Autrefois, de grandes caravanes voyageaient telles des colonies de fourmis sur ces routes, transportant de précieux rouleaux de soie chinoise des vastes steppes d'Asie centrales, jusque sur les cotes de la mer Caspienne, Antioche, et Rome, afin de satisfaire le gout effréné de l'empire pour ces luxueuse étoffes.
Le règne des grands vaisseaux affrontant l’océan avait rendu cette route obsolète quelques centaines d’années auparavant. Les caravanes qui l'empruntaient encore se réduisaient à quelques chameaux qui transportaient de ville en ville un petit commerce local. La plupart des cités légendaires du passé avaient disparu, ou n’étaient plus que l'ombre d’elles-mêmes.
Néanmoins, un certain sentiment de continuité persistait. Le vin doux et frais que Marco Polo avait bu était le même que celui qui emplissait le verre de Leighton ; il provenait des grappes blanches de l'oasis. Mille ans plus tôt, des missionnaires bouddhistes étaient venus d'Inde, bravant les mêmes dangers en chemin, pour apporter l'enseignement du Tathagata dans les provinces de l'Ouest de la Chine.
Leighton était deja venu en Chine une fois, seul, avec presque rien en poche et un espoir irrationnel dans le cœur.
A présent, il s'y retrouvait de nouveau. Mais le Turkestan chinois, sous le contrôle de la dynastie Ch'ing, était particulier avec ses déserts s’étendant à l'infini, son vaste ciel bleu, ses chaines de montagnes aux sommets enneigés.