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Citation de IdeesLivres


C’est venu assez vite, le sentiment fort qui me relie à lui, ce p’tit con, c’est presque en volant que je me dirige vers sa chambre. Je m’imagine à la maternelle, si on avait été dans la même école, je l’aurais défendu, j’aurais tapé les grands qui l’auraient fait chier. Je lui éclaterais bien la tête à ce gros con de remplaçant. En attendant, j’ouvre la porte avec la douceur qui me reste (là, je ne suis que colère froide et envie de frapper).

Il est là, assis sur son lit, les bras croisés. Il a ce balancement timide, avant arrière, qui l’éloigne de moi, de lui-même aussi, du réel. Il est recroquevillé, un bloc de nerfs. Il se confine, tout près du mur.

- Pierrot, coucou, c’est moi.

Et comme il ne répond pas, je m’assois près de lui, l’effleure. Il se rétracte, rentre dans sa coquille, comme réduit de moitié. Je dois aller le chercher, là où il est, là où il a réussi à aller se cacher pour ne pas trop souffrir ; moi, j’ai mal pour lui. Il faut que je nous reconnecte, lentement, et c’est avec les mots que je le fais.

- Salut, p’tit con, ça a pas l’air d’aller.

Il tourne la tête vers moi, victoire miniature, mais ses yeux me traversent et se fixent ailleurs, sur quelque chose qui n’existe pas.

- Xave m’a raconté. Il paraît que le nouveau n’a pas été sympa.

Je m’attends à ce qu’il s’enferme encore plus, s’isole, parte encore plus loin, là où je n’arriverai plus à l’atteindre. L’inverse se produit : il transforme sa souffrance en un torrent de mots qui sont justement pour moi.

- Et en plus, il a crié, le nouveau, le nouveau a crié fort, il a dit à Théodore qu’il pue, c’est pas vrai qu’il pue Théodore, moi je suis Pierrot, j’ai dit « c’est pas vrai qu’il pue mon copain », c’est pas toujours mon copain, mais là, oui, c’est devenu mon copain, Théodore, parce qu’il pue pas. Le monsieur a dit « fais pas chier, toi, t’en mêle pas ». Et comme je m’en mêle, il dit « deux débiles, voilà ce que vous êtes ». Théodore sent bon et je suis Pierrot, pas débile.

Je bous.

- Je sais, je sais. C’est lui, le débile. Un vrai nul. Tu le sais, hein, Pierrot qu’il s’est trompé ?
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