Avant, je croyais tout avoir alors que je n’avais rien; aujourd’hui, je n’ai rien, mais, au bout du compte, j’ai tout, car j’ai ma liberté.
J’ai perdu tout ce que je possédais pour obtenir tout ce que je n’avais jamais eu.
"Les femmes qui vivent dans les pays libres sont-elles conscientes de leur chance ? Je ne le crois pas, car il faut avoir été privé de liberté pour en estimer la juste valeur."
Je redoutais les faux barrages : les terroristes se déguisaient en militaires et arrêtaient les voitures. Ils égorgeaient les passagers et kidnappaient les jeunes filles.
"C'est vrai que j'étais mère désormais. Je ressentais ce mot dans toutes les fibres de mon corps. J'aimais mon enfant d'un amour inconditionnel , indépendamment de son sexe. Pour moi, être mère signifiait aimer et protéger son enfant, contrairement à ma mère qui ne voyait en sa fille qu'un obstacle et un poids lourd à traîner."
En France, on me reprochait d'être arabe et ici, on me reprochait d'être française!
"Pour la plupart des gens, quand la vie suit son cours et que tout va bien, il semble tout naturel de désirer toujours mieux et plus. Mais quand on n'a plus rien, notre coeur peut goûter à sa juste valeur chaque geste, chaque attention ou chaque petit bonheur qui s'offrent à lui."
"Au fil des jours, j'avais appris à vivre un jour à la fois sans attendre de miracles, à accepter ce qui était offert et à garder espoir dans un meilleur lendemain. Tous les jours, je remerciais le ciel qui m'empêchait de tomber plus bas. Nos multiples déplacements m'ont permis d'être sensible aux petits bonheurs qui se présentaient et, surtout, ils m'ont appris à faire confiance à la vie."
Samia comprend très jeune qu'être une fille dans une famille algérienne est une malédiction. Maltraitée par sa mère, insultée par son père, isolée des autres enfants de son âge, la petite fille vit recluse dans une famille riche mais intolérante. À ses 16 ans, ses parents la marient contre son gré à un homme qui la violera continuellement. Quand elle donne naissance à un petit garçon, sa mère le lui enlève pour l'élever en Algérie, où Samia revient avec son mari et deux filles quelques années plus tard. Répudiée, elle épouse un soldat qui lui redonne espoir et lui fait découvrir l'amour. Mais jeter le déshonneur sur sa famille se paye et les menaces terrorisent tous les siens qui sont en danger permanent. En accord avec son nouveau mari qui ne veut pas quitter l'Algérie, Samia part en France avec ses cinq enfants.
Une fois sur place, elle déchante rapidement et comprend qu'il leur sera très difficile de se faire une place. Elle rencontre alors Redwane, un sans-papier, qui lui propose de lui fournir de faux passeports pour partir vers le Québec, un voyage semé d'embûches…
"_Dis-lui que ce qui est à toi est à lui et que ce qui est à lui est à lui ! Une bonne et pieuse musulmane ne possède rien et elle appartient à son mari."
Que nous reste-t-il à nous, femmes musulmanes ?
Rien ! Seulement nos yeux pour pleurer !
"Cette absence d'amour et de maltraitance répétée auraient pu me rendre suicidaire ou me faire sombrer dans la folie, mais mes filles me rattachaient à la vie. Elles étaient ma lueur d'espoir et mon gouvernail ; elles m'empêchaient de lâcher prise."