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Critiques de Seumas O`Kelly (10)
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La Tombe du tisserand

Voila un livre qui devrait avoir une place de choix dans toutes les listes du genre “petits bijoux" ou “courtes pepites". Parce que court mais intense. Developpant des situations du plus humain comique. Introduisant des dialogues du meilleur theatre, burlesque ou absurde, absurdement realistes et caricaturalement indulgents.

Il nous parle de vieillesse, des temps qui changent inexorablement, mais aussi d'un possible optimisme face a ces changements.





“Mortimer Hehir, le tisserand, avait rendu l'ame, et ils etaient venus a Cloon na Morav, le Champ des Morts, pour retrouver sa tombe. Meehaul Linskey, le cloutier, fut le premier a passer l'echalier. La surexcitation se lisait sur son visage. Long et voute, il avançait en trainant les pieds. Derriere lui venait Cahir Bowes, le casseur de pierres, plie en deux depuis le bassin au point que son echine etait horizontale comme celle d'un animal. de la main droite, il tenait une canne qui l'etayait a l'avant, de la gauche, il se cramponnait au dos de sa veste, juste au-dessus des reins. Il se retenait ainsi de basculer tete la premiere en marchant. Notre mere la Terre attirait a elle le front de Cahir Bowes par la force de son magnetisme, et Cahir Bowes refusait jusqu'au bout son baiser de mort”.

Deux vieillards qui sont peut-etre les seuls a savoir ou se trouve la parcelle exacte, “la tombe des tisserands", dans ce cimetiere ou on n'enterre plus que des nostalgiques des vieux clans. Deux petits vieux qui sentent que c'est leur derniere occasion de se rendre non seulement utiles mais indispensables et qui n'entendent pas la laisser passer. Ils vont l'etirer jusqu'a l'extreme, ils vont la jouir intensement. Ils vont multiplier les tours et les detours, chacun d'eux essayant d'imposer son avis a l'autre, appellant a la rescousse les souvenirs d'anciens ensevelis, s'invectivant, fulminant l'un contre l'autre, rompant des lances en ce qui semble un jeu et est plutot une derniere joute, en tous cas leur derniere devant public, devant une jeune veuve et deux fossoyeurs meduses. Et ca donne des dialogues d'anthologie, qui ne peuvent deboucher sur aucun commun accord et ne peuvent donc signaler un emplacement quelconque.





Les heures passent et la veuve decide d'aller consulter un troisieme vieillard, cloitre chez lui, qui, apres lui avoir assene les histoires passees de la moitie du village, s'epoumone: sous l'orme! La tombe des tisserands est sous l'orme!

Je vous laisse decouvrir s'il y a un orme dans ce cimetiere, si on arrivera en fin de compte a se mettre d'accord sur un emplacement, mais je devoilerai quand meme que le soir tombant, il y a des regards echanges entre la veuve et un des fossoyeurs. Il y aura de la vie apres LE mort.





Un petit livre a l'humour tres irlandais (surtout pas british!), refletant le passage du temps, la fin d'un monde ou deambulaient des cloutiers, des tonneliers, des tisserands, des casseurs de pierre, la fin d'une societe pour laquelle etre enterre a Cloon na Morav etait non seulement une tradition mais aussi un honneur. Mais Cloon na Morav est sature et les plus jeunes generations ont deja un nouveau cimetiere, metaphore du progres des temps. Et ce n'est pas la peine de se faire de la bile quant a l'avenir: les jeunes veuves, celles qui ont ete “quatrieme femme" de vieillards, peuvent, sur la tombe meme du defunt, rever a l'amour. Il y aura, pour sur, un nouvel amour.





Et peut-etre ce livre n'est que le developpement d'une phrase, d'une tirade criee, hurlee a sa fille par le troisieme vieillard: “Qu'elle soit d'accord ou pas, reprit Malachi Roohan, Mortimer Hehir etait pourtant un reve. Et son metier, ses navettes, son cadre et sa bobine, ainsi que les fils qu'il mettait sur les peignes. Tout ça c'etait du reve. Et tout ce qu'il a jamais tisse sur son metier, c'etait aussi du reve. le vieillard fit claquer ses levres, les gencives durcies firent un bruit sec. Sa fille le regardait, la tete un peu penchee sur le cote. — Et ce n'est pas tout, ajouta le tonnelier ; toutes les femmes dont il s'est amourache, toutes celles qu'il a epousees, c'etaient des reves. Voila ce que je te dis, Nan, voila ce que je te dis au sujet du tisserand. Sa vie etait un reve et sa mort est un reve. Et le monde entier est un reve. Tu m'entends, Nan, ce monde tout entier est un reve”.



Je ne sais si je suis tout a fait d'accord avec lui quant au monde entier, mais en tous cas ce livre, ce petit opus, oui, est certainement un reve. Plongez-y.

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La Tombe du tisserand

Deuxième livre paru dans cette épisodique collection créée par Dominique Bordes chez Attila, très joli objet blanc à la jaquette en épais papier-calque, après le classique « Ascension » de Ludwig Hohl.

Le Nouvel Attila la continue occasionnellement, avec entre autres une deuxième publication de Seumas O'Kelly, « Le miracle du thé » paru en 2019.

L'ouvrage s'accompagne d'un dépliant reproduisant dix superbes gravures de Frédéric Coché librement inspirées du texte.



Orgueil de la vie face à la tranquillité de la mort, sous-titrée « une histoire de vieux hommes », ce court récit, cocasse et poétique, impressionne par sa densité. Les descriptions des Hommes et des lieux sont d'une grande efficacité, frappant d'images fortes mais rêveuses les quelques personnages de l'intrigue. Le ton oscille entre fable et étude de moeurs. Tout y a sa place, y compris cette tombe recherchée, dont le savoureux final sonne comme un pied-de-nez à la Mort.

A la santé des anciens !
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Le miracle du thé

Chaque lecteur a ses trucs et préférences pour se sortir d’une mauvaise passe de lecture, de celles où tout vous tombe des mains. Des nouvelles font souvent l’affaire dans mon cas, et aussi un certain dépaysement. Cela faisait aussi longtemps que je n’avais pas lu de littérature irlandaise, donc ce beau petit livre à la couverture et à la maquette très soignées, avec ses jolies gravures, a parfaitement rempli son office. Il faut tout d’abord noter que l’auteur est né en 1881, et mort en 1918, assassiné dans les locaux du journal indépendantiste qu’il dirigeait. Il a écrit de nombreux recueils de nouvelles et trois romans.



Ce recueil réédité en 2019 est composé de trois nouvelles, qui toutes trois se déroulent à Kilbeg, village irlandais représentatif, ainsi que ses habitants, de la campagne irlandaise du début du vingtième siècle. Le premier texte, « La maison de Nan Hogan », raconte comment une maison change de mains d’une manière bien particulière, et comment tout le village réagit. La seconde, « La fille prodigue », narre le retour d’une enfant du pays, qui revient chaque année prendre soin de la maison dont elle a hérité, mais cette fois, rien ne se passe comme prévu. Quant à la troisième qui donne son titre au recueil, la disparition d’un paquet de thé va y créer bien du remue-ménage !

L’auteur avait une prédisposition à faire exister des personnages en quelques paragraphes, à exposer les conflits de voisinage et les relations forcément étroites dans un village dont les habitants ne sortaient guère. Les personnages se retrouvent ainsi d’un texte à l’autre, et cela compte beaucoup dans l’amusement provoqué par les péripéties inattendues qui surviennent à Kilbeg.

Trois nouvelles pour retrouver une atmosphère un peu semblable à celle des Banshees d’Inisherin, ce film formidable et touchant sorti en fin d’année dernière, ça ne se refuse pas, non ?
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Le miracle du thé

Ce livre était dans ma pile à lire depuis sa sortie début 2019. Quelle heureuse idée de l’en avoir sorti ! Un vrai régal que ces trois textes, trois nouvelles écrites en 1909, centrées sur le même village de l’ouest irlandais. La langue est riche et travaillée et nous transporte dès les premières pages à Kilbeg, au début du XXème siècle.



Nan Hogan, dont « jamais la langue ne faiblit dans son sinistre humour », mais que les jambes viennent de lâcher (La maison de Nan Hogan), se voit obligée de quitter sa petite maison pour celle « des Pauvres », à la triste réputation. Grand émoi à Kilbeg ! Les commères sont aux abois et l’ennemie de toujours de Nan, Sara Finnessy, jubile. « Elle avait le sentiment de jeter de l’encre sur un ciel obscur. Il n’y avait aucune satisfaction à engager des conversations avec des patients qui vous renvoyaient noir pour noir ». Nan Hogan reviendra-t-elle un jour à Kilbeg ? Et si l’apparition d’une tierce personne venait changer la donne ?



Melle Mary Hickey (La fille prodigue) élève seule son neveu et est tenue en très haute estime par tout Kilbeg. Pour tout dire, son piano à lui seul compte pour la moitié de la respectabilité du village, et sans doute toute sa gloire. La nouvelle de son déménagement pour un autre Comté laisse donc tout le monde à plat – d’autant plus que Melle Mary Hickey ne verse nul torrent de larmes en les quittant… même pas un seul regard en arrière. « Le crépuscule n’est-il pas le filet de la nature, jeté pour ramasser tous les soupirs brisés de l’humanité ? ». Mais voyez-vous, Kilbeg, quand on y est on râle, mais une fois loin, ce n’est plus la même chanson… Peu à peu, Melle Mary Hickey réalise que sa nouvelle vie lui donne « un nauséeux sentiment d’insignifiance – elle qui, à Kilbeg, était le pivot de la vie sociale ».



Il va s’ensuivre un essai fabuleusement épique de retour au pays – je ne vous en dis pas plus, juste qu’une livre de thé finira par jouer un rôle majeur aux côtés de Winnie O’Carroll et de sa malchance – dans la troisième nouvelle (Le miracle du thé), qui clôt ce recueil en divine apothéose : rien de moins. Qu’est-ce que j’ai ri !



« Allons, cria-t-elle, écartant un de ses bras, si toi ou moi, Winnie O’Carroll, avions à notre garde une livre de thé, et nous faisions agresser sur la route, ne nous battrions-nous pas bec et ongles jusqu’à ce que nous n’ayons plus une maille sur le dos ni un cheveu sur la tête ?



Le miracle du thé est composé de textes reliés piquants et très drôles, servis par une écriture précise et beaucoup de style – bravo aussi au traducteur. Ce recueil vraiment plein de charme compose une savoureuse étude de mœurs.



A saluer également le très bel objet livre et les illustrations de Frédéric Coché (voir photos et vidéo sur le blog), gravures que l’on retrouve dans La tombe du Tisserand (une novella, et le texte le plus connu de l’auteur, semble-t-il), paru aussi aux Éditions Le nouvel Attila, en 2009 (exhumé derechef de ma pile à lire irlandaise sans fond !). Merci de nous avoir permis de découvrir cet auteur en français !
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Le miracle du thé

Sans nul doute, lorsqu’on lit ces trois nouvelles écrites en 1909, on a le sentiment de se projeter dans la littérature classique. L’écriture soignée et le style travaillé ramènent aux lectures de Maupassant ou Balzac. Quel bonheur de lire une langue harmonieuse, presque chantante, un vocabulaire choisi, une syntaxe fine. Une richesse.



Trois histoires. Un village au cœur de l’Irlande. D’un récit à l’autre, les personnages se croisent, la vie se tisse, authentique et sincère, sans chichi, les mots de chacun, les croyances, les émotions, l’ébullition des lieux et l’esprit du village. C’est drôle et émouvant, caustique et attendrissant. Attachant. Le texte vit et l’on côtoie sans peine ces caractères entiers, ces femmes déterminées même si l’on peut s’agacer ;) de la sagesse réservée aux hommes – n’oublions pas que la plume est masculine et date du début du XXème siècle. La finesse des épilogues, surtout de la première nouvelle, gomme ce bien léger défaut.



Cet écrit une très belle découverte et un plaisir de lecture certain.



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La Tombe du tisserand

Une étrange danse sur la lande de Cloon na Morav, danse macabre orchestrée par deux vieillards cocasses et drôles se battant en duel à coup d’anecdotes, formant un conte aux frontières des temps, des mythes et des vivants.
Lien : http://unlivresurmeslevres.b..
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Le miracle du thé

Le mois de juin touche à sa fin...  Je vais donc vous parler de ma lecture pour le challenge #varionsleseditions qui mettait en lumière la maison d'édition Le Nouvel Attila. Le Miracle du thé de Seumas O'Kelly, auteur irlandais de la fin du XIXème et début XXème siècle, traduction de Marc Voline, a été une lecture très divertissante et pourtant j'en ressors partagée.

Le Miracle du thé est un recueil de trois nouvelles : La maison de Nan Hogan, La fille prodigue et Le miracle du thé. Trois nouvelles, trois héroïnes, un village, Kilbeg. La première bataille pour récupérer sa maison occupée par une belle opportuniste, la deuxième quitte Kilbeg avec panache pour revenir penaude quelques temps plus tard et la dernière est touchée dans son orgueil de parfaite hôtesse quand le thé vient à manquer dans sa maison jusqu'à ce qu'elle fasse une miraculeuse trouvaille...

J'ai passé un bon moment de lecture dans l'ensemble. Il y a du rythme, l'auteur ménage des petits effets, crée du comique de situation, c'est globalement divertissant et ça se lit d'une traite.

Pourtant quelque chose m'a gênée. Les trois nouvelles se déroulent dans le même village et se font écho, à tel point qu'on y retrouve des personnages récurrents. L'auteur a voulu illustrer la vie de village mais j'ai un peu tiqué sur le côté très caricatural voir misogyne dans son traitement des personnages féminins. Les femmes de Kilbeg sont cancanières, revanchardes, calculatrices... quand elles ne passent pas tout simplement pour des  hystériques... Alors que les hommes passent plutôt pour de bonnes pâtes. Spectateurs de tous les "drames féminins" qui se jouent devant leurs yeux, ils restent impassibles et sages... Dans tout ça, je n'ai pas réussi à cerner l'intention de l'auteur, on ne sait pas si c'est du lard ou du cochon finalement derrière tous ces sarcasmes... En tout cas, la plume est plutôt séduisante et me donne envie de tenter une nouvelle lecture de cet auteur pour parfaire mon avis.

Un petit mot pour parler de l'objet livre qui est vraiment très beau. Magnifique travail éditorial !
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Le Farfadet de Kilmeen

Récits simples et légers, Le Farfadet de Kilmeen, suivi d'un autre récit Au coin du feu de tourbe représentent des anecdotes plutôt hilarantes tirant sur le burlesque racontées alors par le personnage principal prénommé Tom Kelleher.

Sur fond de légende écossaise, ces deux récits, de par leurs tons exagérément humoristiques, peuvent apparaître comme des parodies de ces légendes. Un ton parodique qui transparaît de part les aventures folles d'un vieux nain qui fait tout pour rejoindre son paradis auprès de sa bien-aimée (pour ce faire il doit enterrer plusieurs centaines de marmites remplies d'or) et d'un humain, le vieux Tom, qui fait tout pour attraper ce nain qui en principe, selon la légende, doit conduire tout humain qui l'a capturé et qui ne le quitte plus des yeux, vers une de ses précieuses marmites.

Vous l'aurez donc compris, capturer un nain revient à capturer un trésor. Ainsi, les deux récits vont tourner autour de cette petite «guerre» entre nos deux bougres. Une guerre non seulement emplie de ruse et, même si ça en a pas tellement l'air..., d'intelligence (surtout de la part du nain) mais également qui revêtera bien souvent des aspects comiques et pathétiques lesquels amènent inévitablement le lecteur à s'extasier devant une lecture agréable et pétillante.
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Le miracle du thé

Portraits de femmes à Kilberg, village d'Irlande, au début du 20ème siècle.

Livre construit sous forme de nouvelles avec des personnages récurrents. Très bien écrit. Peut paraître gentillet, mais le livre se lit avec plaisir. Les personnes sont attachantes. Le caractère des personnages est très bien décrit, ainsi que la vie au village. Et il y a dans chaque histoire une morale : dispute et résolution. Bon livre à découvrir.
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La Tombe du tisserand

En cinq chapitres magistralement emmenés, Seumas O'KELLY nous transporte dans une tradition gaélique surannée.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
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