Marina Mureșanu-Ionescu, Gabriela Gavril-Antonesei, Liliana Fosalau.

Ensuite, je déplore la prolixité de certains auteurs (pour la plupart des universitaires), qui nuit quelque peu à la rigueur du propos. C'est, paradoxalement, un péché mignon des auteurs roumains en général, y compris, à mon sens, en littérature. On retrouve d'ailleurs ici la plume d'un Dan Lungu, dont j'avais apprécié les romans (cf. p. 85-102) et qui est présenté ici comme enseignant également la sociologie à l'Université de Iași ou d'une Aurora Liiceanu (cf. p. 63-70) qui signe, par ailleurs, la préface du livre « Cartea cu euri ».

Ce recueil d'articles s'articule autour de trois parties mais qui ne me semblent pas très pertinentes comme découpage, car de « pratiques quotidiennes » (deuxième partie) il est finalement aussi question dans la première partie.

Le bilan reste pour moi, positif, car j'étais enfant pendant le communisme et beaucoup d'éléments trouvent ainsi un éclairage nouveau tels que l'interdiction des avortements (voir ici le magnifique film de Cristian Mungiu, « 4 mois, 3 semaines, 2 jours ») ou bien l'affaire de la méditation transcendantale (cf. article de Adrian Neculau, p. 239-254).

Comme l'indique l'épigraphe choisi par Aurora Liiceanu : « L'expérience est presque toujours une parodie de l'idée » (Johann Wolfgang von Goethe). Or, ici les contributeurs tentent de conceptualiser du vécu, la boucle étant ainsi bouclée.

Aucune critique n'a été écrite, mais c'est sans doute normal, l'ouvrage ne vaut pas la peine qu'on se déplace pour l'emprunter (je ne parle pas de l'acheter). C'est très faible intellectuellement, les contradictions sont innombrables et on reprend l'argumentaire habituel de l'enfumage : je vais vous raconter une vérité incontournable (Introduction) qui fait peur (bas de la page 19 et haut de la page 20) mais que personne ne dit (Introduction). Il s'agit donc de révéler un mystère. Pour ce faire, l'auteur multiplie les citations (c'est-à-dire qu'il répète sans penser), mélange tout (Solon, "les" poètes allemands, "les Romains", Einstein, Gramsci et Maupassant p.27), simule un langage oral (pour être "accessible", c'est-à-dire mieux parler "en gros", éviter d'élever sa réflexion au niveau du sujet), raisonne par des analogies (la suggestion (hypnose et psychanalyse ne sont pas mentionnées...) d'un individu est "comme" celle des foules), se contredit d'une page à l'autre, fait les questions et les réponses ("Si vous me demandiez de nommer... je répondrai sans hésiter..." p. 25 : non, non, on n'a rien demandé...) et, surtout, surtout, tient un langage halluciné : il "voit" la foule et la décrit, mais elle n'est pas limitée dans le temps, dans le nombre, dans ses "intentions", dans ses actes, aucun exemple ne lui est rattachée (Qu'est-ce qui a fait qu'une foule s'est formée pour aller chercher la famille royale à Versailles ? Pourquoi s'est-elle dispersée ? Quelle différence entre une foule et une armée qui obéit elle aussi, selon la définition de l'auteur à un meneur (la grande armée par exemple) ? Comment s'est formée la foule autour d'Etienne Marcel et pourquoi elle aussi s'est dispersée ? En quoi une nation n'est pas une foule "permanente" ... voilà des questions qui auraient été intéressantes... mais non... juste une image, des banalités... le monsieur a tout de même été payé par de l'argent public en tant que directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, sic), tout est prépensé, disons préjugé, dans l'esprit de l'auteur : la foule, c'est le désordre irrationnel et ça fait peur, on doit trembler dans les chaumières à cette idée.



Tout est donc un jugement décliné, superficiel et sans recherche de compréhension. Pour accroître l'inquiétude et garder la "suggestion" du lecteur, l'auteur multiplie les analogies animales (belle métaphore filée p.13 : "une foule, une masse, c'est l'animal social qui a rompu sa laisse", l'animal social n'est donc tranquille que tenu en laisse, intéressant, il est donc doué d'intention puisqu'il est responsable de sa fuite et le meneur, pourtant si important par ailleurs n'y est pour rien...)



Il suffit de décliner ces principes pour identifier les "ouvrages pipeau", ça marche très bien. Pour un peu, dis donc, on se prendrait à croire que l'ouvrage aurait été écrit au moment d'une élection présidentielle, histoire de "suggestionner les foules" (au moins à acheter l'ouvrage)... Un thriller, pour ceux qui aiment.

Cet ouvrage fondateur d'une discipline est publié pour la première fois en format poche et regroupe les textes essentiels d'une science aidant à comprendre les implications de la psychologie à l'échelle de la société. Ce manuel en explore les thèmes majeurs, en dresse une brève histoire et établit un bilan des conclusions auxquelles ont abouti les recherches contemporaines.
Lien : http://www.puf.com/wiki/Quad..

Je tiens, avant toute chose, à remercier les éditions Le passager clandestin pour leur confiance et pour l'envoie de ce petit livre lors de l'opération "Mass critique" de février 2016.



Au court d'un essai relativement court, mais dense, Stéphane Lavignotte, (journaliste et pasteur, diplômé de sciences politiques) nous présente différents textes de Serge Mosvici, engagé en politique à la fin des années 70 et uniquement pour les municipales, il est un des premiers théoriciens français de l'écologie. Le livre s'intéresse à sa conception des minorités actives et aux rôles qu'elles pourraient avoir dans un changement de société.



Un sujet très actuel ! Pour qui a vu ou lu, le documentaire Demain, de Cyril Dion, on est en plein dedans. Les mouvements agissant en marge de la majorité comme les fermes urbaines, les agroécologistes, les alter mondialistes, les végétariens ou végans (je parle pour moi) peuvent-ils changer le monde ? J'aimerais le croire et apparemment Serge Moscovici semble d'accord.



L'ouvrage revient d'abord sur la vie de ce dernier, ses engagements politiques, sa décision de quitter les Verts dès qu'ils se lancent dans une tentative de gouvernement, (1992 avec Jospin), ses ouvrages, son travail en ethnologie et auprès des Universitaires. Il semblerait presque que Moscovici ait choisi la minorité active comme mode d'action. Ensuite, Stéphane Lavignotte nous présente quelques extraits des textes majeurs sur les minorités subversives et sur l'écologie, subversive aussi.



Je suis étonnée de voir combien ce discours est d'actualité 40 ans plus tard. Je suis bien placée pour l'analyser, car ce parcours couvre ma vie. Née aux prémices de l'écologie, j'en expérimente aujourd'hui la nécessité. J'avoue que certaines phrases de cet homme éclairé m'ont rassurée. Il n'est pas toujours facile de faire partie d'une minorité. Savoir que la moquerie de la majorité, n'est qu'un signe d'influence, encourage et conforte. Je suis donc ravie d'avoir reçu ce récit, il tombe à pic !



Venons-en aux points négatifs. Ils sont rares, mais constituent un frein pour des gens moins concernés par le sujet ou moins lecteurs. Entre autres, le propos me paraît parfois difficile à suivre et les textes de Moscivici n'auraient pas besoin de commentaires, le langage doctoral ne pousse pas toujours à continuer. On se noie légèrement. Une chose est certaine : ça donne envie de lire Le réenchantement du monde paru en 2002...



Pour finir, le format du livre est parfait, bravo aux éditions du Passager clandestin, il est beau, simple, maniable et se place bien face aux tablettes et autres qui servent désormais beaucoup pour lire les essais, notamment parce qu'ils permettent de passer d'un passage au suivant dans un ordre aléatoire en zappant quelques paragraphes à l'envie...

Un sujet qui a été à la mode entre la fin du XIXème siècle et les années 60, et qui a bizarrement disparu de l'agenda public depuis. Une explication pourrait être le sentiment de segmentation de ce qui était autrefois les "grandes foules nationales" dans une société devenue individualiste. Pourtant les génocides (Rwanda, ex Yougoslavie), l'élection de dirigeants populistes, prennent un éclairage intéressant à la lecture de ce livre dont le sujet principal est la manière dont les foules s'abaissent servilement derrière un dirigeant autoritaire et charismatique.



Il contient, parmi beaucoup de pistes intéressantes pour un chercheur du 21ème siècle, une analyse franchement pertinente des oeuvres de Freud tardif, qu'il voit comme une remise en cause partielle de ce qui a constitué le socle et l'évangile d'une psychanalyse elle-même devenue une foule servile. Là où les défenseurs du dogme lisent la preuve d'un vieillissement de leur gourou, Moscovici voit au contraire une remise en cause provoquée par son sens du réel, en l'occurrence la montée du fascisme et du communisme autoritaire dans les années 1920-1930.



Il y a beaucoup d'autres pistes intéressantes dans ce livre qui n'est pas une théorie mais une relecture de Freud, le Bon, et Tarde, sous l'éclairage des grands phénomènes des 80 premières années du 20ème siècle.

Ce petit livre, très bien conçu, est une excellente introduction à la pensée de

Serge Moscovici, psychosociologue et un des précurseurs du mouvement écologiste.

L'auteur, Stephane Lavignotte, propose dans une première partie une synthèse

de la pensée de Serge Moscovici : il y est question de la description des

minorités actives et de leur pouvoir d influence, vue sous l'angle des précurseurs

de la décroissance, mais aussi du rapport entre société et nature.

La seconde partie de l ouvrage est consacrée à une anthologie des textes de

Serge Moscovici sur les sujets cités. Une série d'interviews vient compléter

cette anthologie.

Que l on soit ou non écologiste, la pensée des minorités actives de Moscovici

reste féconde : la substitution de valeurs est un des enjeux fondamentaux des

changement de société actuels. Au total un petit livre à mettre dans toutes les poches.

Ouvrage incontournable des théories fondamentales en psychologie-sociale (courant francophone).

Cet excellent ouvrage vient brouiller l'évidence du quotidien de chacun : quand nous jugeons-nous malades ? Quand nous trouvons-nous en bonne santé ?



Le livre est pointu et tire le maximum d'une étude sociologique que l'auteure à réalisé sur la question dans les années soixante. Toute la pertinence des propos est conservée, et est même plus que jamais d'actualité.



À conseiller à toute personne intéressée par une remise en cause des définitions les plus établies. L'ouvrage est passionnant, à condition évidemment de bien attendre à une étude et son lot d'arguments, de méthodologie et de démonstrations. Très convaincant.

Ce livre peut être lu sous format pdf gratuitement (http://classiques.uqac.ca/contemporains/moscovici_serge/intro_psycho_soc_t1/intro_psycho_soc_t1.pdf), donc en cas de doute, si vous ne savez pas trop s'il pourrait vous intéresser, essayer ne vous coûtera rien (surtout le chapitre 3).



Ce premier tome est divisé en 9 chapitres pour un total de 458 pages. Les chapitres sont chacun écrit par un auteur différent (et traduit pour les non francophones) ce qui donne au livre un aspect très irrégulier dans la manière de voir, de présenter les choses, d'aborder les priorités. Ils peuvent être lus dans n'importe quel ordre et vous pouvez très bien n'en lire qu'une partie (le chapitre 3 par exemple).



Ainsi je n'ai absolument pas compris l'intérêt du chapitre 4 où l'auteur semble passer tout le chapitre à coder une théorie de psychosociale en formule mathématique pour au final dire que la théorie en question n'est pas très bonne, et qu'elle ne fonctionne pas...

Je n'ai pas non plus apprécié le chapitre 9, très obscur, abscon.



Par contre le chapitre 3, le chapitre de Zimbardo... je n'aurai pas eu un stylo à la main pour prendre des notes, j'aurai applaudi. Rien que ce chapitre à lui seul vaut le coup de lire le livre (ou de le télécharger ou de le lire en ligne, ou de ne lire que ce chapitre). J'y ai trouvé un auteur humain, respectueux, avec une vraie passion de son métier qu'il faisait passer. J'ai donc fait des recherches sur lui et là, l'exclamation: "haaaaa! c'est lui!". C'est l'expérimentateur qui a fait l'expérience de Stanford, même si vous n'êtes pas dans ce domaine vous en avez peut être entendu parler: une expérience qui devait durer deux semaines et qui a été arrêtée au bout de 6 jours parce qu'elle a très mal tourné, avec deux groupes: gardiens et prisonniers... il y a même eu un film sur le sujet et on en a beaucoup parlé en lien avec ce qui s'est passé à Abu Ghraib et à Guantanamo. Son chapitre n'en parle pas directement mais on sent la même recherche et une réflexion commune, proche. Même si vous n'êtes pas dans ce domaine ou que ce domaine ne vous intéresse pas particulièrement ce chapitre est clair, bien écrit et vaut le coup.



Voici le plan général:

Chapitre 1. Changement d'attitude et role playing. (Jozef M. Nuttin Jr)

Chapitre 2. L'Homme en interaction : machine à répondre ou machine à inférer. (Serge Moscovici)

Chapitre 3. La psychologie sociale : une situation, une intrigue et un scénario en quête de la réalité. (Philip G. Zimbardo)

Chapitre 4. Un modèle du sujet : l'équilibre de Heider.

(François Léonard)

Chapitre 5. Conformité, minorité et influence sociale. (Serge Moscovici et Philippe Ricateau)

Chapitre 6. Attrait et hostilité interpersonnels. (Dana Bramel)

Chapitre 7. « Jeux » et conflits. (Michel Plon)

Chapitre 8. La catégorisation sociale. (Henri Tajfel)

Chapitre 9. La représentation sociale. (Claudine Herzlich)



Ce n'est pas un livre que je conseillerai forcément: il est assez pointu (surtout pour une "introduction") mais, je ne sais pas si je vous ai parlé du chapitre 3, mais celui là peut valoir le coup pour beaucoup de monde. ;)
Lien : http://classiques.uqac.ca/co..

Serge Moscovici, un des fondateurs de la psychologie sociale, est aussi un des théoriciens de l’écologie politique. Compagnon de route de René Dumont et Brice Lalonde, Serge Moscovici a notamment réfléchi sur les rapports entre l’homme et la nature. Cette dernière étant considérée comme une construction historique, l’être humain est dans une relation constamment discutée et négociée avec elle. D’où la promotion d’un ensauvagement du monde en rupture avec sa domestication et l’idée même de civilisation. Serge Moscovici s’est aussi intéressé, en lien avec ses recherches en psychologie sociale, à l’influence des minorités actives et expérimentales. Il a analysé les mouvements écologistes à l’aune de ses théories, comprenant l’échec de la politisation de ces mouvements au contraire de leur emprise grandissante dans la société.



Le livre se partage en deux parties à peu près égales. Une présentation de Serge Moscovici par Stéphane Lavignotte suivie d’un choix de textes illustrant les deux thèmes dominants de ses recherches et travaux : l’ensauvagement du monde et les rapports de l’être humain à la Nature et la dynamique des minorités actives dans le corps social. L’ouvrage est court, dense et bien construit. Textes et analyses se complètent et offrent un regard critique sur l’homme et ses travaux. Une magnifique proposition pour découvrir un penseur et ses idées.
Lien : http://legenepietlargousier...

Alexan­dra Laignel-Lavastine reconstitue à partir de manuscrits le retour à la vie, après-guerre, d’un réfugié juif roumain. Les souvenirs posthumes du grand sociopsychologue Serge Moscovici, captivants.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..

L’ouvrage posthume du spécialiste en psychologie sociale évoque ses souvenirs d’après-guerre et ses amitiés en tant que jeune juif roumain communiste qui a fui le stalinisme.
Lien : https://next.liberation.fr/l..

Plus complet que son "Petit" cousin, ce grand dico de la psychologie creuse davantage la question de la psychologie et de la psychanalyse. On y trouve des concepts plutôt riches et des définitions sérieuses et documentées. On y retrouve également des définitions psychiatriques, donc l'ouvrage massif regroupe la plupart des concepts psys avec efficacité. Je le conseille sans hésiter, il sera utile pour les débutant(e)s comme pour les "confirmés".

Il est très clair et très complet. Certains termes font même l'objet d'un mini dossier (d'une page ou deux).

Avec "Mon après-guerre à Paris", Serge Moscovici raconte son arrivée à la capitale française, la vie difficile des premières années et son intégration, avec ses amis, dans ce pays. Il cherche avant tout à lire, écrire, effectuer des recherches et sa détermination lui permettra des rencontres qui lui permettront d'avancer.

C'est grâce au travail colossal d'Alexandra Laignel-Lavastine que nous pouvons tenir ce livre entre nos mains, elle a regroupé des milliers de notes manuscrites de l'auteur, datées ou non, elle a fait un travail de recherche pour les intégrer au bon moment dans le récit. Un livre drôle et rare à la fois.
Lien : http://fabieetsonstylo.canal..

Trop de procédure
Lien : https://www.babelio.com/ajou..

Il est très clair et très complet. Certains termes font même l'objet d'un mini dossier (d'une page ou deux).