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Critiques de Serge Rezvani (47)
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L'éclipse

Ce texte, je l’ai débuté … je n’ose le dire…à sa parution, en 2003 !!

je l’ai abandonné, repris, ré-abandonné, et enfin achevé…ces derniers jours.



Non pas que le texte ne le mérite pas… bien au contraire, les mots bouleversants, d’amour, de révolte, de chagrin insensé de Serge Rezvani… nous prennent de plein fouet, dans une tourmente fulgurante….Depuis, j’ai lu un récit qui prolongeait ce témoignage inégalable, le temps qui a suivi la mort de son épouse adorée, vénérée (cf. « L’Ultime Amour »)



Un récit chavirant de l'artiste, écrivain-peintre-compositeur, Serge Rezvani, qui tente d'écrire l'indicible : l’accompagnement de sa femme adorée « Lula » plusieurs années durant, atteinte d’Alzheimer.

Il écrit pour se battre contre la mort, l’anéantissement, le découragement, les difficultés extrêmes au quotidien, pour soigner, aider sa femme à ne pas sombrer tout à fait.



Un texte unique en son genre qui va très loin, pour dire les désarrois de la malade et les détresses qui connaissent des paroxysmes pour le compagnon…qui « fait », se bat…pour l’être aimé…dans une solitude sans nom...



« Toujours peur pour l’autre…peur du n’importe quoi, justement, peur sans raison, peur pour rien et peur pour tout. Par moments j’ai l’impression que tout se rétrécit à ces-détails-, que la vie n’est plus que cela, qu’aucun projet, qu’aucun espoir n’est permis, qu’aucune distraction ni aucune désinvolture n’est à « notre » portée, que le cercle des -détails- s’est définitivement refermé sur « nous » (…)



Mais la vie sans sa présence, sans sa présence pourtant déjà si remplie d’absence, la vie sans les petits bruits d’elle dans la maison pendant que j’écris-comme en ce moment-, la vie sans tout ce qu’elle représente ne serait—ce que physiologique si vivante encore en elle, et aussi la vie sans cette continuelle peur pour elle, pour nous, cette peur d’un avenir…qui est encore quand même de l’avenir et non du rien, non de l’absence totale, non du manque terrible d’elle, d’un vide d’elle, d’un vide de ce qu’il me reste d’elle malgré –ça- !...Comment pourrais-je être vivant encore si elle n’est plus là ? (…)

Que même le peu qui lui reste encore de la sensation d’être elle, de me savoir moi près d’elle, tant qu’elle reconnaît ce qui l’entoure, tant que se prolonge la sensation d’être en vie, tout plutôt que de disparaître tout à fait !... Qu’il y ait vie ! Vie ! …(p.58-59)



Rezvani… décide fermement de cesser d’écrire ce journal…au moment critique où l’état de la « femme aimée » va se détériorer neurologiquement, plus brutalement encore… et sans espoir aucun …



Je salue le courage infini de cet homme qui puise de l’énergie dans l’écriture, pour avoir la force d’accompagner le plus longtemps possible « Lula-Danièle », l’Amour de toute une vie, en ayant toujours refusé vigoureusement de mettre sa femme dans une institution spécialisée …



« De l’écrire me fait mal… et à la fois du bien. Devrais-je me taire, ne plus revenir sur la femme tant mythifiée par mes poèmes, mes livres, mes chansons, mes tableaux ? Faire un définitif silence sur elle ? Non ! Qu’elle vive encore en moi, en mes écrits, qu’elle m’occupe même par la douleur. Tout plutôt que le silence d’une tombe où je l’aurais abandonné vive ! (p.102-103)



Un récit déchirant, qui continuera de me poursuivre longtemps après avoir l’avoir refermé . Sur cette maladie terrible…deux grands chocs de lectures, pétries d’une compassion et sensibilité extraordinaires ; Ces lignes de Rezvani et celles de l’écrivain, Arno Geiger, « Le vieux roi en son exil »



[L'Eclipse, Actes sud, 2003]









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Divagations sentimentales dans les Maures

C'est en 1979 que Serge Rezvani a publié ce beau livre sur la forêt des Maures, magnifique poumon du Var, en collaboration avec Hans Silvester dont les photographies illustrent parfaitement le texte poétique de Rezvani.



L'adjectif "sentimentale" inclus dans le titre est tout à fait approprié pour qualifier cette "divagation" de l'auteur qui livre le coeur de ses perceptions et sentiments devant les beautés de la nature sauvage et la végétation si riche des montagnes des Maures. En effet, c'est toute une poésie des sentiers, des sources, des fleurs, des arbres, des pierres que récite Rezvani dans une écriture mélancolique qui entraîne le lecteur dans sa méditation sur la relation de l'homme avec la nature et aussi de l'homme avec l'homme.



Cette mélancolie qui fait cheminer à travers les sous-bois, sur les crêtes et des fois plus rares vers le bord de mer déjà abîmé à cette époque, se transforme en nostalgie lorsqu'il évoque les souvenirs du temps heureux, temps immobile, qu'il a vécu dans sa maison, à l'écart de "la foule dense et barbare".



C'est un vrai plaisir de l'accompagner à pied vers la Chartreuse de la Verne ou en voiture à Notre-Dame des Anges et de se laisser envahir par la plénitude de ces sites où la pierre sauvage côtoie le vert de la végétation et le bleu du ciel ou de la mer, le regard porté vers les îles d'or de Port-Cros ou Porquerolles.



Une très belle divagation à prolonger si possible sur place où demeurent quand même quelques endroits préservés.
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L'éclipse

Qui ne se souvient de cette si jolie chanson interprétée par Jeanne Moreau et qui disait « J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus de rien… » ?

C’est Serge Rezvani, artiste touche-à-tout, figure emblématique de la Nouvelle-Vague, qui l’avait écrite cette chanson, comme une prévision inconsciente, une sorte de prescience de ce qui allait occasionner le plus grand chagrin de sa vie.

A moins que ce ne soit ce qu’on nomme l’ironie du sort, un pied de nez du destin ?

C'est le 11 Août 1999, le jour où l'éclipse solaire a assombri quelques instants la Terre, que Serge Rezvani a appris le nom du mal dont souffrait Lula, sa compagne de toute une vie.

Alzheimer avait pénétré "La Béate", leur maison du bonheur nichée au fond des bois.

Par une sorte de dérivation par la création, le peintre-écrivain décidait alors de coucher par écrit cette longue incarcération, ce lent anéantissement de l'être qu'Alzheimer impose aux malades et à ceux qui les accompagnent.

Un témoignage bouleversant et un ultime chant d’amour à Lula.



Mon Dieu quelle poignante beauté que ce texte !

Il n'a pas vocation à l'être et pourtant il L'Est, totalement.

Jamais témoignage sur Alzheimer n'a été si magistralement abordé, analysé, décrit, au point de transcender la maladie pour dire encore et encore l'Amour de deux êtres unis pendant cinquante ans.

Déchirant sans misérabilisme, lyrique sans emphase, dramatique oui, et profond, et dur…et malgré cela ou à cause de cela, tragiquement Beau.

C'est un superbe chant d'amour en même temps qu'un cri de désespoir et une volonté rebelle de hurler sa rage à la face de A. que nous donne à lire avec la magnificence de son écriture l'homme démuni, l'amant de toute une vie, le grand poète Serge Rezvani.

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Le Testament amoureux

Comment ça il n'y a qu'une critique sur Babelio sur ce bouquin '' Mémoires '' de l'incroyable Serge Rezvani ?



Allez, je vais essayer de vous donner envie de lire ce bouquin vraiment intéressant sur deux personnes, Serge Rezvani et Lula, deux grandes personnes pas très intéressées par le conformisme ni l'âge adulte, deux artistes qui vont réussir à vivre comme ils l'entendent ensemble dans un vingtième siècle déjà bien consumériste.





Vous avez toutes, tous entendu la chanson '' Le tourbillon de la vie '' non ? Par Jeanne Moreau,ou Vanessa Paradis ?

Oui?



Bon, et bien cette chanson et bien d'autres sont de lui.

D'abord sous le pseudonyme de Bassiak puis en son nom .



Serge Rezvani qui est toujours en vie et a donné un joli concert à Avignon lors du dernier festival ( que j'ai pour ma part juste dégusté à la radio merci radio France !) n'a pas immédiatement été compositeur interprète.



Il fut peintre avant tout.



Avant cela il nous raconte ici son incroyable enfance entre une maman russe juive immigrée et un père magicien iranien, il est né lui-même en Iran.



Ses parents ne s'entendent pas et son enfance ne sera pas douce

Serge Rezvani est de toutes façons un grand sensible,un écorché vif et il absorbe tout comme une éponge.



Il devient donc en France où il grandit un jeune homme plutôt torturé mais intelligent.



Dans ce livre il veut tout raconter, ce qui est impossible, mais il souhaite nous faire comprendre à la fois d'où il vient, et aussi, ce qui est son essentiel, combien avant sa rencontre avec Lula (son grand amour) il aura erré, cherché mais que ce n'est qu'avec elle qu'il aura pu être lui-même et petit à petit trouver un endroit où vivre et créer lui comme elle.



En effet ils vont quitter Paris et par la grâce de certaines rencontres, pouvoir jouir d'une maison dans les terres au dessus de Nice, eux qui étaient sans le sou.



À partir de là, leur légende va se créer : leur couple va attirer des visiteurs du monde de la culture, étonnés de les voir vivre dans cette maison isolée,loin de Paris, mais ils tiendront bon, et finalement en feront une sorte d'Ile terrienne pour vivre simplement mais bien.



C'est ainsi que Serge Rezvani deviendra sans y penser au début compositeur de chansons, c'est Ici aussi qu'il arrêtera la peinture, c'est là qu'ils recevront Jeanne Moreau et son mari, des tas d'autres artistes du monde du cinéma,de la peinture de la musique, ou de la haute couture,

Nous comprendrons pourquoi il voudra arrêter la peinture et préférera écrire à la fois des romans et des chansons.



Chacun d'eux tiendra des carnets également et Lula peindra mais elle ne cherchera pas à diffuser ses créations.



Le grand sujet est leur amour fort, leur soif de liberté, leur vie choisie.



J'ai trouvé ça très intéressant et touchant c'est assez rare pour vouloir en profiter, ces témoignages de vie d'humains chercheurs de liberté, emplis de lumière et d'ombre, s'isolant sans pour autant être indifférents au reste du Monde puisque ils se sont aussi engagés plusieurs fois.



C'est un livre qui peut être inspirant, je vais dans la foulée sans me presser lire '' Les carnets de Lula '' dont plusieurs extraits sont cités dans ce livre.



Lula a malheureusement été atteinte de la maladie d'Alzheimer très jeune, et au terme d'une vie commune de 50 années décédera sans que Serge ne l'ait quittée.



C'est un livre à lire pour avoir envie de liberté, de création, d'amour et encore d'amour, de mélange des cultures, de vies simples proche de la nature en lien fort avec les formes d'art qui nous sont je crois aussi essentielles que les jardins, l'eau l'air et l'eau.



Si vous n'êtes pas convaincu.e écoutez les entretiens avec Serge Rezvani sur France culture ou France Inter, je suis sûre que d'une manière ou d'une autre, vous finirez par ressentir un intérêt, une amitié, une inspiration.



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L'éclipse

Merveilleux Serge Rezvani qui « chante » si bien l’amour. L’Eclipse est le dernier hommage qu’il rend à celle avec qui il a partagé quarante années de vie lumineuse, d’amour incandescent. Il va rester jusqu’au bout, durant les dix années de lent effacement de « l’âme neuronale » de Lula Danièle, dévorée de l’intérieur par le monstre Alzheimer. Un témoignage de toute beauté, pétri de sincérité.

Au-delà de la description des ravages de la maladie sur Lula et sur lui même, Serge Rezvani, reste fidèle à ces thèmes de prédilection : la beauté, l’amour, la création, la Vie.

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Variations sur les jours et les nuits

Débuté en octobre 1982, le journal d'une année, au fil des saisons, entre Venise et la Béate, la maison du bonheur dans le massif des Maures.

Une année d'écriture d'un intellectuel, artiste, peintre, poète, sur le bonheur de vivre auprès de Danièle, l'amour de sa vie , les lectures, la solitude nécessaire, les moments d'angoisse aussi, «  pour dire l'indolence d'une vie sans programme, pour mettre en mots les improvisations dans la répétition, pour capturer en quelque sorte le tremblant destin d'une année d'existence ».

Une écriture chargée de sensorialité qui nous incite à encore plus d'acuité.

«  Que reste-t-il de la vie qui passe au jour le jour ( )....?

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L'éclipse

Les livres servent à nous faire, mieux, apprécier ce qu'on a et "L'eclipse" est un de ces récits qui vous laissent un goût amer dans la bouche mais dont la profondeur nous fait chavirer au gré des mots. L'auteur nous fait partager son infinie douleur face à un mal plus terrible que la mort : perdre un être cher alors qu'il est toujours vivant.



Alzheimer, la chute dans le néant. Cette maladie, pas comme les autres, prend tout son temps à détruire un être humain et le réduire à un rien.



Peu à peu, la personne atteinte perd ses mots, ses gestes et ses souvenirs pour devenir une étrangère et ses proches des étrangers. Le vide s'installe dans leurs vies.



Seuls les gens qui ont côtoyé des malades connaissent cet état de souffrance dans l'inconscient, le détachement que les patientes affichent et cette impuissance paralysante. Je pleure pour ceux et celles qui vivent dans le noir et qui partent le vide dans la tête et le silence dans le cœur. Aussi, je rends hommage à Monsieur Revzani pour le courage d'écrire et de raconter ce mal qui ronge la vie des uns et des autres.



J'ai différé la lecture de ce roman par peur de replonger dans l'abîme des souvenirs qui font mal. Elle était si belle, si forte et elle est partie, perdue, sans savoir, sans comprendre et sans reconnaître les siens. Mais sans souffrir aussi !



A chaque mot que je lis, j'ai mal et je m'arrête pour retrouver le calme dans ma tête et mon cœur. La lecture a été douloureuse !



Je ressens la détresse de l'auteur atteindre son paroxysme quand il écrit "... Elle souffre, elle souffre comme chaque matin sans pouvoir s'en expliquer ni à elle ni à moi. Elle ne sait ce qu'elle fait là, ni où elle se trouve, ni quel est le moment de la journée, ni qui je suis et pourquoi elle est avec celui là en bas qui écrit...qui l'écrit "



Face à Alzheimer, il faut de l'amour, beaucoup d'amour, de la patience et du courage.



Un beau témoignage de ce que la vie peut nous réserver.



En refermant ce petit livre, je repensé au très beau film "N'oublie jamais" !!!!!!



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L'Énigme

Trois hommes enquêtent sur une étrange affaire, la disparition en plein océan de toute une famille d'écrivains, les Knigh.

On a retrouvé leur bateau, l'"Ouranos", vide, dérivant en pleine mer, la coque striée de griffures.

L'Enquêteur du Domaine maritime et le Poète Criminologiste ont fait appel à un troisième homme, le Théseur, pour les assister dans leur recherche de la vérité. Ce dernier connaissait bien la famille Knigh.

En compulsant les divers manuscrits, écrits, poèmes et carnets de la famille, tous trois vont plonger au coeur d'une fascinante énigme.



Romancier, dramaturge, peintre, compositeur...touche à tout, Serge Rezvani est un artiste complet et accompli.

Figure incontournable des années 1960, il a écrit des textes pour Jeanne Moreau, des chansons de films de Truffaut ou Godard, telle l'inoubliable "J'ai la mémoire qui flanche".

Rezvani est doué, il a l'art dans le sang. "L'Enigme" en est une indéniable preuve.

Ce captivant et singulier roman explore, sur fond d'intrigue policière, le thème de la création artistique, creuset où plaisir, besoin et fatalité s'entremêlent pour déchiffrer le mystère insoluble de l'humain.

Ici pas de scènes d'actions - si l'intrigue policière est présente il ne s'agit toutefois pas d'un roman policier - mais une suite d'échanges érudits entre les personnages, une étude captivante des écrits de la famille disparue et surtout, un hommage puissant à la littérature et à la création.
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Moi, Artemisia !

Dans le silence d'un musée, un tableau s’anime. Le personnage féminin central, interpelé par un peintre d’aujourd’hui, prend alors la parole et débute entre eux une longue conversation. Car, Artemisia Gentileschi, artiste de la Renaissance à qui l’on doit cette version particulièrement crue de la décapitation d’Holopherne par Judith, s’est représentée elle-même sous les traits de celle qui tient le glaive sanglant, pour se venger de celui qui l’a violé, lui donnant son vrai visage.

Elle explique vouloir s’exprimer au nom de toutes « les femmes de l’infinie lignée des violentées », de celles que les mythologies mettent en scène pour être la proie de Dieux descendus de l’Olympe ou du Ciel, telle « la sainte Marie […], restée vierge malgré l’épée de chair divine, et donc sanctifiée pour cela ». Elle dénonce leur condition commune de potentielles victimes : « Que La Femme soit en permanente conscience que votre main masculine peut à tout moment soulever par-derrière cette pudique et trop souple barrière ! Cette conscience, imposée à toutes les femmes et de tout les temps, ne les a jamais quittées, à aucun moment… Bien qu'apparemment couvertes il a toujours fallu qu'elles se sachent constamment offertes… » La discrimination est constante et à tous niveaux : « Et oui, il y a le sang honteux des femmes… Et le sang noble des hommes ! »

Elle dénonce les « tendresses » de son père, l’ignominie de l’élève de celui-ci à qui il la « prêta », la fourberie de son oncle qui l’accusa de lui avoir fait des avances depuis le berceau.



Son interlocuteur n’a de cesse d’apaiser sa colère, de l’assurer que tout a changé désormais, « en ce siècle de [son] futur », de l’inviter à descendre de son tableau pour « mettre le pied sur la terre promise de notre repentir ». Mais il accompagne chacune de ses flatteries, de tentatives d’approches et d’esquisses de caresses, preuves de sa duplicité et que rien ne changera jamais : « Jeunes ou vieux, tous les hommes sont fourbes, forcément, avec nous autres qui ne sommes rien d'autre que des femmes pour eux, des femmes et rien que des femmes. »



À lire à haute voix, pour apprécier pleinement la beauté de la langue.



Article à retrouver sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Le Dresseur

Ginette et Véronique ont quitté le confort bourgeois de la capitale pour vivre leur amour dans une maison isolée au fond des bois.

Mais Ginette, atteinte d'une maladie dégénérative ne peut plus marcher et peu à peu les deux femmes, en proie à la solitude, cèdent à la panique.

Pour pallier à leur sentiment d'insécurité, elles font l'acquisition d'un chien, un Rottweiller.

Arnulfe, le maître chien du village voisin, aidera à son dressage.

Mais cet homme rustre, à l'assurance mâle, sans aucune moralité, est bien décidé à dresser avant tout les deux femmes…

Assisté par sa compagne Angine, aussi dénuée de scrupules que son « homme », il les réduit bientôt à un état de totale servilité.

Enchaînées, rabaissées, humiliées, le cou ceint d’un collier de chien, Ginette et Véronique voient se transformer leur maison du bonheur en théâtre de l’horreur.



Délaissant le genre autobiographique et poétique « L’éclipse », « Les années Lula », très littéraire « L’énigme », ou philosophico-fantastique « Le magicien », le touche-à-tout Serge Rezvani s’attelle, avec « Le dresseur », au genre « noir », nous donnant à lire une œuvre dure, intransigeante et sinistre sur les relations dominants-dominés.

Si l’écriture y est beaucoup moins travaillée que de coutume (et c’est bien dommage), le romancier réussit néanmoins à nous enchaîner à ce texte sombre et cruel qui nous entraîne loin dans les rapports de soumission et de domination entre les êtres.

Fouillant dans les abîmes les plus opaques de la conscience, il appréhende assez justement comment la peur, la honte, l'humiliation et les penchants déviants peuvent annihiler toute volonté et conduire à un état de totale servitude.

La fin est un peu expéditive mais cette critique au vitriol de notre société évite l'écueil de la vulgarité et se lit avec un plaisir coupable mêlé d'effroi...



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L'Origine du monde

Ce livre est très intéressant, même si ce n'est pas vraiment un roman à proprement parler. C'est plutôt un débat sur ce qu'est l'art, sur les pratiques des musées. Ce livre nous interpelle, et remet en question nos propres conceptions dans ce domaine. À lire, même par petits bouts.
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Les americanoïaques

Loupiote et Cypriuche, deux clochards cannois, « zigouillent artisanalement des amerlos », marins en escale, à « coup de bouteille sur la tronche ». Ils envoient l’argent trouvé dans les poches à un Fonds International. « Nous ne tuons pas pour vivre, on n’est pas américains, nous ! Nous tuons par conviction. Na ! » Tous deux sont complètement américanoïaques. « Il y a des peuples qui vivent du sang des autres peuples. » Par conviction et en toute discrétion. C’est Loupiote qui tient les comptes : 2 622 en 50 ans !

(...)

Cette rage sourde, contenue par l’humour constant, parvient à se faire entendre en évitant de sombrer dans l’amertume d’une colère haineuse. Le dispositif narratif, notamment par ses rebondissements finaux dont nous ne révélerons bien évidemment rien, sans grande originalité peut-être mais avec beaucoup de maitrise, développe une force de dénonciation ravageuse et joyeuse.



Article complet en suivant le lien.
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Les Années Lula

J'ai toujours aimé les histoires d'amour dans et de Paris, et celle là est particulièrement enflammée. L'écriture de Rezvani rend le quotidien amoureux passionnant, sans qu'il ne se passe quoi que ce soit d'extraordinaire. Je ne ferai que paraphraser les critiques existantes : un hymne à l'amour ! J'ai lu ce livre adolescent et je rêvais de rencontrer une Lula !
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Ce qu'ils font est juste

En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.

En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. Le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article L 622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.

Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.

Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.

Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...

La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article L 622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Ultime amour

Un texte tour à tour sombre et lumineux... d'un artiste octogénaire, anéanti par la disparition de l'Amour de sa vie, Lulla... qui va faire, à son grand étonnement une très belle rencontre amoureuse . cela sera une véritable Renaissance et reconstruction, inespérées...
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Le roman d'une maison

Voilà un livre inclassable ! Il fait partie de cette collection d'Actes Sud qui s'appelle "Archives privées" et donne carte blanche à un auteur pour parler de sujets intimes. Et Rezvani nous parle de ce qui est très intime pour lui, sa maison. Ou plutôt leur maison, à lui et à Lula.





Tout au long de son œuvre, il évoque cette demeure, "La Béate", dans le massif des Maures. C'est là qu'il s'est installé il y a quarante ans avec la femme de sa vie, Lula, après avoir abandonné la vie parisienne. Ils resteront tout le temps là-bas et l’œuvre de Rezvani sera intimement liée à cette demeure. L'isolement, la nature sauvage, le paysage, tout sera pour lui des éléments de son inspiration. Ce récit est aussi pour lui l'occasion de revenir sur sa vie en suivant le fil de cette maison. Quelques photos l'accompagnent.



A lire si on est amateur de la très belle œuvre littéraire de Rezvani.



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Les Années Lula

Tout simplement le plus bel hymne à l'Amour et à La Femme que j'aie eu l'occasion de lire !

Avec son écriture saccadée et envoûtante, Rezvani nous fait partager son amour fou pour Lula.

Un superbe portrait de femme libre et moderne, dans le Paris des années 50.
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Les années-lumière

j'ai lu ce livre après les années Lula, alors qu'il s'agit de son autobiographie avant l'age adulte, enfant et adolescent balloté par des évènements qui le dépassent, et j'ai le souvenir d'une écriture lumineuse, amoureuse, servant une histoire dramatique, voire sordide.

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L'éclipse

Le 11 août 1999, le jour de l'éclipse, le diagnostic tombe : maladie d'Alzheimer. Ce livre est le journal d'une année avec Lula alors que la maladie l'empêche déjà de lire, d'écrire, de communiquer, rend son comportement incohérent et sa compagnie épuisante.



Rezvani a toujours dit qu'il s'en occuperait jusqu'au bout et qu'elle resterait toujours dans leur maison, "La Béate", dans le Midi. C'est ce qu'il réussit à faire mais à quel prix !



Le désespoir est omniprésent dans ce récit où il essaie de reconnaître la femme qui'il a tant aimée dans cette malade hors du monde. Parfois quelques brefs accès de lucidité font prendre conscience à Lula de sa maladie, mais la plupart du temps elle ne reconnait pas son mari, tient des propos insensés et accomplit des actes irrationnels ou dangereux. On sent bien que Rezvani essaie d'exorciser son désespoir en décrivant jour après jour cette cohabitation et en répétant combien il a aimé Lula et combien il l'aime encore.



Il s'en occupera en effet jusqu'au bout puisqu'il fera construire une maison de gardien à "La Béate" pour héberger une aide médicale qui l'aidera dans les derniers mois. Lula décèdera en décembre 2004.



Fait assez étonnant, alors qu'il avait formé avec Lula un couple mythique (cinquante ans de vie commune sans se séparer une seule journée), il se remariera dès la fin 2005 avec Marie-José Nat ! Il faut croire qu'il ne pouvait pas vivre seul !!!



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Moi, Artemisia !



Je ressors de cette lecture, avec une impression d'inachevé. Et j'aurai du mal à réellement expliquer ce qui me laisse ce goût sur la langue. Est-ce le fait que ce soit du théâtre, et qu'il mériterait évidemment, d'être vu joué pour être plein de toutes ses intentions ? Pour toutes les dévoilées ? Où est-ce que j'ai manqué quelque chose, quelque part ?





Quelque chose me semble m'a échappé pour, pouvoir entrer entièrement dedans. Certains contextes, enjeux, une morale, un sens.



Ici, on nous met en scène, Artemisia, la femme qui a peint le tableau de la couverture de la pièce, se représentant elle-même en figure mythique. Tableau sublime au passage, que j'adore et qui m'a évidemment donné envie de lire la pièce. Autant pour lui, que pour son peintre, et voir où cela pouvait nous mener. Je trouvais l'idée de mettre en scène la peintre, dans un dialogue moderne, sur la condition de la femme et bien plus encore, génial !





J'ai évidemment saisi qu'on parle ici de féminisme, d'émancipation de la femme, des enjeux, que met en scène le dialogue d' une femme d'un autre siècle avec des concepts plus avancés, plus futuriste. Mais j'ai été parfois perdu dans les intentions de l'auteur, qui met en scène et en dialogue, a son personnage masculin, tantôt des paroles sensées, tantôt de l'absurde, du ridicule. Qui suivre ? J'entends que cela permet des jeux de dialogue intéressants, peut-être résolument absurde, mais comme cela n'est pas une absurdité en continuité, j'ai eu du mal à savoir qui entendre, qu'es qu'on essaye de nous transmettre ? Je ne sais plus très bien.







Comme je l'ai déjà évoqué donner une voix à la peintre ( peintresse dirait le personnage masculin) est une superbe idée, au début, c'est presque un cours de l'histoire de l'art, en commentant elle-même une certaine interprétation sociale de son tableau. J'ai vraiment aimé cette partie, elle enrichit le contexte et nous donne envie d'aller regarder le tableau en question pendant des heures, et d' étudier les moindres détails.





Une autre chose m'a frustrée, c'est la manière dont l'italien est traduit. Parfois pas, parfois oui, mais tellement aléatoirement dans la pièce qu'on n'en est jamais vraiment sûr, comme la manière dont cela est présenté est peu clair. Malgré ça, le reste de l'ouvrage est très beau, comme aux habitudes des éditions des belles lettres. Que je remercie d'ailleurs pour cet envoi.





Je pense que je n'étais pas tout à fait le public, et que c'était peut-être trop perché pour moi ? Comme le personnage féminin en haut de son tableau, ou que je manquais de contextes et de références







J'ai tout de même passé un agréable moment, ça aura eu le mérite de me questionner, de me rendre curieuse et d'avoir envie de le voir sur scène
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