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3.98/5 (sur 179 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Greenville, Mississippi , le 17/11/1916
Mort(e) à : Memphis, Mississippi , le 27/06/2005
Biographie :

Shelby Dade Foote, Jr. est un historien et romancier américain.

Il a édité "La Pica", le journal étudiant de Greenville High School. En 1935, il est admis à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Il contribue ensuite au "Caroline Magazine", un journal littéraire.

En 1940, Foote rejoignit la Garde nationale du Mississippi et fut nommé capitaine d'artillerie. Son bataillon fut déployé en Irlande du Nord en 1943. En 1944, il doit démissionner après avoir enfreint un règlement.

De retour en Amérique, il travaille pour l'Associated Press à New York. En 1945, après avoir tenté d'entrer dans les Marines, il retourne dans sa ville natale où il occupe brièvement un emploi dans une station de radio locale avant de se consacrer uniquement à l'écriture.

Son premier roman, "Tournament", est publié en 1949. Il est inspiré par son grand-père, planteur, qui est mort deux ans avant la naissance de Foote.

Il a signé cinq romans, dont "L'amour en saison sèche" (Love in a Dry Season, 1951), un recueil de nouvelles, "L'enfant de la fièvre" (Jordan County : A Landscape in Narrative, 1954), ainsi qu'une magistrale "Histoire de la guerre de Sécession" (The Civil War: A Narrative), événement charnière de l'histoire du Sud.

"Shiloh", parue en 1952, raconte à hauteur d’hommes un épisode meurtrier de la guerre de Sécession.

Les romans de Shelby Foote brossent une fresque de la société des abords du fleuve Mississippi à diverses époques de son histoire.

Foote était relativement ignoré du grand public pendant la majeure partie de sa vie jusqu'à au documentaire de Ken Burns "The Civil War" (1990), où il présente ce conflit central.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Les bruits de coups de feu s'intensifièrent en s'étendant le long du front. Le général tendit alors les rênes d'un coup sec et, tandis que son grand cheval bai se dirigeait au pas vers le lieu des premiers affrontements, il pivota sur sa selle et nous dit : "Ce soir, nos chevaux boiront l'eau de la Tennessee."
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Je n'avais pas été démoralisé, plus tôt, au chemin creux. Je n'avais pas non plus perdu confiance. J'avais eu peur, tout simplement, autant qu'il est humainement possible d'avoir peur, voilà pourquoi j'avais abandonné le combat.
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La fausse aurore était une brume laiteuse répandue sur l’obscurité de la ligne de terre orientale : le Mississippi.
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Nos visages étaient gris, gris comme la cendre. Certains avaient des brûlures de poudre, des rougeurs sur les joues et le front, qui s'étendaient jusqu'à des zones de cheveux roussis. Ils avaient la bouche bordée de crasse à force de mordre les cartouches - une longue traînée au coin des lèvres, surtout, d'un côté ou de l'autre - et les mains noircies par la poudre brûlée tombée de la baguette de leur fusil. Nous avions vieilli d'une vie depuis le lever du soleil.
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Il fallait quelqu’un de riche ayant un enfant assez jeune pour ne pas présenter les inconvénients d’un adulte. Hélas, il ne tarda pas à se rendre compte qu’il n’existait personne de ce genre. Les Noirs vraiment riches étaient trop âgés pour avoir de jeunes enfants. Il pensa, après réflexion, aux petits-enfants, ce qui lui posa à nouveau un problème. Nombre de Noirs fortunés avaient une telle ribambelle de petits-enfants que jusqu’à un certain point cela en diminuait la valeur. On ne fait pas autant de cas d’un petit-fils ou d’une petite-fille s’ils ont une douzaine de frères et sœurs et de cousins en réserve. C’est alors qu’épluchant les journaux et faisant parler les gens, il tomba sur Theo G. Wiggins auquel il aurait dû penser dès le début. Wiggins n’avait qu’un enfant, une fille mariée qui elle-même avait un fils et une fille respectivement âgés de huit et six ans. Le garçon était 1
Survinrent trois cavaliers
C’était une triste époque à bien des points de vue, les uns compréhensibles, les autres pas. Nous avions à la Maison-Blanche un grand pantin, commandant en chef de tous les combattants de la guerre froide, et les Russes étaient en train de concocter un engin qu’ils enverraient, un mois plus tard, en plein ciel, des steppes poussiéreuses du Kazakhstan. Par ce beau et chaud mercredi du début de septembre, il y a vingt ans de cela, les journaux du matin relayaient en détail les nouvelles de Little Rock, où Orval Faubus s’était enfin décidé à sauter le pas. S’étalant sur quatre colonnes, la manchette, en caractères si grands et si gras qu’ils semblaient crier, surmontait une publicité en pleine page annonçant le jour J pour l’Edsel, que l’on pourrait bientôt voir partout dans les show-rooms des concessionnaires. « Quel vieux débris ! » fit Podjo installé à l’arrière, le Commercial Appeal étalé sur ses cuisses tel un plaid hors de saison. Il parlait de Faubus et non de l’Edsel, mais il devait découvrir par la suite que cela s’appliquait aussi bien à l’un qu’à l’autre.

Ils étaient trois dans la vieille Ford, qui, partis du Delta, remontaient vers le nord sur l’autoroute 61. Le soleil avait d’abord frappé à l’arrière, puis sur leur gauche, par-dessus le fleuve que l’on apercevait parfois au-delà d’une levée. De Bristol à la frontière du Tennessee, il y avait environ deux cents kilomètres de route et de terres cultivées à demi inondées, aux sillons argentés par l’eau qui y stagnait, plats comme la main jusqu’à ce que la voiture attaque la crête de Chickasaw, là où les champs de coton, de maïs et de haricots s’arrêtaient, et Memphis apparaissait. Podjo Harris, qui allait sur ses quarante et un ans, était un type d’aspect robuste, aux cheveux, aux yeux et à l’épaisse moustache noirs, au menton nu comme un talon, au nez imposant. À l’avant, un garçon de vingt-sept ans, Rufus Hutton, et une femme qui pouvait en avoir trente-cinq, Reeny Perdew. Mince et blond, Rufus portait ses cheveux coiffés en queue de canard. Sa bouche était molle, et ses yeux du bleu très pâle des violettes papilionacées, emblème des confédérés. Il conduisait avec nonchalance et prenait les tournants avec une parfaite aisance, à croire que l’extrémité de la colonne de direction baignait dans l’huile.

« Ouais, fit-il en réponse à l’allusion de Podjo au gouverneur de l’État tout proche. Quel vieux débris. Mais n’oublie pas qu’il va dans notre sens. » Et, changeant brusquement de sujet comme il en avait l’habitude : « Quelle année ! Bon Dieu, j’ai lu ça hier dans le Scimitar. Rien qu’au mois d’août, il est tombé plus de huit centimètres de pluie, ce qui nous donne à ce jour un mètre trente d’eau. Les huit mois les plus pluvieux du siècle, sans compter les larmes des cultivateurs, et c’est pas fini. Mais après tout, on s’en fout. On ne vient pas ici pour jouer les cultivateurs. »

Il ricana, engloba d’un même regard Reeny, puis Podjo, et changea à nouveau de sujet tandis que la Ford attaquait la côte.

« C’est le genre de paysage que j’espérais ne jamais revoir, même en rêve. La Corée et ses foutus bridés dans leurs vêtements molletonnés, surgissant du flanc de la colline pour nous attaquer dans la nuit, sonnant de la cloche et du bugle et gueulant : “À moi les Amélicains !” Qu’est-ce qu’on en a massacré ! Et pour toi, comment ça se passait ?

— Je sais pas trop quoi te dire, fit Podjo toujours plongé dans la lecture du Commercial. Ma guerre à moi c’était tout autre chose. Je crevais de peur au point que j’osais pas lever la tête de la boue. Tout ce que je me rappelle de l’Europe, c’est la pluie qui tambourinait comme sur un toit de tôle. Et toujours le bord de mon casque pour servir de cadre au décor.

— Nous, on se servait des casques pour faire chauffer notre tambouille. Tu sais comme ils sont, les marines.

— Non, ils sont comment ? » fit Rufus qui, comprenant que l’autre plaisantait, se hâta d’ajouter : « Semper fi1, hein ? » avant de reporter toute son attention sur la route.

Comme ils atteignaient le sommet de la première colline, ils virent sur leur gauche ce qu’il restait d’un relais routier, dont le toit pentu était pour moitié calciné, pour moitié effondré.

« Regardez ! s’exclama Reeny, sortant de sa rêverie boudeuse. Non, mais visez-moi cette baraque ! Dire qu’on venait y danser et s’envoyer en l’air ! »

Derrière les ruines incendiées et envahies par les mauvaises herbes du bâtiment principal s’alignaient une douzaine de cabanes également dévastées. Un motel, comme on disait en ce temps-là. En réalité de minuscules cellules au plancher recouvert de linoléum, étouffantes en été, glaciales en hiver, au point de congeler la buée qui vous sortait de la bouche. Chacune était munie d’un coin douche en tôle, d’un chiotte récalcitrant, d’un lavabo étriqué, d’une chaise et d’un lit à deux places aux draps mal repassés, à la couverture de coton et au couvre-pieds de chenille bleue ou rouge qui, rétréci par de trop nombreux lavages, atteignait à peine le bord du misérable matelas.

« Autant en emporte le vent, fit Rufus alors que le motel en ruine disparaissait à leur vue. Dieu qu’il faisait bon être jeune ! Chaque fois que je passais devant un de ces motels, j’avais la trique en évoquant toutes les filles chaudes comme la braise que j’y emmenais. Mais cela ne me prendrait pas devant celui-là, cramé comme il est, avec ses herbes folles qui sortent par les portes et par les fenêtres. Bon Dieu, que c’est triste, tout ça ! »

Reeny sembla partager son point de vue. Elle retomba dans une de ses songeries, que le passé y fût ou non pour quelque chose.

Podjo l’observa par-dessus son journal. Grande, les jambes longues, des seins fermes et haut placés qui commençaient probablement à s’affaisser. Les pieds nus dans des baskets, elle portait un sweater et une jupe. Ses cheveux, d’un châtain si clair qu’ils pouvaient passer pour blonds, retenus par un bandeau élastique et aux pointes recourbées vers l’intérieur, effleuraient tout juste ses épaules. Sa grande bouche aux lèvres plutôt minces, ses yeux d’un bleu de myrtille si foncé que, sauf en pleine lumière, ils paraissaient noirs, étaient ce qu’elle avait de mieux, mais son nez légèrement de travers et un tout petit peu trop long, aux narines exagérément dilatées, nuisait à l’ensemble. En la rencontrant pour la première fois quinze jours plus tôt, Podjo l’avait prise pour une pute. Pas une fille de bordel, plutôt une call-girl. Mais peut-être l’avait-il jugée ainsi parce qu’il connaissait les goûts de Rufus. Depuis, il avait révisé son jugement, sinon pour le passé du moins pour le présent. Sensation ou imagination, dans l’espace confiné de la voiture il se dégageait d’elle une odeur de femelle, une odeur de lit. Podjo se reprocha de se laisser aller, comme quinze jours plus tôt, à de telles pensées.

Sa mélancolie, si l’on pouvait qualifier ainsi son état d’esprit, avait commencé à une dizaine de kilomètres de Bristol, avant la ligne de démarcation du comté de Jordan, lorsqu’ils étaient passés devant un de ces tertres, ou tumulus, au sommet tronqué qu’élevaient autrefois les Indiens.

« J’ai toujours eu envie de grimper sur ce tertre, avait-elle dit, et pour finir je ne l’ai jamais fait.

— Tu veux l’escalader maintenant ? avait demandé Rufus qui ralentissait, prêt à s’arrêter.

— Non, avait-elle répondu en secouant la tête. J’aurais dû le faire bien avant. »

Elle sombra alors dans sa première crise de mélancolie boudeuse, commune, s’était dit Podjo, à toutes les femmes qui se collent avec un homme plus jeune qu’elles. Or Rufus était au moins de six ans son cadet, si ce n’est plus.

Ils continuèrent donc de rouler à bonne allure, le moteur semblant heureux de se retrouver en terrain plat et de ne plus avoir à lutter contre la pente, ni à heurter un ponceau, vestige de l’époque où les ruisseaux et les bayous se jetaient dans le fleuve avant que la route soit construite. Ils virent approcher la frontière de l’État et un peu avant, sur leur gauche, une sorte de bazar à large galerie et avant-toit parsemé d’affichettes clouées où l’on avait écrit à la main : Pistolets, Fusils, Munitions, Feux d’artifice. Dernière occasion. Un peu plus loin, de l’autre côté de la route, un large écriteau qui se présentait de dos annonçait la ligne de démarcation. Rufus se retourna pour lire à haute voix les mots qui se détachaient en blanc sur fond vert : Mississippi. Bienvenue dans l’État du Magnolia.

« Ce cher vieux Missi Pissy, dit-il, où les hommes sont des hommes et où les femmes aiment ça. »

Reeny se mit à rire comme la voiture s’engageait sur le pont de Nonconnah aux hautes arches, et que leur apparaissaient dans le lointain, comme à un lever de rideau, Memphis et ses hôtels disséminés dans la ville, Chiska, Gayoso, Peabody, Claridge, qui offraient toutes les nuances de la brique, et le Sterick Building, haut, élancé, de la blancheur étincelante d’une pierre tombale sous le soleil. Elle alluma la radio juste à temps pour entendre le présentateur annoncer d’une voix
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Halleck ordonna au général Smith de remonter la Tennessee jusqu’à Savannah – remonter signifie se diriger vers le sud, sur cette portion de la Tennessee ; ça, c’est typique de ce pays. Nous prîmes place à bord des bateaux, inexpérimentés, n’ayant pour la plupart jamais voyagé (les officiers comme les militaires du rang, sauf que les officiers cachaient mieux leur inexpérience), nous voilà qui remontions vers le sud une rivière ennemie et passions devant ses lents affluents, ses bayous, ses arbres menaçants. Je me dis, si c’est ça, le pays que les Rebelles veulent retirer de l’Union, remercions-les, bon débarras. Massés contre le bastingage, les hommes regardaient défiler les marécages. Aucun ne parlait beaucoup. Comme moi, ils devaient penser à leur ville, à leur village. C’était une drôle d’impression que de se retrouver sur une terre lointaine, au milieu de choses inconnues, tout cela parce que nos représentants au Congrès s’étaient querellés sans parvenir à se mettre d’accord et qu’il y avait quelques têtes brûlées dans le Sud qui faisaient passer leurs Nègres et leur fierté avant leur pays. Parmi tous ces hommes, qui, alignés sur le pourtour des bateaux, regardaient défiler ces lugubres marécages, beaucoup devaient penser à ceux qu’ils avaient laissé chez eux.
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Je n’ai jamais connu quelqu’un qui n’ait aussitôt considéré le général Johnston comme le plus bel homme qu’il ait jamais vu, et tous ceux qui l’ont croisé l’ont aimé. Physiquement imposant – plus d’un mètre quatre-vingt pour près de quatre-vingt-dix kilos -, il n’était ni gros ni maigre; il donnait à la fois une impression de force et de délicatesse. Son visage était calme lorsqu’il s’éloigna, mais son regard brillait.
Et pour cause. Car après deux mois de retraite, décrié après avoir été adulé, il tenait enfin l’occasion de prendre sa revanche. Salué comme le sauveur de la liberté quand, après avoir traversé le désert californien en 61, en évitant les Apaches et les escadrons fédéraux des postes de cavalerie implantés sur son trajet, il avait rallié Richmond, au nord, depuis La Nouvelle-Orléans, il s’était présenté devant le président Davis en septembre et avait été nommé « général commandant le département occidental de l’armée des États confédérés d’Amérique » – un titre à rallonge -, avec pour mission de préserver l’intégrité d’une ligne s’étendant de la Virginie jusqu’au Kansas, frontière septentrionale de notre nouvelle nation.
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Sherman resumed his pacing, still talking. "You people speak so lightly of war. You don't know what youre talking about. War is a terrible thing !" He reached the end of the room and came back, still talking. "You mistake, too, the people of the North. They are a peaceable people but an earnest people, and they will fight too - they are not going to let this country be destroyed without a mighty effort to save it. Besides, where are your men and appliances of war to contend against them ? The North can make a steam engine, locomotive or railway car ; hardly a yard of cloth or a pair of shoes can you make. You are rushing into war with one of the most powerful, ingeniously mechanical and determined people on earth - right at your doors." He stopped and frowned.
"You are bound to fail. Only in your spirit and determination are you prepared for war. In all else you are totally unprepared, with a bad cause to start with..."
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C’était le premier ordre de bataille que je voyais, et il est certain que cela paraissait complexe. Mais une fois qu’on en comprenait le sens, c’était au fond assez simple. J’eus ma part dans la composition de celui-là, que je vis se développer à partir de notes et de discussions, jusqu’à sa forme finale : celle d’une simple liste d’instructions qui, si on les suivait, provoqueraient l’anéantissement d’une armée entrée avec arrogance dans notre pays pour nous détruire et priver notre peuple de son indépendance. En le regardant lorsqu’il fut achevé, bien que l’ayant vu grossir ligne par ligne et y avoir mis moi-même les virgules et les points-virgules qui le rendaient plus clair, j’eus cependant l’impression qu’il avait été réalisé sans mon aide. Sa qualité, sa magnifique simplicité me coupèrent le souffle. Certes, j’en avais déjà conscience alors, tous les ordres de bataille produisent cet effet-là – tous sont conçus pour mener à la victoire si on les suit. Mais celui-là paraissait si simple, si juste, d’une certaine manière, que j’entrevis ce qu’avait dû ressentir Shakespeare après avoir terminé Macbeth, même si je n’y avais apporté que la ponctuation. Le colonel Jordan en était fier, lui aussi ; je le soupçonne de l’avoir jugé supérieur à celui de Napoléon dont il s’était inspiré, sans l’avouer, bien sûr.
Tout était si commode sur le papier – le papier plat et propre. Sur le papier, à la lumière de la lampe, dans le bureau du colonel, nous avions tôt fait de résoudre les problèmes qui surgissaient : il nous suffisait de demander aux commandants des corps de réguler la progression de leurs troupes afin de ne pas se retarder l’un l’autre, de rester à l’arrêt le temps que les carrefours soient dégagés, de garder leurs rangs bien serrés, etc. Les choses ne fonctionnaient pas ainsi sur le terrain, qui n’était, lui, ni plat ni propre – ni, en l’occurrence, sec. Les hommes étaient inexpérimentés. La plupart n’avaient encore jamais pris part à une vraie marche tactique, et beaucoup n’avaient reçu leur arme que lors du rassemblement au camp, ce jeudi matin-là ; souvent, durant les haltes, je voyais des sergents montrer aux recrues comment charger leur mousquet dans les règles.
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Beauregard remonta en selle et s’éloigna, suivi de son état-major tintinnabulant. Chacun de nous gagna son cheval. Lorsque nous fûmes en selle, le général Johnston resta un moment les rênes lâches dans les mains, le visage d’une gravité absolue. Les bruits de coups de feu s’intensifièrent en s’étendant le long du front. Le général tendit alors les rênes d’un coup sec et, tandis que son grand cheval bai se dirigeait au pas vers le lieu des premiers affrontements, il pivota sur sa selle et nous dit :

« Ce soir, nos chevaux boiront l’eau de la Tennessee. »
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