Jean-Luc Godard est mort ce mardi 13 septembre à 91 ans. Cinéaste référence pour toute une génération de réalisateurs, il n'avait cessé depuis 60 ans de redéfinir son art, à travers ses films ou ses "Histoires du cinéma", transgressant les codes existants, du son à l'image.
Avec à son actif plus de cent films et près de soixante ans de carrière, le maître de
la Nouvelle vague laisse derrière lui une empreinte ineffaçable. Nos invités pour en parler sont
Nicolas Saada (réalisateur, scénariste et ancien journaliste des
Cahiers du Cinéma), le réalisateur
Romain Goupil, qui fut assistant réalisateur de
Jean-Luc Godard , ainsi que
Serge Toubiana, président d'Unifrance.
#jeanlucgodard #nouvellevague #cinema
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"Il y a des voix de cinéastes qu'on reconnaît, certaines qu'on peut imiter en s'en moquant gentiment; celle de Truffaut est inimitable, inoubliable"
« La Cinémathèque a été ma plus belle expérience. J’aime le cinéma plus que tout, c’est le seul territoire où je me sens plein de doutes, de curiosité, de peur mais je n’ai jamais été un « langloisien » pur et dur. C’est cela qui m’a donné ma liberté.
"Taram et le chaudron magique" (1985), film fantastique médiéval sur un chaudron d'où sortent des armées de morts-vivants, est davantage dans ses cordes. L'idée de combiner la reproduction humaine et mécanique l'inspire. Il signe son premier accomplissement professionnel important : une série de machines de mort satiriques, des couveuses monstrueuses utilisant les bébés comme munitions et d'autres créatures anthropomorphes très peu "disneyesques". Aucun de ses quelques deux cents dessins ne seront utilisés pour la version finale.
"Tim Burton : la gymnastique de l'imagination"
Tout l'art du cinéma consiste à montrer et à cacher. A se montrer et se cacher. A regarder l'écran et à deviner ce qui est invisible, hors champ, et qui peut sans cesse advenir et vous surprendre.
Les seize films qu'il a tournés (au moment où nous écrivons) ces vingt-cinq dernières années ont donné naissance à un style si reconnaissable que l'adjectif "burtonien" est passé dans le langage courant. Cette marque de fabrique résulte de son choix singulier : raconter des histoires, principalement à travers des images frappantes et des personnages inoubliables incarnant les thèmes qui reviennent et dialoguent dans toute son œuvre - l'isolement d'un héros en rupture avec la monde, et la recherche d'identité.
"Un auteur pour tous les âges"
A cet égard, les créations de Burton les plus aisément identifiables au pop-surréalisme sont les histoires illustrées de "Le triste fin du petit enfant huître" et "Stainboy". Dans celles-ci, les globes oculaires perforés et évidés des enfants maltraités servent de fenêtres ouvertes sur leurs âmes torturées, en réponse à un monde dérangé où la sensation a éclipsé les sentiments.
"Tim Burton : la gymnastique de l'imagination"
A Burbank où j’ai grandi, la culture des musées n’existait pas. Ce n’est qu’adolescent que j’ai mis les pieds pour la première fois dans un musée (sauf si on compte le Musée de Cire d’Hollywood). Je m’occupais en allant voir des films de monstres, en regardant la télévision en dessinant, ou en jouant au cimetière du coin. Plus tard, quand j’ai commencé à fréquenter les musées, j’ai été frappé d’y retrouver une atmosphère semblable à celle des cimetières.
-Tim Burton-

Peu de temps avant de mourir, Emmanuèle me parlait des bouées jaunes et du plaisir qu’elle prenait à nager en été, chaque matin, à la Grande Plage. Pour le bain de fin de journée, nous allions à celle du Port Miquel, plus proche de chez nous, à condition que la marée soit haute. Il y avait alors peu de monde et la mer était à elle. Nager pour elle était un besoin absolu doublé d’un vrai plaisir. Cela lui procurait une joie physique intense. Souvent, elle me conviait à la suivre, mais son rythme était si rapide que je renonçais. Elle prenait vite quelques longueurs d’avance et revenait vers moi en souriant, dans le but de m’encourager à la suivre, avant de repartir aussitôt vers le large. De mon côté, j’atteignais péniblement la première bouée jaune. Cette énergie était essentielle, nager était une dépense qui gommait la fatigue et les soucis intimes. C’était un défi qu’elle avait besoin de relever. D’éprouver. C’était un immense réconfort pour moi de la sentir heureuse, j’admirais sa vitalité, son désir d’aller toujours plus loin. D’être bien et d’être libre.
Outre l’aspect « irréel » des lieux filmiques, on trouve souvent chez Burton une dichotomie environnementale et atmosphérique. Deux mondes distincts existent simultanément –soit en esprit seulement, soit dans une réalité alternative comme le monde des morts (netherworld)- et seuls quelques personnages passent de l’un à l’autre. Le monde « normal » est désigné comme étouffant, suffocant, tandis que le monde « sans dessus dessous » est coloré, imaginatif, riche d’enseignements, et s’avère souvent plus logique.
Le sentiment d’étrangeté que procure la projection, en nous emmenant voir ailleurs, se greffe sur une pulsion enfantine où se côtoient le mystère et le naturel, dans une symbiose parfaite.