les chiens
Tu aimes bien les chiens errants
Quand ils déchirent les sacs poubelles
Aussi rebondies que leurs flancs sont creux
Le regard craintif qu’ils jettent est le même que
Celui de l’homme qui a faim
Il faut bien en face regarder les chiens
Tu aimes les chiens des rues qu’on
Ne rencontre presque plus
Parce que les poubelles ont porté plainte
Une race s’est éteinte
Race errante
De chambre à gaz
Reste les rues les bourgeois les poubelles
Et quelques hommes
On finira bien par tout nettoyer
écrire le soir
Et s’il suffisait
D’écrire le soir
Le poème des matins
Les mots d’enfance
Les mots d’enfance
Te viennent comme la craie sur le tableau noir
Ils frottent et ripent et claquent comme un point
Merveilles du blanc et noir
Les mots d’enfance ont tout plein
De poussière dans leur traîne
Et de ceux d’aujourd’hui en robe de deuil
Tu n’attends rien
Rien d’autre encore
Que le chant de l’enfance
…
Près du bassin
Près du bassin
Un SDF dort
Cuite en cuve sans remord
Des hommes déplient des nacelles
Des guirlandes
Des fils des boules et des couleurs
Noël approche
Et dans la ville forêt
Tout n’est que bruit et silence
Et suit la courbe juste
De ton étonnement
…
la place du mot
Elle est si simple la place du mot
Un blanc où ne rien mettre d’autre
Un mot de trois lettres
Un de huit
Au-delà
On sera dans la marge
…
l’ange sur la pleine lune
Tu aimes le mot contre-jour
Juste comme les choses doivent
Malgré tout
Trouver le passage
De l’ange sur la pleine lune
Cris
Cris
D’une langue
Abrégée agrégée
Outrepassée par elle-même
vanité désarçonnée
Il faut beaucoup de silence pour parler
D’abord se taire
Dans l’air flotte
Ta vanité désarçonnée
Il fait jour
Il faut oublier
Laisser faire la langue
Tout changer d’un sourire
Il fait jour
Presque pas
Écrire un poème comme une lettre
Parler au monde
Presque pas