AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Seth Greenland (93)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mécanique de la chute

Écrit par un romancier, dramaturge et scénariste américain du nom de Seth Greenland, ce gros pavé de plus de six cents pages offre un moment de lecture trépidante et captivante, à la hauteur de son alléchante quatrième de couverture. Ancré dans l’air du temps et ses dérives, Mécanique de la chute s’appuie sur de fines considérations psychosociologiques et n’est pas sans rappeler des œuvres romanesques bien connues que j’évoquerai le moment venu.



Comme il se doit, les personnages sont stéréotypés, mais l’auteur a la subtilité de faire transparaître leur nature humaine faillible. Leurs moments de doute et de mauvaise conscience ne les empêchent toutefois pas de suivre la ligne stratégique qu’ils jugent correspondre à leurs projets.



Jay Gladstone, petit-fils d’un immigré juif venu d’Europe de l’Est, est un magnat de l’immobilier, multi-milliardaire. Il vit dans une somptueuse propriété au nord de New York. Il est propriétaire d’une équipe professionnelle de basketball, membre de la NBA, la très puissante et populaire ligue américaine. Membre du parti démocrate, philanthrope, il fait distribuer d’importantes allocations au profit des familles noires désargentées et verse de larges contributions à l’Etat d’Israël. Ce quinquagénaire soigne sa silhouette et fait de son mieux – du moins le croit-il ! – pour se montrer disponible, ouvert et humaniste. Ses valeurs morales et son attitude en société lui valent l’estime de la plupart de ceux qui l’entourent. Mais sa jeune et jolie femme – un second mariage – risque de lui valoir des soucis...



Les traits de profil qui se dégagent de Jay Gladstone en font un modèle dans le microcosme d’une certaine élite new-yorkaise. Dans d’autres sphères, au contraire, il est le symbole de tout ce qui est haïssable : un mâle hétérosexuel blanc, riche, puissant et juif sioniste. Dans l’une de ces sphères hostiles, sa propre fille, Aviva. Son attitude rebelle renvoie à Pastorale américaine, de Philip Roth.



Jay doit compter avec les exigences folles de Dag Maxwell, une star de la NBA, un joueur d’exception dont dépendent les résultats de son équipe. Les revenus de cet Afro-américain se comptent en dizaines de millions de dollars et ruissellent avec abondance sur sa famille et sur son clan, leur assurant un mode de vie d’un luxe extravagant auquel ils n’ont pas été préparés et qui ne sera pas éternel.



Autre personnage clé, Christine Lupo. Cette femme ambitieuse est procureure dans l’Etat de New York et ambitionne de se présenter aux élections au poste de Gouverneur. Selon la position qu’elle prendra sur un fait divers au cours duquel un Noir a été tué par un policier blanc, elle se mettra à dos la police, son bras séculier au quotidien, ou une communauté noire très remontée après une précédente bavure ayant défrayé la chronique. Il s’avère de surcroît que la victime était de confession musulmane et qu’un étrange imam autoproclamé se met à jouer un rôle trouble. Pour se mettre en valeur, Christine aura la chance de profiter d’une affaire bien plus dramatique et bien plus médiatique, dans un scénario montrant quelques similitudes avec Le bûcher des vanités, de Tom Wolfe.



Mais c’est aussi à La Tache, de Philip Roth, et à l’insouciance, de Karine Tuil, que je pense en observant les accusations de racisme portées inconsidérément pour un mot ou un geste anodin sorti de son contexte, amplifiées par des agitateurs bien intentionnés et relayées par des médias complaisants.



La première partie, qui occupe près de la moitié de l’ouvrage, est consacrée à la mise en place de tous les rouages d’une mécanique de précision complexe, dont les engrenages s’enclencheront imperceptiblement avant de s’emballer de façon inexorable, dès lors que des faits soudains, gravissimes et irréparables se seront produits. Après ces déflagrations, je n’ai pas pu lâcher le livre.



Voilà qu’un homme intelligent s’avère être prisonnier de schémas de pensée égocentrés, datés, inadaptés à un monde qui change et qu’il observe de bien trop haut pour en saisir les évolutions. Après un acte impardonnable auquel certains auraient pu accorder des circonstances atténuantes, une série de décisions et de prises de paroles inappropriées risquent de précipiter sa chute.



Au travers de ce roman, l’auteur livre une critique lucide de la société américaine, et par extension, occidentale : culte de l’argent, ambitions obsessionnelles, rancœurs jalouses, lâchetés bien-pensantes, attitudes communautaires victimaires, accusations de racisme, recherche de boucs émissaires, diffusion de fake news et de vidéos piratées, avec la garantie d’un effet démultiplié sur Internet.



Un livre choc ! Un mot quand même sur l’écriture, dont le style m’a contrarié dans les premiers chapitres. Probablement un problème de traduction : des phrases plates, des mots approximatifs, l’impression de lire l’adaptation française d’un polar de bas étage. Mais par la suite, totalement pris par les péripéties, je n’y ai plus fait attention.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          663
Mécanique de la chute

Jay Gladstone dirige un empire financier, c' est un homme puissant mais honnête, peut-être le plus puissant et le plus honnête de New-York, du moins le croit-il.

Mais c' est aussi un homme au milieu des hommes du XXIeme siècle.



Comme beaucoup de mâles Alpha occidentaux à la cinquantaine triomphante, Jay se retrouve en pleine crise familiale et conjugale. Hélas pour toi Jay Gladstone ton statut d' homme puissant, un mauvais timing et une phrase malheureuse vont déclencher une tempête sociale et médiatique que rien ne pouvait prévoir.



L' effet dominos de Charybde et Scylla rien que pour toi, et comme on est jamais si bien trahi que par les siens, " Tu quoque" pourrait devenir ta devise.

Racisme, antisémitisme, arrivisme, opportunisme, politiquement correct, tout cela emporté dans le tsunami des réseaux sociaux et des fake news. Bienvenue au USA.

Formidable bon gros roman américain comme on les aime. "Mmécanique de la chute" ou la description minutieuse de la dégringolade d' un honnête homme. On pense forcément à Tom Wolfe et son "Bûcher des vanités" ou à Philippe Roth pour "La tâche".



Même approche anthropologique, même étude précise du comportement des humains pris dans la nasse de leurs contradictions. Mais nous sommes en 2012, au siècle de Twitter et de Facebook et dans quatre ans l' Amérique élira Donald Trump.



Un roman humaniste et moral, une lecture haletante dont on sort le souffle coupé.



Remercions Seth Greenland qui nous rapporte cette citation de Mark Twain: " Un mensonge a le temps de parcourir la moitié du monde avant que la vérité ait pu enfiler son pantalon".
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          491
Mécanique de la chute

Un bon livre c’est, premièrement une bonne histoire, deuxièmement une bonne histoire et troisièmement une bonne histoire. Paraphrasant librement Clouzot, voilà une citation qui s’applique parfaitement à Mécanique de la chute, un bijou de Seth Greenland, traduit par Jean Esch.



À New-York, Jay Gladstone, businessman milliardaire, dirige sans trembler l’empire familial immobilier bâti par son père et son oncle, en prenant soin comme il se doit de respecter les obligations de son rang : soigner ses appuis politiques, afficher ses soutiens philanthropes, investir dans le sport et sortir fréquemment. Sa vie professionnelle et familiale est un équilibre maîtrisé. Enfin semble-t-il…



Car à la cinquantaine venue, cet équilibre est fragile : une femme plus jeune dont les désirs entrent en décalage, une fille qui lui tourne le dos, une équipe de basket pas si successfull qu’espérée, des contrepouvoirs malveillants issus de sa propre famille au sein même de son empire, et j’en passe… Tous les signaux faibles sont là et il suffira d’une scène que Jay n’aurait pas dû voir, d’une phrase qu’il n’aurait pas dû prononcer et d’une réaction qu’il n’aurait pas dû avoir pour que tout s’effondre et que la mécanique de la chute se mette inexorablement en place.



En plus d’être une saga remarquablement construite sans fausse note ni temps mort, Mécanique de la chute est une fine et juste analyse de la société américaine contemporaine et de ces incompréhensions que peuvent en avoir les plus puissants : incompréhensions raciales, religieuses, générationnelles ou sociétales. Alors que le monde bouge, Jay et ses pairs ont conservé les codes des années 90 mais ils ne fonctionnent plus. Plus dure sera la chute.



En complément de ses talents de conteur, Seth Greenland décortique méticuleusement cette convergence des forces inversées qui, à des moments clés de la vie ou de l’histoire, réussit à faire basculer les équilibres établis. Et cela donne assurément un des grands livres de cette rentrée littéraire 2019.
Commenter  J’apprécie          482
Un patron modèle

Pour combien tu deviens Mac ?



C’est un peu le dilemme qui se pose à Marcus, cadre moyen de L.A. quand son frère lui lègue sa blanchisserie qui, manifestement, ne fait pas reluire que le linge. Pas vraiment téméraire le Marcus, et tous ses principes s’opposent à conserver cette activité qu’il découvre. Sauf que…



Sauf que les dettes s’accumulent, qu’il vient de se faire virer de son poste de directeur d’usine, que le commerce de sa femme Jan bat de l’aile, qu’il faut opérer sa belle-mère Lénore mais qu’elle n’a pas de couverture santé et que leur fils Nathan rêve d’une grande fête pour sa bar-mitzvah.



Alors lassé de manger son pain noir, Marcus saute le pas et opte alors pour le pain de fesses, tout en essayant de mettre un peu de paternalisme social dans son univers de filles à louer : mutuelle, plan de retraite, club de lecture où l’on échange sur Anna Karénine entre deux passes. Marcus est mort, vive Papa Mac !



Un patron modèle de Seth Greenland – traduit par Jean Esch – est ma deuxième incursion chez l’auteur et j’y ai retrouvé ce qui m’avait enchanté dans le génial Mécanique de la chute : un roman drôle, enlevé et sans morale, mais enrobé dans une sous-couche à peine cachée satirique et politique.



Car au milieu de sa grosse poilade, Greenland décortique cette Amérique moyenne qui regarde vers le haut en craignant d’être absorbée par le bas, prête à s’asseoir sur ses principes moraux, religieux ou sexuels pour s’éviter la dégradation sociale.



Faussement naïfs, ses personnages sont immédiatement empathiques, probablement car ils sont parfois un peu de vous, et peut-être même un peu de moi. De la littérature barrée et déjantée qui fait réfléchir, c’est précieux.



Et on me murmure dans l’oreillette qu’un nouveau Greenland débarquerait en France à l’automne…

Commenter  J’apprécie          283
Mécanique de la chute

Titre : Mécanique de la chute

Auteur : Seth Greenland

Année : 2019

Editeur : Liana Levi

Résumé : Jay Gladstone est riche, immensément riche. Juif originaire d'Europe de l'est, sa fortune ne l'empêche pas de devoir composer avec une femme exigeante, une fille rebelle et toutes les contraintes sociales dues à son rang. Comme si cela ne suffisait pas, les basketteurs de la franchise NBA qu'il possède n'en font qu'à leur tête et la star du club, Dag, compte bien renégocier son dernier contrat avant une retraite qu'il espère dorée. La vie de Jay n'est donc pas aussi idyllique qu'elle en à l'air et son retour impromptu d'un voyage d'affaire va l'obliger à assister à une scène qui va changer sa vie. Il ne suffisait que d'une étincelle pour que la vie de Jay Gladstone vole en éclat.

Mon humble avis : Difficile de lire une chronique sur ce roman ne faisant pas allusion à l'immense Tom Wolfe et plus particulièrement à l'un de ses romans phares : Le bûcher des vanités. Etant particulièrement fan de l'auteur à l'éternel costard blanc, il m'était difficile de passer à côté de ce titre de Seth Greenland et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne l'ai pas regretté. Mécanique de la chute est un grand roman, de ceux qui laissent des traces. Dense, précis, terriblement actuel le récit est centré sur le personnage de Jay Gladstone, le mâle alpha à qui rien ne sera pardonné, ni excusé. Roman politique s'il en est, satire féroce de notre époque où le politiquement correct est dominant, ce récit ne laisse rien au hasard et la chute de Jay n'en est que plus vertigineuse. De nombreux thèmes sont passés à la moulinette de l'écriture vive de Greenland, mais ceux qui prédominent sont évidemment les relations entre communauté et notamment la relation difficile entre juifs et afro-américains. Sur fond de compétition victimaire, d'évolution de la société, l'histoire de Jay est celle d'un homme qui ne comprend plus le monde dans lequel il évolue, un monde dont les codes lui échappe, un monde qui le dépasse et qui va le broyer. C'est intense, révoltant, et pourtant pas toujours très honnête. Je m'explique : que Jay soit traité en victime soit, mais que certains personnages accusateurs soient traités superficiellement est un peu dommage bien que cela serve le propos. Greenland s'éloigne ici de son illustre maître Wolfe dont le soucis était justement de traiter chacun avec équité pour que chaque point de vue soit compréhensible et étayé. Bien qu'un peu gênant, ce bémol ne gâche en rien la lecture de ce bouquin passionnant qu'est la mécanique de la chute. Grand roman de l'Amérique d'aujourd'hui, pavé d'une intelligence et d'une filouterie rare, ce bouquin figurera parmi les très grands textes de cette année. Pour cela et pour le déroulé implacable de son histoire, pour ces partis-pris assumé, pour son intelligence et son humour, je ne peux que m'incliner devant l'immense talent de Seth Greenland.

J'achète ? : C'est un grand oui. Pour sa mécanique d'une précision folle, pour ces réflexions brillantes, pour les thèmes abordés, pour une meilleur compréhension du monde, pour le talent tout simplement. Mécanique de la chute est un roman marquant et l'immense Tom Wolfe, dans sa tombe, peut être fier de son presque rejeton.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          271
Plan américain

En attendant de devenir le nouveau réalisateur de génie, dans la lignée du nouvel Hollywood que tout le monde s'arrache et qu'il admire, Paul Swartzman, après des étude prometteuses en cinéma, tente sa chance à New-York en rédigeant des critiques de films dans un magazine pornographique.



Nous sommes en 1976, dans le New-York des films de Scorcese et de Coppola, des cinéastes qu'il rêve d'égaler, et si l'on ne rêve pas à vingt-cinq ans autant tout de suite postuler un emploi de professeur dans la fonction publique. A nous deux New-York!



Grâce à Jay Gladstone un ami d'enfance qui , lui, à les clés de la Grosse Pomme, il va peut-être enfin réaliser son rêve.



A cette époque la ville de New-York tombe en ruine, le crime est partout, Time-Square est un coupe gorge, un repaire de cinéma porno et un rendez-vous de drogués et de putes, revoir «Taxi driver» ou «Macadam Cow-boys» pour se rafraîchir la mémoire. Mais dans ce chaos, New-York est aussi le creuset de toute une culture underground qui allait devenir dominante dans les décennies suivantes.



Tout fier de son scénario surfant habilement sur la mode de la blaxploitation, du film de mafia, et de l'humour juif new-yorkais, Pablo et Jay, son apprenti producteur, en sont sûr ils vont casser la baraque, il ne leur manque juste qu'un million de dollars.



Roman d'apprentissage, de perte de l'innocence et principe de réalité, Pablo sera notre guide dans un New-York bouillonnant de créativité, Hip-Hop, Jazz, Punk, Comédy Club, théâtre de rue, graffiti, et cinéma d'art et d'essai, une bien belle plongée dans la naissance d'une culture urbaine devenu historique.



Des personnages attachants, un récit romanesque et naturaliste parfaitement huilé, après le formidable «Mécanique de la chute» le romancier continue à raconter avec talent son Amérique.



Oserais-je? Seth Greenland, le nouveau Philip Roth ? J'ai osé !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
Plan américain

« Si je devais me demander si j’avais un jour été parfaitement heureux, je dirais que oui, oui, à coup sûr, je l’ai été, dans les années 70 à New-York, quand la ville était une estropiée sublime, profane et tapageuse… »



Préquel de Mécanique de la chute, Plan américain de Seth Greenland – traduit par Adelaïde Pralon remet en scène Jay Gladstone. Pas follement emballé de prendre son tour dans le business immobilier familial, il rêve de cinéma. Comme son vieux pote, Pablo Schwartzman.



Car Pablo écrit. Des chroniques de films pornos dans un journal spécialisé, pour l’instant. Mais il rêve plus grand : écrire son propre scénario et même le réaliser, auréolé d’un prix confidentiel obtenu dans sa jeunesse.



Dans cette Amérique qui s’apprête à élire un ancien acteur cow-boy à sa présidence, le cinéma apparaît plus que jamais comme le nouvel eldorado, et le tandem Jay-Pablo compte bien s’y faire une place au soleil.



Le premier est persuadé de trouver les financements nécessaires et de pouvoir y faire tourner Avery, sa girlfriend afro-américaine ; le second ne doute pas d’accoucher de l’idée lumineuse qui les conduira vers le succès.



Avec Plan américain, Greenland replonge dans l’Amérique du siècle dernier, où New-York est encore un coupe gorge, l’immobilier flamboyant et le cinéma rempli de promesses d’ascension rapide. Mais sans se poser en moraliste, il en fustige les dérives :



« Tu m’as l’air d’être un gars bien, Jay, alors je vais te dire comment ça marche, le milieu du cinéma. En gros, ça grouille d’artistes de merde qui veulent bouffer dans des restos de luxe et garder leur boulot. Ces gars-là se foutent de faire des films et le mot qu’ils préfèrent prononcer, c’est non. »



En parallèle, il met en lumière ce qui, à l’époque et encore aujourd’hui, continue de ronger le milieu : argent douteux, pouvoirs excessifs, racisme et blaxploitation, mise à mal des auteurs et de leurs droits. Derrière les bobines, ça ne sent pas toujours très bon…



Même un ton en-dessous de Mécanique de la chute, c’est toujours bien senti, nostalgique à souhait et régulièrement réhaussé de piques acides qui signent la marque de l’auteur, dans un décor qui donne envie de sauter dans le premier avion pour Manhattan.



« Le milieu du cinéma était comme un souk oriental. Les esthètes les plus raffinés côtoyaient des brutes épaisses aux comportements proche de l’animal. C’était euphorisant. C’était la vie. C’était le printemps 1980 et nous allions faire un film. »

Commenter  J’apprécie          240
Mécanique de la chute

New York 2012

Jay Gladstone, magnat de l’immobilier à New York, propriétaire d’une équipe de basket classée à la NBA est milliardaire. Il incarne la réussite à l’américaine.

Quinqua plutôt beau gosse, époux d’une femme magnifique, apprécié de tous, il fait de son mieux afin d’aider dans la mesure de ses moyens les plus défavorisés : logements sociaux, bourses d’études à des jeunes gens méritants…

Et pourtant cette belle mécanique va se gripper.

Une somme de difficultés vont s’additionner et comme le dit le personnage lui-même : « même si vous croyez être au zénith de votre pouvoir, de vos capacités et de votre influence, un seul faux pas et c’est la chute ! ».

La 1ère partie, une peu longue mais nécessaire, permet de poser le petit monde de Jay et des personnages qui gravitent autour et vont jouer d’une manière ou d’une autre un rôle dans cette chute.

C’est très bien fait. Les protagonistes clés ne viennent pas seulement interagir avec Jay, l’auteur adopte aussi leur point de vue. On entre dans la psychologie de chacun et on découvre leur mode de raisonnement, de justifications pour leurs actes notamment. Sa femme, sa fille, le joueur Star de l’équipe, la procureure ambitieuse, le cousin jaloux…

Cette lecture m’a beaucoup fait penser au Bûcher des vanités mais je dois admettre que je n’ai pas trouvé Jay aussi détestable que le personnage de Tom Wolfe. Certes, il est un peu (beaucoup) imbu de sa personne, il est pétri de certitudes, de son bon droit, mais quand il commet maladresse sur maladresse, c’est tellement énorme qu’on compatit, que j’ai compati. Je me suis surprise à me dire : « Oh, non ! Il ne va pas faire ça. Il ne va pas dire ça ! » Je vous laisse deviner la réponse…

Une lecture que je remets depuis quelques mois. J’ai bien fait de me lancer enfin dans ce pavé car j’ai passé un très bon moment.

Commenter  J’apprécie          240
Mécanique de la chute

2012 : pendant qu’Obama travaille à sa réélection, Jay Gladstone, magnat immobilier newyorkais s’évertue à consolider sa réputation de mécène et de donateur tout en planifiant d’imposants projets de construction pour sa ville et ailleurs sur la planète. Propriétaire en plus d’une équipe de basketball dans la NBA, Jay a plusieurs poulets au four, mais il gère de main de maître. Son prochain rêve, obtenir un poste d’ambassadeur dans une ville d’Europe qui n’est pas en guerre. Un but réalisable pour lui qui fréquente et prend soin de ses relations politiques. Bref, tout va comme il le souhaite jusqu’au jour où une série d’événements bousculent ses idéaux familiaux et professionnels. Qu’aurait-il pu mieux contrôler, quels gestes ou paroles auraient-ils pu éviter? « Jay avait retenu une douloureuse leçon qui l’avait accompagné toute sa vie : même si vous croyez être au zénith de votre pouvoir, de vos capacités et de votre influence, un seul faux pas et c’est la chute. »

Seth Greenland en fait tout le propos de son récit, jetant à bas tous les dominos, tenant ainsi sa galerie de personnages sur la corde raide jusqu’à la toute fin. Tout un cinéma que ce roman et sur plus de 600 pages d’une écriture concise et implacable, une seule envie, en connaître l’issue qui ne déçoit pas.

Ce n’est pas LE grand roman américain mais il mérite amplement quatre étoiles.

Commenter  J’apprécie          180
Mécanique de la chute

Réjouissant et inquiétant....

Un livre que j'ai dévoré et que j'ai adoré. Un ouvrage irrésistible sur le politiquement correct et ses ravages aux Etats-Unis (et comme on disait autrefois, bientôt sur nos écrans, je veux dire chez nous ? ). Le livre est drôle percutant, jamais ennuyeux. Une fois refermé on se dit que l'on aurait du le lire moins vite pour en profiter davantage. En tant qu'auteur Seth Greenland peut sembler un peu inégal parfois (ce livre-ci est de loin son plus réussi), mais ici il suit ce que l'on pourrait appeler la méthode Tom Wolfe, même structure, même type d'intrigue, et donc on lit cela avec le même type de plaisir que l'on avait pu avoir à lire par exemple Un homme, un vrai...

La descente aux enfer d'un richissime américain constitue donc le sujet de cet ouvrage très drôle (certaines scènes à mon avis resteront définitivement gravées dans ma mémoire), mais qui laisse en fin de bouche un goût tout à fait amer....

Certaines scènes du livre ne sont pas prêtes de s'effacer de ma mémoire !
Commenter  J’apprécie          172
Mécanique de la chute

Voici un roman-saga comme je n'en avais pas lu depuis longtemps. Harold Jay Gladstone, qui n'a retenu que Jay, dirige un empire immobilier puissant qui pèse sur New York. Le début du livre se consacre à la description des personnages principaux, Jay, D'Angelo Maxwell surnommé Dag la star de l'équipe de basket appartenant à Jay, Christina Lupo, procureure, ainsi que de toutes les personnes gravitant autour d'eux. J'ai considéré ces descriptions un peu longues, finalement nécessaire à la compréhension de l'histoire et contribuant à la mise en immersion du lecteur. Jay sera progressivement confronté à de gros dossiers, l'immeuble "Saphir" qui doit être le chef d'oeuvre censé rehausser le quartier de Brooklyn, le désir d'enfant soudain de son épouse Nicole, sa superstar Dag qui ne se montre pas à la hauteur et son cousin Franklin qu'il soupçonne de malversations.



Tous les éléments sont réunis pour faire de ce livre une analyse précise sur la société américaine et ses mécanismes, argent, corruption, sexe, alcool, politique, trahisons, les ambitions personnelles... mais aussi valoriser la qualité d'honnêteté dont fait preuve Jay, c'est du moins mon ressenti et mon sentiment. La composition de tout cela, le croisement des différents destins fait de cette oeuvre une très belle réussite. Tout y est décortiqué pour comprendre cette mécanique.



Ce livre tient en haleine tout le long des 660 et quelques pages, il m'a été difficile de le lâcher tant l'écriture fluide et addictive nous embarque, Seth Greenland a lancé l'hameçon et nous y sommes accrochés. Le roman américain n'est pas parmi mes favoris et j'en lis très peu, mais ici j'étais à bout de souffle, horrifié, je compatissais à la personnalité de Jay, j'étais dans sa peau, le comprenais, et j'avais hâte de savoir où allait s'arrêter sa descente aux enfers. L'empire de Jay va t-il s'écrouler ou rester impérial face à l'adversité ? Lisez ce livre et vous le saurez.

Commenter  J’apprécie          145
Mister Bones

Satyre du monde du spectacle à Hollywood, Seth Greenland réussit un épatant roman sur ce monde de paillettes, de faux-culs, de soirées branchées et de promesse en veux-tu en voilà. Franck Bones comique qui rêve de célébrité télévisuelle et son pote Lloyd Melnick scénariste de renom mais qui aimerait être un écrivain reconnu vont lier leurs efforts pour conquérir le Graall. Seth Greenland réussit un premier roman drôle, il dézingue à tout va un milieu ou l'argent et le pouvoir décident ou non de la célébrité. Les personnages de Bones et Melnick en totale perdition sont insupportables et terriblement attachants et l'on se marre de bon coeur devant leurs aventures tragi comiques. Une jolie surprise qui vous mets en joie.
Commenter  J’apprécie          140
Mécanique de la chute

Jay Gladstone, héritier d’un empire financier new-yorkais fondé sur l’immobilier, se considère comme un homme droit. Philanthrope, attentif aux autres, mesuré, il n’échappe toutefois pas aux tracas. Une fille issue d’un premier mariage en pleine rébellion contre son milieu, une femme qui désire un enfant quand lui n’en veut plus, un cousin et associé qui détourne de l’argent de la société, la star de l’équipe de basket dont il est propriétaire qui exprime des exigences trop élevées… Mais Jay sait rester serein dans un monde qui, lui, l’est de moins en moins. On est en 2012, quelques mois après le meurtre en Floride du jeune Trayvon Martin par un policier, et les relations entre les différentes communautés sont tendues. Quand un policier blanc abat un noir dans une résidence appartenant à Jay, ce dernier prend la mesure du fossé qui se creuse. De son côté, la procureure Christine Lupo, qui brigue le poste de gouverneur, recherche une affaire médiatique qui pourrait l’aider à se placer en bonne position dans les élections à venir.



La mécanique de la chute du titre se met en place, presqu’insensiblement, dès les premières pages du nouveau roman de Seth Greenland. La description du quotidien de Jay Gladstone et des événements qui commencent à agiter New York à la veille du deuxième mandat de Barack Obama, s’imbriquent peu à peu. Dans une longue première partie, Greenland place ainsi ses engrenages avec précision et subtilité. La manière dont il pose ses personnages et expose leurs pensées se révèle particulièrement drôle et fascinante. De fait, chacun d’entre eux, Jay, Christine Lupo, Dag, la star de l’équipe de basket de Jay, puisqu’il s’agit de personnages publics, se doit de contrôler son image et, surtout, ses paroles. Dans une Amérique à fleur de peau, tout est sujet à interprétation, chaque phrase peut déclencher l’ire de telle ou telle communauté ou d’un groupe d’intérêts. Soucieux non seulement de son image mais aussi de la personne qu’il est ou désire être, Jay passe ainsi un temps infini à analyser ses propres pensées, à se demander si ce qu’il pense et éprouve correspond à la fois à son éthique personnelle et au politiquement correct attendu de quelqu’un de son rang. Ainsi en va-t-il par exemple des pensées qui l’assaillent lorsqu’il récupère sa fille Aviva, et la petite amie de cette dernière, Imani, qui est noire :



« Et d’abord, que représente donc Imani Mayfield pour Aviva ? Est-elle une simple camarade de fac, ou bien Aviva traverse-t-elle une phase lesbienne sociologiquement obligatoire ? À l’instar d’un grand nombre de personnes de son entourage, Jay est progressiste en matière de sexualité, il est favorable au mariage homosexuel et pour l’égalité des LGBT, mais au fond de lui-même, il souhaite fortement ne pas avoir un enfant gay, essentiellement parce qu’il devine que l’homosexualité rendre la vie de cet enfant plus difficile. En outre, aucun individu ouvertement gay n’ayant croisé son chemin avant qu’il aille à l’Université, ils ont toujours été à ses yeux comme des Bulgares ou des Fidjiens, en quelque sorte : des êtres parfaitement acceptables, mais indéniablement exotiques. Il met ces préjugés rudimentaires sur le compte de son époque, refuse de se laisser torturer par cette question et fait un don annuel au GMHC, un organisme de lutte contre le sida. Mais que signifiait ce baiser sur la bouche à l’aéroport ? Si sa fille est réellement gay (c’est très bien !), sa petite amie est noire. Même si cela ne pose aucun problème en soi, dans les deux cas, pour un contemporain du Spoutnik, c’est… Il ne sait quel mot employer. Dérangeant ? Non, c’est trop fort. Déconcertant ? Oui, on s’en approche, mais ce n’est pas exactement ça non plus car en avouant être déconcerté il reconnaitrait qu’il y a là quelque chose de dérangeant. »



Mais dans un monde où les inégalités et les injustices ont fait leur œuvre et où s’est engagée une véritable compétition pour savoir qui souffre le plus ; ou, aussi, les plus cyniques attendent une opportunité pour pouvoir placer leurs propres pions en utilisant l’émotion des uns ou des autres, il peut suffire d’un accident, d’une phrase irréfléchie, pour que les engrenages se mettent en marche et broient un homme. C’est ce que s’attache à montrer la deuxième partie de Mécanique de la chute, indéniablement plus noire que la première mais avec encore son lot de situations absurdes qui soulignent avec humour la terrible ironie du sort, l’impossibilité de se justifier sans créer un nouveau scandale. Jay Gladstone se trouve alors comme pris dans des sables mouvants : il voudrait s’en extraire, mais chaque mouvement l’y enfonce un peu plus.



Monument d’humour et d’intelligence, Mécanique de la chute, pointe ainsi les dérives et l’impasse dans laquelle mènent les compétitions mémorielles ou l’usage du concept d’appropriation culturelle à une époque où la réflexion est abandonnée au profit de réactions épidermiques suscitées par des phrases tirées de leur contexte, d’événements dont on ne se soucie guère de l’enchaînement de circonstances qui y ont mené. Seth Greenland décortique cette mécanique avec une ironie qui n’exclue pas une certaine gravité et si, à travers cette histoire, il grossit forcément un peu le trait, il n’en fait pas pour autant un pamphlet, s’attachant toujours à saisir les sentiments et motivations de chacun. Un roman aussi passionnant qu’intelligent.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          130
Mécanique de la chute

Une histoire de sommets à gravir puis de chute(s). La descente aux enfers lente et implacable d’un magnat new-yorkais. Le thriller est efficace, s’installe et se construit puis déroule une mécanique précise et toutefois surprenante. L’analyse sociale en toile de fond, quoique parfois peinte à gros traits, est solide et délivre son message.



Ce roman a beaucoup été comparé au « Bûcher des vanités » de Tom Wolfe. L’intrigue repose effectivement sur des ressorts similaires et on pourrait voir dans cette écriture longue et minutieuse une volonté d’inscription dans l’héritage du nouveau journalisme. Je n’y ai pourtant pas retrouvé le maître... Davantage la précision factuelle d’un Grisham sur la mécanique narrative d’un Connelly.



Il n’empêche : il est efficace et offre un très bon moment de lecture !
Commenter  J’apprécie          111
Mécanique de la chute

Jay Gladstone est l'héritier d'un empire colossal bâti par son grand-père, immigré juif. Symbole du rêve américain, de la réussite pour qui ne partait de rien, il est à la tête d'un groupe tentaculaire qui tire les ficelles de l'immobilier new-yorkais. Quinquagénaire, il habite une belle propriété non loin de New-York avec sa deuxième épouse. Il est de toutes les mondanités, participe généreusement aux grands causes et s'est même offert une part de son rêve de jeunesse en devenant le propriétaire d'une équipe de basket-ball pour faire partie de l'élite NBA.

Il aurait pu être cet homme d'affaires véreux, sans état d'âme, assoiffé d'argent et de pouvoir, manipulateur et prêt à tout pour contrôler tout ce qui l'approche. Il n'en est rien. Conscient de sa chance et surtout du fait qu'il ne fait que préserver ce que son grand-père a construit, il est resté simple et intègre, attentif à ceux qui l'entourent. La vie parfaite, me direz-vous ? Hummm, n'allons pas si vite en besogne.



Sans cesse à essayer de ménager la chèvre et le chou, il jongle entre son épouse torturée, sa fille rebelle qui rejette tout ce qu'il représente, l'envie de ses proches et les exigences de la star de son équipe de basket. Et quand on est à ce point influent et hissé au sommet, on n'attire pas que l'admiration. le moindre faux-pas, la moindre incartade, une parole malheureuse peuvent être fatals. La mécanique de la chute, c'est cette minuscule dent du petit engrenage que l'on ne voyait pas qui, si elle se brise, suffit à stopper net la machine.



Cette chute, le lecteur la vit main dans la main avec Jay Gladstone qui d'un jour à l'autre devient persona non grata, ennemi public numéro un, infréquentable, accablé de tous les maux de la société bien pensante au sein de laquelle il évoluait. Inégalités, minorités, religion, politique, chacun tentera de tirer profit de la faille. Car si dans le succès, les gradins sont pleins, dans la chute le stade se vide à vue à d'oeil.



A l'instar du magistral « Bûcher des vanités » de Tom Wolfe, on retrouve dans ce pavé de 720 pages (pour le format poche) la complexité des personnages, le décor et l'intrigue construits et dépeints de manière brillante. Un roman habile qui dresse un portait au vitriol du monde occidental à travers la société américaine, du rêve à la dérive.
Lien : https://mamanlyonnaise.wordp..
Commenter  J’apprécie          100
Un patron modèle

Première incursion chez Seth Greenland. Certainement pas la dernière. Chaudement recommandé par mon libraire préféré, et très emballée par la couverture haute en couleur, j'ai dévoré les péripéties de ce brave Marcus.

Cadre intermédiaire effacé, menant une vie plate, tant d'un point de vue personnel que professionnel, Marcus se retrouve coup sur coup licencié, sur le point de perdre sa maison, de voir son couple finir de se déliter. Bref, une très bonne année de galère... La mort de son frère qu'il ne voit plus depuis des années le met à la tête d'une blanchisserie. Surpris notre Marcus car au vu du caractère de son frère , il ne s'attendait pas à une telle activité. C'est en se rendant sur les lieux que la couverture (du livre comme de la réalité de la boutique) prend tout son sens.

S'ensuivent des atermoiements sur la moralité de reprendre ou non l'affaire. Puis la réorganisation de la blanchisserie commence. Marcus se révèle en définitive un patron modèle.

Seth Greenland dépeint dans ce roman savoureux toute une galerie de personnages, des scènes très drôles(le club lecture avec ses employées autour d'Anna Karénine m'a énormément plu). Il procure un moment de lecture très jouissif. On suit avec plaisir l'évolution de la société et de la petite famille. La belle - mère adepte du joint et du pole dance est particulièrement attachante.

Je ne peux que conseiller ce roman à l'écriture fluide, vive et pleine d'ironie. L'auteur n'oublie pas non plus d'égratigner au passage certains traits de l'Amérique contemporaine tels les dérives du capitalisme, l'hypocrisie du conformisme, etc. Une lecture distrayante et rondement menée.
Commenter  J’apprécie          100
Un patron modèle

Marcus Ripps est un homme assez terne, sans beaucoup de caractère. Il occupe néanmoins un bon poste dans l’entreprise Wazoo Toys (qui a connu un grand succès grâce au concept des « présidents en prières », figurines parlantes de présidents américains déclamant des passages de la Bible) fondée par Roon, un de ses amis d’enfance, et possède une jolie maison dans un quartier plutôt cossu. Mais sa petite vie de routine banlieusarde touche à sa fin le jour où Roon lui donne le choix : émigrer en Chine où va être relocalisée son usine, ou perdre son job.

Son épouse refusant de quitter Los Angeles, Marcus pointe donc rapidement au chômage et s’endette. Le salut arrive quelques mois plus tard lorsque Marcus apprend que son frère, Julian, avec lequel il n’avait plus de contact depuis plusieurs années, est mort en lui léguant sa blanchisserie. Une blanchisserie qui, Marcus le comprend vite, n’est qu’une façade pour un autre type de commerce, bien plus rentable et bien moins légal : Julian était un mac. Et Marcus, financièrement acculé, décide donc de reprendre le flambeau en injectant tout de même dans l’entreprise un peu de déontologie.



« Chez Wazoo, Roon s’était montré cupide dans ses rapports avec le personnel : salaires bas, avantages minimums, conditions de travail médiocres. Marcus, lui, serait bienveillant. Roon considérait ses employés comme des éléments interchangeables dans une machine économique. Marcus les considérerait comme des individus et les traiterait avec dignité. Le style de management de Roon était tyrannique, dénué de compassion. Marcus serait attentionné. Il essaierait de comprendre sa main-d’œuvre et de travailler avec elle. Il fit le serment d’être un potentat éclairé, qui dirige son entreprise en fonction des critères les plus exigeants du management à l’américaine, et non pas comme Roon, qui dirigeait Wazoo avec des méthodes de mac ».



On le voit, c’est un objectif ambitieux que se fixe Marcus, qui mettra petit à petit en place pour ses employées un plan d’épargne-retraite, une couverture santé et même un club de lecture. Et c’est bien là la facette la plus intéressante de ce roman : comment un employé timide, heureux de son confort, décide finalement, après avoir subi la loi du marché, de se relancer grâce à une entreprise a priori amorale en moralisant son rôle de patron. Bien entendu, cela a des répercussions sur sa vie de famille et en particulier sur ses relations avec sa belle-mère (qui soigne son glaucome en fumant de la marijuana et qui prend des cours de pole-dance) et, surtout, son épouse qui savoure son ascension sociale.

On suit donc les péripéties de Marcus et de sa petite famille avec un regard d’autant plus amusé que Seth Greenland dispose d’un bon sens de la formule et mène plutôt bien sa barque même si le récit tend parfois à trop s’étirer et à pencher peut-être un peu trop par certains aspects (en particulier les efforts de Jan, la femme de Marcus, pour faire vivre sa propre entreprise et pour se faire accepter par les rupins du quartier) du côté des Desperate Housewives. Reste que, dans l’ensemble, Un patron modèle est un roman à la lecture agréable, au ton léger et détaché mais pas bête, et l’on est curieux de jeter un œil aux autres ouvrages de Seth Greenland.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
Commenter  J’apprécie          100
Plan américain

Ce n'est peut-être pas le meilleur Seth Greenland mais cela reste un bon cru malgré tout.

La plongée dans le New-York des seventies se révèle très plaisante. Très bien documentée. Magnifiquement racontée. Et puis, voilà l'occasion de recroiser Jay Gladstone, le héros de Mécanique de la chute (paru en 2019, un pur chef d’œuvre pour le coup !).

Mais revenons à Plan américain. Les années 70. Les idéaux n'étaient pas les mêmes à l'époque. Les problèmes raciaux commençaient à peine à se résorber. Je dis bien à peine. Et au milieu de tout ça, Paul (ou Pablo comme vous voulez) rêve de devenir réalisateur. Réaliser un film qui marquera l'histoire. Alors qu'il vient à peine de terminer ses études de cinéma et qu'il survit en écrivant des critiques de film pour une revue pornographique.

Drôle de rêve américain. Y parviendra-t-il ? Je vous laisse le découvrir. De toute façon, dites-vous que lire un Seth Greenland, c'est l'assurance de ne pas être déçu. Jamais.
Lien : https://twitter.com/SWANNBLUE
Commenter  J’apprécie          90
Mécanique de la chute

L’action de ce roman se situe à New York, dans un empire financier en place depuis des générations par une famille juive originaire d'Europe Centrale, plus précisément autour de Jay Gladstone, l'héritier à la tête de la société depuis 2012.

Ce magnat de l'immobilier n'échappera pas, dans ce livre, à la dure loi de la vie qu’il partage pour le moment entre une épouse exigeante, beaucoup plus jeune et qui fera son malheur, et une fille insupportable qui n'a pratiquement aucune point commun avec son père. Jay Gladstone est le propriétaire d'une équipe de basket, avec à sa tête la grande star américaine, un certain Dag. Cependant, l'équipe n'arrive pas à monter en haut du classement. Et les joueurs deviennent de plus en plus exigeants.



Aux Etats-Unis, les rapports sont complexes entre noirs et juifs, le problème racial empoisonne la société américaine au moment où Obama entre dans son second mandat. Il suffira qu'un policier blanc tue un homme de couleur dans des circonstances troubles, pour mettre le feu aux poudres. En parallèle à ce fait divers, Jay Gladstone rentre plus tôt que prévu d'un voyage d'affaire, et tombe sur sa femme avec sa super star Dag. Drame... Une femme procureur prend en charge le dossier mais fait passer son ambition avant l'éthique.



"Mécanique de la chute" de Seth Greenland m’a laissé une impression en demi teinte. Pourquoi ? La première partie (c'est à dire la moitié du roman) est extrêmement lente, sans réel intérêt, à part la présentation des personnages. Et il y en a, peut être même trop. La deuxième partie, à partir du drame que va engendrer Jay, le roman devient intéressant car le rythme s'accélère énormément, les actions sont nombreuses, les personnages se croisent, se dévoilent, montrent leurs vraies visages jusqu'au dénouement.



Le thème principal de ce roman est sans conteste les discriminations raciales, religieuses, et le racisme. Cependant, je trouve ce thème un peu trop prononcé dans certains chapitres du roman, sans relation avec l'intrigue. (comme le discours entre pro Israël et pro Palestine). L'écriture est simple et efficace, mais ne m'a pas emmené en Amérique. Or, j'ai ressenti un auteur ancré dans l'histoire de son pays, un auteur qui aimerait faire évoluer les consciences pour apporter un nouveau souffle sur les discriminations raciales dans son pays.



La lecture de ce roman a été difficile pour ma part, car j'ai très peu de connaissance sur l'histoire de l'Amérique, et surtout car la première partie du roman est trop en longueur. Les thèmes abordés ne sont pas non plus mes thèmes de prédilection dans la littérature, et l’auteur n’a pas su m’intéresser à ces thèmes et à son histoire.

Mais, ce roman choral sur fond de racisme, de question identitaire et des dérives juridique et politique ravira les lecteurs de littérature américaine.

Commenter  J’apprécie          81
Mécanique de la chute

Fascinant. Ce qui m’a le plus enthousiasmé, à la lecture de ce fabuleux roman, c’est la précision de la mécanique narrative (et en cela le titre français est plus pertinent que l’anglais, Les Périls d’une bonne fortune). Toutes les pièces d’horlogerie du récit s’emboîtent à merveille les unes dans les autres, ce qui rend la lecture absolument haletante. Toute la complexité de la société américaine contemporaine est somptueusement rendue dans l’implacable récit de la chute de Jay Gladstone, ce magnat de l’immobilier new-yorkais au grand cœur, pris dans une tempête qui le dépasse complètement. Les personnages sont travaillés dans toute leurs dimensions, ainsi par exemple de la fille du milliardaire, Aviva, personnage à la fois exaspérant et finalement sauvé. Si le roman a quelques points communs avec Le Bûcher des vanités de Tom Wolfe, il n’en constitue en aucune manière un copié-collé. Le roman de Seth Greenland a sa propre originalité ; il reflète des problèmes de la société américaine qui ne se posaient pas du tout dans les mêmes termes il y a trente ans. Et il le fait brillamment.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Seth Greenland (512)Voir plus

Quiz Voir plus

L'inconnu du donjon d'Evelyne Brisou-Pellen

Comment se prénomme notre jeune héros?

Guilhem
Garin
Trousse quelquechose
Torticolis

20 questions
420 lecteurs ont répondu
Thème : Garin Trousseboeuf, tome 1 : L'inconnu du donjon de Evelyne Brisou-PellenCréer un quiz sur cet auteur

{* *}