Sergueï Dovlatov. Les citations et les déclarations les plus brillantes.
Мотивируй себя сам
Être trop proche de quelqu’un nous empêche souvent de le voir tel qu’il est.
La vodka est chose naturelle pour un écrivain russe. Quant aux conséquences, c’est l’affaire de Dieu.
Plusieurs fois, Mitrofanov et Pototski m’ont invité à boire. Mais je refusais. Sans trop de difficultés. Je m’abstiens facilement devant le premier verre. C’est aux suivants que je suis incapable de renoncer. Le moteur est bon, mais les freins sont hors d’usage.
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A la bibliothèque locale, j’ai déniché une dizaine de livres rares sur Pouchkine. A part ça, j’ai relu sa prose et ses articles. Ce qui m’interessait le plus, c'était son indifférence olympienne . Il était prêt à adopter et à exprimer n’importe quel point de vue, s'efforçant d’atteindre toujours le plus haut point d’objectivité. Telle la lune qui éclaire la route aussi bien au fauve qu’à sa proie.
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La possibilité de s’élever dans la Nomenklotura dépend de critères très précis. Ces critères au nombre de quatre, sont simples : être russe, membre du parti, débrouillard et sobre ! Le seul problème, c’est qu'il faut posséder ces critères tout ensemble à tout moment ! Si l’un manque les autres ne valent plus rien.
*La Nomenklatura désigne, plus généralement, l'aristocratie qui exerce le pouvoir en Union soviétique.
- On peut vous faire confiance. Je l'ai tout de suite compris. Dès que j'ai vu le portrait de Soljenitsyne.
- C'est Dostoïevski. Mais j’admire également Soljenitsyne.
Quand on boit, le pire qui puisse arriver est de se retrouver sur un lit d’hôpital. Émergeant à peine des vapeurs d'alcool, on marmonne :
- Suffit ! J'arrête ! Je stoppe définitivement ! Plus jamais la moindre goutte, plus jamais !
Et soudain on découvre qu'on a la tête bandée. On veut toucher son pansement, mais on a le bras gauche dans le plâtre. Etc.
Les hommes ont de la chance. Plus ils sont affreux et plus leurs épouses sont belles.
Bien sûr, j'aurais pu refuser. Mais, je ne sais trop pourquoi, j'acceptai. Je passe mon temps à répondre aux propositions les plus saugrenues. Ce n'est pas pour rien que ma femme me dit :
- Tout t'intéresse, hormis tes devoirs d'époux.
Ma femme est convaincue que le premier devoir d'un époux est d'être sobre.

Le maire intervint ensuite. Il lisait son papier. Il exprima sa profonde satisfaction. Félicita les travailleurs d'avoir achevé les travaux en un temps record. Balbutia trois ou quatre noms. Et finalement proposa de boire à la sagesse de Lénine, notre guide.
On entendit quelques bruits dans l'assistance. Chacun s'empara de son verre.
Suivirent plusieurs toasts. Le chef de station proposa de boire à la santé du maire. Le compositeur Petrov, à l'avenir radieux. Le metteur en scène Vladimorov, à la coexistence pacifique. Et l'haltérophile Doudko, au rêve qui sous nos yeux était en train de devenir réalité.
Tsypine devint rose. Il vida un verre de cognac et tendit le bras en direction du champagne.
- Ne mélange pas, lui conseilla le chef d'équipe, tu as déjà ton compte.
- Comment ça, " ne mélange pas " ? s'étonna Tsypine. Pourquoi ? Je mélange de façon intelligente. Scientifiquement. Mélanger la vodka et la bière, c'est une chose. Le cognac et le champagne, c'en est une autre. Je suis expert en la matière.