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Citations de Serge Utgé-Royo (13)


*** LE BONHEUR EST FATIGUE ****

Sur les plages de ma jeunesse ,
Des pavés sont alignés ...
Et les vagues roulent sans cesse
Par mes sentiers bétonnés .

Dans la ville je déambule
Au milieu des souvenirs ....
Quand se couche le crépuscule
On entend comme un soupir .

Le vent siffle dans les collines ,
Tout autour des HLM
Où des gosses , dans les vitrines ,
Cherchent dex yeux qui les aiment .

La milice récupère
Les petits et les paumés ,
Des seringues traînent à terre ;
Le bonheur esr fatigué ...

La chômeuse tente une passe
Dans le lit du petit jour ...
Et c'est toute la vie qui passe
Sous la lune des faubourgs .

Voilà l'aube qui appareille ,
Au petit froid matinal ,
Et une vieille s'ensommeille
Dans un coin , près du canal .

Des coeurs vides et dérisoires ,
En grand uniforme blanc ,
Font la fête pour la victoire
Des banques et de l'argent .

La planète des actionnaires
Est si loin des pauvres gens ;
Elle tourne sur la misère
En piétinant ses enfants ....

Sur les plages de ma jeunesse ....
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LES PREMIERS CHIENS DU MONDE

C'était dans le passé
Sous la nuit des temps froids
Ces instants effacés
Où les chiens étaient rois ...

Le monde , lentement ,
Autour de son essieu ,
Aussi mal qu'à présent ,
Voyageait , insoucieux ...

Avant la folle ronde ,
On buvait la même eau ....

Mais bientôt des carcans ,
Repoussant leurs verrous ,
Honteux et malfaisants ,
Notionalisaient tout ...

Au détour des forêts ,
Des monts et des rivières ,
Ont poussé des piquets
Qui ont fait des frontières ...

Et les années qui grondent
Ont formé les troupeaux .

Debout , parmi les brumes
Des ténèbres d'antan ,
La gueule hurlant aux lunes
Et les yeux noirs de sang ,

Le premier chien du monde
A planté un drapeau ! ...
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**** ET MON REFRAIN SERA DU VENT ****

Je remercie la vie de m'avoir permis d'espérer.
Je remercie le monde de m'être apparu si grand .
Je remercie les hommes pour ce qu'ils m'ont enseigné .
Je remercie les femmes qui m'ont rendu moins méchant ......
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** COMME LES CHATS **

Moi madame , je dis : je suis comme les chats
Qui se battent , peut-être , mais savent ronronner
Et je veux , nom de dieu , même sous les gravats
Laisser une portée avant d'être castré ! ...

Est-ce que c'est de l'amour jeté comme une pierre
Qu'une belle passante un jour ramassera ?
Est-ce que c'est de la peur qui vient de la lumière
Et noircit l'avenir d'un si bel opéra ?

Est-ce que nos devenirs n'ont pas la même peine
Et nos matins frileux la même destinée ?
Et le beau sang qui coule au dedans de nos veines
Est-ce qu'il aura moins de prix selon notre livrée ? ....
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** JE ME SOUVIENS **

La vielle dame qui passait devant l'église verte
En se signant trois fois et en courbant le dos
Le mendiant qui râlait sur la place déserte
Devant le monument guerrier , comme un tombeau ...

La femme trop pressée qui courait en silence
Le marchand de journaux devant le kiosque éteint
Le chauffeur de taxi qui tarifait l'absence
Et la nuit qui s'efface avec le jour qui vient ...
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C'est fini ... cet instant privilégié du petit matin où il ne fait plus vraiment nuit , mais où le jour n'a pas encore installé ses fureurs laborieuses ; cet instant où l'air est parfois bleu et sent le café : c'est fini .

Un gros chat noir et blanc , robe banale , pressé , passe devant la porte de la loge au moment ou sort le fils de la concierge , ventre plein et chaud , pour aller se déguiser en travailleur : " Minou , minou ... Alors p'tit père , on s'mouille ? " le chat s'arrête et miaule brièvement comme une réponse . Le garçon , accroupi , caresse doucement l'animal qui se frotte et frotte encore contre ses genoux en miaulant à petits intervalles . Le jeune homme se redresse enfin pour regagner sa chambre quand deux autres chats , gris ceux-là , pénètrent dans la cour et s'arrêtent à la vue de l'humain , prudents et vaguement inquiets ." Tiens , v'là des copains ; amuses-toi bien ." Il rentre .

les trois matous s'inspectent le museau . Deux nouveaux chats arrivent du fond de la cour dans laquelle donne le second escalier de l'hôtel . Des humains les accompagnent , têtes baissées , maugréant ; le groupe des quatre pattes s'éloigne .......
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Amis, dessous la cendre ,
Le feu va tout brûler ....
La nuit pourrait descendre
Dessus nos amitiés .

Voilà que d'autres bras tendus
S'en vont strier nos aubes claires ;
Voilà que de jeunes cerveaux
Refont le lit de la charogne .....

Nous allons compter des pendus
Au couchant d'une autre après-guerre ,
Et vous saluerez des drapeaux
En priant debout , sans vergogne !....

Amis dessous la cendre ,
Le feu va ..........

La nouvelle chasse est ouverte !
Cachons nos rires basanés ....
Les mots s'effacent sous les poings
Et les chansons sous les discours .

Si vos lèvres sont entrouvertes ,
Un ordre viendra les souder !......
Des gamins lâcheront des chiens
Sur les aveugles et sur les sourds .....

Amis , dessous la .............

Je crie pour me défendre :
" A moi , les étrangers !.....
La vie est bonne à prendre
Et belle à partager . "

Si les massacres s'accumulent ,
Votre mémoire s'atrophie ....
Et la sinistre marée noire
Couvre à nouveau notre avenir .

Vous cherchez dans le crépuscule
L'espérance de la survie ...
Les bruits de bottes de l'histoire
N'éveillent pas vos souvenirs .....

Amis , dessous la cendre ,
Le feu va tout brûler
La nuit pourrait descendre
dessus nos amitiés .
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Serge Utgé-Royo
*** Pour un sans culotte *****

***** SUR LA COMMUNE *****

Il était une fois dans ce grand cimetière ....
Ecoutes bien l'ami , c'est une histoire vraie ;
L'gouvernement d'alors avait perdu sa guerre
L'Etat de Prusse avait vaincu l'Etat français

Pendant qu'on s'arrangeait entre grands de l'époque
Pour payer le tribut au premier des tueurs ,
Voilà que de Paris le peuple se convoque
Et décide - comme ça ! -
Qu'il n'veut plus d'supérieurs !

Tous les copains de la commune
Ne sont pas morts sans rien laisser ;
Ils doivent nous garder rancune
De laisser crever leur passé .
Ils doivent nous garder rancune
De ne pas mieux en profiter .....

L'Etat de France implore son ami vainqueur
De lui donner la main pour mater " la canaille " ,
Car il faut , sans tarder , aller clouer la peur
Aux cerveaux parisiens qui bravent la mitraille !

Et c'est le dix huit mars de l'an soixante et onze ,
Que depuis le palais où rota Louis ( quatorze ) ,
M. Thiers a brandi quelques canons de bronze
Et crié vers Paris : " Ils vous f'ront rendre gorge ! "


Tous les copains de la Commune
Ne sont pas morts sans rien laisser ......

Une fille de Paris a gueulé vers le ciel
Et laissé sa jeunesse dans un bagne pourri :
Femmes , si vous luttez , saluez Louise Michel ....
Et si vous ne luttez pas ... saluez-là aussi .

Aussi souvenons-nous que des frères oubliés ,
Venus d'autres pays , citoyens de la terre ,
Sont morts des mêmes balles
Que leurs frères français ....
Ils avaient oublié les drapeaux , les frontières

Tous les copains de la Commune ......


Notre mémoire est née de ces quelques semaines
Compagnons et compagnes , il faut l'utiliser :
Revendiquons les rues , les montagnes , les plaines ,
Et , comme les communards , abolissons l'armée ! ...

Il faut gratter l'oubli dont on a recouvert
Les leçons des copains qui furent assassinés .
Il faut savoir que l'autonomie ouvrière
A laissé dans " l'histoire " des blessures infectées .

Tous les copains de la Commune .....
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( extrait de l'avant-propos ) : il ( Serge Utgé-Royo ) a la mémoire longue de ceux dont l'unique pays est celui où l'on gagne son pain , et sous sa plume renaissent les combats des Incas , des Kanaks , les cultures piétinées , les résistances de toutes ces humanités meurtries . Il prête par exemple sa voix à deux anarchistes . D'abord à Sacco , un italo-américain grillé pour l'exemple sur la chaise électrique et démocratique étasunienne avec son compagnon Vanzetti , puis à Guiseppe Pinelli , défenestré par la police milanaise qui l'accusait d'avoir amorcé des bombes meurtrières dont il fut établi , bien plus tard , qu'elles avaient été fabriquées par les services de l'ombre . Il évoque aussi Makhno , le cosaque libertaire qui combattit Blancs et Rouges avant de se retrouver sur les chaines de " Mossiou " Renault à Boulogne-Billancourt , la Catalogne de Luis Llach , le Chili de Victor Jara , le Mexique de Pancho Villa , la France des mutins de 1917 , les algériens de Liége .....

Didier Daeninckx
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LES DIAMANTS DE L’ÉTÉ

Le chant des exilés
A de tristes accords ,
Par dessus la frontière .....
Des rires étrangers
Se moquent de la mort
Et font le tour de la terre .

Les pierres du chemin
Sont comme des diamants
Qui brillent dans la nuit d'été ....
Mais au creux de la main ,
Elles mordent jusqu'au sang
Et laissent les doigts déchirés .

Malgré le temps passé ,
Je chante pour demain ,
En regardant l'humanité ....
Les diamants de l'été
Balisent les chemins
Que caressent la liberté .
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Les hommes d'armes
N'ont pas de mots
A partager .

Les hommes d'armes
Ont des couteaux
Sous les idées .

Les hommes d'armes
Serrent les dents
S'il faut parler .

Les hommes d'armes
Sont des enfants
Désenchantés ........

Les hommes d'armes
Voient de l'honneur
dans les charniers ......


Les hommes d'armes
Trouvent du charme
Aux barbelés .......

Policier ou parachutistes ,
Chasseur ou torero ,
Milicien , gardiens de calices ,
Vigile et bourreau .
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C'était un chant d'entre deux guerres ;
La vie s'annonçait orangée .
On disait : " le Front populaire
Nous emmènera vers l'été ... "

Si l'utopie marque le pas
Sur l'horizon ,
Aucune voix ne portera
Notre chanson .....

Cette riante farandole
Dansait dans la voix des enfants ;
L'histoire a glacé leur parole
Dans le pays et dans les camps ....
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La rue est par dessus les toits
Et les pavés roulent dans l'air .
Une marée de casques noirs
Étend ses vagues dans Paris .

La ville crache un venin froid
Sur les enfants de la colère .
L'ennui des hommes , dans le soir ,
A recouvert les utopies .
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