AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Serge Pey (31)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mathématique générale de l'infini

Serge Pey est un poète qui n’entre pas dans les cases de la poésie classique. Adepte de la poésie performance ou poésie action, il déclame ses textes en nomade qui parcoure le monde et tous ces territoires d’où la poésie est absente.

Il faut le voir, l’entendre sur scène ou dans la rue, car sa poésie ne se laisse pas enfermée. Aussi est-il difficile de la découvrir à travers les pages d’un recueil de poésie car il y manquera toujours une dimension et cette exaltation qui lui est propre.

Dans sa préface, André Velter écrit :

« Il y a là, par exercice d’incantations martelées, une pratique du dévoilement, de la déchirure, de la blessure vocalisée, qui accroit infiniment le champ du réel tout en le forçant à trembler sur ses bases. »



Dans Mathématique générale de l’infini, les poèmes se nomment « bâtons », comme le bâton de pluie qui scande le texte, et ils sont numérotés.



« Bâton III

Nous avions oublié

que notre marche

sur cette terre fragile

ne laissait pas d’empreintes. »



Il faut suivre ces bâtons d’écriture qui marquent le monde comme un chemin de croix, qui racontent. L’explication de « la parole des bâtons » se trouve dans la bio de Serge Pey : « Le poète rédige ses textes sur des bâtons avec lesquels il manifeste ses scansions et ses performances, et met en place des installations qu’il nomme pièges à infini »



Dans « La barque de Pierre. Poème pour un pêcheur de Sant Cebrià » Serge Pey évoque sa famille immigrée, il y a l’oncle pêcheur, dont la barque se nommait « Le bel Ange ». Les tantes étaient couturières, cardaient la laine, grillaient les sardines. Et c’est cette famille de gens simples qui accompagne le poète et nourrit son histoire, lui qui toujours s etourne vers les opprimés, les révoltés, les oubliés.



« Je le répète dans mes généalogies

d’oiseaux ivrognes

et d’abeilles vaincues

Parfois les morts se lèvent

et tirent sur le sommeil

avec de vieux fusils

et écrasent toutes les boussoles

pour perdre la direction

des roses et des rosées. »



Dans « poésie et liberté », c’est un dialogue qui s’instaure avec le poète. Il nous donne son sentiment profond sur ce qu’est la poésie, cette poésie qui appartient au monde et qui » doit être faite par tous ». Serge Pey est le chantre d’une poésie populaire, universelle, une poésie liberté dont chacun d’entre nous peut s’emparer. C’est la poésie du réel, débarrassée de ses affèteries et autres colifichets et qui revient à l’origine de la langue.



« La poésie doit rester

sans imagination

Voir n’est pas imaginer

mais trouer le réel

pour voir le mot qu’il nous cache

mais que nous devons inventer. »



Lecture ardue que la lecture de ces 400 pages de poésie-action, et j’ai fragmenté m lecture tout en tentant de remonter à la genèse de l’écriture.

Poète action, poète de la mise en espace de la langue, mais aussi artiste plasticien, Serge Pey est un auteur à découvrir absolument.











Commenter  J’apprécie          611
Poèmes pour apprendre à lacer ses souliers

Pour un prix modique, la collection poche poésie du Castor Astral permet de découvrir ou redécouvrir les œuvres de poètes, et il serait dommage de s’en priver.



Comme le dit si bien dans la préface le poète Adonis : « La poésie de Serge Pey renouvelle l’écriture du monde. »

Serge Pey se nourrit des poésies traditionnelles des peuple, et ses poèmes se scandent, car l’oralité leur sied merveilleusement. Car la poésie de Serge Pey est cette charnière qui fait jouer l’écriture et l’oralité, une poésie d’action et de performance qui s’accompagne de sons autre que la voix, comme le bâton de pluie qu’il affectionne et qui nous renvoie aux peuples premiers.



Dans « Poèmes pour apprendre à lacer ses souliers », Serge Pey évoque l’enfance avec l’apprentissage du laçage des souliers avant de nous entrainer beaucoup plus loin



« Le jour où nous avons appris

à lacer nos souliers

soudain nous sommes devenus grands

devant le soulier dénoué

qui nous regardait

sur le plancher. »



Il parle de l’écriture et de la création. Qu’est-ce qu’un poème ? Qu’est-ce qu’un poète ?



« La poésie doit être hors sujet

pour être au centre de ce qu’elle dit »



« Le poète est un acteur sans scénario

qui tend un fil invisible justement pour le soleil

pour lui apprendre l’équilibre

avec un simple balai. »



C’est avec des mots simples, des mots de tous les jours que le poète construit une poésie qui bouge, qui « se fait avec les pieds ». Elle n’est pas faite pour rester enfermée dans les livres, mais pour s’envoler, s’émanciper, se partager et être clamée aux vents. C’est une poésie qui bouscule, dérange, gratte, donne à réfléchir et, en sortant de ses murs, nous ouvre les horizons du monde.



« C’est beau une maison sans mur

Les oiseaux apprennent

sur le toit à chanter l’Internationale

dont ils ont oublié les paroles. »



Oui, à défaut d’écouter Serge Pey scander sa poésie, lisons-le et à haute voix, c’est encore mieux.





Commenter  J’apprécie          500
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Cette critique porte sur une des nouvelles : "Le linge et l'étendoir" qui se trouve dans ce recueil. Le narrateur rend un hommage émouvant à sa mère qui, pendant la guerre, faisait passer des messages à l’aide de son linge aux Républicains qui se cachaient dans les montagnes. Non seulement c’est original mais je ne doute pas que cela ait pu avoir lieu.



J’avoue avoir été attirée par le titre. Cela me faisait penser à une fable. Cependant, rien de tout cela ici. Nous sommes bel et bien dans quelque chose ayant trait à la réalité. L’écriture est fine, poétique. En très peu de pages, l’auteur nous renvoie à tout un pan de l’Histoire, à ces « petites gens » ayant oeuvré dans l’ombre.
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          410
La Boîte aux lettres du cimetière

Dans cet opus hanté par le drame de la guerre civile espagnole qui a marqué son enfance, Serge Pey tel un chaman invoque la poésie. Une poésie à la fois étrange, simple sans rimes ni strophes, "une poésie qui défait les noeuds de la pensée". Une poésie révolutionnaire "une poésie qui n'aime pas la poésie." révélée comme maxime. Voilà, le décor est posé, la magie peut glisser maintenant dans la musique des mots et le silence des phrases. L'invisible est visible, les choses s'animent, les morts s’incarnent, le monde s’inverse. Nous suivons Serge Pey enfant puis adulte dans la progression de plus de 30 courtes nouvelles tour à tour cruelles, drôles, cocasses et touchantes mêlant l'intime au politique, celui-ci parfois traité de manière burlesque.



Les récits ainsi peuplés d'images suréalistes sont comme des tableaux vivants.

.

Nous faisons la connaissance de son père, maître des belles leçons de choses de la vie , un philosophe qui va transmettre son goût de la poésie dans une ancienne porcherie tranformée en école. Sa mère courageuse et silencieuse « la bouche remplie d’épingles » allusion à son métier de couturière.



D’autres personnages, tous non conformistes figurent dans ce récit : sa tante appelée l’hirondelle, Chucho qui approche les grillons pour imiter dans une flûte leur son strident (le chant de la guerre) , Le Chien (astronome érudit), Pua, poète bohème et Turco à la mystèrieuse bibliothèque où les livres se doublent.



Chaque nouvelle est remplie de symboles sur la vie, l'espérance (la boîte aux lettes du cimetière), la résistance avec l'image du saumon qui sait user de son observation et de la puissance de la cascade pour nager à contre-courant.



De beaux passages parlent de la littérature et du pouvoir des livres "Quand nous lisons un livre, c'est souvent le livre qui nous lit. C'est pour cela qu'il nous faut deux livres,car l'un garde ce qu'il a volé de nous, et l'autre ce que nous lui avons pris". "Le véritable lecteur du livre est ce livre fermé, et nous devons devenir ce livre pour le lire".

Et sur ce qu'est la poésie "la poésie est une expérience de la langue qui se fait corps et d'un corps qui se transforme en langue".



La lecture est très agréable et linéaire, les nouvelles s'enchaînent les unes aux autres de manière naturelle, sans cassure. J'aime reprendre dans le texte le symbole de la porte comme lieu de passage qui transformée en table pour accueillir tous les invités un jour de mai devient objet d'expériences nouvelles et d'apprentissage.



Je remercie Babelio et les éditons Zulma pour cette belle découverte.

Commenter  J’apprécie          240
La Boîte aux lettres du cimetière

« La boîte aux lettres du cimetière » est une chronique d'enfance douce-amère. Trente récits de quelques pages, autant de souvenirs égrainés avec humour, tendresse et nostalgie. Le narrateur est un enfant de la guerre d'Espagne réfugié en France. Un enfant « rouge et noir », « fier d'être le fils d'un homme qui n'a pas peur de Dieu ». Un enfant vivant dans une communauté libertaire, toujours en lutte contre le fascisme, les bondieuseries et l'État.



Dans cette communauté, pour accueillir les camarades autour d'une table trop petite, on n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. Parce qu'après tout, c'est bien connu, « les portes nous aiment quand on ne les ferme pas ». Dans cette communauté, on colle les timbres à l'envers, façon symbolique de renverser l'État, le chien de la maisonnée s'appelle Proudhon et il dort par terre sur un drapeau noir, l'école se trouve dans une ancienne porcherie et un clown équilibriste vient apprendre aux enfants à ne pas tomber.



On croise aussi des personnages haut en couleur, de la grand-mère égorgeuse de poulets à Chucho le chasseur de grillons en passant par la tante Hirondelle ou encore Pedro, le guitariste aux ongles impeccables et lisses.



Il y a beaucoup de poésie dans ces petites histoires. Un soupçon de cruauté aussi. L'écriture est belle et sonne comme une musique mélancolique aux accents autant burlesques que poignants. Simple et touchant, tout ce que j'aime.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          160
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Une légende, c’est le chemin des infinis du possible



Récits d’enfance et de guerre.

Comment parler d’enfance, de guerre ?



Le poète, par la magie des mots, la force des images, les sauts de construction fait surgir des moments, des ambiances, des lumières, des couleurs ou des sons façonnant ainsi le paysage du passé, de la mémoire.



Nous sommes bien ici, à la fois dans l’invention de la langue et dans la fidélité aux souvenirs.



Aussi, Serge Pey, n’a pas besoin de se faire historien de l’Espagne, de la violence des classes dominantes contre l’espérance populaire, la révolte des sans, la révolution des anarchistes, des poumistes et d’autres, dont les brigadistes internationaux.



Avec inventivité, il convoque les moyens littéraires pour nous faire sentir, ressentir le poids, la légèreté, l’ironie ou le drame de situations.



Pour un rencontre avec des coquilles « on dit que les coquilles portent bonheur car elles possèdent la voix de ceux qui sont partis ! », le linge comme vocabulaire « la petite écriture du petit sens », la Cega « elle était reveneuse de halètements, de rêves, de feux froids, d’yeux abandonnés », la langue des chiens, le voleur de cerises « Voler une cerise est un rite de la liberté », les arbres et les noms perdus, le sang dans le lavoir des drapeaux, les bijoux scarabée, Santamaria « Santamaria avait dormi avec sa vengeance à la manière d’un amant fou et jaloux », les aigles qui « descendent dans nos rêves et nous emportent vers des sommeils que nous ne connaissons pas et qui nous réveillent pour l’éternité », le sous titrage inversé, les Grands et la torture des chiens, l’enfermement, les nombres imparfaits, le mécanicien de l’infini, les morts se battants contre l’ennemi, l’évasion d’un wagon et ses quatre propositions, les trous sur la plage, les « fantômes harassés de voyage et de soif » ou la marche « vers la frontière, les souliers sur l’épaule »…



Sans oublier le poids du soleil « ce soleil qui disparaissait parfois sous le soleil et qu’on cherchait alors dans toute la maison, dans la poussière, sous le lit, dans un livre ouvert à la page déchirée, sous un soleil perdu »et les refus « Chacun se retenait ou s’interdisait de tirer la chasse afin de laisser circuler l’intelligence de la création des maîtres enfermés » ou « Je dis non pour exister ».



J’ai particulièrement apprécié les variations autour de l’échiquier. Que ce soit le jeu d’échec littéraire « Affamés de littérature, ils avaient même élaboré un jeu d’échecs littéraires où ils faisaient correspondre un vers à chaque pièce ainsi qu’à chaque déplacement », les échecs comme beauté « Mais le vrai joueur, qui ne joue plus, poursuit d’autres buts en cherchant à faire la véritable partie », ou les alcools comme pièces noires et blanches « variante d’un jeu à l’aveugle gouverné uniquement par les parfums ». Comme ne pas succomber aussi à la bibliothèque blanche du docteur.



Un livre d’évidence.
Commenter  J’apprécie          140
56 Descentes dans le maelstrÖm

Tout d’abord, une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe : Pourquoi et de quelle façon le seul survivant d’un bateau aspiré par un violent tourbillon va se sortir de cet effroyable drame ? Sur trois frères il est le seul à avoir survécu.



Ensuite... 55 artistes vont s’inspirer de cette histoire et la transformer selon leur humeur, leur ressenti, leur inspiration, leur crainte.



Je dois reconnaître que j’étais plutôt sceptique avant d’entamer ma lecture. J’ai changé d’avis. Le rendu est merveilleux, tout simplement.



Selon l’artiste on y ressent de l’angoisse, du fatalisme, de l’incompréhension, de l’espoir… et bien d’autres sentiments. Aussi de l’Amour.



Difficile de tous les citer. J’ai beaucoup aimé la poésie de Jonathan Carrier « Cher Maelström » et ses rimes agréables, un délice pour l’oreille.

J’ai apprécié le dessin en tourbillon de Marie Darah, le texte habile de Camille Pier « Je descends te chercher », « Quand il bouillonne » de Laurence Vielle, « Le frère enfoui » de Florence Valéo… et tellement d'autres encore !!



J’ai eu bien du mal à me détacher de ce beau livre, à peine avais-je terminé la lecture d’un artiste que je voulais passer au suivant. Cet ouvrage est une pure merveille.



A ce magnifique bijou il fallait un bel écrin : mission accomplie par une édition de qualité, très aérée, dessins et photos en couleurs. De dimension 14 X 21 il peut s’emmener partout, trouve sa place dans un sac, dans un vide poche en voiture. Se lit et se relit avec grand plaisir. Pour ma part il trouve sa place sur ma table de chevet, à portée de main, prêt à me faire rêver à volonté…



CHAPEAU LES ARTISTES !!!



Amis de la poésie, artistes vous-mêmes ou simplement rêveurs, laissez-vous happer par ce Tourbillon de Délices !

Commenter  J’apprécie          80
Manuel philosophique de guerre sociale : Di..

Ce recueil, illustré par d’admirables dessins de l’auteur, rassemble les poèmes politiques et philosophiques qui parsèment l’œuvre de Serge Pey, poète d’action, esprit insoumis, libertaire sans drapeau. Certains de ces poèmes sont des détournements de phrases de Lev Davidovitch Bronstein, ou de « Ségur/Gebrac » (pseudonymes militants de Daniel Bensaïd) ; d’autres prennent la forme de graffitis sur les murs : « Dans un pays où l’on dresse une statue pour la liberté, seules les statues sont libres. […] Dans un pays où l’on place l’honneur en légion, seules les armées sont libres ». On trouve aussi dans ses poèmes quelques néologismes, dont le plus beau est Amarade, pour désigner la solidarité, l’amour et l’amitié combattante. L’humour (noir) traverse comme un éclair lumineux ce recueil irrévérent et insolent.

Pour préfacer son livre, Serge Pey a choisi un texte que Daniel Bensaïd avait écrit pour le livre Serge Pey et l’Internationale du rythme, organisé par Andreas Pfersmann. Dans cet émouvant document, en forme de lettre adressée à son « Amarade Serge », Bensaïd rappelle leur rencontre sur les rives de la Garonne, et leur amitié, née d’une « colère rouge et noire » contre Franco et de leur commune « fidélité envers ceux qui refusèrent de céder à la force stupide des choses ». Une amitié qui s’est nourrie de la « sorte d’attraction mutuelle, d’affinité ou de connivence, entre le temps poétique et celui de l’action subversive ». Ce furent parmi les dernières paroles de notre Amarade Daniel…



Michael Löwy



Dernier Télégramme, 315 pages, 18 euros
Lien : http://www.npa2009.org/conte..
Commenter  J’apprécie          60
La Boîte aux lettres du cimetière

Dans une écriture poétique hors du commun le jeune narrateur évoque ses souvenirs d'enfance autour d'une école libertaire située dans une ancienne porcherie. Il évoque sa tante Hirondelle borgne, sa mère qui boîte à cause de religieuses intolérantes et cruelles, sa grand-mère philosophe à ses heures, le maître d'école, les amis qui éveillent les enfants à la poésie, au monde. Les principes éducatifs permettent en effet un éveil au monde, au monde des mots, par lequel il appréhende ensuite un monde plus vaste. Le rapprochement sémantique de certains mots comme "boudin" et "bon dieu", "Moscou" et "mouscous" (les mouches) sont autant d'étrangetés qui peuvent faire sens. Les mots signifient et l'enfant, avec l'aide des adultes comprend combien ils sont précieux.



Ainsi la poésie se rencontre au centre de son univers, par sa capacité à re-créer le monde :



"La poésie commence quand on revient vivant d'un voyage pour le raconter. C'est la fraternité terrible que la poésie et la mort entretiennent ensemble. Orphée, c'est uniquement cleui qui est capable de revenir. Le poète ets toujours un vivant."



"La poésie est l'irruption, dans le présent, de tout ce qui a été absent. Elle est la capacité de saisir en plein vol les moments en train de disparaître."



Mais les mots sont aussi importants pour vaincre l'oubli, d'où cette boite aux lettres installée dans le cimetière pour établir un dialogue avec la mort. écrire à un mort suppose en effet que celui qui est sous la tombe "n'est pas tout à fait mort ou peut-être encore vivant." La boîte aux lettres existe réellement, elle est placée sur la tombe de Antonio Machado, poète, à Collioure. L'auteur en parle ici.







@Panoramio



"La mort du poète est celle de la poésie qui doit sans cesse renaître de ses cendres pour se réinventer."



L'éducation est aussi l'occasion de mettre en avant des valeurs :



"Grand-mère avait dessiné un Christ à la peinture noire sur les pales du ventilateur fixé au plafond de bois de la salle commune. Quand le ventilateur tournait à fond, le Christ disparaissait. Elle disait que Dieu était une illusion d'optique, la même que celle provoquée par le ventilateur. Grand-mère le démontrait. Quand elle arrêtait le ventilateur, elle faisait récupérer au Christ son apparence d'homme. Quand elle el rallumait, il disparaissait. Grand-mère disait que la religion c'était ainsi : lorsqu'on fait tourner un homme ou son image rapidement il devient un dieu."



Valeurs humaines, valeurs liées à une histoire perturbée par la guerre d'Espagne. De niombreuses images permettent ainsi de comprendre la nécessité de l'action et ses moyens, comme celle du saumon qui remonte les rivières :



"Il faut transformer la fragilité que nous avons en un lieu de force qui fera trébucher l'ennemi."



Hymne à la poésie et à l'engagement, ce recueil d'une figure emblématique de la poésie-action est à découvrir pour porter un regard neuf sur le monde. Poésie et société sont intimement liés, le poème doit être déplacé hors du livre pour chanter sa puissance !



“ Jamais je n’ai cherché la gloire

Ni voulu dans la mémoire

des hommes

Laisser mes chansons

Mais j’aime les mondes subtils

Aériens et délicats

Comme des bulles de savon



J’aime les voir s’envoler,

Se colorer de soleil et de pourpre,

Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,

Puis éclater.



Antonio Machado ,Chant XXIX, Proverbios y cantarès,
Lien : http://www.lecturissime.com/..
Commenter  J’apprécie          50
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Une œuvre importante pour notre mémoire collective.





Serge Pey, poète passé maître dans l’art des performances de sa poésie-action et plasticien, nous livre ici un passionnant recueil de nouvelles façonnées par les souvenirs familiaux de l’Espagne républicaine. Fils de réfugiés catalans, il porte un regard original sur cet héritage républicain d’enfant d’exilés.



De cette quinzaine de nouvelles, souvenirs tressés des années trente à quarante, se dégagent essentiellement deux univers : celui des violences faites aux républicains dans l’Espagne franquiste mais aussi dans les camps en France et celui de la lutte pour la liberté et la démocratie. Elles sont dures et cruelles mais illuminées par des trouvailles et se font parfois agréablement écho les unes aux autres.



De ces récits personnels émergent une dimension universelle grâce à la générosité et à la luminosité de la langue du poète.



Ecouter la lecture d'un extrait du Voleur de cerises par Yvon Le Men lors de la remise du Prix Ganzo de poésie 2013 à Serge Pey dans le cadre du Festival Etonnants Voyageurs :
Lien : http://soundcloud.com/jacque..
Commenter  J’apprécie          50
56 Descentes dans le maelstrÖm

56 Descentes dans le maelström est une anthologie de 56 textes, dessins et photos qui répondent à la nouvelle "Une descente dans le maelström" d'Edgar Allan Poe. La maison d'édition a sollicité 56 artistes pour qu'ils produisent LEUR descente dans le maelström et le résultat est bouillonnant mais exigeant.

Poésie, vers libres, nouvelle de série noire, lettre, bande dessinée, calligramme, formule mathématique... cet ouvrage est foisonnant et d'une grande créativité, il est "comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber".

C'est un recueil d'une belle richesse littéraire, plein de bizarreries et de trouvailles et parfois d'obscurité mais toujours stimulant et inspirant.

Une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          40
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Ce recueil de nouvelles relatent des histoires vraies. Enfant d’Espagne, de Républicains exilés en France, Serge Pey raconte et rend hommages à leur combat, à leur résistance, à leur espérance.



Le trésor, celui qu’il nous dévoile, n’est pas d’or à déterrer mais de mots et d’émotions, les mots et les noms dans sa langue natale. Mémoire d’enfance, mémoire familiale, dont il fait une poétique, sans lyrisme ni mélancolie, sans occulter la violence de cette guerre civile. Serge Pey est poète, il raconte sans plaquer le témoignage sur la phrase. La puissance de son style, la présence fabuleuse de ses personnages, voilà ce qu’il donne à ses lecteurs, ce qu’il rend à la vie, aux vies d’alors.



Variété des récits et narrateurs en variations, sur le réalisme grave, sur la rude sobriété de ces scènes sur le vif, à vif, l’acuité et l’élan d’une esthétique philosophique, d’une pensée du monde, la poétique en images impétueuses. Des pages fécondes, généreuses, ardentes.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          40
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Remarquablement écrites, ces histoires sont tour à tour drôles, dramatiques ou poétiques. Deux sont particulièrement drôles -même si elles gardent aussi un côté dramatique :



- Le linge et l'étendoir, où la mère du narrateur communique avec les "rebelles" grâce à la manière dont elle étend son linge : "Ma mère m'avait appris le langage secret du linge séché. Elle était la maîtresse des voyelles de l'interrogation, des consonnes clandestines, et des conjugaisons réalisées avec des lacets de chaussures. Les grammaires de silence, les concordances d'espaces et non de temps, les conjonctions de coordination nouvelles, les accords de participe passé entre des auxiliaires qui n'avaient aucun secret pour elle, car elle était le secret." (p.20)



- Le cinéma : beaucoup plus amusante et anecdotique qui explique comment grâce aux projections de cinéma de plein air, le narrateur est devenu expert en lecture de français... à l'envers !



Les dramatiques, il y eut malheureusement de quoi les alimenter pendant cette guerre :



- Le morceau de bois, où comment on peut devenir enfant-bourreau si l'on n'a pas la force de caractère suffisante : "Le directeur avait mis au point sa méthode. A chaque nouvel enfant qu'il sélectionnait pour en faire un surveillant, il confiait un jeune chiot. L'enfant devait l'allaiter et le faire dormir avec lui. Puis après quelques mois, il le forçait à le torturer, et ensuite, il lui donnait l'ordre de le tuer. C'est ainsi qu'il préparait chaque enfant de la section des Grands à torturer les Petits qu'il voulait faire parler." (p.83)



- L'arrestation qui paraît être simplement le récit d'une arrestation puis d'une évasion, mais qui pousse le raisonnement assez loin et qui contient, à mon humble avis, les plus belles phrases du livre : "Ce wagon a transporté du bétail. Il sent le purin et la paille. Je me dis que nous sommes aussi du bétail et que c'est justement la différence entre le bétail et nous qui fonde l'espérance. Pas la survie. Le bétail lui non plus ne veut pas mourir comme la majorité des camarades de ce wagon. Mais la différence entre le bétail et nous est que nous ne nous échappons pas, mais que nous nous évadons.



Ce n'est pas le fait de parler ou d'articuler des mots qui établit notre différence, mais de mettre en alliance cette parole, avec quelquechose qu'elle ne connaît pas. Parler c'est espérer, sinon nos paroles sont des meuglements. (p.121/122)



Les nouvelles poétiques sont présentes également, notamment dans les histoires concernant les joueurs d'échecs (Le Morse, Echecs et beauté, La partie des profanes), mais celle qui m'a le plus touché est La bibliothèque blanche, où comment construire de la poésie avec les titres des ouvrages lus ou non lus ; un véritable amour du livre-objet, de ce qu'il renferme et de ce qu'il représente.



Il y a beaucoup d'autres nouvelles (17 en tout), courtes, assez différentes les unes des autres, autant dans le thème que dans l'écriture : certaines plus factuelles, plus descriptives et d'autres plus irrationnelles, rêvées.



Commenter  J’apprécie          40
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Commenter  J’apprécie          30
La Boîte aux lettres du cimetière

Comme je l'écris plus haut ces nouvelles sont très différentes les unes des autres avec des points communs : le narrateur, l'Espagne et la fuite, la famille, les amis, les questions d'enfants. On retrouve même des personnages rencontrés dans le livre précédent de Serge Pey, Le trésor de la guerre d'Espagne, comme Chien qui est l'un des enfants torturés, obligé d'élever un chiot, d'en prendre soin et de le tuer dans la nouvelle Le morceau de bois. Serge Pey joue avec les mots, les sons rendant son texte parfois abscons pour un esprit cartésien comme le mien, mais ça ne dure que quelques phrases ou une très courte nouvelle. On peut passer de la trivialité la plus terre-à-terre (Les chiottes) à la poésie (La bibliothèque double, en continuité de La bibliothèque blanche du recueil précédent). J'ai coché largement plus de la moitié des titres comme étant les nouvelles qui m'ont le plus touché, preuve s'il en est de la qualité de ce livre qui commence avec une histoire sur la porte d'entrée toute neuve qui servira un temps de table à manger pour permettre à tous les arrivants de s'installer et finit avec cette même porte dans un ultime usage : "Une porte n'est pas un morceau de bois, elle est simplement une gardienne qui recueille des mots de passe. [...] Les portes nous abandonnent quand on ne sait plus entrer dans leur maison. Les portes nous aiment quand on ne le ferme pas." (p.200)

Serge Pey parle d'un monde oublié, post-guerres ou durant icelles, guerre d'Espagne, seconde guerre mondiale, un monde rural, dur parce que les hommes et les femmes qu'il met en scène sont recherchés, exilés, qu'ils vivent de peu, travaillent beaucoup ; néanmoins, il y a beaucoup de tendresse, de la nostalgie, de la violence aussi, de l'amour, de la solidarité, des trahisons. Vous ne résisterez pas aux explications étymologiques de L'étoile rouge de Moscou ou de Hôpital Varsovie. Ni à l'humour parfois étonnant :"Personne ne sait pour quoi Papa attache ses dents qui tombent par un fil à un barreau de la salle de bain. Est-ce par un goût affirmé pour les vieux rituels sorciers venus des montagnes, pour conjurer les voleurs, ou tout simplement son penchant naturel pour l'esthétique ? Le fait est que les dents de Papa, devant la fenêtre de la salle de bain, sont du meilleur effet. Ce furent mes premières installations. Les artistes d'avant-garde ne m'ont jamais étonné. J'avais le musée d'art contemporain à la maison, mais je ne savais pas ce qu'était l'art, et encore moins les secrets cachés d'une chambre des merveilles." (p.73/74). Serge Pey a des trouvailles absolument formidables, des associations d'idées, des collisions de mots ou d'expressions improbables qui font mouche, qui font poésie : "La poésie défait les nœuds de la pensée." (p.57), tout cela avec simplicité dans le choix des mots, dans leur assemblage dans les phrases. : "La poésie doit être simple." (p.57) Et on ne dira jamais assez de bien sur ce titre qui est aussi celui d'une nouvelle avec une belle idée de Papa et sur les couvertures toujours aussi belles de Zulma.

Hélène, de Lecturissime en parle également, on a même failli en faire une lecture commune, mais c'est tout comme...
Lien : http://lyvres.over-blog.com
Commenter  J’apprécie          20
Le Trésor de la guerre d'Espagne : Récits d'enf..

Quelle puissance dans ces nouvelles , quelle force !!!

Ces courts récits sont tristes ou violents , faits existants durant la guerre civile espagnole

Ce qui est encore plus pesant c’est que souvent les enfants sont acteurs ou spectateurs pris dans la tourmente de la guerre

Merci aux éditions Zulma
Commenter  J’apprécie          10
Mathématique générale de l'infini

Excellente anthologie de l'oeuvre d'un poète essentiel.
Commenter  J’apprécie          10
Le carnaval des poètes

Cette suite de chars, ne ressemble pas, ça c'est sûr à du René Char, ce n'est qu'un grandiose charivari, certains diront que Serge "charrie", moi je dis que c'est un fleuve charmant qui parfois charrie des relents, ça c'est vrai, des charniers (chars niés) de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          10
Histoires sardes d'assassinats, d'espérance e..

Je ne connaissais pas les écrits de Serge Pey avant ce livre, mais il m'incite à m'y diriger.



Histoires Sardes d'Assassinats, d'Espérance et d'Animaux Particuliers, ce titre résume tout ce qui se retrouve dans le livre. En effet, 32 nouvelles se succèdent, le sombre et le politiquement incorrect se développant au fil des pages pour atteindre son apogée vers la fin de l'ouvrage. 32 histoires d'habitants de villages de la Sardaigne, romancées, impliquant à la fois des personnages connus du coin, de la philosophie, et des questionnements politiques, humains et bestiales. On y retrouve également les différentes croyances, certains rites ainsi que des passages de vie bien différents des nôtres, un rapport à l'amour et à la mort bien particulier.

Le crédible et l'absurde se côtoient ne permettant pas au lecteur de s'y retrouver dans le vrai et l'exagéré, donnant alors un aspect rocambolesque au fil de l'histoire.



L'écriture est fluide, prenante, captivante, et le rythme est parfait, seulement quelques pages par nouvelles et pourtant cette impression qu'elles se succèdent à la façon d'un roman, tels des chapitres. Un fil conducteur se crée, par les personnages mais aussi par le sujet. Une impression d'histoires légères mais finalement, quand on y réfléchit, lourdes de sens.



J'ai adoré ce livre, je l'ai dévoré. Je regrette peut-être juste de ne m'être aperçue que trop tard que la fin du livre propose des repères géographiques, historiques ainsi que de courts résumés des personnages apparaissant au cours des histoires.
Commenter  J’apprécie          10
Histoires sardes d'assassinats, d'espérance e..

Merci à Babelio et à l'opération Masse Critique pour m'avoir offert ce livre !



C'est une série d'anecdotes inspirées de faits réels sur la vie d'un petit village de Sardaigne. Les histoires sont courtes, très pittoresques tout en restant dans le cadre du crédible, et souvent, dérivent sur des considérations plus générales ou philosophiques (avec une préférence pour le matérialisme dialectique et la philosophie de Gramsci, natif de la région), mais toujours en gardant un ton léger et humain.



C'était très agréable à lire, souvent très drôle, souvent cruel, parfois triste, parfois très beau, parfois très intéressant. J'ai un faible pour l'histoire du corbeau nommé Dino Campana, et pour celle du cimetière des chiens.



Mon seul reproche principal est que la violence virile est très souvent considérée avec amusement et sympathie, parfois même glorifiée, mais hey, c'est personnel, je ne peux pas avoir la même opinion que l'auteur sur tout ! C'est juste que ça m'a mise mal à l'aise parfois.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Serge Pey (121)Voir plus

Quiz Voir plus

acide sulfurique

1.Quel était le métier de Pannonique?

a.bouchère
b.paléontologue
c.directrice d’école

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thème : Acide sulfurique de Amélie NothombCréer un quiz sur cet auteur

{* *}