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Les fantômes du souvenir de Serge Toubiana
"Il y a des voix de cinéastes qu'on reconnaît, certaines qu'on peut imiter en s'en moquant gentiment; celle de Truffaut est inimitable, inoubliable"
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Découvrez l'émission intégrale :https://www.web-tv-culture.com/emission/serge-toubiana-le-fils-de-la-maitresse-53358.html Quand il raconte sa vie, Serge Toubiana redevient très vite le gamin de Sousse, cette petite ville de Tunisie en bord de mer où il a grandi, dans une famille heureuse. Très vite aussi reviennent les premiers souvenirs de cinéma, comme « La Strada « , le film de Fellini, qui l'effraya au plus haut point. La famille et le 7ème art, voilà peut-être les deux piliers qui ont façonné Serge Toubiana. Arrivé en France à l'adolescence, il découvre le cinéma de la Nouvelle Vague, les réalisateurs et les acteurs en vogue et se fait un nom dans le métier. 50 ans plus tard, Serge Toubiana affiche sur son CV ses années dans les pages des Cahiers du Cinéma, son rôle et tant que directeur de la Cinémathèque française et aujourd'hui sa place à la présidence d'Unifrance, en charge du rayonnement du cinéma français à l'étranger. Serge Toubiana a consacré de nombreux ouvrages à sa passion. Que ce soit sur François Truffault, le réalisateur japonais Yasujiro Ozu ou Jean Renoir, des livres sur des acteurs et actrices célèbres, des films mythiques, des histoires du cinéma Il aime faire partager sa passion. Mais Serge Toubiana aime aussi partager ses souvenirs. Et là vient se glisser une mélancolie qu'il revendique pleinement. « Les fantômes du souvenir » par exemple, en 2016, dans lequel il évoque les grandes rencontres qui ont marqué sa vie, et plus personnel encore, « Les bouées jaunes » en 2018, hommage à sa compagne décédée, la romancière et scénariste Emmanuelle Bernheim. Voici aujourd'hui « le fils de la maitresse » aux éditions Arléa. Un avion entre Toronto et Paris, à l'automne 2019. Confortablement installé en classe affaire, Serge Toubiana laisse vagabonder son âme. Et la solitude arrive. Personne ne l'attend plus à l'arrivée. Quelques mots griffonnés en plein ciel puis la plume qui court dans les semaines qui suivent. Serge Toubiana va raconter son enfance, sa famille et plus précisément sa mère, Georgette. Au fil de ce livre très personnel, touchant, pudique, c'est une vie simple qui s'offre à nous, une enfance heureuse, choyée entre cette mère institutrice, ce père horloger, tous deux militants communistes convaincus. Il y a le soleil de Tunisie puis l'exil vers Grenoble, de nouveaux repères avec le cinéma en toile de fond, le temps qui court, l'affection qu'on ne sait pas toujours montrer. La plume de Serge Toubiana est belle, émouvante, poétique et littéraire, sans être jamais dans le pathos. A travers ces gens sans artifice mais authentique, chacun pourra plaquer ses propres souvenirs, sa propre nostalgie. Récompensé par le Prix Marcel Pagnol, le livre de Serge Toubiana est un coup de coeur. « La fils de la maîtresse » est publié chez Arléa
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Les fantômes du souvenir de Serge Toubiana
"Il y a des voix de cinéastes qu'on reconnaît, certaines qu'on peut imiter en s'en moquant gentiment; celle de Truffaut est inimitable, inoubliable"
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Les fantômes du souvenir de Serge Toubiana
« La Cinémathèque a été ma plus belle expérience. J’aime le cinéma plus que tout, c’est le seul territoire où je me sens plein de doutes, de curiosité, de peur mais je n’ai jamais été un « langloisien » pur et dur. C’est cela qui m’a donné ma liberté.
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
"Taram et le chaudron magique" (1985), film fantastique médiéval sur un chaudron d'où sortent des armées de morts-vivants, est davantage dans ses cordes. L'idée de combiner la reproduction humaine et mécanique l'inspire. Il signe son premier accomplissement professionnel important : une série de machines de mort satiriques, des couveuses monstrueuses utilisant les bébés comme munitions et d'autres créatures anthropomorphes très peu "disneyesques". Aucun de ses quelques deux cents dessins ne seront utilisés pour la version finale. "Tim Burton : la gymnastique de l'imagination" |
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Les fantômes du souvenir de Serge Toubiana
Tout l'art du cinéma consiste à montrer et à cacher. A se montrer et se cacher. A regarder l'écran et à deviner ce qui est invisible, hors champ, et qui peut sans cesse advenir et vous surprendre.
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
Les seize films qu'il a tournés (au moment où nous écrivons) ces vingt-cinq dernières années ont donné naissance à un style si reconnaissable que l'adjectif "burtonien" est passé dans le langage courant. Cette marque de fabrique résulte de son choix singulier : raconter des histoires, principalement à travers des images frappantes et des personnages inoubliables incarnant les thèmes qui reviennent et dialoguent dans toute son œuvre - l'isolement d'un héros en rupture avec la monde, et la recherche d'identité. "Un auteur pour tous les âges" |
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
A cet égard, les créations de Burton les plus aisément identifiables au pop-surréalisme sont les histoires illustrées de "Le triste fin du petit enfant huître" et "Stainboy". Dans celles-ci, les globes oculaires perforés et évidés des enfants maltraités servent de fenêtres ouvertes sur leurs âmes torturées, en réponse à un monde dérangé où la sensation a éclipsé les sentiments. "Tim Burton : la gymnastique de l'imagination" |
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
A Burbank où j’ai grandi, la culture des musées n’existait pas. Ce n’est qu’adolescent que j’ai mis les pieds pour la première fois dans un musée (sauf si on compte le Musée de Cire d’Hollywood). Je m’occupais en allant voir des films de monstres, en regardant la télévision en dessinant, ou en jouant au cimetière du coin. Plus tard, quand j’ai commencé à fréquenter les musées, j’ai été frappé d’y retrouver une atmosphère semblable à celle des cimetières. -Tim Burton- |
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
Outre l’aspect « irréel » des lieux filmiques, on trouve souvent chez Burton une dichotomie environnementale et atmosphérique. Deux mondes distincts existent simultanément –soit en esprit seulement, soit dans une réalité alternative comme le monde des morts (netherworld)- et seuls quelques personnages passent de l’un à l’autre. Le monde « normal » est désigné comme étouffant, suffocant, tandis que le monde « sans dessus dessous » est coloré, imaginatif, riche d’enseignements, et s’avère souvent plus logique.
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Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheque) de Serge Toubiana
« Si je regarde certaines peintures de Van Gogh, elles ne sont pas réelles, mais elles captent une telle énergie que cela les rend réelles. » Tim Burton |
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Les bouées jaunes de Serge Toubiana
Peu de temps avant de mourir, Emmanuèle me parlait des bouées jaunes et du plaisir qu’elle prenait à nager en été, chaque matin, à la Grande Plage. Pour le bain de fin de journée, nous allions à celle du Port Miquel, plus proche de chez nous, à condition que la marée soit haute. Il y avait alors peu de monde et la mer était à elle. Nager pour elle était un besoin absolu doublé d’un vrai plaisir. Cela lui procurait une joie physique intense. Souvent, elle me conviait à la suivre, mais son rythme était si rapide que je renonçais. Elle prenait vite quelques longueurs d’avance et revenait vers moi en souriant, dans le but de m’encourager à la suivre, avant de repartir aussitôt vers le large. De mon côté, j’atteignais péniblement la première bouée jaune. Cette énergie était essentielle, nager était une dépense qui gommait la fatigue et les soucis intimes. C’était un défi qu’elle avait besoin de relever. D’éprouver. C’était un immense réconfort pour moi de la sentir heureuse, j’admirais sa vitalité, son désir d’aller toujours plus loin. D’être bien et d’être libre.
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Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?