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Citation de Bibalice


En avançant dans l’écriture, je me répétais souvent : nous sommes quittes, sans comprendre. Pour la première fois ce soir, plus d’un an et demi après le début de tout ce chantier, et à la fin de mon livre, j’en cerne enfin le sens. Nous sommes quittes. Je suis quitte annonce la fin d’une lutte, la liquidation d’une dette. Une paix possible. Même si rien ne sera jamais plus comme avant. Ni les gestes, ni le reste. Mais je l’accepte ce soir parce que ce chemin m’a menée à eux. Nous nous sommes traversés. séverine werba 25 C’est physique, organique. Irréversible. Je suis bien sûr différente, dans un autre siècle, un autre monde, dans ma vie, mais je les porte. Penser à eux ne me rend pas triste. Penser à eux me fait du bien parce qu’ils existent une seconde fois. Pour toujours et sans danger. Les disparus étaient invisibles et intouchables. Sacrés. Antoine n’a pas la même histoire, j’ai certainement cru qu’il ne pouvait pas comprendre. Il a fini par le croire lui-même. Nous avons raison et tort là-dessus. Et nos enfants, quel bord choisiront-ils? J’aimerais croire que ce chemin parcouru a aboli cette question. Il m’a inscrite dans ma lignée sans attendre que quelqu’un le fasse à ma place. Un rabbin, un mari ou un enfant. Le pourcentage dans mon sang. Aurais-je entrepris ce travail au chaud dans mon foyer juif ? C’est sur ce fil fragile, sur le point de se rompre, qu’il m’a fallu revenir à cette histoire qui est la nôtre et nous rassemble, les vivants et les morts, à ses silences contraints par le chagrin et la violence de la séparation. Et ne plus jamais laisser à l’autre la possibilité de décider à ma place s’il m’acceptait ou non. Si j’en étais ou pas.
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