C'est tout de suite le soir de
Shaïne Cassim
Ce qui me fait horreur, ce n'est pas l'examen [ici, le baccalauréat], c'est la guerre d'Algérie [son sujet]. Je ne m'imagine pas avoir une bonne note pour avoir écrit correctement et dans l'ordre chronologiques les horreurs commises. Sans oublier celles d'aujourd'hui aussi. La guerre continue sans que l'on s'en soucie vraiment. Je repense au soleil blanc qui tombe sur la maison d'Alger. C'est Grand-père qui m'a raconté. Il ne pouvait pas la peindre ; il pouvait tout juste l'admirer plonger à la verticale sur les gens, sur le sol, chuter sur Alger immobile, en un mouvement imperceptible à l’œil mais absolument réel. Il ne pouvait pas peindre, m'a-t-il avoué. Il regardait, et c'était déjà immense à accomplir. C'est là-bas qu'il a compris qu'il ne serait jamais un artiste intéressant, parce qu'il n'arrivait pas à avoir assez d'envie, assez de désir pour retranscrire cela sur une toile. Il préférait boire la lumière tout seul, sans partage, sans donner à voir à d'autres ce qu'il en avait absorbé.
Ma feuille aussi est restée blanche.
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