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Critiques de Sergueï Essenine (16)
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Journal d'un poète

Essenine et moi, c'était peut-être ma première rencontre poétique, même si j'adorais la poésie russe en général et apprenais régulièrement des récitations comme tous les autres petits pionniers soviétiques. À l'âge d'adolescence, au temps des secrets, au temps des amours et des douleurs absurdes, quand on se croit avoir mille ans (est-ce aussi grâce à la charge émotionnelle reçue à travers le piano classique que j'étudiais ?), Essenine m'était tombé sous la main, et je ne sais pas si j'y avais attrapé la mélancolie ou si c'était mon vague à l'âme qui avait trouvé chez lui un écho fidèle. Aucune lecture n'est anodine.

Je me rappelle encore les strophes d'Essenine citées de la bouche des personnes aimées. Mon père chantait dans la cuisine, entre autres, ses romances… (Il chantait aussi une romance de Tutchev, poète russe, encore un inconnu au bataillon pour les Français. C'est beau quand certains poèmes couchés sur une musique anonyme, s'élèvent au niveau des chants populaires !) Un recueil d'Essenine, c'était le seul objet que j'avais pris avec moi en quittant mon pays pour la France. Avec Essenine, on éprouve une communauté de sentiments alors que, par exemple, Pouchkine reste distant par sa perfection intimidante.

Relire les poèmes d'Essenine aujourd'hui, c'est revisiter des passages secrets de mon passé. Revoir un Essenine habillé de nuage, un Essenine le lendemain du bonheur. Je fais seule le chemin à l'envers mais, même en français, Essenine a su ébranler ma sensibilité.

Comme il est beau ! Tout est beau en lui, jusqu'à son nom et son prénom. Essenine : bleu, rouge, or, des bouleaux et des meules et des baies d'églantier, des tristesses joyeuses et des joies tristes…

Quand on voit la difficulté des traducteurs face à un texte poétique on prend conscience que la poésie, intraduisible, c'est le trésor d'une langue !

Chapeau bas Christiane Pighetti ! Je n'en ferais pas autant. Je salue l'ingrat labeur des traducteurs d'oeuvres poétiques. Car leur travail demande de l'abnégation et, à la fin, il y aura toujours ceux qui critiquent. Pour moi, il s'agit d'oeuvres communes entre le poète et le traducteur, appréciables indépendamment de l'original !

Mais il n'y a pas que la tristesse que l'on puise chez Essenine. Il y a aussi une explosion de forces naissantes. Bonne découverte !

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La Ravine

Venez, approchez un peu, je vous invite à entrer dans La Ravine et à rencontrer ses multiples habitants aussi insolites les uns que les autres.

Je viens de terminer cette lecture qui m'a enchanté pour ne pas dire chaviré.

Serguëi Essénine est un poète russe du début du XXème siècle. J'évite ici de vous accabler de détails sur sa biographie, j'ai retenu cependant trois faits saillants : il était un poète précoce, il fut durant deux ans l'époux de la célèbre Isadora Duncan, il se pendit à l'âge de trente ans dans un hôtel de Leningrad. Voilà comme résumé ! C'est gai, hein ? Bon, mon épouse qui l'a étudié à l'école en bonne ex-citoyenne soviétique à Kiev et qui l'appréciait d'ailleurs, me signale cependant qu'il a un physique proche de Brad Pitt... Bon, vite fait, alors... C'est vrai qu'il était beau.

Les Bolchéviks, connaissant l'influence du poète auprès du peuple russe, disaient que son pessimisme était une menace dans la joie qui devait porter la révolution de 1917.

Il n'a pas encore dix-huit ans lorsqu'il écrit La Ravine, en 1913.

Oui, ce pessimisme pourrait se lire ici, mais ce n'est pas ce que je retiendrai de la Ravine, aussi profonde et vertigineuse soit cette ravine. Aussi triste et joyeux que soit ce texte...

La Ravine, c'est un village au fin fond de la ruralité russe. On y croise des paysans, des propriétaires terriens, des meuniers, des moujiks, des popes, des cheminots... Mais surtout des femmes et des hommes qui vivent.

J'y ai lu un chant de la terre, un opéra païen, une fable picaresque, car ce texte est riche de tout cela.

J'ai eu l'impression que rien n'était inventé, que le poète sous mes yeux m'ouvrait un rideau et me disait d'entrer dans un monde qu'il connaissait déjà, mais dont il ne pressentait pas encore la ferveur et la douleur capables d'animer des personnages qu'il connaissait peut-être...

Il y a de la lumière dans les mots qui écrivent ce récit.

Ce pourrait être une simple chronique paysanne, - c'en est d'ailleurs une, mais c'est bien plus que cela. Chaque fois que l'on rencontre un personnage de ce roman, il nous entraîne ailleurs que dans sa propre histoire personnelle, c'est un récit communautaire, une ode fraternelle, chaque personnage ici n'existe et son existence n'a de sens que parce que d'autres viennent en écho de ce qu'il est ou dit, parfois en confrontation.

Ici on s'embrasse, on s'embrase, on s'aime, on boit, on se bagarre, on chasse ensemble, on s'invite, on sauve de la mort un ami ou un inconnu ou parfois on n'y peut rien, alors on pleure, on crie, on chante, on danse, on finit par mourir à son tour. Bref, c'est la vie... Il y a tout ça dans La Ravine...

Si ce n'était que cela, La Ravine ne serait qu'un village et non un livre.

Mais voilà que ce texte m'a pris par la main et ne m'a plus lâché. Entrer dans La Ravine c'est entrer dans la vie, c'est entrer dans l'amour, c'est entrer aussi dans la mort. C'est entrer dans une manière d'écrire et de décrire.

Tout le roman oscille entre deux versants invisibles sauf à nos yeux de lecteurs, la lumière et son ombre...

J'ai adoré les personnages sortis tout droit d'un conte ancien, cependant si réaliste.

Tout se déploie d'un seul souffle, emportant les femmes, les hommes, leurs enfants, les bouteilles de vodka, les accordéons, les loups et les ours comme les chiens et les chats, l'amour et le chagrin qui va avec.

J'y ai vu une ode à la vie, car La Ravine est un enchantement qui réjouit les sens à chaque page et presque à chaque ligne, c'est la vie comme elle vient, imprévisible, truculente, fragile, inexorable.

Il y a toujours un contrepoint magnifique qui fait osciller en harmonie les deux versants de ce texte : la joie et le chagrin, les bandits et la fraternité, rester et partir, enfanter seule au bord de la ravine ou attendre le ventre vide celui qui ne reviendra pas, le moment de grâce d'un animal qui fuit et son revers dans le sang, vivre et mourir...

Ici le ciel est un paysage qui se déforme. Les animaux sont présents, presque de manière chamanique. le loriot, le grillon, l'oie... J'ai aimé la manière dont l'auteur les fait s'exprimer et je me suis alors dit que ce roman avait une autre puissance insoupçonnée : un texte qu'on pouvait délivrer auprès des enfants.

Comme dans tout opéra il y a du sang et des larmes. Parfois un homme tombe dans le trou d'une glace qui se perce en hiver. À cause de l'alcool, du désespoir, de la fatigue ou de la maladresse, qu'importe ! Il faut sauver celui qui tombe. Vite, une gaffe ! Ou plonger, au risque de se noyer à son tour. Quand quelqu'un de jeune est accusé d'un mauvais coup et poursuivi par la police, un vieux se met à sa place qui lui n'a plus rien à perdre. La Ravine, quelle belle communauté !

Les animaux sont présents aussi mais pas forcément à la manière où nous sommes habitués dans notre quotidien. Ils sont dans le paysage, ils sont dans la peinture de cette fresque, ils accompagnent les gestes de chaque paysan. On les chasse, on les tire sur des traîneaux, on quitte même sa bien-aimée pour plusieurs mois afin de revenir avec du gibier... C'est cela aussi la vie dans La Ravine...

Et puis il y a le personnage d'Olimpia. Elle est belle et semble venue de là-bas, ou de nulle part, en tous cas pas d'ici. C'est elle que j'ai préférée, je me suis attaché à elle et je ne sais pas pourquoi, sans doute parce qu'on disait qu'elle n'était pas née ici, qu'elle était dans la forêt, ou peut-être même de plus loin...

J'ai senti que Serguëi Essénine l'aimait. À mon tour, je l'ai aimée aussi. Je savais déjà que c'était un amour impossible, mais je savais aussi, qu'une fois partie, elle me laisserait derrière elle ce texte envoûtant. Elle y déposerait son empreinte à jamais. À tel point que ce texte lui ressemble.

Elle sentait la forêt et la pluie d'orage, je savais comme cela d'où elle venait, taiseuse, sauvageonne, secrète, en même temps elle voulait déjà aimer parce qu'elle savait qu'elle pouvait aimer. Sa chevelure ressemblait à la forêt d'où elle venait. J'ai compris pourquoi Karev l'aimait sans détour. Pourquoi les autres en étaient jaloux, même Vantchok qui ne dessaoulait jamais ou rarement. Je crois bien que pour elle, il aurait été prêt à arrêter de boire... C'est dire...

La beauté de la Ravine, sa joie, son vertige et sa douleur, m'ont permis d'imaginer ce qu'il y avait dans le coeur de ce poète russe presque encore adolescent, ce coeur fou et blessé qui écrivit ce seul roman dont je me suis épris en un seul après-midi sous le pommier de mon jardin.

« Tu peux emporter la Ravine entière avec toi. N'aie pas peur d'oublier quelque chose, rien du coeur ne se perd. »

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La Ravine

Merveilleuse Ravine, sublimé de moelle russe, à laquelle on revient à l'envie, par l'évocation de poètes-paysans, mexicains ou chiliens, du passage à la prose réussi de tel versificateur, ou bien tout simplement pour sa beauté.

Chaque lecture ouvrira de nouvelles perspectives, tant les thèmes sont nombreux dans cette douce tragédie naturaliste, ce miracle d'équilibre de moins de 200 pages, cette clef d'approche de la littérature russe.

Une très jolie réédition de 2017 aux éditions suisses Héros-Limite nous facilite la tâche.

Si vous cherchez des listes d'indispensables, vous pouvez la mettre dedans.

Et comme on dit aux moujiks : « Bois, l'oie, et ne mouille pas le chemin. »
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La Ravine

Ce livre est beau tout d’abord comme objet et je remercie les éditions Harpo & que je découvre d’offrir à ses lecteurs des livres que l’on sent fait avec amour, beau papier, composition soignée auxquels s’ajoute le plaisir de devoir couper les pages, un plaisir de plus en plus rare, d’autant plus apprécié.

Il est beau également par son contenu, roman unique d’Essenine qu’il écrivit à dix-huit ans. Plutôt qu’un roman c’est une symphonie, un hymne à la nature russe sauvage, à ses traditions paysannes. Un texte sensuel, païen, douceur, poésie et brutalité mêlées, où se trament des passions brûlantes, animales. L’existence y est rude, sanglante mais aussi empreinte de merveilleux. C’est la vie colorée, variée, imprévisible, à la fois paradis et enfer. On retrouve dans ce texte les peurs ancestrales que l’on croyait oubliées comme celle d’être égaré dans une forêt et celle de la menace du loup qui rôde la nuit.

La belle présentation d’Odile des Fontenelles nous dit d’ailleurs : 
«Lisez, parce que ça les dépasse, La Ravine à vos enfants, si vous l’osez, pour enchanter leur sommeil. Ils y verront toute la vie et sa beauté. Ils y verront l’acceptation du bonheur et l’acceptation du chagrin, l’acceptation du mal et l’acceptation du châtiment, dans l’innocence primitive. Et la terre, la terre qui pardonne tout. Peut-être pleureront-ils. Peut-être pleurerez-vous.... La Ravine a l’intensité des légendes bâties avec de la vérité crue, propres à tenter peintres et musiciens : là où il y a le plus de vérité il y a le plus de poésie»

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Journal d'un poète

Quelle belle découverte que celle de la poésie de Sergueï Essenine !



Cette découverte m'a d'autant plus touché qu'elle s'est faite au travers du Journal d'un poète, anthologie remarquablement présentée, préfacée et traduite par Christiane Pighetti, (connue aussi pour ses traductions de l'oeuvre poétique d'Ossip Mandelstam).

Les poèmes qui composent ce recueil ont été écrits entre 1910 (Essenine avait alors 15 ans) et décembre 1925, soit jusqu'à la mort du grand poète russe.



Ce que je retiens de cette lecture, c'est l'élan, l'enracinement autant que le détachement de l'écriture d'Essenine. Tout en elle se livre avec générosité, avec profondeur : les thèmes de ses poèmes sont nombreux, qui vont de son enfance, le souvenir de sa mère, l'évocation de la campagne, de la grande Russie, des sursauts politiques de l'époque, son attachement aux déshérités de la vie, ses voyages à l'étranger qui marqueront le début de ses ennuis de santé mentale,...

Le style, le rythme, les sonorités, l'intonation, les différents registres lexicaux, l'usage des métaphores, la multiplicité des formes, rendent compte chez Essenine d'une vraie maîtrise de l'écriture mais aussi d'une grande sensibilité.



«  […]



Au jardin de l'aube ne mène qu'une sente

et le vent d'octobre happera le petit bois.

Le poète vient en ce monde

comprendre, et ne rien prendre.



Il vient embrasser la vache,

prêter l'oreille du coeur au bris de l'épi.

Taille, taille, serpe des poèmes !

Arbrisseau du soleil, sème la fleur de merisier ! 



(septembre 1919) »



Du très jeune poète à l'homme brisé par la maladie et l'alcool, la vie, le destin de Sergueï Essenine est tout à la mesure de son écriture : pleine de heurts mais aussi de constance et de volubilité. Comme la vie de son auteur, c'est une poésie faite de contrastes, de ruptures, mais qui révèle toujours une sincérité naturelle, une application particulière chez lui à décrire la nostalgie, l'attachement aux êtres et à son pays, mais aussi une perception particulière de la solitude, d'un monde qui lentement s'en va, qui continuera son chemin sans lui.

La poésie de Sergueï Essenine est belle et saisissante comme un regret, qui demeure là, sans faire de bruit. Essentielle.



« […]



Que ce soient clochettes, échos lointains,

tout vient en moi tranquillement se loger.

Fais une pause, mon âme ! N'ai-je pas assez couru avec toi

ces voies tumultueuses qui nous étaient fixées.



Un jour nous comprendrons ce qui s'est passé,

ce que nous avons vu, ce qu'il est advenu au pays.

Alors nous pardonnerons l'offense au goût amer

de par notre faute, ou celle d'autrui.



J'accepte ce qui fut, et ce qui ne fut pas.

En ma trentième année, je n'ai qu'un regret :

avoir de ma jeunesse exigé trop peu.

À m'égarer dans les vapeurs de troquets.



(1925)



[...] »



.
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L'Homme noir (1910-1925)

Ces poèmes sont merveilleusement beaux, le ton est lyrique et tragique. Ces vers scandent toute la vie, la douleur de vivre et l’amour de la « Mère Russie ». Ce sont les mots d’une âme déchirée, tourmentée qui dansent autour de son destin.

"Oh toi, ma douce Russie

Tes icônes fleuries près du feu…

Rien que toi à l’infini,

Tout ce bleu suçant les yeux…

Je viens contempler tes champs…



Essenine a une âme de révolté, de révolutionnaire, c’est un écorché déçu de la révolution « en cette ère mon âme ne peut vivre ». Son suicide donne à son œuvre un écho de souffrance et tristesse dans un pays où la liberté n’existe pas.

« Oh douleur russe, triste est ton refrain »…

Loin du malheur des humains,

Je dors dans un arbrisseau.

Je prie l’aube rougissante,

Je communie au ruisseau".



L’homme noir nous livre pourtant un hymne à la nature, vibrant de beauté primitive, parfois surréaliste et toujours tragique, il nous bouscule et nous touche au plus profond de l'âme, on se détache difficilement de ses chants étranges et vibrant .

« Bourbe et marécages,

Châle bleu du ciel.

Les forêts dorées

En tintant nous hèlent…

L’Automne - jument rousse - gratte sa crinière ».

Puis son chant se fait pleurs et souffrance

Qui dois-je chanter, qui chanter

Dans la lueur incendiée des cadavres ?...

Le bonheur, disait-il, c'est une affaire d'agilité des mains et de l'esprit ".

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L'Homme noir (1910-1925)

En souvenir d'une tante qui vient de mourir qui aimait, qui chantait même Sergueï Essénine ..



Sergueï Essénine est un grand poète russe qui aimait la vie, bien boire etc.. Un vrai russe en somme ! Hélas comme d'autres artistes insignes qui sont morts jeunes, à cause de cette révolution de 17, je n'arrête pas de le dire, Sergueï est mort à l'âge de trente ans dans le grand hôtel l'Angleterre à Pétersbourg. On dit, je le lis encore qu'il s'est suicidé officiellement, on peut légitimement invoquer que dans la triviale Russie de 1925, on ne se mettait pas en quatre pour éclaircir les raisons des morts quand ils n'étaient pas du bon bord. Les bolcheviks menaient la danse : si ce fut un des leurs, on aurait peut-être vu la berne se lever. Je tiens à dire me faisant l'interprête de gens que Sergueï était un croyant fervent, et qu'un croyant fervent ne se suicide pas en principe. Il est donc probable parce qu'il devait gêner qu'on l'ait aidé à se suicider .. Autre chose, puisqu'un poète a vocation à écrire n'est-ce-pas, il est tout aussi curieux que Sergueï Essénine n'ait rien écrit qui annonçât sa propre mort par suicide, puisque comme je l'ai dit en premier le poète aimait la vie .. Alors qu'on y vît dans cette débauche de vie effrénée comme une indécence (idéologique) de la part des ennemis ayant le vent en poupe, il ne faille pas s'en étonner outre mesure !..
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Journal d'un poète

Il est toujours intéressant, au travers d'un moment de lecture, de découvrir l'existence de l’œuvre d'un auteur, inconnu jusqu'alors. Ce fut le cas pour Essenine (1895-1925), cité maintes fois dans les écrits de Jim Harrison, qui lui consacrera d'ailleurs un poignant recueil poétique en forme de correspondances, paru en 1999, sobrement intitulé "Lettres à Essenine".

Sergueï Essenine donc, célébré par beaucoup de ses compatriotes comme le plus grand poète russe, et pourtant quasi-inconnu chez nous. Essenine, dont la prose s'inspirera tout autant des croyances de la vieille orthodoxie que de l'espoir naissant de la Révolution d'Octobre, espoir hélas vite noyé dans l'incompréhension et la violence qu'elle provoque. Essenine enfin qui, désenchanté, jetant sur le monde un regard aussi froid que la glace, mettra fin à ses jours dans une chambre d'hôtel, laissant un ultime poème écrit avec son propre sang. Il avait trente ans.



Outre les poèmes, choisis avec soin par Christine Pighetti qui signe également une superbe présentation, et présentés en version bilingue, l'ouvrage est enrichi d'une série de photographies et de touchants témoignages d'amis et de membres de la famille du poète. Un document indispensable pour découvrir, à mes yeux, avec Ezra Pound, l'un des poètes parmi les plus importants du siècle passé.



Merci à Babelio et aux Editions De La Différence.
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Journal d'un poète

En premier lieu un grand merci aux Editions de la Différence et à Babelio pour ce recueil reçu dans le cadre des opérations Masses Critiques.



Cela m'aura permis de découvrir un poète russe, et un style bien différent de celui que je pratique habituellement.



Ma première impression à la réception du recueil fut liée à son poids. Que j'ai aimé sentir ce petit livret si lourd, en écho venait pour moi le poids des mots.

J'ai aimé la texture. J'ai aimé l'écriture en russe sur la page de gauche ( je n'entends rien au cyrillique mais que c'est exotique et ça donne un coté authentique) et la traduction sur la page droite (impossible d'estimer si la traduction est fidèle à la lettre du poème ou à son (es)sens(ce)).



Le recueil commence par une courte description de la brève vie de Sergueï Essenine et j'avoue ne pas avoir été déçue. Je l'ai trouvé très en avance sur la société de son époque en tout cas dans ses audaces et ses moeurs.



Les poèmes sont coupés en 3 parties : les courts, les longs et les dramatiques.



Côté écriture, je ne sais pas si c'est lié à la traduction mais les thèmes évoqués (enfin sa vie en vers, car il nous parle de sa vie dans chacun de ses vers et ne cherche pas à s'en détacher ni à cacher son souhait de nous parler de sa Russie, de sa vie) ne m'ont pas séduite.

J'ai trouvé les vers trop terre à terre justement, pas assez imagés, pas assez poétique à mon goût.



Quelques vers ou poèmes ont tout de même fait mouche car ils sortaient pour moi du lot.



La fin du recueil est composée de diverses photos liées à la vie de l'auteur et ce fut interessant de découvrir le visage de cet homme jeune qui semblait avoir réussi et qui mit fin à sa vie si abruptement si rapidement.



Même si je n'ai pas envie de lire plus avant Essenine, je ne regrette pas d'avoir tenté de pénétrer dans un univers si différent du mien.



A tous bonne lecture.
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L'Homme noir (1910-1925)

Serge Essenine (1895-1925) a eu une vie courte et pleine. Poète précoce et génial, il a fondé le mouvement imaginiste. Bien entendu, il a été confronté à la Révolution bolchevique. Sa vie personnelle a été très agitée: dans ses dernières années il a traversé des épisodes de dépression, avant de se suicider à l’âge de 30 ans.

Que dire de cet ensemble de poèmes, composés sur une grande partie de la vie d’Essenine, sinon qu’ils sont fluides, parfois provocants, parfois nostalgiques ? Ils sont souvent d’une beauté bouleversante…

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La Ravine

Un incroyable mélange de poésie et de description prosaïque.

Le charme de ce petit livre tient sans doute aussi de la qualité de la traduction.

Pour moi, ce livre est un bijou.
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La Ravine

A 18 ans, Essenine vit à Moscou depuis peu de temps, lui vient d'un village dans la Russie profonde, Konstantinovo. Il écrit alors un récit sur ses origines, dans un texte où les personnages vivent "à la dure" dans un village appelé "La Ravine"... je ne sais pas dans quelle mesure Essenine s'est inspiré de ce qu'il a vécu, mais ces personnages prennent vie d'une très belle manière, c'est prégnant. Comme dans un roman de Cormac McCarthy, le récit prend forme lorsque les personnages parlent, mais ici les dialogues sont plus percutants, et à la fois ont plus de simplicité. Les descriptions sont courtes, fugaces, incroyablement efficaces et vivantes.
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La Ravine

"Opéra de la terre russe" dit dans sa préface Odile des Fontenelles pour présenter ce roman consacré au petit village russe, la Ravine.

Dans une prose poétique, SergueÏ Essénine, jeune auteur de 18 ans, rythme dans des phrases musicales la vie de ces paysans du début du XXème. Leurs travaux, leurs occupations, leurs amours et leurs deuils sont accompagnés de vodka certes mais aussi du chant des oiseaux, du mouvement des nuages, des odeurs de la terre. On ne s'attache pas à un personnage particulier mais à tous les habitants de la Ravine qui n'échappent jamais à leur destin.

Il n'est pas trop tard pour découvrir ce poète-romancier.
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Journal d'un poète

Je suis un fan de la culture russe, et fan des poèmes de Pouchkine.

J'avais lu un très beau poème d’Essenine qui m'avait donné envie ("Au revoir , mon ami"

Aussi, ai-je sauté sur l'occasion pour lire ce recueil de poèmes d'Essenine !

Un grand merci à babelio de m'en avoir donné l'occasion, mais finalement, c'est une petite déception.

Déception lié aux poèmes eux-mêmes, dans lesquels je n'ai pas pu puiser l'inspiration : je n'ai pas retrouvé le style que j'avais découvert au travers de "Au revoir, mon ami".

Déception dans leurs traductions, qui sont correctes au ligne à ligne, mais qui n'arrivent pas extraire la quintessence du poème dans sa globalité.

Enfin, déception sur le livre lui-même, qui manque de rythme, d'intérêt : ça débute par un récapitulatif de l'histoire d'Essenine, pour ensuite présenter différents poèmes, et c'est agrémenté par quelques photos du poète, sur la fin du livre.

Ca méritait une structure plus originale.....

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La confession d'un voyou : Suivi de Pougatc..

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L'Homme noir (1910-1925)

Gréco-canadien, j'adore la poésie russe et slave en général. Mais, la main sur le coeur, je ne croyais pas avant de lire cette Anthologie qu'il était possible de faire passer aussi bien un poète tel que S. Essénine en français, en préservant le sens (mes amis russes le confirment !), sans oublier de serrer le texte original au plus près du rythme, de l'euphonie et de la rime...
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